L’historien Jean Yanoski, de l’École normale au collège de France

Jean Yanoski [1813-1851], ancien élève de l’École normale [1833], agrégé d’histoire et géographie [1836], à deux reprises lauréat de l’Institut [1839], suppléant au collège de France [1840] a laissé un nom dans l’histoire de France pour son étude sur l’Abolition de l’esclavage ancien au Moyen âge, et sa transformation en servitude de la glèbe [réédité en 1985].
YANOSKI, JEAN [1813-1851].
Né le 9 mars 1813, à Lons-le-Saulnier [Jura] ; mort le 1er février 1851, à Paris. 

Né d'un père polonais et d'une mère française. Par sa mère est l'arrière petit-fils " de ce vieillard du Mont- Jura, le dernier des serfs, qui fut, après l'abolition du servage, [à l'âge de cent vingt ans], présenté à l'Assemblée constituante. C'était là une noblesse démocratique qu'il aimait à rappeler " [Amédée Jacques]. 

1833. ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE
Ancien élève de l'École normale [1833].
Sont reçus cette année, dans l'ordre alphabétique : Jean Arnault [1814-1838] ; Eugène Barroux ; Pierre [Auguste] Boutron ; Vincent L. Joguet [1815-1874] ; Joseph Landry ; Alfred Lorquet [1815-1883] ; Gustave Madol ; Louis Monnier ; [Jean] Numa Morel ; Eugène Édouard Morin [1814-1876]  ; Émile Saisset [1814-1863] ; Jules Simon [1814-1896] ; Joseph Vignot ; Charles Weiss [1812-1864] ; Jean Yanoski [1813-1851].

Élève de Jules Michelet [1798-1874], maître de conférences d'histoire [1827-1836] à l'École normale, au cours de sa troisième année. Jean Yanoski suit en même temps  les cours de l'École royale des chartes, sous la direction de Benjamin Guérard [1797-1854], conservateur-adjoint des manuscrits de la Bibliothèque royale, futur directeur de l'École.

1836. AGRÉGATION D'HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE.
À la sortie de sa scolarité de trois ans à l'École normale, est reçu en 1836 à l'agrégation d'Histoire et de géographie, créée pour la première fois en 1831.
Sont reçus cette année, dans l'ordre de classement : Achille François, régent de seconde au collège de Saint-Omer ; Charles Weiss [1812-1864], ancien élève de l'Ecole normale ;  Jules [Joseph] Petitjean, préfet des études à l'institution Sainte-Barbe ; Jacques [René Frédéric] Gisquel-Boissières, préfet des études au collège Rollin ; [Louis] Jean Yanoski [1813-1851], ancien élève de l'Ecole normale.

1837. COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES.
Pour des raisons de santé, Jean Yanoski ne se dirige pas d'abord vers l'enseignement.  En 1837, il est attaché au Comité des travaux historiques et scientifiques, créé en 1834 par François Guizot [1787-1874], ministre de l'Instruction publique, comité qui publie les Documents inédits de l'histoire de France, et qui a la tutelle des sociétés savantes.
De 1837 à 1841, Jean Yanoski commence et poursuit, sous la direction d'Augustin Thierry [1785-1856], la recherche de documents devant servir à l'histoire du Tiers-État en France, et qui aboutira en 1850 à l'Histoire du Tiers-État d'Augustin Thierry.
En 1848, Jean Yanoski fera partie, par arrêté du 5 septembre 1848, de la trentaine de membres du Comité historique pour la publication des monuments écrits de l'histoire de France.

Conjointement, en 1838, il participe au concours proposé par l'Académie des Sciences morales et politiques.

1838. CONCOURS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES.
La section d'Histoire de l'Académie des Sciences morales et politiques avait proposé au concours pour le prix du Budget, le 4 et 16 avril 1835, sur proposition de François Mignet [1796-1884], membre de l'Académie française, directeur des Archives et de la Chancellerie au ministère des Affaires étrangères, la question suivante : " Par quelles causes l'esclavage ancien a-t-il été aboli ? À quelle époque, cet esclavage ayant entièrement cessé dans l'Europe occidentale, n'est-il resté que la servitude de la glèbe?". Le terme avait été fixé au 31 décembre 1836.
Cinq mémoires avaient été déposés. À la suite du rapport du comte Reinhart, le concours est prorogé au 31 décembre 1838.

Le rapport verbal est prononcé par Jules Michelet [1798-1874] les 20 et 27 avril 1839 ; le rapport écrit est lu dans la séance du 31 août 1839. Le texte en paraît en 1839 dans les Mémoires de l'Académie des Sciences morales et politiques, tome 3, pages 654 sq.

Henri Wallon [1812-1904] ancien élève de l'École normale [1831], qui vient d'être chargé de conférences d'Histoire ancienne à l'École normale [1838-1849] et Jean Yanoski, d'une promotion un peu plus tardive [1833], participent au concours. Et en quelques mois ils divisent le Mémoire en deux sujets et rédigent chacun un texte [Mémoire n° 7, manuscrit in-folio, 179 feuillets, Archives de l'Institut], et obtiennent le prix en 1839.
Après de nombreuses retouches, l'ouvrage paraît en 1847, ne comprenant que la partie rédigée par Henri Wallon, intitulée :  Histoire de l'esclavage dans l'Antiquité [Paris : Dezobry, E. Magdeleine. 3 volumes in-8. 1847-1848].
Le texte de Jean Yanoski paraîtra seulement en 1860, sous le titre : De l'Abolition de l'esclavage ancien au Moyen âge, et de sa transformation en servitude de la glèbe. Pour faire suite à l'histoire de l'esclavage dans l'Antiquité de H. Wallon [Paris : Imprimerie impériale. In-8, IV-154 p., 1860].

Huit Mémoires avaient été déposés. Une médaille d'or de 1 200 francs est remise à Édouard Biot [1803-1850], ingénieur et sinologue [Mémoire n° 8, manuscrit in-folio de 190 p.]. Il publie son travail sous le titre : De l'abolition de l'esclavage ancien en Occident. Examen des causes principales qui ont concouru à l'extinction de l'esclavage ancien dans l'Europe occidentale, et de l'époque à laquelle ce grand fait historique a été définitivement accompli, par Édouard Biot [Paris : J. Renouard. In-8, 1840].

Une première mention honorable est accordée au journaliste d'origine allemande Jacob Venedey [1805-1871] [Mémoire n° 4, manuscrit in-4, première partie : II-118 feuillets ; deuxième partie III-116 feuillets, Archives de l'Institut].

Une deuxième mention honorable est accordée à Masson, avocat à la Cour de Paris [Mémoire n° 5, manuscrit in-folio de IV-117 pages, Archives de l'Institut].

1839. CONCOURS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS.
Jean Yanoski rédige un Mémoire sur l'Histoire des Milices bourgeoises en France, depuis le XII ème siècle jusqu'au milieu du XV ème.
Ce travail reçoit en 1839 le Prix des antiquités de la France, fondé le 20 décembre 1820 par décision ministérielle, délivré par l'Académie des inscriptions et belles lettres et consistant en quatre prix de cinq cents francs chacun, distribués annuellement.
Le Mémoire de Yanoski est classé en première position. Reçoivent cette année-là également le prix, dans l'ordre de classement : E. Breton et A. de Jouffroy, pour une Introduction à l'histoire de la France ; Louis Dussieux, pour les Invasions des Hongrois en Europe et spécialement en France  ; Saint-Aignan, pour les Invasions des Normands. Une mention est décernée à Achille Jubinal.

Le texte de jean Yanoski est publié, posthume, dans le Recueil des Mémoires de l'Académie des Inscriptions pour les savants étrangers [Deuxième série, tome IV-2 : Yanoski : Histoire des milices bourgeoises en France, depuis le XII ème siècle jusqu'au milieu du XV ème. Deloche : Études sur la Géographie historique de la Gaule, et spécialement sur les divisions territoriales du Limousin au moyen âge (suite et fin). 433 p., 1863].

1840. COLLABORATEUR AU DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE.
Jean Yanoski, collabore au Dictionnaire encyclopédique, édité par Philippe Le Bas [1794-1860] chez Firmin Didot, et qui paraît sur douze volumes de 1840 à 1845.
Son nom apparaît dans les remerciements adressés aux différents collaborateurs, dans la préface du douzième tome, comme "Professeur suppléant d'Histoire au collège de
France". Les articles qu'il a rédigés sont : Bourbons, Bourgeoisie, Communes, Louis I er à XV, Rivalité de la France et de l'Angleterre, Rivalité de la France et de la maison d'Autriche, Sentiment national.

1840. SUPPLÉANCE AU COLLÈGE DE FRANCE.
En septembre 1839, Jules Michelet [1798-1874], qui est professeur au collège de France dans la chaire de Morale et d'histoire, depuis 1838, sollicite un congé auprès de d'Antoine Jean Letronne [1787-1848], administrateur du collège de France [1840-1848] en proposant Jean Yanoski comme suppléant.
Cette demande est agréée par François Villemain [1790-1870], alors ministre de l'Instruction publique [12 mai 1839-1er mars 1840] dans le premier ministère Soult, mais limitée au seul premier semestre. 
Jean Yanoski souhaite consacrer son cours à l'Histoire des classes populaires en France. Mais la maladie l'empêche d'aller au-delà de la première leçon.

1841. PROFESSEUR À DIJON.
Cinq ans après avoir été reçu à l'agrégation d'histoire et géographie, Jean Yanoski est nommé, en 1841, professeur d'histoire à Dijon.

1841. HISTOIRE DES PROGRÈS DES SCIENCES MORALES.
À partir de 1841, Jean Yanoski est attaché à l'Institut de France pour travailler sous la direction de François Mignet [1796-1884],  secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences morales et politiques depuis mai 1837, à un Tableau de l'histoire de ces mêmes sciences. Ces travaux cessent en 1850, par suite des réductions financières imposées à l'Institut. 

1841. CONSIDÉRATIONS SUR LA NATIONALITÉ.
En 1841, Jean Yanoski fait paraître : Considérations sur la nationalité française au XVII ème siècle avec deux lettres inédites, publiées par M. Jean Yanoski [Paris : Paulin et Hetzel. In-12, 72 p., 1841].

1844. AFRIQUE ANCIENNE ET AFRIQUE CHRÉTIENNE.
En 1844, Jean Yanoski participe à la publication collective intitulée L'Univers. Histoire et description de tous les peuples. Afrique. Carthage. Numidie et Mauritanie. Afrique chrétienne, publié en  un volume divisé en cinq parties :
1.Esquisse générale de l'Afrique aspect et constitution physique histoire naturelle ; ethnologie linguistique état social histoire ; explorations et géographie par M. Armand d'Avezac. 272 p.
2. Afrique ancienne (Cyrénaïque, Carthage, Numidie, Mauritanie) par [Adolphe Jules César Auguste] Dureau de la Malle et Jean Yanoski. 170 p.
3. Histoire de la Numidie et de la Mauritanie depuis les temps les plus anciens jusqu'à l'arrivée des Vandales en Afrique par Louis Lacroix. 96 p.
4. L'Afrique chrétienne par Jean Yanoski. 63 p.
5. Histoire de la domination des Vandales en Afrique par Jean Yanoski. 108 p.
Imprimé sur deux colonnes, cinq cartes, dont une dépliante, dix-sept planches de gravures par Lemaître. [Paris : Firmin Didot. 1844].

1846. ÉDITEUR DES CHRONIQUES DE FROISSART.
En 1846 : Jean Froissart. Dans la série Collection de chroniques, mémoires et autres documents pour servir à l'histoire de France, depuis le commencement du XIII ème siècle jusqu'à la mort de Louis XIV, mise en ordre et accompagnée de préfaces, notices, explications et dissertations historiques, par Jean Yanoski, professeur au collège royal de Henri-IV [Paris : Librairie de Firmin-Didot frères, imprimeurs de l'Institut, rue Jacob, 56. In-8, Préface [La vie de Froissart], 475 p., 1846].
Réédité en 1853, et en 1859.

1845-1848. PROFESSEUR AU COLLÈGE HENRI-IV.
Professeur à Paris au collège royal Henri-IV. Il y est d'abord professeur suppléant, puis est nommé professeur titulaire, comme second professeur d'histoire.

1848. SYRIE ANCIENNE ET MODERNE.
En 1848, paraît chez Firmin Didot, dans la collection intitulée L'Univers pittoresque, ou Histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, moeurs, coutumes, etc : Syrie ancienne et moderne, par Jean Yanoski, officier et agrégé de l'Université, professeur d'histoire au lycée Corneille, membre du comité historique institué près le Ministère de l'Instruction publique, pour la publication des documents inédits relatifs à l'histoire de France, et M. Jules [Antoine] David, orientaliste. [Paris : Firmin Didot frères, éditeurs. Imprimeurs-libraires de l'Institut de France, rue Jacob, 56. In-8, 183+387 pp., illustrations, une carte rempliée. 1848].
Des feuilles séparées sont également en vente. Jean Yanoski s'est assuré la collaboration de l'écrivain belge Maximilien Veydt [1823-1873], professeur à l'Université libre de Bruxelles.

1848. DISCOURS DE CÉLÉBRATION.
Le 10 août 1848, prononce un Discours à la distribution des prix du concours général des lycées de Paris et de Versailles. Publié [Paris : impr. de P. Dupont. In-8, 10 p., s. d.].

1846-1848. LA NOUVELLE REVUE ENCYCLOPÉDIQUE.
Jean Yanoski collabore à la Nouvelle revue encyclopédique, qui succède à la Revue encyclopédique [Paris, 1819-1835]. La Nouvelle revue encyclopédique est éditée à Paris, par Ambroise Firmin-Didot [1790-1876] et par Hyacinthe Firmin-Didot [1794-1880]. Jean Yanoski y est rédacteur en chef, en même temps que Adolphe Antoine Noël Des Vergers [1805-1867].
La revue paraît en 1846-1848. Elle porte en sous-titre la mention Analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts.

1848. SE PRÉSENTE AUX ÉLECTIONS DE LA CONSTITUANTE.
Après la Révolution de Février 1848, Jean Yanoski tente vainement de se faire élire aux élections du 23 avril 1848 organisées pour la création de l'Assemblée nationale constituante.
On dispose de sa déclaration : Aux Électeurs […] du Jura. Signé : Jean Yanoski [de Lons-le-Saulnier], ancien rédacteur au journal "Le Monde", au " National " et à la " Revue indépendante " [Paris : Impr. de F. Didot frères. In-4, s. d.].

1848. MEMBRE DU COMITÉ DES MONUMENTS ÉCRITS.
En 1848, Achille Tenaille de Vaulabelle [1799-1879], nommé ministre de l'Instruction publique [5 juillet 1848-13 octobre 1848] à la suite de Hippolyte Carnot [1801-1888] réorganise les Comités historiques. Jean Yanoski est appelé à participer au Comité des monuments écrits, et assiste aux séances, autant que son état de santé le lui permet.

1850. CONTRIBUTIONS À LA REVUE LA LIBERTÉ DE PENSER.
En 1850, participe, avec deux articles, à la revue mensuelle La Liberté de penser fondée en décembre 1847, dirigée par Amédée Jacques [1813-1865], ancien élève de l'École normale, qui a lancé sa " revue philosophique et littéraire " avec le concours initial d'Émile Saisset [1814-1863] et de Jules Simon [1814-1896]. La revue paraîtra jusqu'à novembre 1851

1.Révolution de février. La royauté condamnée par elle-même.
Numéro 31, 15 juin 1850, pages 1-21.
Cet article est repris en tiré à part [Paris : à l'Union des courtiers, dessinateurs, graveurs et typographes. In-8, 1850].

2. Des véritables sentimens des royalistes, en ce qui touche la trahison envers la patrie, la calomnie, le vol et l'assassinat.
Numéro 35. 15 octobre 1850, pages 368-384.

1850. ITALIE ET UNIVERS PITTORESQUE.
Jean Yanoski collabore en 1850 avec Victor Duruy [1811-1894], Auguste Filon [1800-1875], Louis Lacroix [1817-1881], à un ouvrage en deux volumes sur l'Italie ancienne [1. Annales ; 2. Institutions, mœurs et coutumes], qui paraissent comme tomes 32-33 de l'Univers pittoresque, histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, moeurs, coutumes, industrie. Les deux volumes paraissent à partir de 1850 [Paris : Firmin Didot frères. In-8, 654+635 pp., 64 pages de planches gravées et cartes. 1850-1855].

3 FÉVRIER 1851. FUNÉRAILLES.
Jean Yanoski décède la 1 er février 1851. Les funérailles sont célébrées le 3 février.
Y participent des représentants du peuple à l'Assemblée législative : Edgar Quinet [1803-1875] représentant de l'Ain ; Charles Lagrange [1804-1857] représentant de la Seine ; Marie Antoine Sommier [1812-1866] représentant du Jura ; Christophe Rantian [1813- ] représentant de l'Allier ; Victor Richardet [1810- 1879] représentant du Jura ; des membres de l'Institut : Jules Michelet, Amédée Thierry [1797-1873], Henri Wallon [1812-1904] ; le directeur des études de l'École normale supérieure, Étienne Vacherot.
Y prennent la parole : Henri Wallon [1812-1904], professeur suppléant d'Histoire moderne à la Faculté des lettres de Paris et Auguste Filon [1800-1875], maître de conférences d'histoire à l'École normale

1851. NÉCROLOGIE.
Amédée Jacques, rédacteur en chef de la revue La Liberté de penser [décembre 1847-novembre 1851], à laquelle Jean Yanoski a contribué par deux fois, en juin et octobre 1850, rédige, au nom de la rédaction, l'article nécrologique, dans le numéro 39, du 15 février 1851, pages 359-362.

1860. PUBLICATION POSTHUME.
De l'Abolition de l'esclavage ancien au Moyen Age, et de sa transformation en servitude de la glèbe, par J. Yanoski. Pour faire suite à l'Histoire de l'esclavage dans l'antiquité de M. H. Wallon, membre de l'Institut [Paris : Imprimé par autorisation de l'empereur à l'Imprimerie impériale. In-8, IV-154 p., 1860].
Republié, d'après l'édition de 1860, en 1985 [Aalen : Scientia. In-8, IV-154 p., 1985].