Emond, Gustave (1797-1852), trente ans à Louis-le-Grand

La vie de Gustave Emond se déroule toute entière à Paris, au quartier latin, entre les murs du Lycée Impérial, puis collège royal Louis-le-Grand, au 123 de la rue Saint-Jacques. D’abord comme élève, puis, dans une lente progression, comme maître d’études, maître élémentaire, sous-directeur, et enfin censeur des études. Sans subir, semble-t-il, les violents contre-coups des changements politiques de l’époque : Empire, Restauration, Cents-jours, Révolution de 1830.

Gustave Eutrope René Emond. Né le 28 juillet 1797 [10 thermidor an V], à Saintes [Charente-Inférieure] ; mort en septembre 1852, à Nantes [Loire-Inférieure].

Élève à Paris du lycée impérial [Louis-le-Grand], à dater du 1er avril 1809. Y effectue sa scolarité jusqu’au 31 mars 1816.
Il suit en seconde les enseignements de Edme Étienne Mollereau [c.1755-c.1815] ; en rhétorique de Jean Louis Burnouf [1775-1844] et d’Éloi Constant Dubos [1763-après 1828] ; de Jean Baptiste Maugras [1762-1830] en classe de philosophie.

MAÎTRE D’ÉTUDES AU COLLÈGE LOUIS-LE-GRAND.
À la fin de sa scolarité est recruté comme maître d’études au collège royal de Louis-le-Grand [1er avril 1816].
Fait partie de la dizaine de maîtres d’études du collège Louis-le-Grand, tels qu’ils sont signalés dans l’Almanach royal : Domenjoud, Clausse, Juguet, Charpentier, Saint-Maurice, Emond, Brun, Rarre, de Lassime, Girardeau. Ultérieurement Mazeaud, Marcou, Le Dieu.

Le maître d’études est le degré le plus bas des fonctionnaires de l’Université.
Le règlement général des lycées, du 21 prairial an XI [10 juin 1803] stipule :
« Les maîtres d’étude ne quitteront les élèves qui leur seront confiés que pendant !e temps des leçons ; Ils se feront rendre compte par les élèves des devoirs imposés à ceux-ci par les professeurs et veilleront à ce qu’ils les remplissent ; Ils mangeront avec les élèves ; Ils coucheront dans les mêmes dortoirs, dont ils garderont les clefs ; Ils accompagneront leurs élèves aux promenades et, en général, dans toutes les sorties communes ; Deux d’entre eux assisteront à tour de rôle aux récréations ; Ils conduiront leurs élèves dans leurs salles de leçons respectives, sous la surveillance du censeur ; Ils visiteront souvent les livres de leurs élèves et enlèveront ceux qui pourraient être dangereux pour les moeurs »

MAÎTRE ÉLÉMENTAIRE AU COLLÈGE LOUIS-LE-GRAND.
Puis, à dater du 1er octobre 1818, Gustave Emond est promu l’un des trois maîtres élémentaires au collège Louis-le-Grand : Charpentier, Emond, Le Dieu, avec le titre < d’agrégé > définissant sa position d’enseignant éventuel des classes de grammaire et d’humanités, selon les besoins du service.

SOUS-DIRECTEUR AU COLLÈGE LOUIS-LE-GRAND.
Au 1er mai 1819, Gustave Emond assume la fonction de sous-directeur au collège royal Louis-le-Grand. Ce titre se rapportant à l’activité d’un surveillant-général.
Deux sous-directeurs sont notés à Louis-le-Grand dans l’Almanach royal de 1822 : Emond [agrégé] et Lefèvre. Un troisième sous-directeur en 1823/1824 : Le Moine.

CENSEUR DES ÉTUDES AU COLLÈGE LOUIS-LE-GRAND.
Puis Gustave Emond, poursuivant lentement mais sûrement sa carrière, est nommé censeur des études. D’abord du 24 septembre au 12 novembre 1824, comme suppléant du censeur Jean Marie Nicolas de Guerle [1766-1824], souffrant et qui décède en fonction le 11 novembre 1824.
Puis comme censeur adjoint : 12 novembre 1824-26 septembre 1825 ; et enfin comme censeur titulaire du 26 septembre 1825 au 24 août 1838.

Ainsi, Gustave Emond est nommé en remplacement de Jean Marie Nicolas de Guerle [1766-1824], chronologiquement le troisième censeur du lycée impérial, puis collège royal Louis-le-Grand, en fonction du 10 octobre 1809 jusqu’au 11 novembre 1824, date de son décès.

Travaille auprès de Pierre Laurent Laborie [1767-1847], antérieurement recteur de l’académie de Strasbourg [1821-1824] et chronologiquement le cinquième proviseur de l’établissement, proviseur du 1er avril 1824 au 9 août 1830.
Puis Pierre Laurent Laborie, avec le changement de régime de 1830 ayant étant placé à la retraite, Gustave Emond travaille auprès de Jules Amable Pierrot de Selligny [1792-1845], nouveau proviseur du 19 août 1830 au 5 février 1845.

BÉNÉFICIAIRE DE CONGÉS SUCCESSIFS POUR RAISON DE SANTÉ.
Pour cause de maladie, Gustave Emond bénéficiaire d’un congé à partir du 21 octobre 1834, constamment renouvellé jusqu’à sa retraite, est suppléé, du 20 janvier au 21 octobre 1834, comme censeur par Jules Frédéric Edmond Didier [1810-1868], ancien élève de Louis-le-Grand, et futur proviseur ; puis par Nicolas Roger [1797-1857], agrégé, antérieurement professeur divisionnaire pour la classe de seconde, suppléant du 21 novembre 1834 au 2 mai 1838, et futur censeur du collège de Saint-Louis.

CENSEUR ÉMÉRITE ET REMPLACEMENT.
Au 25 septembre 1838 Gustave Emond est admis à faire valoir ses droits à la retraite, pour raisons de santé [hémoptysie compliquée de névralgie et d’irritabilité nerveuse] et bénéficie d’une pension. Reçoit le titre de censeur émérite.
Est remplacé comme censeur par Mathurin Aubert-Hix [1791-1855], antérieurement censeur au collège royal de Besançon, d’abord suppléant au collège Louis-le-Grand, du 2 mai au 25 septembre 1838, puis censeur en titre du 25 septembre 1838 au 18 août 1849.

PUBLICATION.
Gustave Emond publie en 1845 : Histoire du Collège de Louis-le-Grand. ancien collège des Jésuites de Paris, depuis sa fondation jusqu’en 1830, par G. Emond, censeur émérite des études au collège Louis-le-Grand [Paris : Durand ; Loisel. In-8, 435 p., 1845].
• https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6378600d.image

LES CENSEURS SUCCESSIFS À LOUIS-LE-GRAND.
Étienne Augustin de Wailly [1771-1821], dit Wailly aîné, du 21 décembre 1801 au 19 août 1804 ; Chrétien Siméon Le Prévost d’Iray [1768-1849], du 19 août 1804 au 10 octobre 1809 ; Jean Nicolas Marie de Guerle [1766-1824] du 10 octobre 1809 au 11 novembre 1824 ; Gustave Emond [1797-1852], du 12 novembre 1824 au 21 octobre 1834 ; Nicolas Roger [1797-1857], suppléant du 21 octobre 1834 au 2 mai 1838 ; Mathurin Aubert-Hix [1791-1855], du 2 mai 1838 au 18 août 1849 ; Frédéric Edmond Didier [1810-1869], du 18 août 1849 au 13 septembre 1852 ; Jean Paul Delorme [1799-1866], du 22 septembre 1852 au 4 septembre 1855 ; Michel Émile Talbert [1820-1882], du 4 septembre 1855 au 11 août 1864 ; Charles Maréchal [1825-1877], du 10 août 1864 au 29 mars 1871 ; Louis Roguet [1820-1897], du 29 mars 1871 au 21 septembre 1878 ; Louis Marie Joubin [1831-1908], du 26 septembre 1878 au 26 octobre 1883 ; Alphonse Martin Laigle [1834-1917], du 26 octobre 1883 à 1897 ; André Paul Cuvillier [1860-1921], du 1er septembre 1897 jusqu’au 12 février 1902 ; Jules Maldidier [1860-1920], du 12 février au 31 août 1902 ; Charles Roy [1855-1929], du 1er septembre 1902 au 12 juillet 1919 ; P. Bruet, à partir du 12 juillet 1919.

SOURCE.
• Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois [Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles.
• Gustave Dupont-Ferrier. [La Vie quotidienne d’un collège parisien pendant plus de trois cent cinquante ans] Du collège de Clermont au lycée Louis le Grand [1563-1920]. Tome 3 [Paris : E. de Boccard, éditeur, 1925]. Page 305, n°22. Fournit les dates précises des différentes nominations.