Dumoulin, Charles (1793-1857), recteur de l’académie de l’Ardèche

Ancien élève de l’École normale [1812], la carrière de Charles Dumoulin se déroule pendant près de quarante ans au service de l’enseignement, culminant avec le poste de professeur de philosophie au lycée de Marseille. Ce sont les évènements historiques des années 1848-1850, qui l’amènent à accepter finalement, pour quatre ans, des postes d’autorité.
Charles [François] Dumoulin. Né le 18 septembre 1793, à Reims [Marne] ; mort en 1857.
Écrit parfois Dumoulins.

1811. MAÎTRE D’ÉTUDES AU LYCÉE DE REIMS.
Maître d'études au lycée impérial de Reims [département de la Marne ; ressort de l'académie de Paris].
La position de maître d'études correspond au degré le plus bas de l'échelle universitaire définie à l'article 31 du décret, du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université impériale. Cependant elle n'est accessible qu'à des bacheliers. En ce qui concerne l'enseignement, le niveau juste au-dessus est celui de « régent de collège »

Charles Dumoulin est sélectionné par un Inspecteur des études, ou un des six inspecteurs de l’académie de Paris, pour être intégré à la toute jeune École normale, créée en 1810, dont le chef est Pierre Claude Bernard* Guéroult [1744-1821], dit Guéroult l’aîné, assisté par César Auguste Basset [1760-1828], préfet des études.

1812. ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE.
Ancien élève de la troisième promotion [1812-1814] de l'École normale, installée à l’époque, dans les combles des locaux de la Faculté des Lettres, c’est à dire dans l’ancien collège Du Plessis, maison attenante au prestigieux lycée Louis-le-Grand, au niveau du 115 rue Saint-Jacques.
Sont déclarés reçus à l'École normale, à Paris, pour l'année 1812 comme élèves pensionnaires, pour une durée de scolarité de deux ans [c'est le cas pour les élèves des promotions 1810, 1811, 1812, 1813, 1814], dans l'ordre alphabétique, les vingt-sept élèves suivants :
Pierre Albrand [ -1855], adjoint au maire de Marseille ; Nicolas Louis Artaud [1794-1861], futur Inspecteur général de l’Instruction publique ; Auguste Baron [1794-1862] Professeur de Littérature à l’Université de Bruxelles, puis doyen de la Faculté des Lettres de Bruxelles ; Casimir Bonjour [1795-1856], conservateur à la Bibliothèque Sainte-Geneviève ; Charles Cayx [1793-1858], futur Inspecteur général de l’Instruction publique ; Charles Colmache, professeur en Angleterre ; Achille Darmaing [1794-1856], homme de lettres, fondateur de la Gazette des tribunaux ; Pierre Fabius de Calonne [1794-1856], professeur au collège Henri-IV ; Eugène Delahaye, magistrat ; Pierre Delestre, nommé provisoirement, par arrêté ministériel en date du 29 août 1829, principal du collège de Tonnerre [département de l'Yonne, académie de Paris], en remplacement de Pernet, libraire à Paris ; Louis Demensy, professeur à l’École des Beaux-Arts ; Chrysanthe Ovide Des Michels [écrit aussi Desmichels] [1793-1866], recteur de l’académie d’Aix, et de Rouen ; Jean Destouet, docteur en médecine ; Paul François Dubois [1793-1874], futur directeur de l’École normale ; Charles Dumoulin [1793-1857], recteur départemental de l’académie de l’Ardèche [1850-1852] ; Nicolas Gardien, banquier à Chaumont ; Pierre Gheerbrand [1791- ], avoué à Paris ; François Eugène Jarry [1796-1852], professeur d’histoire à Condorcet ; Paul Lacourt-Delacour [ -1815], avocat ; Vincent Largé [1792-1879], futur inspecteur d’académie à Clermont ; Théodore Lerebours [ -1879], avocat ; Pierre [Alphonse] Martin [1793-1864], recteur de l’académie d’Amiens ; Georges Ozaneaux [1795-1852], Inspecteur général de l’Instruction publique ; Auguste Poirson [1793-1871], proviseur du lycée Charlemagne ; Léonine Rabany, professeur de lettres à La Réunion ; [Augustin] Charles Renouard [1794-1878], procureur général à la Cour de Cassation ; Régis Salanson [ -1860], professeur de lettres ; Victor Quintius Thouron [1794-1872], avoué à Toulon ; Auguste Trognon [1795-1873], Professeur d’histoire au collège royal Louis-le-Grand.

Pendant sa scolarité, Charles Dumoulin suit les enseignements de la Faculté des Lettres de Paris, ceux de Jean François Boissonade [1774-1857] en Littérature grecque ; François de Laplace [1757-1823] pour l’Éloquence latine ; Nicolas Lemaire [1767-1832] pour la Poésie latine ; Jean Louis Laya [1761-1833] la Littérature française ; Jacques Delille [1738-1813] la Poésie française ; Jean François Thurot [1768-1832] la Philosophie ; Charles Million [1754-1839] l’Histoire de la philosophie ; Jean Charles Dominique Lacretelle [1766-1855] en Histoire ; Jean Denis Barbié du Bocage [1760-1825] en Géographie.
Tandis qu’à l’École, comme pensionnaire, il bénéficie des enseignements complémentaires des maîtres de conférence : Jean Louis Burnouf [1775-1844], professeur de rhétorique au lycée Impérial [Louis-le-Grand] et Abel François Villemain [1790-1870], professeur suppléant de rhétorique au lycée Charlemagne, pour la littérature ; l’abbé Beato Mablini [1774-1834] pour la langue grecque ; Georges Gabriel Mauger [1774-1861], pour la philosophie.

1813. TITULAIRE DE LA LICENCE.
A la fin de la première année [1812-1813], ou au début de la seconde année [1813-1814], comme tous ses camarades de promotion, Charles Dumoulin, passe son examen de licence ès-lettres, diplôme requis pour pouvoir enseigner au sein de l’Université.

1814. RÉGENT D’HUMANITÉS AU COLLÈGE DE ROUEN.
Au sortir des deux ans d’études à l’École normale, Charles Dumoulin est nommé vers août 1814, régent d'humanités au collège royal de Rouen [département de Seine-Inférieure ; académie de Rouen]. Sa position de régent d’humanités est notoirement supérieure à celle de maître de pension. Il ne reste à Rouen que quelques semaines, pour être nommé à Paris.

1814. MAÎTRE D’ÉTUDES AU COLLÈGE LOUIS-LE-GRAND.
Nommé à Paris, fin 1814, au prestigieux collège royal Louis-le-Grand, Charles Dumoulin, doit, selon la coutume, rétrocéder son rang de régent pour à nouveau celui de maître d’études.
Il y reste pendant quatre ans, jusqu’en 1818, année de sa nomination à Pau, mais cette fois comme professeur.

1818. PROFESSEUR DE TROISIÈME AU COLLÈGE DE PAU.
Nommé en 1818, professeur de troisième au collège royal de Pau [département des Basses-Pyrénées ; académie de Pau], en remplacement de Jean Pierre Palloc « agrégé » à la classe de troisième.

Trois ans plus tard Charles Dumoulin est promu comme professeur de seconde [1821-1827], en remplacement de Jean Ambroise Ducondut [1793-1871], nommé en rhétorique.

1827. PROFESSEUR DE TROISIÈME AU COLLÈGE DE CAEN.
Charles Dumoulin est nommé, en 1827, professeur de troisième au collège royal de Caen [département du Calvados ; académie de Caen], en remplacement de Bertrand.
Il reste en poste jusqu’en 1830, date de sa nomination, comme professeur de philosophie au collège de Tournon.

1830. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU COLLÈGE DE TOURNON.
Charles Dumoulin est nommé, en 1830, professeur de philosophie au collège royal de Tournon [département de l’Ardèche ; académie de Nîmes], en remplacement de Paul Jean Ladevi-Roche [1794-1871], qui avait été nommé pour quelques mois à Tournon.

1841. NOMINATION SANS SUITE À AMIENS.
Le 18 septembre 1841, Charles Dumoulin est nommé un des deux inspecteurs de l'académie d'Amiens, en remplacement de Marie Benjamin Caresme [1802-1873], promu au rectorat de l'académie de Bourges [1841-1846].
Mais, Charles Dumoulin est maintenu, sur sa demande, comme professeur de philosophie au collège royal de Tournon.
Aussi l'arrêté en date du 16 octobre 1841, qui avait nommé Gustave Vapereau [1819-1906], élève sortant de l'École normale, comme professeur de philosophie à Tournon, est rapporté par un arrêté en date du 25 octobre 1841. Gustave Vapereau reste au collège royal de Tours.

1841. MAINTIEN À TOURNON.
Charles Dumoulin reste donc en poste, comme professeur de philosophie à Tournon, jusqu'en 1848, date de sa nomination au collège royal de Marseille.

1848. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À MARSEILLE.
En 1848, Charles Dumoulin est nommé professeur de philosophie au collège royal, puis lycée de Marseille [département des Bouches-du-Rhône ; académie d’Aix] en remplacement de Pierre Lafaist [1809-1867], nommé professeur de philosophie à la Faculté des Lettres d’Aix, qui vient d’être reconstituée.
Charles Dumoulin reste en poste jusqu’en janvier 1850, date de sa nomination comme l’un des deux inspecteurs de l’académie de Grenoble.

1850. INSPECTEUR D’ACADÉMIE À GRENOBLE.
Charles Dumoulin est nommé en janvier 1850 l’un des deux inspecteurs d’académie à Grenoble [Isère],
Charles Dumoulin travaille auprès de Jean Alexandre Ubertin [1797-1879], recteur de l’académie du 13 septembre 1848 au 10 août 1850.
Le ressort de l’académie de Grenoble, qui s’est agrandi par arrêté en date du 7 septembre 1848, s’étend sur les départements suivants : Hautes-Alpes ; Ardèche [qui relevait de l’académie de Nîmes, qui vient d’être supprimée] ; Drôme ; Isère ; Lozère [qui relevait de l’académie de Nîmes, qui vient d’être supprimée].

Charles Dumoulin reste en poste quelques mois, jusqu’au 10 août 1850, date de sa nomination comme recteur de l’académie départementale de l’Ardèche.

1850. RECTEUR ACADÉMIQUE DE L’ARDÈCHE.
La loi organique du 15 mars 1850, inspirée par Alfred de Falloux [1811-1886], et mise en oeuvre par le ministre de l’Instruction publique et des Cultes [octobre 1849-janvier 1851] Félix Esquirou de Parieu [1815-1893], modifie profondément le fonctionnement universitaire : les académies, jusqu’alors regroupement de départements, voient leur ressort restreint. Conçues pour un encadrement plus étroit du personnel enseignant, elles deviennent strictement départementales et de « petits recteurs », aux attributions réduites, sont nommés.
L'article 7 de la loi stipulant qu'il est établi une académie par département, quatre-vingt-sept académies sont créées [dont celle d’Alger]. Quatre-vingt-sept postes sont à pourvoir, dont beaucoup seront occupés par d'anciens inspecteurs d'académie.

C’est dans ce cadre que Charles Dumoulin est nommé, le 10 août 1850, recteur de l’académie de l’Ardèche [académie de deuxième classe], siégeant à Privas, préfecture du département et chef-lieu académique.
Assisté d’un simple secrétaire, Chatrousse, Charles Dumoulin reste en fonction, jusqu’au 11 septembre 1852, date à laquelle il est admis à faire valoir ses droits à la retraite. Il a alors cinquante-neuf ans. Reçoit le titre de recteur honoraire.

Il est remplacé à Privas par Pierre Joseph Dainez [1785-1856], ancien recteur de l'académie du Tarn-et-Garonne [1er septembre 1850-11 septembre 1852], nommé le 11 septembre 1852 et en poste jusqu’au 24 août 1854.

DÉCORATION.
Légion d'honneur [rien dans la base de données Léonore]

SOURCE.
Jean-François Condette. Les Recteurs d’académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut National de Recherche Pédagogique. Édition de CNRS. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].
Fournit les dates précises des nominations ; les sources des archives ; des extraits de rapports d'inspection.
La notice concernant Dumoulin est accessible :
https://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_2006_ant_12_2_4347