Félix Blanchet (1826-1861), la carrière inachevée d’un normalien

Les étapes sont habituelles : études en province, lycée parisien, préparation au concours. Élève boursier à l’École, agrégation des lettres à la sortie, et, pour clore le parcours universitaire, doctorat ès-lettres. Spécialiste de littérature latine. Voyages culturels en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Hollande. Un poste dans l’enseignement supérieur se dessinait. Mais une santé fragile a brisé ce parcours sans histoire.
BLANCHET, Félix [Antoine].
[1826-1861]. Né le 29 juin 1826, à Clermont [Oise] ; mort en 1861.
Frère aîné d’Alexandre Blanchet [1832-1858], promotion 1850.

Professeur de rhétorique au lycée de Strasbourg.

PREMIÈRES ÉTUDES.
Études au petit collège de Clermont [Oise], puis au lycée de Versailles, et pour se préparer au concours une année au lycée Napoléon [Henri-IV].

1845. ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE.
Ancien élève de l’École normale supérieure [1845] reçu septième sur vingt. Sont reçus cette année, où officiellement l’École prend le nom d’École normale supérieure, pour une scolarité de trois ans : Charles Nicolas Aubertin ; Charles Ernest Beulé ; Félix Blanchet ; Louis Bonnefont ; Elme Caro ; Clémencet ; Ch. Cuvillier ; Pierre Ernest Delépine ; Delilbes ; Adrien Delondre ; Dunière ; Charles Glachant ; E. Leune ; Charles Maréchal ; Alfred Mézières ; Léon Auguste Molliard ; Grégoire Moreau-Duviquet ; Ohmer ; M. Salomon ; Hubert [Charles] Thirion.

1848. AGRÉGATION DES LETTRES.
Agrégation des lettres en 1848, au sortir de l’École. Cette année sont reçus : Joly, Ernest Charles Beulé, Alfred Mézières, Charles Glachant, Jean-Baptiste-Scolastique Clémencet, Henri Mazuel, Félix [Antoine] Blanchet, François Auguste Edouard Moët, Pierre Albert Leroy, Joseph Antoine Lanzi, Alexandre Louis Joseph Bertrand, Henri Jean Tremblay, Charles Nicolas Aubertin.

1848-1861. PROFESSEUR À STRASBOURG.
Après l’agrégation Félix Blanchet est nommé professeur de lettres au lycée de Strasbourg. Il y enseigne dans les classes de troisème, de seconde et de première.

1855. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
*Docteur ès-lettres [Strasbourg, 1855], avec une thèse sur le Théatre de Schiller [in-8, 104 p.].
La thèse latine porte sur De Aristophane Euripidis censore [in-8, 64 p.].
Les thèses ne semblent pas avoir été éditées.

1861. RÉVISION DE LA TRADUCTION DE LUCRÈCE.
En 1861, Félix Blanchet [1826-1861] révise la traduction des Oeuvres complètes de Lucrèce, déjà parue dans la Bibliothèque latine-française, n°21, traduction faite par Lagrange [1738-1775]. [Paris : Garnier frères. In-12, XXXII-397 p., 1861]. Réédité en 1865, 1871, 1878, 1922.

Lagrange [orthographié à l’époque : La Grange] a publié sa traduction de Lucrèce en 1768 : De la Nature des choses, Lucrèce. Traduction nouvelle avec des notes par M. L*G** [Paris : Chez [Claude] Bleuet, Libraire, sur le Pont-Saint-Michel. 2 volumes grand in-8, 411-[5]+[4]-522-[3-1 blanche] pp. Titre hors-texte gravé et six figures gravées par Louis Binet [1744-1800] d’après Hubert François Bourguignon d’Anville, dit Gravelot. M. DCCC.LXVIII. Avec approbation, et privilège du Roi]. D’après Barbier : traduction de La Grange [1738-1775], revue par Jacques André Naigeon [1738-1810]. Le texte est publié en français et en latin, en pages face à face.
Ne pas confondre, comme cela est fait parfois, ce Lagrange [1738-1775], précepteur des enfants de d’Holbach, avec l’auteur dramatique Nicolas Lagrange [1707-1767].
La tradition veut que Denis Diderot ayant rencontré le jeune La Grange chez le baron d’Holbach [1723-1789], lui conseilla de traduire le poème de Lucrèce. En effet Lagrange, qui avait été chargé de l’éducation des enfants du baron d’Holbach, fait partie des familiers qui se réunissent à jour fixe dans l’hôtel particulier d’Holbach, rue Royale Saint Roch : Diderot, Helvétius, Raynal, Marmontel, Saint-Lambert, Morellet, Galiani, Grimm, Naigeon. Il consacrera plusieurs années à la traduction des Oeuvres complètes de Sénèque, traduction en sept volumes qui paraîtra posthume en 1778-1779 [et que Félix Blanchet avait lui-même l’intention de réviser].

Réédité à de nombreuses reprises : 1794-An II [Paris : Didot le jeune] ; 1795 [Paris : chez Bleuet père] ; 1823 [Paris : Delongchamps].

1863. RÉVISION DE LA TRADUCTION D’AULU-GELLE.
En 1863, sous la signature de Félix Blanchet [1826-1861] et  de Jean Pierre Charpentier [1797-1878] paraît une traduction révisée des Œuvres complètes d‘Aulu-Gelle, déjà parue dans la Bibliothèque latine-française, n°31-32, traduction faite initialement par E. de Chaumont, Félix Flambart et E. Buisson. [Paris : Garnier frères. 2 volumes in-12, 1863]. Réédité en 1896 et en 1919.

SOURCE.
Annuaire de l’association des anciens élèves de l’École normale. 1862. Pages 11-13. Notice non signée [rédigée par Dubois]. Reprise dans le Mémorial, pages 116-117.