Chopin, Jacques Dominique, De Facultate morali, thèse latine, 1818

La numérisation régulière des ouvrages conservés dans les bibliothèques publiques s’étend progressivement aux premières thèses soutenues dans les Facultés de Lettres. Certaines publications cependant échappent encore aux mailles du filet. D’autant que les exemplaires imprimés sont eux-mêmes parfois difficiles d’accès. C’est la cas  de la thèse latine de Jacques Dominique Chopin [1794-1857].

LA FAMILLE DE JACQUES DOMINIQUE CHOPIN.
Jacques Dominique Chopin, est né en 1794, en Russie, à Saint-Pétersbourg dans une famille française. 
Son père est le sculpteur Jean Louis Chopin [1747-1815], que l’impératrice Catherine II a fait venir de France en Russie, pour qu’il contribue à embellir ses résidences, et plus particulièrement le palais impérial de Saint-Pétersbourg.
La famille revient en France vers 1804, passant par Lübeck. Seul l’aîné des enfants Ivan Ivanovitch Chopin [1787-1870] reste en Russie où il réussit une carrière dans la haute administration en devenant conseiller d’État. 
Deux des enfants, Jacques Dominique Chopin [1794-1857] et Jean Marie Chopin [1796-1871] entament en France une carrière littéraire. Le benjamin Frédérik-Henri Charles Albert Schopin [1804-1880] devient un peintre réputé, prix de Rome en 1831.
 
MISE EN PLACE DU DOCTORAT.
L’Université impériale, décidée par Napoléon, fondée en France par la loi du 10 mai 1806, et organisée en mars et septembre 1808, prévoit trois grades, s’obtenant à la suite d’examens spécifiques : le baccalauréat ; la licence ; le doctorat.
Ainsi le doctorat [doctorat ès-lettres ; doctorat ès-sciences ; doctorat en droit] est le grade le plus élevé de l’Université. Il est exigé pour pouvoir enseigner dans une Faculté.
Le décret du 17 mars 1808, en son article 21, spécifie : « Le doctorat dans les facultés des lettres ne pourra être obtenu qu’en présentant son titre de licencié et en soutenant deux thèses, l’une sur la rhétorique et la logique, l’autre sur la littérature ancienne ; la première devra être écrite et soutenue en latin ».
 
En liaison vraisemblable avec l’introduction d’un enseignement de la philosophie dans les lycées [règlement du 19 septembre 1809], une modification intervient en février 1810 [article 35 du statut du 16 février 1810], en substituant comme sujet des thèses la « philosophie » à la rhétorique et logique, et la « littérature ancienne et moderne » à la seule littérature ancienne. 
 
LES DEUX THÈSES ET LES DEUX SOUTENANCES.
Ainsi, à partir de 1810, l’examen pour le doctorat est composé de deux épreuves orales, qui au départ se ressemblent. 
D’une part, une soutenance publique devant un jury, pendant deux heures, d’une Dissertation philosophique, rédigée et soutenue en latin, d’une quinzaine de pages, débouchant sur un ensemble de propositions. 
La soutenance en latin, plus ou moins appliquée au fil du temps, a été officiellement abandonnée par la circulaire du 18 juillet 1840.
 
D’autre part à une date très rapprochée, l’examen pour le doctorat est composé de la soutenance publique devant le même jury, pendant deux heures, d’une Thèse de Belles-Lettres, rédigée et soutenue en français, d’une quinzaine de pages également, sur un sujet concernant le plus souvent un genre littéraire.
 
Ces deux dissertations servent de base à l’exposé de l’impétrant et aux objections élevées par les membres du jury. Dans les premiers temps, prenant la forme d’une brochure, elles ne peuvent en aucun cas être considérées comme un ouvrage. Elles sont imprimées à un petit nombre d’exemplaires, après avoir été vues et lues par le Doyen de la Faculté, qui fait imprimer la mention, sur la dernière page de la thèse, en latin « vidi ac perlegi » et en français « vu et lu ». Ces dissertations ne sont distribuées que dans le cadre de leur usage strictement interne à l’Université.
 
Le premier doctorat est délivré en août 1810, par la Faculté des Lettres de Besançon à Pierre Fontanier [1765-1844].
De 1810 à 1817 inclus, quarante doctorat ès-lettres sont délivrés, dont quatre dans des Facultés de province [Besançon, Poitiers, Strasbourg]. Pas de soutenance en 1815. Soit une sorte de moyenne de six thèses soutenues chaque année.
 
SOUTENANCE DU DOCTORAT EN SORBONNE.
Établi à Paris, depuis quelques années, Jacques Dominique Chopin, ayant obtenu sa licence est autorisé à se présenter au doctorat ès-lettres, auprès de la Faculté des Lettres de Paris.
 
L’examen se déroule dans une salle [la salle des Actes] de la Faculté des Lettres établie à cette époque dans les locaux de l’ancien Collège du Plessis contigu au Collège Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, devant un jury, normalement présidé par Jean Denis Barbié du Bocage [1760-1825], doyen de la Faculté des Lettres de l’Académie de Paris depuis 1815, qui a succédé au premier doyen Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845]
 
La composition du jury peut parfois subir de légers changements, entre la soutenance de la Dissertation philosophique, et celle de la Thèse de Belles-Lettres.
 
 
LES PROFESSEURS DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS.
Rappelons qu’en 1818 les professeurs de la Faculté des Lettres sont : pour la Littérature grecque Jean François Boissonnade [1774-1857] depuis le 28 décembre 1812 ; pour la Poésie latine François De la Place [ou Delaplace] [1757-1823] depuis le 23 décembre 1810 ; pour l’Éloquence française Nicolas Eloi Lemaire [1767-1832], depuis le  23 décembre 1810 ; pour l’Histoire littéraire et la Poésie française Jean Louis Laya [1761-1833], depuis le 13 novembre 1815 ; pour la Philosophie Pierre Laromiguière [1756-1837], depuis le 19 septembre 1809, suppléé par François Thurot [1768-1832], professeur adjoint depuis le 23 décembre 1812 ; pour l’Histoire de la philosophie ancienne Charles Millon [1754-1839], depuis mai 1814 ; pour l’Histoire de la  philosophie moderne Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], depuis le 24 octobre 1810, suppléé par Victor Cousin [1792-1867] depuis le 7 décembre 1815 ; pour l’Histoire ancienne Dominique de Lacretelle [1766-1855] dit Lacretelle jeune, depuis le 25 juillet 1812 ; pour l’Histoire moderne François Guizot [1787-1874], depuis le 25 juillet 1812 ; pour la Géographie Jean Denis Barbié du Bocage [1760-1825], depuis 1812.
C’est parmi cette liste de professeurs, et en fonction de leurs spécialités, que sont choisis les membres du jury de thèses. 
 
1818. DISSERTATION PHILOSOPHIQUE EN LATIN : DE LA FACULTÉ MORALE.
Jacques Dominique Chopin soutient sa « Dissertation philosophique », le mercredi 12 août 1818, de midi à deux heures de l’après-midi.
Dissertatio philosophica De Facultate morali, quam ad publicam disceptationem proponit ad doctoris gradum promovendus Jacobus Dominicus Chopin,… die Augusti (12a) 1818, ab horâ meridianâ ad secundum vespertinam. [Paris : De l’imprimerie de C.-F. Patris, rue de la Colombe, N°4, près le quai de la Cité. In 4. In-4, 19 p., (1818)].
En avant-titre : Facultas litterarum, in Academia Parisiensi.
L’adresse est portée sur la dernière page [page 19] de la thèse. 
Pas de mention d’une lecture préalable par Barbié du Bocage, Doyen de la Faculté des Lettres de l’Académie de Paris.
 
Incipit : « Cum Deus primo hominem constituisset, operis sui conservationi intentus, duo inesse ei principis voluit, quae incolumitatis humanae totidem quasi praesidia forent […] ».
 
1818. THÈSE DE BELLES-LETTRES, EN FRANÇAIS : THÉOCRITE.
La thèse de Belles-Lettres, en français, [11 août 1818] a pour titre : sur Théocrite [Paris : De l’imprimerie de C.-F. Patris, rue de la Colombe, n° 4, près le quai de la Cité. In-4 (19 X 24 cm), 27 p., (1818)].
En avant-titre : Instruction publique. Académie de Paris. Faculté des lettres. Thèse de Belles-Lettres.
L’adresse est portée en dernière page [page 27].
Sur cette dernière page est également portée la mention : « Les points de doctrine exposés dans cette Thèse seront soutenus par Jacques Dominique Chopin, licencié, aspirant au grade de Docteur, le […] août 1818, de deux heures à quatre.
 
Incipit : « Parmi cette foule d’écrivains célèbres que la Grèce s’enorgueillit d’avoir vus naître dans son sein, il en est peu qui aient fait jaillir sur la gloire littéraire autant d’éclat que Théocrite ».
 
LA THÈSE LATINE DE JACQUES DOMINIQUE CHOPIN EN BIBLIOTHÈQUE.
• AIX-MARSEILLE 1-BU Lettres.
https://univ-amu.summon.serialssolutions.com/#!/search?ho=t&l=fr-FR&q=CHOPIN,%20JACQUES%20DOMINIQUE
 
• BNF. 
Notice : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb302400178
Cote : R-8889
 
• PARIS-Institut de France. 
Cote : 4° M 32 c* (n° 7).
Cette cote renvoie à un recueil, in-quarto, de textes très variés, souvent en latin, qui vont de 1748 à 1834.
Y figurent les thèses latines de N. Lecouturier ; Jean Chrysostome Dabas [1810-1878], ancien élève de l’École normale [1829, École préparatoire] ; Jacques Dominique Chopin [1794-1857] ; Jean Baptiste Félix* Descuret [1795-1871] ; Cyprien Anot de Mézières [1792-1878].
 
LA THÈSE FRANÇAISE DE JACQUES DOMINIQUE CHOPIN EN BIBLIOTHÈQUE.
• AIX-MARSEILLE 1-BU Lettres.
https://univ-amu.summon.serialssolutions.com/#!/search?ho=t&l=fr-FR&q=CHOPIN,%20JACQUES%20DOMINIQUE
 
• Bibliothèque de l’École normale supérieure, ULM LSH, salle 4 [cote : Thèse 45].
Seule la thèse, en français. À consulter sur place.
https://halley.ens.fr/search~S25*frf?/cTh%C3%A8se+45/cthese+++++++45/-3,-1,,E/browse
 
A partir de la thèse de Jean Baptiste Polyeucte* Humbert [1773-1846] [cote : Thèse 5], soutenue à Paris en 1812, la Bibliothèque de l’École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris 75 005 [Ulm Lettres, Sciences humaines], conserve en rayon, à consulter sur place, la presque totalité des thèses de Doctorat ès-lettres soutenues depuis 1812. Manquent les thèses des quatre premiers docteurs : celles de Pierre Fontanier [1765-1844], thèses soutenues en août 1810 ; d’André Marie Ruinet [1766-1838], thèses en 1811 ; d’Alexis Bintot, thèses en 1811 ; Pierre François Cimttierre Saint Amand, thèses en 1812.
Pour des raisons de conservation, les thèses sont reliées, parfois un peu rognées, et sont rassemblées sous la même reliure, pour un auteur donné, thèse latine et thèse française.
Il arrive cependant, mais rarement, que l’une ou l’autre thèse fasse défaut. C’est le cas pour Jacques Dominique Chopin dont la thèse latine ne figure pas en rayon.   
 
• BNF. 
Notice : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30240018m
Cote : ZP-128
 
1839. TRADUCTION D’UN OUVRAGE DE MIKHAÏL SEMENOVITCH KOUTORGA. 
En 1839, Jacques Dominique Chopin fait paraître sa traduction du russe en français d’un ouvrage de Mikhaĭl Semenovitch Koutorga : Essai sur l’organisation de la tribu dans l’antiquité, par M. Koutorga […] traduit du russe, par M. Chopin [Paris : impr. de Firmin-Didot frères. In-8° , VIII-261 p., 1839]. Avant-propos du traducteur.
 
Mikhaĭl Semenovitch Koutorga [1809-1886], docteur ès-lettres, est professeur d’histoire universelle à la Faculté des Lettres de Saint-Pétersbourg [Russie]. A publié plusieurs recherches sur l’Antiquité dans des publications savantes [Académie des Inscriptions et Belles-Lettres] en France autour des années 1860.
 
1854. CHOIX D’ÉPIGRAMMES TIRÉES DE L’ANTHOLOGIE GRECQUE.
Enfin, en 1854, Jacques Dominique Chopin choisit Hachette, qui depuis sa création en 1826, s’est spécialisé dans l’édition scolaire et universitaire, pour publier un recueil d’environ trois cent quatre-vingt épigrammes empruntés à l’Anthologie grecque : Choix d’épigrammes, tirées de l’Anthologie grecque et traduites en vers français, avec accompagnement de notes critiques, par J. D. Chopin, docteur ès-lettres [Paris : Librairie de L. Hachette, rue Pierre Sarrazin, n°14 (Près de l’École de Médecine). In-8, XI-264 p., 1854]. Avant-propos. Notes de l’Avant-propos. Notes. Table des matières.
Numérisé : Hathi Trust.
https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=hvd.32044085087179;view=1up;seq=5
La première et quatrième de couverture sont reproduites.