Boucley, Charles (1791-1877), un normalien, enseignant et recteur, d’opinion libérale

Ancien élève de l'École normale [1810-1812], Charles Boucley suit une carrière classique d'enseignant, puis après une brève nomination comme inspecteur d'académie à Besançon, occupe le poste de recteur de l'académie de Cahors [1835-1839], puis de l'académie de Pau [1839-1848].
[Toussaint] Charles Boucley [orthographié parfois Bouclay] est né le 21 octobre 1791, à Châtillon-sur-Seine [Côte d’Or] ; mort le 18 novembre 1877, à Paris.

1810. ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE.
Selon l'usage de l'époque, Charles Boucley est admis à l'École normale, sans concours, sur désignation d'un Inspecteur général, pour effectuer à Paris, comme pensionnaire, selon une discipline toute militaire, une scolarité de deux ans.

Les élèves de cette première promotion de l'École sont, dans l'ordre alphabétique : Mathurin [Charles] Aubert-Hix [1791-1855], censeur au lycée Louis-le-Grand de septembre 1839 à août 1849, et du lycée Bonaparte, aujourd'hui Condorcet [1849-1854] ; Joseph Banal, agrégé pour les humanités à Strasbourg [1812], propriétaire terrien à Avignon ; Toussaint [Charles] Boucley [1791-1877], recteur d'académie ; Raphaël Bouvier [1790- ], agrégé de cinquième à Liège [1812] ; Nicolas [Joseph Alexandre] Brigandat [1791-1825], professeur agrégé de quatrième au lycée de Rouen [1812] ; M. N. Caresme ;  Cartailles ; A. Claude Charbonnier [ -1812] ; Louis Charpentier, professeur de rhétorique au collège Louis-le-Grand [en 1832] ; Antoine de Condren de Suzanne [1791-1875], inspecteur d’académie à Angers ; Antoine Cordival [1791-1855], professeur de rhétorique au collège de Valenciennes ; Louis Magloire Cottard [1790-1871], recteur d'académie ; Victor Cousin [1792-1867], professeur de philosophie, futur ministre de l'Instruction publique ; Charles Étienne Daulne [1792-1874], régent de rhétorique au collège d'Alençon ; De Fontmartin ; Louis Delahaye, président du tribunal de Neufchâtel ; Nicolas Dépinay-Montaux, maître élémentaire à Rennes ; Jean Ambroise Ducondut [1793-1871], docteur ès-lettres [Paris, 1812], futur professeur au lycée de Montpellier, inspecteur d’académie à Pau ; Édouard Dumont [1791-1875], professeur d’histoire au lycée Saint-Louis ; François Émery, censeur au collège Saint-Louis; Jacques Faucon ; Pierre Favart ; Jean Flavier ; Claude Antoine Félix Frémion [1785-1839], docteur ès-lettres [Paris, 1812], professeur au lycée Charlemagne ; [Alexandre] Théodore Gaillard [1793-1860], docteur ès-lettres [Paris, 1812], Inspecteur général des études ; Aimé [Pierre Marie] Guyet de Fernex, chef d’institution à Paris ; [Nove-] Josserand, professeur au lycée de Rennes ; Jean Jousse [1791-1866], trappiste ; Leloup ; Arsène [Ambroise Joseph] Liez [1790-1838], proviseur du collège royal Henri-IV ; Augustin André de Lignac [1793- 1868], professeur de philosophie au Prytanée militaire de La FlècheJ ; [Jean Claude] Pierre Magnien ; Charles François [Ambroise Napoléon] Maignien [1788-1871], recteur départemental ; Louis Éléonore Marie Maignier [1792-1875], professeur de Littérature ancienne à la Faculté des Lettres de Poitiers ; Jean Meynard, proviseur du lycée de Poitiers ; de l’Outoulle ; Julien [Nicolas] Paquot, régent à l’Athénée royal de Tournai ; Charles [Baptiste] Pelletier [1791-1862], inspecteur d’académie à Rouen ; Henry Pérard, propriétaire à Hesdein ; Jules Pierrot [dit Pierrot-Deseiligny] [1792-1845], proviseur du lycée-Louis-le Grand ; Ange Pilhan-Laforest [1791-1842], homme de lettres ; Jean Jacques Ract-Madoux, professeur à Bordeaux ; Désiré Raoul Rochette [1789-1854], archéologue, membre de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres [1816], maître de conférences d’histoire à l’École normale de 1815 à 1822 ; Firmin Rogier [1791-1875], ministre plénipotentiaire ;  Rose [ou Roze] ; Jean [Jacques] Sallandrouze [1792- ] ; Jean Joseph Soulacroix [1790-1848], futur recteur [Nancy, 1825 ; Amiens, 1832 ; Lyon, 1833] ; Valentin Testard, professeur de grammaire au lycée de Metz.

La rentrée à l'École a lieu début décembre 1810. La scolarité s'achève en septembre 1812, avec l'obtention de la licence ès-lettres.

LES ENSEIGNEMENTS SUIVIS À L'ÉCOLE NORMALE.
Pierre Claude Bernard Guéroult [1744-1821], dit Guéroult l'aîné, ancien proviseur du lycée Charlemagne, l'un des conseillers titulaires du Conseil de l'Université, est le chef de l'École normale, assisté par César Auguste Basset [1760-1828] préfet des études. L'École, depuis décembre 1810, est située dans les combles de l'ancien collège du Plessis, au niveau du 115 rue Saint-Jacques, à côté du lycée Louis-le-Grand.

Comme tous les pensionnaires de l’École normale, Charles Boucley suit obligatoirement les enseignements de la Faculté des lettres :
En Histoire de la philosophie ancienne, l'enseignement de Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], qui commence ses cours le 4 décembre 1811  ; en Philosophie, Pierre Laromiguière [1756-1837], titulaire de la chaire de Philosophie, depuis le 19 septembre 1809.
En Histoire littéraire et poésie française, Jacques Delille [1738-1813], titulaire de la chaire depuis le 6 mai 1809.
En Éloquence française Jean Marie Nicolas de Guerle [1766-1824], titulaire de la chaire depuis le 6 mai 1809 ; auquel est adjoint Jean Louis Laya [1761-1833], depuis le 13 novembre 1810.
En Poésie latine François de La Place [1757-1823] ; Pierre Antoine Guéroult [1749-1816], titulaire depuis le 23 décembre 1810
En Histoire et géographie ancienne, Pierre Charles Levesque [1736-1812] titulaire depuis le 6 mai 1809 ; auquel est adjoint Jean Charles Dominique Lacretelle [1766-1855], dit Lacretelle jeune
En Histoire et géographie moderne, Jean Denis Barbié du Bocage [1760-1825], titulaire de la chaire depuis le 6 mai 1809.
En Littérature grecque, Pierre Henri Larcher [1726-1812] ; auquel est adjoint depuis le 6 mai 1809, Jean François Boissonade [1774-1857].

Les élèves de l'École bénéficient de <répétitions> assurées par les maîtres de conférences : Jean Louis Burnouf [1775-1844]* pour la littérature [enseignant de 1810 à 1822], qui deviendra titulaire de la chaire d’Éloquence latine du collège de France de 1817 à 1844 ; Abel François Villemain [1790-1870]*, également pour la littérature [de 1810 à 1822], et qui était professeur de rhétorique au lycée Charlemagne [de 1808 à 1810] ; l’abbé Beato Mablini [1774-1834]* pour la langue grecque [de 1810 à 1822] ; Pierre Laromiguière [1756-1837] pour la philosophie [1811-1812].

1812. PROFESSEUR ÉLÉMENTAIRE À ROUEN.
Au sortir de l'École normale, fin 1812, Charles Boucley est nommé maître élémentaire au lycée de Rouen. Il y reste trois ans, jusqu'en septembre 1815. Après quoi est nommé à Nantes.

1815. PROFESSEUR AGRÉGÉ À NANTES.
En septembre 1815, Charles Boucley est nommé au collège royal de Nantes, comme maître élémentaire. Il reçoit le titre de professeur agrégé. Il y reste un an, puis est nommé à Besançon.

1816. PROFESSEUR À BESANÇON.
Charles Boucley, nommé fin septembre 1816 au collège royal de Besançon, y est d'abord professeur de quatrième, puis professeur de troisième.
En 1819, il y est professeur d'Humanités [ce qui correspond aujourd'hui à la classe de seconde].
En même temps, Charles Boucley assure une suppléance à la Faculté des Lettres de Besançon.

1819. SUPPLÉANCE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE BESANÇON.
La Faculté des Lettres de Besançon a été créée dans le cadre de l'Université impériale en 1808-1809.
Elle comprend alors une chaire de Philosophie, avec Jean Jacques Ordinaire [1770-1843], ancien proviseur du lycée de Besançon, exerçant en même temps la fonction de premier recteur de l'académie ; une chaire d'Éloquence latine, avec Édouard [Thomas] Simon [1740-1818], ancien médecin, ancien censeur au lycée de Nancy [1808] ; une chaire de Littérature grecque, avec François Genisset [1769-1837], professeur au lycée de Besançon, nommé doyen de la Faculté ; une chaire de Littérature française, avec Hyacinthe Tramier de La Boissière ; une chaire d'Histoire, avec Nicolas Labbey de Billy [1753-1825], ancien prédicateur à Versailles, prêtre émigré.

En 1819, Charles Boucley est nommé professeur suppléant de Nicolas Labbey de Billy [1758-1825] dans la chaire d'Histoire. Il y demeure un an jusqu'en 1820.
Il reste en même temps professeur d'Humanités du collège royal de Besançon.

Mais, avec la reprise en mains du personnel enseignant, qui se renforce avec le ministère Villèle [décembre 1821-janvier 1828], sous l'influence croissante des cléricaux, alors que Mgr. Denis Frayssinous [1765-1841], ancien prédicateur à Saint-Sulpice, est Grand maître de l’Université [1er juin 1822], un certain nombre d'enseignants jugés trop libéraux sont remplacés. Charles Boucley perd sa place en tant que professeur suppléant à la Faculté des Lettres de Besançon. Il est remplacé à la Faculté par Jean Bourgon [1796-1841]. Et quelques années après, en 1825, il est envoyé à Amiens, comme professeur de troisième.

1825-1826. PROFESSEUR DE TROISIÈME À AMIENS.
Charles Boucley est nommé professeur de troisième au collège royal d'Amiens, dont l'abbé Dallery est proviseur. Il n'y reste qu'une seule année. Est muté à Rouen.

1826-1834. PROFESSEUR AU COLLÈGE ROYAL DE ROUEN.
Charles Boucley  devient professeur suppléant  de quatrième au collège royal de Rouen où Jacques Faucon [1791-1850], ancien élève de l'École normale de sa promotion [1810] est le proviseur [en même temps qu'il est recteur de l'académie], alors que Nicolas Brigandat [1791-1825], lui aussi ancien élève de l'École normale de la promotion 1810, est le professeur agrégé en titre.

Au début 1829, dans ce même collège, Charles Boucley est nommé à la chaire d'histoire et de géographie commerciale, et reste en poste jusqu'en octobre 1834, date de sa nomination comme inspecteur d'académie.
Il doit vraisemblablement cette nomination à Paul François Dubois, ancien directeur du journal Le Globe, Inspecteur général en 1834.

1834-1835. INSPECTEUR D'ACADÉMIE À BESANÇON.
L'académie de Besançon comprend dans son  arrondissement trois départements : le Doubs ; le Jura ; la Haute-Saône.
Charles Boucley est nommé inspecteur d’académie à Besançon [octobre 1834-novembre 1835], alors que Jean Jacques Ordinaire [1770-1843] est à nouveau nommé recteur de l’Académie de Besançon, depuis le 11 août 1834* [Jean Jacques Ordinaire avait été recteur de l'académie de Besançon entre août 1809 et juin 1824].
Charles Boucley reste en fonction seulement pendant un an.

Charles Boucley, comme inspecteur, vient remplacer Buignet, ancien secrétaire d'académie, inspecteur de l'académie de Besançon sous le rectorat d'Éloi Bertaut [1782-1834].

Comme on le sait, dans la période qui va de 1809 à 1848, chaque recteur est assisté par deux inspecteurs d'académie. Charles Boucley est sur le deuxième poste.
En même temps que lui, sur le premier poste, se trouve Clairin, qui a remplacé en 1832 l'abbé Perruche, ancien censeur puis proviseur du collège royal de Besançon, et qui restera jusqu'en 1843. 

Après quoi, Charles Boucley est nommé recteur de l'académie de Cahors.

LES PREMIERS RECTEURS NORMALIENS.
Si la vocation première de l'École normale est de former les enseignants qui occuperont les chaires de lycées, et ultérieurement [à partir de 1815] des collèges royaux, il sera confié, à partir de 1825, à des anciens élèves de la première promotion [donc de 1810] les fonctions d'autorité de recteurs.

Timidement en 1822, soit seulement dix ans après la sortie de l'École des fonctions rectorales pour la Corse sont confiées à Louis Magloire Cottard [1790-1871] ; puis en 1825, c'est Jean Joseph Soulacroix [1790-1848], le premier à être nommé expressément recteur, de l'académie de Nancy [1825-1832], et qui continuera une carrière de recteur [Amiens, de 1832 à janvier 1833 ; Lyon, de janvier 1833 à février 1845].  
Louis Magloire Cottard sera nommé officiellement recteur de l'académie de Limoges [mars-octobre 1828], d'Aix [octobre 1828-mars 1831], de Srasbourg [mars 1831-mars 1842].

Ensuite ce sera au tour de Charles Boucley d'être nommé recteur, de l'académie de Cahors [novembre 1835-novembre 1839], puis de l'académie de Pau [novembre 1839-septembre 1848], jusqu'à la suppression de cette académie, et de sept autres, par arrêté du général Cavaignac.

Enfin, au moment de la mise en place des académies départementales, Charles François Maignien [1788-1871] sera successivement recteur de l'académie de l'Yonne [août 1850-septembre 1852], puis de l'académie de la Corrèze [septembre 1852-septembre 1853] jusqu'à sa mise à la retraite ;

1835-1839. RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE CAHORS.
L'académie de Cahors comprend dans son arrondissement trois départements : le Lot ; le Lot-et-Garonne ; le Gers.
Charles Boucley est nommé recteur de l’académie de Cahors le 30 novembre 1835, en remplacement de Jean Claude Grancher [1799-1842], recteur d'avril 1830 à fin octobre 1835, nommé recteur honoraire.
Charles Boucley reste en fonction jusqu'au 27 septembre 1839.
Après quoi, Charles Boucley est nommé recteur de l'académie de Pau [1839-1848].

Il est remplacé dans la fonction de recteur de l'académie de Cahors par Patrice Larroque [1801-1879], ancien recteur de l’académie de Grenoble [1838-1839], nommé le 28 septembre 1839 [septembre 1839-septembre 1847].

Les deux inspecteurs qui assistent Charles Boucley comme recteur de l'académie de Cahors sont :

Delpy de la Cipière  

Paul Louis Leconte [1796-1857], futur inspecteur d’Académie à Rennes [octobre-décembre 1830], futur recteur départemental de l’Académie du Cantal [août 1850-août 1854].

1839-1848. RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE PAU.
L'académie de Pau comprend dans son arrondissement trois départements : les Basses-Pyrénées [aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques] ; les Hautes-Pyrénées ; les Landes.
Charles Boucley est nommé recteur de l’académie de Pau le 28 septembre 1839, en remplacement de Louis Julien Loyson [1792-1852], recteur de l'académie, d'octobre 1830 à septembre 1839, admis à faire valoir ses droits à la retraite.
Boucley reste en poste jusqu'au 7 septembre 1848, date de la suppression de l'académie de Pau : un arrêté du général Cavaignac, chef du pouvoir exécutif,  supprime à cette date les académies d'Ajaccio, Amiens, Clermont, Orléans, Limoges, Nîmes, Pau et Rouen.
Après quoi, Charles Boucley, alors âgé de cinquante-six ans, est mis à la retraite.

Les deux inspecteurs qui l'ont assisté sont :
Jacques Balencie [vers 1785-1872], ancien censeur du collège royal de Pau, en remplacement de l'abbé Batbie [ -1826], décédé en fonction, est inspecteur de l’académie de Pau de juin 1826 à septembre 1846.
Après 1846, Jacques Balencie, admis à la retraite, est remplacé par Étienne Bouchez
[-1850], ancien élève de l'École normale [1815], agrégé en sixième à Clermont [1818], ancien inspecteur de l'académie de la Corse, futur inspecteur de l'académie de Nancy.
En 1847-1848, l'inspecteur d'académie est Joseph Victor d'André, agrégé des lettres [Toulouse, 1826].

Jean Ambroise Ducondut [1793-1871], ancien élève de l'École normale [1810], ancien professeur de rhétorique au collège royal de Pau, et au lycée de Montpellier. Il reste en poste jusqu'en septembre 1848.

Le secrétaire était Nestor de Lamarque, puis Saurel.

SOURCE.
Notice nécrologique Association amicale des Anciens élèves de l'École normale [Léon Crouslé, 1878, 4-7].

Jean-François Condette. Les Recteurs d'académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique [Paris : Institut national de recherche pédagogique. Collection : Histoire biographique de l'enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].