Eugène Thionville (1821-1858), normalien, censeur des études à Poitiers

Comme il arrive souvent dans les récits biographiques concernant des anciens élèves de l’École normale, les fonctions administratives succèdent aux fonctions pédagogiques.  Séquence qui s’explique, par la santé fragile de tel ou tel, lorsque l’administration veille à substituer aux fatigues de l’enseignement la charge supposée plus légère de l’administration.
Après quelques années consacrées à l’enseignement le normalien à la santé fragile se voit offrir un poste de censeur, ou mieux de proviseur. Ces postes honorablement occupés se prolongent parfois avec une inspection d’académie, voire même, dans le meilleur des cas, par un rectorat.
Eugène Thionville, qui meurt à trente-sept ans, ne connaîtra que le premier échelon. Comme il est écrit dans sa nécrologie : « [Thionville], caractère doux et grave, qui eût réussi sans doute dans l’administration, où la faiblesse de sa santé l’avait récemment forcé de chercher une occupation moins fatigante que le professorat. C’était déjà un philologue érudit ».

BIOGRAPHIE.
[Dominique Claude] Eugène Thionville [1821-1858]. Élève du collège Sainte-Barbe, où il prépare le concours d’entrée à l’École normale.

1841. ÉCOLE NORMALE.
Ancien élève de l’École normale [1841], est classé quatrième sur dix-huit reçus. Y effectue sa scolarité pendant trois ans.
Sont reçus, cette année 1841, dans l’ordre alphabétique, dans la section lettres : Émile Ambroise Amédée Beaujean [1821-1888], inspecteur d’académie à Paris ; Émile [Louis] Burnouf [1821-1907], membre de l’Ecole française d’Athènes, puis directeur de l’Ecole ; Antoine Campaux [1818-1901], professeur de Langue et littérature latines à la Faculté des Lettres de Nancy ; Auguste Chambon [1823-1899], professeur de quatrième du lycée Louis-le-Grand ; Alcide Jean Charrier [ -1901], professeur de troisième du lycée de Tours ; [Justin] Charles Corrard [1822-1866], Maître de conférences de Littérature française à l’École normale supérieure ; Jacques Denis [1821-1897], Professeur de Littérature ancienne et doyen de la Faculté des Lettres de Caen ; Auguste [André] Garnier [1821-1854], professeur d'Histoire à Louis-le-Grand ; Paul Janet [1823-1899], Professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Paris ; [Jean Claude] Léon Lescoeur [1821-1907], Inspecteur général de l'Instruction publique pour l’enseignement primaire ; Hippolyte Rigault [1821-1858], professeur de rhétorique au lycée Louis-le-Grand ; Alfred Riquier [1819-1887], Proviseur du lycée de Limoges ; [François] Antonin Rondelet [1823-1893], Professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand ; Joseph Saulnier [ -1870], professeur d’histoire au lycée de Tournon ; [Léon] Edouard Sommer [1822-1865], professeur libre à Paris ; [Dominique Claude] Eugène Thionville [1821-1858], Censeur des études au lycée de Poitiers ; [François] Charles Thurot [1823-1882], titulaire de la chaire de Littérature ancienne à la Faculté des Lettres de Clermont ; Isidore Vincent [1821-1850], membre de l’École française d’Athènes, Professeur de rhétorique au lycée de Metz.

1846. AGRÉGATION DES LETTRES.
Agrégation des lettres [agrégé des classes supérieures] en 1846.
Cette année sont reçus, dans l’ordre de classement : Gaston Boissier, ancien élève de l’École normale [1843] ; Auguste Lebarbier de Blignières ; Charles Thurot, ancien élève de l’École normale [1841]
 ; Louis Julien Augustin Duchesne, ancien élève de l’École normale [1843] ; Edouard Sommer, ancien élève de l’École normale [1841] ;
 Pierre Antoine Grenier, ancien élève de l’École normale [1843] ; Jean Marie Arthur Chalamet, ancien élève de l’École normale [1842] ;  Antoine Henri Tivier, ancien élève de l’École normale [1843] ; Eugène Thionville, ancien élève de l’École normale [1841] ; Desprez, ancien élève de l’École normale [1843] ; Marcel Guerrier.

1846-1856. DIX ANS D’ENSEIGNEMENT DE LA RHÉTORIQUE.
Après l’agrégation Eugène Thionville est nommé professeur de seconde et de rhétorique [1846] au lycée de La Rochelle [département de Charente-Maritime] ; puis professeur de rhétorique [1847-1856] au collège puis lycée impérial de Limoges [département de Haute-Vienne].
Il y reste en poste pendant neuf ans.

1855. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
*Docteur ès-lettres [Paris, 1855], avec une thèse : De la Théorie des lieux communs dans les Topiques d'Aristote, et des principales modifications qu'elle a subies jusqu'à nos jours. Éditée [Paris : Chez Auguste Durand, libraire. Rue des Grès, In-8, 132 p., 1855]. La thèse est dédiée « À mon père et à ma mère » ainsi que « À mon oncle ».
Réédité en fac-similé, en 1993 [Paris : J. Vrin, dans la collection Vrin-reprise. 1993].
La thèse latine porte sur De Arte Callimachi poetae [Parisiis : apud Augustum Durand, Bibliopolam, Via Dicta des Grès, 7. In-8, 100 p., 1855]. La thèse est dédiée « Dilectissimo magistro Alex. Labrouste, rectori Sancta Barbarae gymnasii offero hanc thesim, discipulus reverentissimus gratissimus ».
Alexandre Labrouste [1796-1866] est depuis 1838 le directeur du collège Sainte-Barbe.

1856-1858. CENSEUR DES ÉTUDES AU LYCÉE DE POITIERS.
Après le doctorat qui lui ouvre normalement la carrière de l’enseignement supérieur, l’état de santé d’Eugène Thionville l’oblige à abandonner l’enseignement et à accepter un poste de censeur des études au lycée impérial de Poitiers [académie de Poitiers], en remplacement d’Adolphe Marpon, alors que Laprade y est proviseur. Il y meurt en fonction en 1858. Il est remplacé par Jacques Busquet.

SOURCE.
Mémorial de l’Association des anciens élèves de l’École normale. 1846-1876. [Versailles : Cerf et fils, imprimeurs-éditeurs de l’association. 59, rue Duplessis. In-8, 521 p., 1877]. 1859. Page 67. Notice non signée, rédigée par P. Dubois.