Legrand, Nicolas (1775-1847), de l’École centrale au provisorat du lycée Condorcet

Après avoir assumé quelques années la fonction de bibliothécaire à Auxerre, Nicolas Legrand est nommé à Paris. En exerçant une fonction d’autorité, comme censeur, puis, pendant plus de quinze ans, comme proviseur de Condorcet, l’un des cinq collèges royaux de la capitale.

Nicolas [Jean Baptiste] Legrand (écrit aussi parfois Le Grand), né le 1er avril 1775, à Avallon [Bourgogne, aujourd’hui département de l’Yonne] ; mort le 13 février 1847.
1802. L’ÉCOLE CENTRALE DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE.
L’École centrale du département de l’Yonne, établie à Auxerre, chef-lieu du département, a été ouverte le 14 messidor an IV [4 juillet 1796], dans des locaux de l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-Germain, qui venait d’abriter.
Les chaires de l'École sont distribuées, selon les trois sections canoniques, de la manière suivante : 
Une première section, ouverte aux élèves ayant au minimum douze ans, avec un enseignement de Dessin, assuré par Jérôme Léon Beaumé [c. 1738-NNN] ; d’Histoire naturelle, avec Louis Goureau, puis Albéric Deville [1773-1832] ; de Langues anciennes, avec Jean Baptiste Germain Paullevé, assisté par Mathon, ancien professeur d’humanités à l’École militaire d’Auxerre [1791-1792].
Une deuxième section, ouverte aux élèves ayant au minimum quatorze ans, avec un enseignement d’Élements de mathématiques, avec Claude Louis Bonnard [NNN-1819] ; de Physique, avec Jean Louis Roux, ancien professeur de mathématiques à l’École militaire d’Auxerre [1791-1792].
Une troisième section, ouverte aux élèves ayant au minimum seize ans, avec un enseignement de Grammaire générale, avec Louis Fontaine [1750-NNN] ; de Belles-Lettres, avec Louis Nicolas Philippe Froussard, puis Mathon ; d’Histoire, avec Pierre François Robert ; et enfin de Législation, avec Jean Baptiste Laporte [1753-1828].
Chaque École centrale dispose d’un Jardin botanique et d’une Bibliothéque.
1802. BIBLIOTHÉCAIRE DE L’ÉCOLE CENTRALE.
Nicolas Legrand est nommé bibliothécaire de l'École centrale du département de l'Yonne, le 23 septembre 1802. Il succède à François Xavier Laire [1738-1801], premier titulaire du poste et à Moreau Dufourneau, second titulaire pour quelques mois.
Nicolas Legrand reste en fonction comme bibliothécaire de l’École jusqu'au 1er vendémiaire an XIII [23 septembre 1804], date de la fermeture de l’École centrale, celle-ci devant céder sa place à un lycée, conformément à la loi du 2 floréal an X [1er mai 1802], prise sous le Consulat.
1804. BIBLIOTHÉCAIRE MUNICIPAL.
La bibliothèque de l’École centrale est dévolue à la municipalité d’Auxerre, dont Nicolas Legrand devient pour quelques mois le Bibliothécaire.
À ce titre, il est amené à mettre les scellés à l’entrée des locaux désaffectés de l’abbaye de Saint-Germain, où les manuscrits et les livres confisqués dans les différentes communautés religieuses [dont ceux de l’abbaye cistercienne de Pontigny] ont été entassés, avant d’être répertoriés, répartis ou vendus.
1806. RÉGENT DE RHÉTORIQUE AU COLLÈGE D’AUXERRE.
Après la suppression de l'École centrale, les différents enseignants sont pour la plupart répartis dans les différents établissements d’enseignement, lycée et collèges, de la région.
Pour sa part, Nicolas Legrand est nommé un peu plus tardivement, en 1806, régent de rhétorique au collège d'Auxerre.
Il y reste en poste jusqu’au10 octobre 1809, date de sa nomination à Paris, dans une fonction d’autorité.
1809. CENSEUR DES ÉTUDES DU LYCÉE BONAPARTE.
Nommé à Paris, Nicolas Legrand est désigné, le 10 octobre 1809, pour être le troisième censeur des études du lycée Bonaparte [Condorcet], en remplacement de Jean Marie Nicolas Deguerle [1766-1824], second censeur des études depuis le 25 août 1807, qui vient d'être nommé censeur au lycée impérial [Louis-le-Grand].
Le premier censeur du lycée Bonaparte avait été Targe, du 18 août 1804 au 25 août 1807.
Il travaille d’abord auprès de René Binet [1732-1812], ancien vice-recteur de l’ancienne Université de Paris, premier proviseur du lycée, du 18 août 1804 au 31 octobre 1812, puis auprès de l’abbé Jean Louis Chambry [1756-1832], ancien inspecteur de l’académie de Paris, second proviseur, du 13 novembre 1813 au 29 septembre 1823, jusqu’à son départ à la retraite.
Nicolas Legrand reste en poste, comme censeur, jusqu’au 3 octobre 1823, date de sa promotion comme proviseur dans le même établissement.
Est remplacé par Clerc, ancien censeur à Saint-Louis, censeur des études au collège Bourbon, du 3 octobre 1823 au 18 septembre 1844.
1823. PROVISEUR DU COLLÈGE ROYAL BOURBON.
Nicolas Legrand est promu proviseur du collège royal Bourbon [nouvelle appellation du lycée Bonaparte], le 3 octobre 1823, comme successeur de l’abbé Jean Louis Chambry qui a fait valoir ses droits à la retraite. 
Ainsi il fait partie du très petit groupe des proviseurs des collèges royaux de Paris. Selon l’ordre de l’Almanach royal, composé de Nicolas Berthot [1776-1849] pour Louis-le-Grand ; Jean Antoine Auvray [1775-1855], pour Henri-IV ; Joseph Dumas [1755-1837], pour Charlemagne ; Nicolas Legrand [1775-1847] pour Bourbon [Condorcet] ; l’abbé Nicolas Thibault [1769-1830] pour Saint-Louis. 
Nicolas Legrand est assisté par Clerc, qui lui a succédé comme censeur et qui restera en poste jusqu’au 18 septembre1844.
Il reste en poste comme proviseur jusqu’au 21 septembre 1830.
Il est remplacé par l’helléniste Charles Alexandre [1797-1870], ancien élève de l’École normale [1814], quatrième à occuper ce poste, du 21 septembre 1830 au 6 mars 1840.
1830. RETRAITE EN SEPTEMBRE 1830.
Nicolas Legrand est placé en retraite, le 21 septembre 1830, au lendemain de la Révolution de Juillet. 
Sans doute en compensation de cette mesure d’éloignement, il n’est âgé que de cinquante-cinq ans, déjà nommé chevalier, Nicolas Legrand est promu officier de la Légion d’honneur en octobre 1830, à l’occasion de la Saint-Charles.
SOURCE.
Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois 
[Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles.