Guéroult, P. C. B. (1744-1821), du professorat d’Éloquence à la direction de l’École normale

C’est l’histoire d’un intellectuel, Pierre Claude Bernard Guéroult, dont la carrière est déjà accomplie dans la carrière des lettres, ayant déjà la cinquantaine lorsqu’il participe aux évènements de la Révolution française. Et qui devient à près de soixante-dix ans, le premier directeur de l’École normale, installée tout d’abord dans les combles des locaux de la Faculté des Lettres de Paris, c’est à dire dans l’ancien collège Du Plessis.

Pierre Claude Bernard Guéroult [1744-1821], appelé parfois Guéroult l’aîné, pour le distinguer de son frère cadet Pierre Antoine Guéroult [1749-1816], professeur d’Éloquence latine au Collège de France, est né le 7 janvier 1744, à Rouen ; mort le 11 novembre 1821, à Paris. 
Élève, à Paris, du collège d’Harcourt. Lauréat du Concours général en 1760 et en 1766, en rhétorique.
 
1768. L’ANCIENNE AGRÉGATION DES BELLES-LETTRES.
Reçu, en 1768, à l’agrégation des Belles-lettres – la première agrégation ayant eu en 1766. Sont également reçus cette année : Aubry, Pierre Mathieu Charbonnet ; Denis François Dupont ; Pierre Étienne Hamel ; Maillard ; Quevremont.
 
PROFESSEUR  D’ÉLOQUENCE AU COLLÈGE D’HARCOURT.
Professeur d’Éloquence au collège d’Harcourt, rue de la Harpe, à Paris jusqu’à sa suppression en 1793.
Un collège ouvrira, sous l’intitulé de collège Saint-Louis à partir de 1820, sur l’emplacement de l’ancien collège d’Harcourt.
1785. MORCEAUX EXTRAITS DE L’HISTOIRE NATURELLE DE PLINE.
Pierre Claude Bernard Guéroult assure sa carrière de latiniste, en faisant paraître, à quinze ans d’intervalle, deux ouvrages en rapport avec Pline. D’abord des Morceaux extraits de l’Histoire naturelle [1785], en un volume, ouvrage plusieurs fois réédité. Ensuite une traduction nouvelle de l’Histoire naturelle des animaux par Pline [an XI-1802], en trois volumes.
Ainsi, Pierre Claude Bernard Guéroult fait paraître : Morceaux extraits de l’Histoire naturelle de Pline, par M. Guéroult, professeur d’Éloquence au collège d’Harcourt  [À Paris : de l’Imprimerie de Michel Lambert, rue de la Harpe, près S. Côme ; chez Brocas, Libraire, rue S. Jacques, au Chef S. Jean. Avec Approbation & Privilège de Roi. In-8, VII [Avis Préliminaire]-554 p.,1785]. Texte latin et traduction française.
Composé de seize chapitres : De Dieu ; de la Terre ; de l’Homme ; des Animaux terrestres ; des Poissons ; des Oiseaux ; des Insectes ; des Arbres ; de l’Agriculture ; des Jardins ; des Herbes ; de la Médecine ; des Métaux ; de la Peinture ; des Pierres ; des Pierreries. Avec une Table alphabétique.
 
Réédité en 1809, en deux volumes : Morceaux extraits de l’Histoire naturelle de Pline, par P. C. B. Guéroult, Professeur émérite de l’Université de Paris, ancien proviseur du lycée Charlemagne, Conseiller titulaire de l’Université impériale, chef de l’École normale. Nouvelle édition, revue et augmentée, avec le texte en regard, et des notes critiques et historiques [Paris : chez H. Nicolle, rue de Seine, n° 12 ; de l’imprimerie de Mame frères. In-8, 1809]. En deux volumes 539+504 p.
Réédité en 1845 : Morceaux extraits de Pline, traduits en français par Guéroult. Édition augmentée de sommaires, de notes nouvelles et d’une table des matières [Paris : Lefèvre ; Garnier. In-12, 559 p., 1845].
 
Puis en 1853 : Morceaux extraits de l’histoire naturelle de Pline l’ancien, par P.-C.-B. Guéroult. Nouvelle édition appropriée à l’usage des classes et accompagnées de notes en français par A. Chassang [Paris : Librairie de L. Hachette et Cie. In-12, 204 p., 1853].  
1789. GUÉROULT DÉPUTÉ DU TIERS AUX ÉTATS-GÉNÉRAUX.
La « Notice d’autorité personne » du catalogue général de la Bnf fournit l’indication : Député à l’Assemblée constituante [en 1790].
Dans son ouvrage, H. L. Bouquet précise : L’Ancien collège d’Harcourt et le lycée Saint-Louis : « C’était d’abord la convocation des États Généraux de 1789. L’Université ayant fait valoir ses droits à y être représentée, on procéda aux élections pour les trois ordres, et ce fut le fameux Guéroult, professeur de rhétorique d’Harcourt, que les Facultés et les Collèges envoyèrent aux États, comme député du Tiers ».
Guéroult est ainsi l’un des cinq cent soixante dix-huit députés du Tiers.
Cet engagement de Pierre Claude Bernard Guéroult en faveur des idéaux de la Révolution francaise, pris dans la force de l’âge [il a quarante six ans] engagement à la fois clair et modéré est, sans doute, beaucoup plus que ses travaux d’érudition ultérieurs [traductions de Pline, de Cicéron] qui lui vaudront l’estime de ses pairs, un élément décisif pour expliquer la future carrière de grand administrateur pédagogique bénéficiant tout à la fois du soutien de Louis de Fontanes et de Napoléon [un des dix conseillers de l’Université nommé à vie ; premier chef de l’École normale].
1790. UN PLAN D’ÉDUCATION ET D’ENSEIGNEMENT NATIONAL.
Le procès-verbal de la séance du 21 octobre 1790 de l’Assemblée nationale constituante rapporte qu’il a été adressé au Président de l’Assemblée [Philippe Merlin de Douai] un plan d’éducation publique, pour en faire hommage à l’Assemblée Nationale. 
Les trois rédacteurs de ce plan sont : Guéroult l’aîné [Pierre Claude Bernard Guéroult], professeur de rhétorique au collège d’Harcourt ; Guéroult le jeune [Pierre Antoine Guéroult], professeur d’Éloquence au collège des Grassins ; François Champagne [1751-1813], professeur de seconde au collège de Louis-le-Grand [1778-1791].
Chacun d’entre eux connaîtra par la suite une carrière liée à l’enseignement. 
Pierre Claude Bernard Guéroult, premier proviseur du lycée Charlemagne [1804-1809], membre titulaire du très restreint Conseil de l’Université [1808-1815], premier directeur de l’École normale [1809-1815].
Pierre Antoine Guéroult, second titulaire de la chaire d’Éloquence latine au Collège de France [1809-1816], en remplacement de Charles Dupuis [1742-1809] qui a occupé la chaire de 1787 à 1809.
François Champagne, agrégé des Belles-Lettres [1776]. Accomplit toute sa carrière à Louis-le-Grand [dont les appellations se modifient dans le temps, au gré des évènements historiques]. Professeur de seconde au collège de Louis-le-Grand [1778-1791] ; principal du collège [1791], directeur du collège Égalité [1793-1796] ; directeur de l’Institut des boursiers Égalité [1796] ;directeur de Louis-le-Grand, de 1800 à 1803 ; proviseur du Lycée de Paris du 16 septembre 1803 à 1805 ; et de 1805 au 25 juin 1810, proviseur du Lycée impérial. Membre de l’Institut national [1797].
1789. TOME HUITIÈME DES OEUVRES DE CICÉRON.
En 1783, commence à paraître les Oeuvres de Cicéron, dans une « traduction nouvelle » huit volumes édités à Paris « chez Moutard, imprimeur-libraire de la Reine, de Madame et de Madame Comtesse d’Artois, rue des Mathurins, Hôtel de Cluni [sic]. Avec Approbation et Privilège du Roi ». Huit volumes in-12 vont paraître, de 1783 à 1789.
Jean Nicolas Démeuniers [orthographié aussi Desmeuniers] [1758-1814] est le traducteur des œuvres contenus dans les quatre premiers volumes [deux premiers volumes de Rhétorique, les deux volumes suivants d’Oraisons. 
Jean Marie Bernard Clément [1742-1812] est le traducteur des œuvres contenues dans les trois volumes suivants d’Oraisons.
Le huitième tome, également d’Oraisons, est confié aux frères Guéroult. Il contient la Harangue sur les Réponses des Auspices [pages 1-76] ; le plaidoyer pour C. Plancius [pages 77-182] ; la Harangue pour P. Sextius [pages 183-335] ; l’Invective contre Vatrinius [pages 335-380] ; et le plaidoyer pour M. Celsius [pages 381, sq.].
Il existe aussi une édition in-4, en trois volumes. Ceux-ci ne contiennent que ce qui se trouve dans les six premiers volumes in-12.
L’édition ne se poursuit pas au-delà de 1789.
1792. ÉDITION DES CONSTITUTIONS DES SPARTIATES, DES ATHÉNIENS, DES ROMAINS.
Constitutions des Spartiates, des Athéniens et des Romains, par le citoyen Guéroult, professeur au collège d’Harcourt [À Paris : chez Née de La Rochelle, libraire, rue du Hurepoix, près le pont S. Michel, n° 13. In-8, 140 p.,1792, l’an premier de la République française].
Citation au titre : « Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à ces deux objets principaux, la liberté & l’égalité ». Rousseau, Contrat social.
En évoquant les Grecs et les Romains de l’Antiquité, l’auteur « rend hommage aux vertus de la Révolution française et de sa Constitution ».
1794. UNE GRATIFICATION DE LA CONVENTION NATIONALE.
Pierre Claude Bernard Guéroult est inscrit dans la première des trois listes établies par la Convention nationale attribuant des sommes, pour l’encouragement des savants, des gens de lettres et des artistes [loi de 17 vendémiaire an III, décrets du 27 germinal an III et du 18 fructidor an III].
En effet, le 17 vendémiaire an III [8 octobre 1794] la Convention promulgue une loi qui destine une somme de 300 000 livres pour encouragement « à accorder aux savans, aux gens de lettres et aux artistes ». La liste des cent seize bénéficiaires paraît le 14 nivôse an III [3 janvier 1795] : quarante noms bénéficient de 3000 livres ; quarante-huit noms de 2000 livres ; vingt-huit noms de 1500 livres. 
« Guéroult, professeur de la ci-devant Université de Paris » bénéficie de 2000 livres [et non de 3 000 livres comme il est parfois indiqué]. Seul, parmi les bénficiaires, un autre « professeur de la ci-devant Université de Paris », Nicolas Joseph* Sélis [1737-1802], professeur de rhétorique et examinateur à Louis-le-Grand, reçoit également de cette somme. Élu, quelques mois après, le 15 novembre 1795, dans la troisième Classe de l’Institut national [Classe de Littérature et Beaux-Arts], section de Langues anciennes.
JANVIER-MAI 1795. ÉLÈVE DE LA PREMIÈRE ÉCOLE NORMALE DE L’AN III.
La « première » École normale est fondée initialement par le décret de la Convention du 9 brumaire an III [30 octobre 1794]. 
Elle fonctionne effectivement du 1er pluviôse an III [20 janvier 1795] au 30 floréal an IV [19 mai 1795], soit à peu près quatre mois, conformément au décret qui l’institue. Des élèves venus de toutes les régions de la France s’y rendent, avec une bourse, pour suivre les enseignements d’une quinzaine de savants et d’hommes de lettres les plus prestigieux de l’époque et dont les cours se déroulent dans l’amphithéâtre du Muséum national d’histoire naturelle. 
Les élèves ont été désignés par leurs districts d’origine, au prorata du nombre de citoyens [Un pour vingt-mille habitants] ; on estime à mille quatre cents le nombre de ces élèves.
Sur le millier d’enseignants des Écoles centrales des départements [1796-1802], au moins une cinquantaine d’entre eux, sont des anciens élèves de cette première École normale.
Pierre Claude Bernard Guéroult n’y est certes pas un jeune élève : en 1795, il a déjà cinquante et un ans. Mais ce n’est pas le plus âgé des « normaliens ». Plusieurs sont nés antérieurement : François Daguin [né en 1736], François Paul Latapie [né en 1739], Jean Alexandre Carney et Pierre Nicolas Chantreau, nés en 1741, …
La présence de Pierre Claude Bernard Guéroult, et de son plus jeune frère, est confirmée par un propos de Jean François de La Harpe [1739-1803], professeur de Littérature, à la première École normale, qui rend hommage à la présence commune de Pierre Claude Bernard et de son frère Pierre Antoine Guéroult : « Deux maîtres de l’Université de Paris ont prouvé leur modestie en venant siéger aujourd’hui parmi nous à titre d’élèves, après avoir prouvé leur talent pour écrire et pour enseigner ».  
OCTOBRE 1795. LA MISE EN PLACE DES ÉCOLES CENTRALES.
Déjà l’Assemblée constituante [17 juin 1789-1er octobre 1791], puis l’Assemblée Nationale législative [1er octobre 1791-21 septembre 1792] ont eu, plus ou moins directement, à connaître de plusieurs projets d’instruction publique et d’éducation : Villier [1789], Daunou [1790], Guéroult [1790], Mirabeau, dans des cahiers posthumes [1791], Ferlus [juillet 1791], Talleyrand [septembre 1791], Condorcet [avril 1792].
Dans le temps de la Convention nationale [21 septembre 1792-26 octobre 1795] d’autres projets, très nombreux, se font jour : Bancal des Issarts [décembre 1792], Rabaut Saint Étienne [décembre 1792], Romme [décembre 1792], Lepeletier, présenté par Robespierre [juillet 1793], Daunou [juillet 1793], Thibaudeau [août 1793], Bouquier [décembre 1793], Barère [juin 1794].
Après le 9 thermidor [27 juillet 1794] et l’exécution de Maximilien de Robespierre, les projets prendront,  sous la Convention thermidorienne, d’autres orientations.
C’est à partir du Rapport Lakanal [décembre 1794], son adoption [février 1795], et les nombreuses propositions  et contre-propositions, qui le soutiennent, s’y opposent et l’aménagent, que le Rapport Daunou est finalement « présenté au nom de la Commission des Onze et du Comité d’Instruction publique », le 15 octobre1795. Il est adopté par la Convention le 25 octobre 1795 [3 brumaire an IV], sous le libellé de Décret sur l’organisation de l’instruction publique.
Son titre II, avec ses douze articles, porte sur les « Écoles centrales ».
 
FÉVRIER 1795. JURY D’INSTRUCTION DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE.
Dans le cadre de ce texte, souvent appelé Loi Daunou, du nom de son inspirateur et rapporteur, le Comité d’Instruction publique poursuit son activité.
Ainsi, le Comité d’instruction publique nomme, le 10 ventôse an III [28 février 1795], pour le département de la Seine [Paris], un jury central d’instruction. Ce dernier est composé, comme le voudra l’usage pour chacun des départements de la République, de trois personnalités : Pierre Simon Laplace [1749-1827], Dominique Joseph Garat [1749-1833], Jean Jacques Barthélémy [1716-1795], remplacé ultérieurement par Joseph Louis Lagrange [1736-1813].
C’est ce jury central d’instruction du département de la Seine qui élit, le mois suivant en germinal an III [mars-avril 1795], les professeurs affectés aux Écoles centrales de Paris, sans que soit précisé tout d’abord dans quelle École parisienne ils enseigneront, et sans que la liste des enseignements soit définitivement arrêtée [leur nombre supposé varie, selon les propositions et les contre-propositions, de quatorze à onze. La loi retiendra finalement neuf professeurs, plus un bibliothécaire]. 
C’est donc à cette date [mars-avril 1795] que Pierre Claude Bernard Guéroult, alors dans sa cinquante-et-unième année, avec une petite trentaine de personnes, est nommé pour être un futur professeur d’École centrale du département de la Seine.
JUIN-JUILLET 1795. DES LOCAUX POUR LES NOUVELLES ÉCOLES.
Enfin c’est en juin-juillet 1795 [messidor an III] que sont désignés des locaux, alors relativement inemployés, qui pourraient être affectés aux cinq écoles centrales de Paris, qui sont initialement prévues : 
Le bâtiment des Quatre-Nations. On y accède par le quai, rive gauche, qui longe la Seine, ancien quai de Nesles ou quai de Nevers ; devenu en 1781, quai de la Monnaie, puis quai de l’Unité, et enfin, à partir de 1814, quai de Conti.  
Jusqu’en 1792, c’est un collège, prévu dans le testament de Mazarin, et commençant à fonctionner en 1763, à l’origine pour recevoir, comme boursiers, de jeunes gentilhommes, élèves venant des quatre pays conquis par Louis XIV [Artois, Alsace, Roussillon-Cerdagne, Piémont]. 
De 1792 à 1793, c’est une maison d’arrêt. À partir de 1793, c’est le siège du Comité de Salut public. 
En juin-juillet 1795, le lieu est désigné pour être le local de l’École centrale des Quatre-Nations, qui sera inaugurée le 20 mai 1796, et qui fonctionnera jusqu’en 1801. 
Ensuite de quoi, s’y installera l’École des Beaux-Arts [1801-1805], puis en 1805, l’Institut de France, dont c’est encore le palais.
Le bâtiment du Val-de-Grâce. Ancienne abbaye bénédictine royale du Val-de-Grâce, bâtie au XVII ème siècle. Fermée en 1793, à la suite de la suppression des ordres religieux décidée par la Convention. Il n’est pas donné suite au projet d’attribuer ces locaux à une École centrale, qui eût été, pense-t’on, trop excentrée par rapport au quartier latin. 
Le bâtiment sera transformé, à la fin du XVIII ème siècle, en hôpital militaire : aujourd’hui Hôpital du Val-de-Grâce.
Le bâtiment de la ci-devant Conception Honoré. Il s’agit du monastère des Filles de la Conception, établi, depuis 1637, rue [saint] Honoré, au coin de la rue Neuve-du-Luxembourg. 
Il ne sera pas donné suite à son attribution à une École centrale. 
Sur le terrain du couvent, démoli dans les années 1790, seront construites des maisons particulières.
Le bâtiment  du ci-devant prieuré Martin. Il se situe rue Martin [aujourd’hui rue Saint-Martin]. Après la suppression des ordres religieux [1790] et des congrégations religieuses [1792], les bâtiments sont transformés, à l’initiative  de Léonard Bourdon en « école patriotique et nationale», placé sous les auspices du Directoire et de la municipalité de Paris, sous le titre d’École des Jeunes français, élèves de la Patrie, en tant qu’orphelins. Cet établissement, qui reçoit de nombreux boursiers, fonctionne de 1792 à 1795. Il n’y sera pas établi d’École centrale. 
En juin 1798, s’y installe le Conservatoire des Arts et Métiers.
Le bâtiment des ci-devant Jésuites ou Minimes. Il se situe rue Antoine [aujourd’hui rue Saint-Antoine], où se trouve installée depuis 1763 [jusqu’en 1790] la Bibliothèque publique de la Ville de Paris. Cette bibliothèque occupe le site de l’ancienne « maison professe des Jésuites], qui ont été proscrits de France en 1763. 
il y sera établi l’École centrale de la rue Antoine, qui sera inaugurée le 22 octobre 1797, et qui  fonctionnera jusqu’en 1801. En 1802, y sera installé le lycée Charlemagne.
On sait que finalement seulement trois Écoles centrales du département de la Seine verront le jour : l’École centrale des Quatre-Nations [aujourd’hui Institut de France] ; l’École centrale du Panthéon français [aujourd’hui lycée Henri-IV], établie dans l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, toutes deux inaugurées le 1er prairial an IV [20 mai 1796] ; l’École centrale de la rue Antoine, [aujourd’hui lycée Charlemagne], inaugurée le 1er brumaire an VI [22 octobre 1797].
STRUCTURE GÉNÉRALE DE L’ENSEIGNEMENT DES ÉCOLES CENTRALES.
La structure de l’enseignement des Écoles centrales est définitivement arrêtée par la loi du 3 brumaire an IV [25 octobre 1795], dite loi Daunou, du nom de son instigateur et rapporteur auprès de la Convention.
L’enseignement, finalement de neuf matières, y est structuré en trois sections.
Une première section, ouverte aux élèves ayant au minimum douze ans : comprenant un enseignement de Dessin ; d’Histoire naturelle ; de Langues anciennes.
Une seconde section, ouverte aux élèves ayant au minimum quatorze ans : comprenant un enseignement d’Éléments de mathématiques ; de Sciences physique et de Chimie expérimentales. 
Une troisième section, ouverte aux élèves ayant au minimum seize ans : comprenant un enseignement de Grammaire générale ; de Belles-Lettres ; d’Histoire ; de Législation. 
1796. LES PROFESSEURS DE L’ÉCOLE CENTRALE DES QUATRE NATIONS.
Pierre Claude Bernard Guéroult est donc l’un des neuf professeurs de l’École centrale des Quatres-Nations
Ces neuf enseignants sont, dans l’ordre canonique : 
Pour le Dessin : Jean Michel Moreau [dit Moreau le jeune] [1741-1814]. Membre, avec une vingtaine d’autres personnalités, de la Commission temporaire des arts [décembre 1793-décembre 1795], rattachée à la Commission de l’Instruction publique. Reste en fonction jusqu’en 1801.
C’est Jean Jacques Bachelier [1724-1806] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour l’Histoire naturelle : Alexandre Brongniart [1770-1847]. Études de médecine. Enseigne la chimie aux Invalides. Fondateur, avec l’agronome Augustin François Silvestre [1762-1851], et quatre autres personnalités, de la Société philomathique de Paris [10 décembre 1788], éditrice d’un Bulletin mensuel. Ingénieur du Corps des Mines [1794]. Reste en fonction à l’École centrale jusqu’en 1801. 
C’est Georges Cuvier [1769-1832] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour les Langues anciennes : Pierre Claude Bernard Guéroult [1744-1821]. Reste en fonction à l’École centrale jusqu’en 1801.
C’est René Binet [1732-1812] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour les Éléments de Mathématiques : Sylvestre François* Lacroix [1765-1843]. Géomètre, examinateur à l’École d’artillerie de Besançon [1793].  Chef de bureau de la Commission de l’Instruction publique [1792-1800]. Reste en fonction à l’École centrale jusqu’en 1801.
C’est Jean Baptiste* Labey [1752-1825] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour la Physique et la Chimie expérimentale : Mathurin Jacques* Brisson [1723-1806]. Professeur de physique et d’histoire, à Paris, au collège de Navarre [1759]. Membre résidant de l’Institut national, élu le 18 frimaire an IV [9 décembre 1795], dans la Classe des Sciences physiques et mathématiques [première Classe], section de Physique expérimentale.
C’est Antoine Deparcieux [c. 1753-1799] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour la Grammaire générale : Urbain* Domergue [1745-1810]. Fonde et dirige le bimensuel [1784-1788], puis hebdomadaire [1791-1792] <Journal de la langue françoise, soit exacte, soit ornée> qui paraît à Lyon, de 1784 à 1790, puis à Paris, de 1790 à 1792. Jean-François Thurot collabore au journal en 1791-1792. Jean Baptiste Brun remplace, en l’an VIII [1799-1800], Urbain Domergue malade pendant plusieurs mois. Ce dernier reste en fonction à l’École centrale jusqu’en 1801.
C’est Jules Michel Duhamel [1761- ] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour les Belles-Lettres : Louis de Fontanes [1759-1821]. Écrivain et poète. Membre résidant de l’Institut national, élu le 15 décembre 1795, dans la Classe de Littérature et Beaux-arts [troisième Classe], section de Poésie.
Mais compris dans la loi de déportation du 5 septembre 1797, promulguée au lendemain du coup d’État du 18 fructidor an V, Louis de Fontanes quitte clandestinement la France et se réfugie à Hambourg puis en Angleterre.
Il est remplacé par Joseph Alphonse* Dumas, [1755-1837], en poste jusqu’en 1801.
C’est Nicolas Joseph* Sélis [1737-1802] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Pour l’Histoire : Aubin Louis Millin [1759-1818]. Chef de division au Comité de l’Instruction publique [1791]. Membre, avec une vingtaine d’autres personnalités, de la Commission temporaire des arts [décembre 1793-décembre 1795], rattachée à la Commission de l’instruction publique. Conservateur du Cabinet des antiques et des médailles de la Bibliothèque nationale [1794-1818].
C’est Jacques François Marie Vieilh de*Boisjolin [1761-1841] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon. 
Pour la Législation : Guillaume Grivel [1735-1810]. Avocat au Parlement de Bordeaux [1758]. Homme de lettres, établi à Paris, auteur d’une Théorie de l’Éducation [1775]. Publie  des Principes de politique, de finance, d’agriculture, de législation en deux volumes [1790]. Reste en fonction à l’École centrale jusqu’en 1801.
C’est Jean Jacques Lenoir-Laroche [1749-1825] le titulaire du poste à l’École centrale du Panthéon.
Enfin, il y a un bibliothécaire : en la personne de l’abbé Gaspard Michel Leblond [1738-1810].
STRUCTURE DE L’ENSEIGNEMENT DE LA PREMIÈRE SECTION.
Pour comprendre l’organisation de l’enseignement dans les Écoles centrales, il faut partir de la structure du calendrier républicain, qui est entré en vigueur en octobre/novembre 1793. L’année civile commence le 1er vendémiaire, et se découpe selon douze mois [vendémiaire, brumaire, frimaire, etc.]. 
Le mois est divisé en trois périodes de 10 jours, chacune constituant une décade, qui se substitue à la semaine de sept jours du calendrier grégorien].
L’emploi du temps d’une décade est construit pour éviter les chevauchements de cours, chaque élève d’une section devant pouvoir suivre, s’il le souhaite, tous les cours qui correspondent à sa section. Soit, comme on l’a vu trois cours, pour la première section [Dessin ; Histoire naturelle ; Langues anciennes] ; deux cours pour la seconde section [Mathématiques ; Sciences physiques et Chimie expérimentales] ; quatre cours pour la troisième section [Grammaire générale ; Belles-Lettres ; Histoire ; Législation].
Ainsi Pierre Claude Bernard Guéroult, pour les Langues anciennes, fait cours tous les jours de la décade de 9 heures à 10 h30, sauf le quintidi [cinquième jour de la décade] et le décadi [dixième jour de la décade, généralement chômé].
Alexandre Brongniart, pour l’Histoire naturelle, fait cours, lui aussi, tous les jours de la décade de 10 h30 heures à midi, sauf le quintidi et le décadi. 
Enfin Jean Michel Moreau, pour