Orléans : Regel, premier professeur de philosophie

L'abbé Pierre Denis d'Regel [1766-1843] est le premier professeur de philosophie nommé au lycée impérial d'Orléans [Loiret, académie d'Orléans]. Il y enseigne les quelques mois qui vont de fin 1809 à fin mars 1810, avant de commencer une carrière de recteur [Nancy ; Cahors ; Lyon].

Né le 11 mai 1766 à Plesnoy, près de Langres [Champagne, actuellement département de la Haute-Marne] ; mort le 19 décembre 1843, à Langres [Haute-Marne].
Dans l'Almanach impérial pour l'année M. DCCC. X, almanach présenté à S. M. l'Empereur et Roi par Testu, Regel s'écrit < Dregel >.
Dans la notice d'autorité personne, indiquée dans le catalogue général de la BNF : Regel, Pierre Denis d' [1766-1843]. 
1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE DANS LES LYCÉES.
L'article 5, du titre 1er, du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université, définit l'ordre des écoles et leurs fonctions spécifiques, au nombre de six : Facultés ; Lycées ; Collèges, écoles secondaires communales ; Institutions, écoles tenues par des instituteurs particuliers ; Pensions, appartenant à des maîtres particuliers ; Petites écoles, écoles primaires.
Aux Lycées revient l'enseignement de la Logique, indiqué dans la liste des matières enseignées : Langues anciennes, Histoire, Rhétorique [anciennement Belles-Lettres], Logique, et les éléments des Sciences mathématiques et physiques. 
Cet enseignement de la Logique est à comprendre encore dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues, comme analyse du jugement. 
Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement. 
L'article 5 indique : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.
L'article 17 du règlement du 19 septembre 1809 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; ainsi que l'Histoire des opinions des philosophes. 
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Il est indiqué également : Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».
Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide une extension : « Il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».
LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808. 
Démarche complétée par une lettre à Louis de Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808. Texte dont rend compte François Mignet, dans sa Notice historique sur Laromiguière [1862]. 
C'est ce qu'indique clairement, Prosper Alfaric, dans son ouvrage : « Laromiguière et son École. Étude biographique » [Paris : Les Belles-Lettres. 1929. pages 63 sq.].
1809-1810. REGEL, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE D'ORLÉANS.
C'est dans ce cadre que Regel, docteur en théologie, est le premier professeur de philosophie au lycée de d'Orléans [classé lycée de seconde classe], à partir de la fin de l'année 1809. Il y reste en poste, comme professeur de philosophie, seulement jusqu'à fin mars 1810. 
Les lycées de seconde classe sont ceux de : Amiens ; Angers ; Besançon ; Caen ; Douai ; Liège ; Metz ; Montpellier ; Nantes ; Nîmes ; Orléans ; Rennes ; Reims ; Toulouse.
L'abbé Pierre Denis d'Regel est remplacé dans la chaire de philosophie du lycée d'Orléans par l'abbé Jean Denis Rousseau [1765-1835], premier professeur de philosophie au lycée de Liège, en poste à Orléans du 5 mai 1810 au 25 septembre 1815. Jean Denis Rousseau sera en même temps professeur suppléant de Philosophie à la Faculté des Lettres d'Orléans, dans la chaire de Edme Champeaux de Vauxdimes [1761-1830], professeur titulaire. 
LES PROFESSEURS DE PHILOSOPHIE DU LYCÉE, PUIS COLLÈGE ROYAL, D'ORLÉANS.
Ainsi les différents professeurs de philosophie au lycée d'Orléans, sont successivement :
L'abbé Pierre Denis d'Regel [1766-1843], de fin 1809 à fin mars 1810 ; l'abbé Jean Denis Rousseau [1765-1835], du 5 mai 1810 au 25 septembre 1815 ; Labrousse, en 1816 et en 1817 ; l'abbé Étienne Nicolas Girard [1758- ], à partir de 1818 jusqu'en 1824 ; Michel Renard [1798- ], du 4 décembre 1824 au 3 octobre 1833 ; Pierre Lafaist [1809-1867], à partir d'octobre 1833 jusqu'au 31 août 1837 ; Francisque Bouillier [1813-1899] à partir du 1er septembre 1837 jusqu'en 1839 ; Auguste Debs [1813-1849] de 1840 à 1843. 
Ainsi on voit que le type de recrutement des professeurs de philosophie se modifie en 1833 avec la nomination de Pierre Lafaist.
Dans un premier temps l'enseignement de philosophie est assuré le plus souvent par des prêtres, qui sont parfois en même temps aumônier de leur lycée.
Pierre Lafaist lui est un ancien élève de l'École normale [1829]. Il est agrégé de philosophie en 1832 ; docteur ès-lettres [Paris 1833].
Cette nomination d'un professeur ayant suivi un tel parcours contribue à la laïcisation du corps des professeurs de philosophie et assure l'homogénéisation des contenus d'enseignement, le plus généralement dans l'esprit du spiritualisme de Victor Cousin [1792-1867]. Ce dernier est président du jury d'agrégation de philosophie à partir de 1830, et depuis le 6 août 1830, l'un des sept membres du nouveau Conseil royal de l'Instruction publique [sans compter le Ministre de l'Instruction publique, président de droit] : Abel François Villemain ; Georges Cuvier ; Philibert Guéneau de Mussy ; Ambroise Rendu ; Siméon Denis Poisson ; Victor Cousin ; Louis Jacques Thénard.   
CURRICULUM ET PUBLICATIONS.
FORMATION ET ÉTUDES.
Prêtre et chanoine du diocèse de Langres.
Docteur en Théologie.
1786-1788. PREMIERS ENSEIGNEMENTS.
Pierre Denis d'Regel, en 1786-1788, est régent de philosophie, puis de théologie au Séminaire de Saint-Firmin, à Paris. 
1792. ÉMIGRATION EN RUSSIE.
Refuse, sans doute, de prêter le « serment d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le Roi » exigé par la Constitution civile du clergé. Aussi, Pierre Denis d'Regel émigre-t'il en 1792, et se rend en Russie, où il est précepteur. Ne revient en France que tardivement, en 1808.
Il est alors nommé le premier professeur de philosophie du lycée d'Orléans.
1810-1815. RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE NANCY.
Le rectorat de Nancy est créé officiellement le 23 février 1810.
L'abbé Pierre Denis d'Regel, après avoir été pour quelques mois [décembre 1809-mars 1810] professeur de philosophie au lycée impérial d'Orléans, est nommé recteur de l'académie de Nancy le 28 mars 1810. 
Il y est nommé en remplacement d'Étienne Mollevault [1744-1816], exerçant provisoirement la fonction de recteur [1809-1810], qui devient professeur d'Histoire à la Faculté des Lettres de Nancy [1810-1815].
L'arrondissement de l'académie de Nancy s'étend sur les départements : de la Meurthe ; de la Meuse ; des Vosges.
Les deux inspecteurs d'académie qui l'assistent, tout au long de son rectorat, sont : 
En première ligne, Ignace Spitz [1764-1850]. 
En deuxième ligne Delacour.
Le secrétaire est Verani.
1810-1815. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À LA FACULTÉ DES LETTRES.
En même temps qu'il est recteur de l'académie, l'abbé Pierre Denis d'Regel est professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Nancy. Et doyen de la Faculté.
Il y reste en fonction jusqu'à la suppression de la Faculté le 31 octobre 1815.
Orléans est l'une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées, par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816. [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ;  Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen]. 
Cependant il est suppléé dans son enseignement par l'abbé Jacques Jacquemin [1750-1832], professeur suppléant de 1810 à 1814, puis par l'abbé Jean Paul Alexandre Gironde [1751-1847], professeur suppléant de 1814 à 1815, en même temps secrétaire de la Faculté, et également professeur de philosophie au lycée de Nancy.
Y sont également enseignants deux autres professeurs : pour la Littérature française et latine, Jean Baptiste Lamoureux [1768-1852] ; pour l'Histoire Étienne Mollevault [1744-1816], suppléé en 1810-1811 par Charles Mollevault.
 
LES CENT-JOURS : DESTITUTION, REMPLACEMENT ET RÉTABLISSEMENT.
L’abbé Pierre Denis d’Regel est destitué de ses fonctions de recteur pendant la période des Cent-Jours [16 mars-22 juin 1815]. Il est remplacé pendant cette courte période par l'homme de lettres et philosophe Pierre Hyacinthe Azaïs [1766-1845], nommé le 16 mars 1815, et en fonction  jusqu’au 22 juin 1815.
Avec le seconde Restauration royaliste, Pierre Denis d’Regel est rétabli dans ses fonctions de recteur de l’Académie de Nancy le 22 juin 1815. Il y reste en poste jusqu’au 26 août 1815.
Après quoi, est nommé recteur de l’académie de Cahors [26 août 1815-février 1817].
Pierre Denis d’Regel est alors remplacé comme recteur de l’académie de Nancy par Frantz Lassaulx [1781-1818], professeur de Droit civil, ancien doyen de la Faculté de Coblence, Inspecteur général pour l’enseignement du Droit [1813-1815], nommé recteur le 30 septembre 1815 [1815-1818].
C'est en tant que recteur que Pierre Denis d’Regel prononce le discours de distribution des prix le 1er septembre 1814.
Le texte paraît en brochure : Discours à la louange de la Maison de Bourbon, prononcé à l'Hôtel-de-ville de Nancy, le 1er septembre 1814, à l'occasion de la Distribution des Prix faite aux Élèves du Lycée, En présence de toutes les Autorités, de plusieurs Généraux, d'un grand nombre d'Officiers de tous grades, et d'une élite de Citoyens, par Mr. P. D. D'Regel, Recteur de l'Académie, Docteur ès Lettres et en théologie de la Maison et société de Sorbonne [À Nancy : chez Claude Antoine Leseure, imprimeur de l'Académie, rue St-Dizier, n°392. In-8, 51 p., 1814].
Reproduit en fac-similé : Nîmes : Lacour, impr. 2013. 
1815-1817. RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE CAHORS.
L’abbé Pierre Denis d’Regel est nommé, le 26 août 1815, recteur de l’Académie de Cahors. Il y est nommé en remplacement de Nicolas Rémy Paulin [1752-1840], recteur du 24 août 1809 au 26 août 1815, admis à faire valoir ses droits à la retraite.
L'arrondissement de l'académie de Cahors s'étend sur les départements : du Gers ; du Lot ; du Lot-et-Garonne.
Les deux inspecteurs qui l'assistent sont : 
En première ligne : Hippolyte Baudus [1794-1878], inspecteur d'académie à Cahors, de 1809 à 1816 ; puis Charles Auguste Creuzé des Chateliers [1764-1846], ancien professeur de Littérature latine, et doyen, de la Faculté des Lettres de Poitiers, inspecteur à Cahors de 1816 à 1817 ; enfin, en 1817-1821, Jean Honoré Jourdan [1772-1847].
En deuxième ligne : Delarue [1766-1846], inspecteur d'académie de 1817 à 1823.
Le secrétaire est Vigué. 
L’abbé Pierre Denis d’Regel reste en poste à l'académie de Cahors jusqu'au 6 février 1817. Ensuite de quoi, est nommé recteur de l'académie de Lyon [6 février 1817-1er avril 1828].
Il est alors remplacé à Cahors par Pierre Auguste Payen [1772-1850], ancien proviseur du collège royal de Cahors [1815-1817], nommé le 6 novembre 1817, recteur de l'académie de Cahors [1817-1818].
1817-1828. RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE LYON.
L’abbé Pierre Denis d’Regel est nommé, le 6 février 1817, recteur de l’académie de Lyon. Il y est nommé en remplacement de l’abbé Jacques Roman [1774-1823]. Ancien émigré en Italie [1790-1802]. Proviseur du lycée de Marseille [22 décembre 1802-19 septembre 1804]. Inspecteur général et conseiller de l’Université [21 septembre 1808-octobre 1815]. Chargé de l'administration de l’académie de Lyon, en octobre 1815, et en fonction jusqu’au 7 mars 1816, jusqu'à sa mise à la retraite. 
Plus exactement l’abbé Pierre Denis d’Regel succède à Jean Baptiste Poupar [1768-1827], chargé de l'administration de l'académie de Lyon entre avril 1816 et février 1817, et qui a ainsi succédé de fait pour quelques mois à l’abbé Jacques Roman. 
À partir de 1815, l'arrondissement de l'académie de Lyon s'étend sur les départements : de l'Ain, de la Loire, du Rhône.
Les deux inspecteurs qui l'assistent sont : 
En première ligne : Jean Baptiste Poupar [1768-1827], remplacé en 1825 par Adolphe Mazure [1799-1870].
En deuxième ligne : Claude Guillard [1776-1845], en poste comme inspecteur de 1816 à 1831, jusqu'à sa mise à la retraite. 
Le secrétaire est Cathelin, remplacé ultérieurement par Aubry.
L’abbé Pierre Denis d’Regel reste en poste, comme recteur de l'académie de Lyon, jusqu'au 11 mars 1828. 
Il est alors remplacé par Pierre Alexandre Gratet-Duplessis [1792-1853], ancien recteur de l'académie de Douai [4 octobre 1827-11 mars 1828], nommé recteur de l’Académie de Lyon le 11 mars 1828 et restant en fonction jusqu’au 17 avril 1830.
Pierre Denis d’Regel est admis à la retraite en mars 1828.
À sa retraite reçoit le titre d'Inspecteur général honoraire de l'Université.
1817-1828. PROFESSEUR À LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE LYON.
En même temps qu'il est recteur de l’académie de Lyon, l’abbé Pierre Denis d’Regel est  professeur de Dogme et doyen de la Faculté de Théologie de Lyon.
Il succède dans ce poste et cette fonction à Mathieu Joseph Jaques [1736-1821], qui avait été nommé en 1810. 
Les enseignants de la Faculté de Théologie de Lyon sont, d'Regel pour le Dogme, suppléé par Castel ; Pagès, pour la Morale évangélique ; Chouvy, pour l'Histoire et la Discipline ecclésiastique ; Arlach, pour l'Écriture sainte et l'Hébreu.
DÉCORATION.
Légion d'Honneur.
SITOGRAPHIE.
Les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle :
facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/prof_facultes_1808_1880.php
SOURCE.
Jean-François Condette. Les Recteurs d’Académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut national de recherche pédagogique. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].