Maussion, Louis Urbain (1765-1831), premier recteur de l’académie d’Amiens

Nommé recteur dans sa quarante-quatrième année, le comte Louis Urbain Maussion fait partie de ces nobles d’avant 1789, emprisonnés sous la Terreur, ralliés à l’Empire, placés dans des fonctions d’autorité au sein de l’Université, et qui retrouveront sans beaucoup de difficultés au lendemain de la Restauration, de nouvelles fonctions.

UN NOUVEAU CORPS DE HAUTS FONCTIONNAIRES.
Dans le cadre de l’Université impériale fondée par la loi du 10 mai 1806, puis par le décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l’Université, l’année 1809 voit la création du corps des recteurs, représentants directs du Grand-Maître au sein du ressort géographique spécifique des académies [autant qu’il y a, pour la justice, de Cours d’appel], regroupant généralement trois ou quatre départements.
Travaillant avec la collaboration de deux inspecteurs d’académie, qui à cette époque n’ont pas d’affectation territoriale, pour la visite et la supervision du lycée, des écoles, et des pensions, pour la participation à certaines cérémonies, etc. Assisté par un secrétaire.

Les recteurs ont sous leur dépendance les fonctions d’administration et d’enseignement ; ils contrôlent la gestion financière des établissements ; veillent à la moralité et à la discipline.
Nommés en trois listes successives les recteurs sont désignés, pour la plupart, pour prendre leur fonction le 24 août 1809. Au nombre de vingt-six (dans les frontières de la France de 1789). Et de six recteurs nommés, hors les frontières, à Bruxelles, Gênes, Liège, Mayence, Pise, Turin.

RESSORT DE L’ACADÉMIE D’AMIENS.
Le ressort de l’académie d’Amiens, créée en 1808, s’étend sur les départements de l’Aisne [Laon] ; de l’Oise [Beauvais] ; de la Somme [Amiens, chef-lieu de l’académie].
Un seul lycée à Amiens, établissement fondé en mai 1803, mais installé seulement en novembre 1806, avec un peu plus de deux cents élèves.

NOMINATION.
Louis Urbain de Maussion [de Saintes-Vertus] [1765-1831]. Né le 27 août 1765, à Tanlay [aujourd’hui département de l’Yonne] ; mort le 4 novembre 1831, dans sa propriété à Fossoy [Aisne].

Nommé le 24 août 1809, dans la seconde vague de nominations de recteurs, portant sur quinze postes, décidée par Louis de Fontanes [1759-1821], Grand-Maître de l’Université impériale.
Sont nommés ce même jour : à Caen, Pierre Robert Alexandre [1741-1819] ; à Poitiers, l’abbé Éloy Bellissens [1758-1834] ; à Lyon, Louis Nompère de Champagny [1757-1827] ; à Orléans, l’abbé Edme Georges de Champeaux de Vauxdimes [1761-1830] ; à Montpellier, Charles Louis Dumas [1765-1813] ; à Amiens, Louis Urbain de Maussion [1765-1831] ; à Besançon, Jean Jacques Ordinaire [1770-1843] ; à Cahors, Nicolas Rémy Paulin [1752-1840] ; à Bordeaux, Paul Victor de Sèze [1754-1830] ; à Douai, André Taranget [1752-1837] ; à Nîmes, l’abbé Pierre Tédenat [1755-1832] ; etc.
La première vague de nominations était en date du décret du 10 mars 1809, et portait sur onze recteurs.

Au moment où il est désigné comme premier recteur de l’académie d’Amiens, Louis Urbain de Maussion a déjà été nommé, le 20 juillet 1809, professeur d’Histoire à la Faculté des Lettres d’Amiens [1809-1815], placé en tête des quatre autres professeurs : abbé Louis Charles Gorin [Littérature française] ; Le Correur [Littérature latine] ; Thibault [Littérature grecque] ; Jean Baptiste Sauveur Flotte [Philosophie].
Bénéficie d’un suppléant nommé en même temps que lui : Crépin.

En poste à la Faculté des Lettres d’Amiens jusqu’en juin 1815, la Faculté étant définitivement supprimée au 31 octobre 1815, dans la cadre d’une mesure générale de suppression de Facultés au sein de dix-sept académies [Amiens, Bordeaux, Bourges, Cahors, Clermont, Douai, Grenoble, Limoges, Lyon, Montpellier, Nancy, Nîmes, Orléans, Pau, Poitiers, Rennes, Rouen].

Les deux inspecteurs d’académie qui l’assistent, nommés le 15 décembre 1809, sont :
En première ligne, Honoré Dobignie [NNN-1820], futur recteur par interim de l’académie [10 juin-2 septembre 1815].
En deuxième ligne, l’abbé Hippolyte de Clausel [1769-1857], démissionnaire le 6 juin 1815, futur évêque de Chartres [avril 1824].
Le secrétaire est de Villemagne. En fonction de 1809 au 15 août 1814. Remplacé le 1er décembre 1814 par Puzos.

Louis Urbain de Maussion, démissionnaire, est remplacé pour quelques mois, pendant la période des Cent-Jours [10 juin-2 septembre 1815] par Honoré Dobignie ; puis le 2 septembre 1815, dans le cadre de la seconde Restauration, par Alphonse Louis Bernard* Boubée de Lespin [1778-1857].

ULTÉRIEUREMENT.
Après son rectorat à Amiens, interrompu par les Cent-Jours, Louis Urbain de Maussion est promu, par le ministre de l’Intérieur Étienne Denis Pasquier [1767-1862], préfet de la Meuse, résidant à Bar-le-Duc [14 juillet 1815-9 août 1817], alors occupé par les armées russes et prussiennes ; en remplacement d’Adrien Louis Cochelet [1788-1858], nommé en avril 1815 pendant le bref intermède des Cent-Jours.
Admis à la retraite le 9 août 1817. Est remplacé comme préfet [1817-1819] par Gabriel Marie de Riccé [1758-1832].

Louis Urbain de Maussion est nommé par ordonnance royale, en novembre 1822, l’un des dix membres du Conseil royal de l’Instruction publique, à la suite de la démission d’Antoine Isaac Silvestre de Sacy [1758-1838], consécutive à la nomination de Denis Frayssinous [1765-1841] comme Grand-Maître de l’Université.
Secrétaire du Conseil [ordonnance royale du 1er septembre 1824], en remplacement de Claude Bernard Petitot [1792-1825], appelé à la direction de l’Instruction publique.
Enfin une ordonnance en date de 17 novembre 1828 lui confie la charge de la signature des ordonnances et arrêtés émanés du ministère de l’Instruction publique.

RETRAITE.
Après la Révolution de Juillet, Louis Urbain de Maussion, alors dans sa soixante-cinquième année, est admis à la retraite le 17 août 1830.
Cette mise à la retraite se fait dans le cadre d’un remaniement en profondeur du Conseil royal de l’Instruction publique, ramené à huit membres :
Trois départs acceptés : Joseph Charpit de Courville [1770-1853] ; Claude Étienne Delvincourt [1762-1831] ; abbé Michel Amand Clausel de Coussergues [1763-1835].
Deux mises à la retraite : abbé Charles Dominique Nicolle [1758-1835] ; Louis Urbain de Maussion [1765-1831].
Quatre maintiens : Georges Cuvier [1769-1832] ; Philibert Guéneau de Mussy [1776-1834] ; Ambroise Rendu [1778-1860] ; Siméon Denis Poisson [1781-1840].
Trois nouveaux membres. Dans l’ordre de leurs nominations : Victor Cousin [1792-1867] ; Abel François Villemain [1790-1870] ; Louis Jacques Thénard [1777-1857], personnalités toutes favorables à l’orléanisme.

ANTÉRIEUREMENT.
Bachelier ès-lettres, licencié en droit.
Officier de la Marine royale, pendant une douzaine d’années.
Participe aux campagnes navales de la Méditerranée en 1781 contre les Anglais.
Envoyé aux Indes françaises à Pondichéry.
En 1786, chargé de missions à Manille, puis à Ceylan, et à l’île de France [île Maurice].
En 1791, envoyé à la Martinique pour mater l’insurrection des colons
Incarcéré à Paris, sous la Terreur, au couvent de Port-Royal. Libéré à Thermidor.
Professeur d’histoire.

SOURCE.
• Jean-François Condette. Les Recteurs d’académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut National de Recherche Pédagogique. Édition de CNRS. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].
https://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_2006_ant_12_2_4476
• Françoise Huguet et Boris Noguès « Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880) ».
http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/fiche.php?indice=1162
• Archives départementales de la Somme.
file:///Users/admin/Downloads/T1_Inv_Somm_1-1.pdf