Dereux, Hector, professeur de philosophie au lycée Henri-IV

Carrière classique d’un Normalien [1865]. Agrégation de philosophie [1868], directement au sortir de l’École. Après douze ans d’enseignement en province [Bastia, Amiens, Douai, Marseille] dans des postes de plus en plus importants, Hector Dereux est nommé à Paris [Charlemagne, Saint-Louis, Janson-de-Sailly, Henri-IV].

Hector [Georges René] Dereux [1845-1909]. Né le 31 mai 1845, à Valenciennes [Nord] ; mort le 26 janvier 1909, à Chauconin, près de Meaux [Seine-et-Marne].

Élève du collège Sainte-Barbe [1863-1865], pour sa préparation au concours d’entrée à l’École normale supérieure.

1865. ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE.

Ayant préparé au collège Sainte-Barbe le concours d’entrée à l’École normale supérieure, Hector Dereux y est reçu seizième sur vingt-deux. Les résultats définitifs sont prononcés par arrêté ministériel du 25 août 1865.

Un certain nombre de ses camarades de promotion laisseront un nom dans l’histoire des idées : Émile Boutroux [1845-1921], pour la philosophie ; Ferdinand Buisson [1841-1921], pour la pédagogie ; Maurice Croiset [1846-1935], pour les études grecques.

Au cours de ses trois années d’études, comme élève pensionnaire, il suit à l’extérieur les cours de la Faculté des Lettres, et grâce aux conférenciers de méthode, reçoit à l’École les enseignements complémentaires d’Alexis Chassang [1827-1888] et de Jules Girard [1825-1902] en Langue et littérature grecques ; d’Adolphe Julien Berger [1810-1869] en Langue et littérature latines ; de Gaston Boissier [1823-1908] et de Charles Corrard [1822-1866] en Langue et littérature françaises ; et surtout en philosophie, dans la spécialité qu’il choisit en dernière année, ceux d’Albert Lemoine [1824-1874] et de Jules Lachelier [1832-1918].

LE RÉGIME DES CONCOURS D’AGRÉGATION APRÈS 1852.

À la sortie de l’École normale supérieure, les élèves de la section Lettres de la promotion sortante sont autorisés à se présenter, en concurrence avec d’autres candidats déjà enseignants, aux différents concours d’agrégation : philosophie, lettres, grammaire, histoire-géographie, allemand, anglais. Ils le font en rapport avec la spécialisation qu’ils ont suivi en troisième année de l’École.

Les candidats reçus au concours, élèves sortants de l’École ou bien autres enseignants, sont tous, par arrêté ministériel, déclarés < aptes à l’agrégation des lycées >.

À la suite de quoi, il convient de distinguer 1. Les personnes nommées immédiatement agrégées. Ce sont généralement des personnes déjà enseignantes ; 2. Les personnes qui reçoivent seulement un certificat d’aptitude à l’agrégation des lycées, certificat qui sera transformée seulement deux ans plus tard, par arrêté ministériel, en titre d’agrégé. Ce sont généralement les anciens élèves de l’École normale supérieure.

En effet, des mesures restrictives ont été prises par les décrets du 10 avril, 15 septembre et 7 décembre 1852. Pour pouvoir se présenter à l’agrégation il faut désormais justifier de cinq ans d’enseignement [considérés comme stage].

Ces cinq ans sont réduits à trois ans pour les candidats sortant de l’École normale supérieure : le temps passé à l’École [appelé dans les textes cours triennal] est considéré comme un stage de deux ans.

Puis, à partir de 1857, sous le ministère Rouland, les cinq ans nécessaires sont réduits à deux ans pour les candidats sortant de l’École normale supérieure ; le temps passé à l’École étant considéré comme un stage de trois ans.

1868. AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.

Hector Dereux, en 1868, est reçu cinquième sur six à l’agrégation de philosophie, Félix Ravaisson, Inspecteur général de l’enseignement supérieur [1852], étant président du jury.

Les résultats sont publiés par l’arrêté du 11 septembre 1868.

Les six candidats reçus sont, en 1868, dans l’ordre de classement : Édouard Maneuvrier [1844-1917], élève sortant de l’École normale supérieure [1865] ; Ferdinand Buisson [1841-1932], élève sortant de l’École normale supérieure [1865] ; Émile Boutroux [1845-1921], élève sortant de l’École normale supérieure [1865] ; Henri Marion [1848-1896], élève sortant de l’École normale supérieure [1865] ; Hector [Marie] Dereux [1845-1909], élève sortant de l’École normale supérieure [1865] ; Étienne [Augustin] Barbut [1836-1909], chargé de cours de philosophie au lycée de Carcassonne.

Comme on le voit, les cinq premiers reçus sont tous normaliens, et Hector Dereux est le cinquième de la liste.

APTITUDE ET NOMINATION.

Mais, compte tenu des dispositions en vigueur, les résultats du concours permettent seulement à Hector Dereux d’être < reconnu apte à l’agrégation des lycées >, ceci par l’arrêté du 11 septembre 1868.

Il ne sera nommé < agrégé des lycées dans l’ordre de la philosophie >, que deux ans plus tard, comme tous ses autres camarades de l’École normale reconnus aptes à la même date, cela par l’arrêté ministériel du 8 juin 1870. Ce qui fait qu’à son premier poste à Bastia, Hector Dereux ne reçoit pas le titre de professeur, mais, avec ses inévitables contre-coups de rémunération, seulement le titre de chargé de la suppléance.

LA PRÉÉMINENCE DES NORMALIENS À L’AGRÉGATION.

La prééminence des normaliens aux concours de l’agrégation est manifeste. Elle s’explique en partie par la préparation spécifique au concours, qui forme l’essentiel des cours de la troisième année.

Dans la période qui va de 1863 [date du rétablissement de l’agrégation de philosophie, supprimée en 1852], jusqu’à 1873 inclus [il n’y a pas eu de concours en 1870], soit dix années, il y a cinquante candidats reçus à l’agrégation de philosophie, parmi lesquels trente-neuf sont d’anciens élèves de l’École normale, soit élèves sortants, soit déjà en poste. Soit une moyenne de plus de soixante-dix pour cent. Avec les deux cas extrêmes de 1866 et de 1872, où tous les reçus sont d’anciens normaliens.

1868. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À BASTIA.

Le 10 septembre 1868, au sortir de l’agrégation, Hector Dereux est chargé de la suppléance de philosophie au lycée de Bastia, en remplacement d’Alfred Espinas [1844-1922], ancien élève de l’École normale supérieure [1864], et qui vient d’être nommé chargé de cours de philosophie au lycée de Chaumont.

Hector Dereux reste trois ans à Bastia, jusqu’à sa nomination au lycée d’Amiens.

1871. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À AMIENS.

Le 10 septembre 1871, Hector Dereux est chargé à titre de suppléant de la suppléance des fonctions de professeur de philosophie au lycée d’Amiens [département de la Somme, académie de Douai].

En remplacement d’Edouard Bohn [1834-1898], en poste depuis le 7 janvier 1864, qui vient de bénéficier d’un congé.

Mais cette nomination d’Hector Dereux ne vaut que pour quelques semaines, avant sa nomination au lycée de Douai.

1871. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À DOUAI.

Le 21 octobre 1871, Hector Dereux est chargé à titre de suppléant de la fonction de professeur de philosophie au lycée de Douai [département du Nord ; académie de Douai].

En remplacement d’Henry Joly [1839-1925], en poste à Douai depuis 1868, et qui vient d’être chargé du cours de philosophie [1871-1873], à la Faculté des Lettres de Dijon.

Puis, un an après, le 30 octobre 1872, Hector Dereux est nommé professeur de philosophie en titre au lycée de Douai.

Il y reste jusqu’en septembre 1875, date de sa nomination à Marseille.

A Douai, Hector Dereux est remplacé par Victor Brochard [1848-1907], antérieurement chargé de cours [1872], puis professeur de philosophie au lycée de Pau [1873].

1875. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À MARSEILLE.

Le 30 septembre 1875, Hector Dereux est chargé des fonctions de professeur de philosophie au lycée de Marseille [département des Bouches-du-Rhône ; académie d’Aix]. En remplacement d’Eugène Maillet [1837-1897], en poste à Marseille depuis 1865, chargé, à titre de suppléant, du cours de philosophie à Paris, au lycée Saint-Louis.

Dereux reste à Marseille un peu plus de cinq ans, jusqu’à sa nomination à Paris, lui aussi au lycée Saint-Louis.

Hector Dereux est remplacé à Marseille par Paul Souquet [1848-1923], antérieurement en poste à Angoulême°.

Le dépouillement des arrêtés ministériels concernant l’Instruction publique fait apparaître que c’est Emmanuel Joyau[1850-1924], professeur à Angoulême qui avait d’abord été nommé à Marseille pour remplacer Hector Dereux à Marseille. Mais finalement, sur sa demande [15 novembre 1880], Joyau est maintenu en poste à Angoulême.

1880. PROFESSEUR À PARIS AU LYCÉE CHARLEMAGNE.

Le 13 novembre 1880°, Hector Dereux est nommé à Paris, au lycée Charlemagne, en remplacement d’Élie Rabier [1846-1932], professeur titulaire de la chaire, qui y enseigne depuis 1872. Rabier vient d’être chargé de conférences de philosophie à l’École normale supérieure [1880-1881]

Dans cette fonction à Charlemagne, Hector Dereux remplace François Évellin [1835-1910], chargé de la suppléance d’Élie Rabier. Évellin qui, en 1881, est nommé au lycée Saint-Louis, aux côtés de Joseph Fabre.

1881. PROFESSEUR À PARIS AU LYCÉE SAINT-LOUIS.

En même temps qu’il garde la suppléance d’Élie Rabier au lycée Charlemagne, Hector Dereux est nommé au lycée Saint-Louis, aux côtés d’Alphonse Darlu [1849-1921], qui, venant du lycée de Bordeaux, vient d’être nommé professeur à Saint-Louis.

En 1886, Alphonse Darlu ayant quitté le lycée Saint-Louis, pour le lycée Henri-IV, Hector Dereux passe de la deuxième à la première position dans la liste des enseignants de philosophie.

Le second enseignant nommé à Saint-Louis est Richard de La Hautière.

1886. CONTRIBUTEUR DE LA REVUE PÉDAGOGIQUE.

Publication mensuelle, la Revue pédagogique, est l’organe du Musée pédagogique. Son premier numéro paraît le 15 juillet 1882. Comme prolongement et approfondissement de la

première Revue pédagogique, créée en 1878, et interrompue par le décès de l’Inspecteur général de l’enseignement primaire Hippolyte Cocheris [1829-1882], son directeur.

Hector Dereux y publie d’abord, au 15 avril 1886 un article d’une dizaine de pages, paraissant dans le tome VIII, numéro quatre, de la Revue [pages 311-322], intitulé : Du traité de Kant, sur la pédagogie.

Il s’agit d’un compte rendu, élogieux, du Traité de Pédagogie, d’Emmanuel Kant, dans la nouvelle édition qui vient tout juste d’être publiée par Raymond Thamin, chargé du cours de pédagogie à la Faculté des Lettres de Lyon [Paris : Félix Alcan, éditeur. In-8, 133 p., 1886]. Et d’une célébration de Kant : < Kant a eu, au plus haut degré, le sentiment de ce que vaut l’éducation, et de ce qu’elle peut, non seulement pour améliorer la génération présente, mais pour faire avancer l’espèce humaine aussi loin que le comporte notre nature >.

L’édition de Raymond Thamin reprend le texte de la traduction en français de Jules Barni, parue initialement en 1855. Elle comprend une copieuse Préface d’une trentaine de pages, une Notice biographique, et un Lexique.

1888. COMPTE-RENDU DE L’IDÉALISME EN ANGLETERRE.

Georges Lyon [1853-1929], professeur de philosophie au lycée Henri-IV, publie l’Idéalisme en Angleterre au XVII ème siècle, texte de la thèse, dédiée à Marcelin Berthelot, qu’il a soutenu à Paris le 2 juillet 1888 : [Paris : Félix Alcan. In-8, 481 p., 1888].

Georges Dereux en fait un compte-rendu, élogieux, dans dans la Revue pédagogique, Tome XIII, juillet-décembre 1888, pages 459-462. « M. Lyon nous conduit […] de France en Angleterre, et d’Angleterre en Amérique, nous faisant voir successivement, avec une élévation constante et constamment aisée, avec une finesse, une bonne grâce, et, dirions-nous volontiers, une courtoisie, qui rendent des plus aimables un voyage des plus sévères, les aspects variés de l’idéalisme ».

1889. COMPTE RENDU DE LA TRADUCTION DE PICAVET.

En 1888, paraît en librairie, chez Félix Alcan, une nouvelle traduction de l’allemand en français de la Critique de la raison pratique de Kant par François Picavet [1851-1921].

Publiée en 1788, la Kritik der praktischen Vernunft, von Immanuel Kant [Riga : Bey Johann Friedrich Hartknoch. In-8, 292 p.,  1778] n’avait été traduite une première fois en français, qu’en 1848, par Jules Barni [1818-1878].

Le compte rendu d’Hector Dereux, de la traduction de Picavet, paraît sur trois pages dans la Revue pédagogique, Tome XIV, janvier-juin 1889, pages 175-177.

Dans la rubrique < Livres nouveaux >. Cette nouvelle traduction de la Critique de la raison pure est, dit-il : « recommandable à plusieurs égards » Hector Dereux conseille

plus particulièrement de lire [ou de relire] dans la Critique, la deuxième partie, intitulée Méthodologie de la Raison pure pratique : « Kant y examine […] le problème capital de la pédagogie : la façon de développer la conscience morale […], l’idée de devoir, et celle de la liberté. C’est une esquisse seulement, mais une esquisse magistrale, qu’il est utile de joindre aux notes de Rink sur les vues pédagogiques antérieurement exposées par Kant ».

1890. COMPTE RENDU DE PSYCHOLOGIE ET ÉDUCATION D’HERBART.

Hector Dereux y publie, également dans la Revue pédagogique, une série de sept articles sur Herbart, sous le titre : La Psychologie appliquée à l’éducation par Herbart. En 1890 : premier et deuxième articles, dans le tome XVI ; troisième, quatrième et cinquième articles, dans le tome XVII. Enfin, en 1891, sixième et septième article, dans la tome XVIII.

Il s’agit de l’analyse des Lettres sur l’application de la psychologie à la pédagogie, œuvre inachevée du philosophe allemand Johann Friedrich Herbart [1776-1841], rédigée en 1832, mais qui ne seront publiées qu’après sa mort.

A noter que Johann Friedrich Herbart est, après Karl Rosenkranz [1805-1879], le second titulaire de la chaire occupée par Immanuel Kant, à Könisberg.

Avec cet article de présentation et de critique, Hector Dereux fait partie du groupe de ces intellectuels, qui à la fin du XIX ème siècle, comme Jules Steeg [1836-1898] et Charles Chabot [1857-1924], se mettent à se préoccuper de pédagogie, discipline prenant sa place et peu à peu son autonomie au sein de la philosophie.

1892. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE JANSON-DE-SAILLY.

Le 2 août 1892, Hector Dereux est nommé professeur de philosophie au lycée Janson-de-Sailly, en remplacement d’Henri Lachelier [1856-1926], fils de Jules Lachelier, en poste depuis octobre 1887.

Hector Dereux reste un an à Janson-de-Sailly, jusqu’à sa nomination au lycée Henri-IV.

1893. PROFESSEUR AU LYCÉE HENRI-IV.

Le 26 août 1893, Hector Dereux est chargé au titre de suppléant des fonctions de professeur de philosophie au lycée Henri-IV. Puis nommé définitivement [5 août 1896], en remplacement d’Henry Michel [1857-1904], nommé chargé de cours d’Histoire des doctrines politiques à la Faculté des Lettres de Paris.

À sa retraite, Hector Dereux reçoit le titre de Professeur honoraire de philosophie du lycée Henri-IV.

1900. NOTICE NÉCROLOGIQUE DE FRANCISQUE BOUILLIER.

Fin 1899, Hector Dereux rédige à l’intention de l’Association des anciens élèves de l’Ecole normale, à paraître dans l’Annuaire, la notice nécrologique de Francisque Bouillier [1813-1899], ancien élève de l’Ecole normale [1834], qui vient de mourir le 25 septembre 1899, à Simandres [Rhône], ancien directeur de l’École normale supérieure [1867-1871], ancien Inspecteur général de l’Instruction publique [avril 1872-1876].

La notice, d’une dizaine de pages, paraît dans l’Annuaire [Versailles : Imprimerie du Cerf. 1900] et fait l’objet d’un tiré à part.

1900. PAGES ET PENSÉES MORALES AVEC HENRI MARION.

En 1900, Henri Marion et Hector Dereux font paraître, chez l’éditeur scolaire Armand Colin < Pages et pensées morales extraites des auteurs français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles [Paris : A. Colin. In-16, 457 p., 1900] >.

Henri Marion [1848-1896] et Hector Dreux, sont tous deux anciens élèves de la même promotion de l’École normale supérieure [1865], et ont tous deux été reçus la même année [1868] à l’agrégation de philosophie.

1902. COMTE RENDU DE LA PENSÉE ANTIQUE DE FABRE.

Dans le Manuel général de l’Instruction primaire, Journal hebdomadaire des instituteurs et des institutrices [Tome XXXVIII, n° 52, 27 décembre 1902, pages 809-811], Hector Dereux publie un compte rendu, élogieux, de l’ouvrage de Joseph Fabre [1842-1916], ancien professeur de philosophie au lycée Saint-Louis : La Pensée antique (de Moïse à Marc-Aurèle) [Paris : Félix Alcan ; In- !, IV-367-30 pp., 1902].

MAISON DE LA LÉGION D’HONNEUR.

Maître de conférences de psychologie et de morale à la Maison de la Légion d’Honneur de Saint-Denis. Auprès d’élèves féminines préparant le brevet supérieur, filles d’officiers supérieurs.

DÉCORATION.

Officier de l’Instruction publique. 22 décembre 1884.

Chevalier de la Légion d’Honneur. 21 juillet 1887.