Grenoble : Jammet, premier professeur de philosophie

Jammet est le premier professeur de philosophie au lycée impérial de Grenoble et à la Faculté des Lettres de Grenoble. Mais au lycée, et à la Faculté, il exerce seulement  pour la première année 1810. 

 Ne pas confondre avec l'abbé Pierre François Jamet [un seul M] [1762-1845], recteur de l'académie de Caen [14 novembre 1822-juillet/août 1830].
1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE AU LYCÉE.
L'article 5, du titre 1er, du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université, définit l'ordre des écoles et leurs fonctions spécifiques : Facultés ; Lycées ; Collèges, écoles secondaires communales ; Institutions, écoles tenues par des instituteurs particuliers ; Pensions, appartenant à des maîtres particuliers ; Petites écoles, écoles primaires.
Aux Lycées revient l'enseignement de la Logique, indiqué dans la liste des matières enseignées : langues anciennes, histoire, rhétorique, logique, et les éléments des sciences mathématiques et physiques. 
Cet enseignement de la Logique est à comprendre encore dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues. 
Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement. 
L'article 5 indique : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.
L'article 17 du règlement du 19 septembre 1809 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; ainsi que l'Histoire des opinions des philosophes. 
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Il est indiqué également : Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».
Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide une extension : « Il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».
LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808. 
Démarche complétée par une lettre à Louis de* Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808. Texte dont rend compte François Mignet, dans sa Notice historique sur Laromiguière [1862]. 
C'est ce qu'indique clairement, Prosper Alfaric, dans son ouvrage : « Laromiguière et son École. Étude biographique » [Paris : Les Belles-Lettres. 1929. pages 63 sq.].
JAMMET, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE DE GRENOBLE.
C'est dans ce cadre que Jammet est le premier professeur de philosophie au lycée de Grenoble [classé lycée de troisième classe], mais seulement pour l'année 1810.
Est remplacé en 1811, dans la chaire de philosophie du lycée, par l'abbé François  Lesbros [1756-1823], ancien professeur de rhétorique au lycée. Ce dernier reste titulaire du poste de philosophie jusqu'en 1818 inclus.
Ainsi les différents professeurs de philosophie au lycée de Grenoble, sont successivement :
Jammet, de 1809 à 1819 ; l'abbé François  Lesbros [1756-1823], de 1811 à 1818 ; l'abbé Fayolle de 1819 à 1820 ; Jean Baptiste Firmin Demonferrand [1795-1844], comme <agrégé de philosophie>, en 1821 ; Charles Frédéric Dupuy-Montbrun [1786-1857] en 1822  et 1823; l'abbé Brunon, en 1824 ; l'abbé Marc Gratacap, de 1825 à 1826 ; l’abbé Joseph Matthias Noirot [1793-1880] en 1827 ; Patrice Larroque [1801-1879], de décembre 1827 à octobre 1830 ; Théophile Janson en 1831 ; Pierre Boule, de 1832 à 1835 ; Charles Mallet [1807-1875] en 1836 et 1837 ; Alfred Lorquet [1815-1883] en 1838 ; Guillaume Anne Patru [1798-1879] à partir de 1839 ; etc.  
Ainsi on voit que le type de recrutement des professeurs de philosophie commence à se modifier avec Patrice Larroque. Dans un premier temps l'enseignement de philosophie est assuré le plus souvent par des prêtres, qui sont parfois en même temps aumônier de leur lycée. Patrice Larroque, même s'il a commencé sa carrière comme régent de philosophie au collège de Langres, est quant à lui est agrégé de philosophie [1827] ; docteur ès-lettres [Paris, 3 novembre 1827]. 
Le changement dans la nature du recrutement se confirme avec Théophile Janson, agrégé des lettres [1821]. Il est manifeste avec Pierre Boulle, à la fois agrégé de grammaire [1821] et ancien élève de l'École normale [1818]. Et irréversible avec Charles Mallet, non seulement agrégé des lettres [1828], mais également agrégé de philosophie, en 1830, agrégation dont le concours est pour la première fois présidé par Victor Cousin [1792-1867]. La laïcisation de l'enseignement de la philosophie est en marche.
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE GRENOBLE.
Selon la norme de l'époque, sa position de professeur de philosophie [professeur de première classe] au lycée de Grenoble amène Jammet à devenir en même temps professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de la ville.
Ainsi pour l'année 1810, Jammet est professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Grenoble ; Faculté dont Joseph Gaspard Dubois-Fontanelle [1727-1812], professeur d'Histoire est le premier doyen.
Jamet est remplacé, comme professeur de Philosophie à la Faculté par l'abbé François Lesbros [1756-1823], titulaire de la chaire de Philosophie à la Faculté de 1810 à 1815, en même temps qu'il est professeur de philosophie au lycée, de 1811 à 1818.
La Faculté des Lettres de Grenoble est supprimée, par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816. [Les Facultés de Droit et de Sciences sont maintenues].
C'est l'une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ;  Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].   
La Faculté des Lettres de Grenoble sera recréée, par l'ordonnance du 2 avril 1847, avec cinq chaires : Philosophie ; Histoire ; Littérature ancienne ; Littérature française ; 
Littérature étrangère.
La chaire de Philosophie sera occupée par Guillaume Anne Patru [1798-1879], titulaire de 1848 à 1870, et professeur de philosophie au lycée depuis 1839.