1849 : Première agrégation d’Allemand

L’agrégation d’allemand, l’une des deux agrégations de langue vivante avec l’anglais, apparaît tardivement le 30 septembre 1849, près de trente ans après la création de l’agrégation de lettres et de grammaire. L’agrégation d’allemand subit aussi les contre-coups de la suppression de toutes les agrégations en 1852. De 1853 à 1857 ne subsistent que les deux agrégations de lettres et de sciences. Le lent rétablissement successif des différentes agrégations permet le retour de l’agrégation d’allemand [et d’anglais] seulement en 1865.

La première agrégation d’allemand, dont les résultats sont officialisés le 30 septembre 1849, s’inscrit dans la longue histoire des agrégations obtenues par concours. Histoire qui commence en 1821 pour la nouvelle Université française façonnée tout d’abord par Napoléon

SCIENCES. LETTRES, GRAMMAIRE ET PHILOSOPHIE.
En 1821, se mettent en place, au niveau des académies universitaires qui ont besoin chaque année de recruter de nouveaux enseignants, les concours d’agrégation, en lettres et en grammaire [ainsi qu’en sciences].
En cette période de Restauration, commencée en 1814, il s’agit de renouer avec le système de l’agrégation qui fonctionnait dans l’Université de l’Ancien Régime, à partir de 1766 et jusqu’en 1790 inclus. Avec une agrégation de grammaire, dite de troisième ordre ; une agrégation de belles-lettres, dite de second ordre ; et une agrégation de philosophie, dite de premier ordre.
L’agrégation de philosophie, complétant la tripartition, verra le jour, à l’initiative de Denis Frayssinous [1765-1841] par un arrêté du Conseil royal de l’Instruction publique, pris en date du 12 juillet 1825. Avec une première session en 1825, une autre session en 1827, puis régulièrement à partir de 1830 [avec à partir de cette date le philosophe Victor Cousin comme président du jury].
Après la Révolution de Juillet 1830, tous les concours d’agrégation seront institués à l’échelle nationale ; Paris devenant le seul centre des épreuves.

DE NOUVELLES AGRÉGATIONS VOIENT LE JOUR.
En 1831, l’agrégation d’Histoire et Géographie voit le jour.
En 1841, l’agrégation de Sciences se scinde en une agrégation de Mathématiques et une agrégation de Physique.
En 1849, deux nouvelles agrégations sont créées : l’agrégation d’Allemand et l’agrégation d’Anglais. Ces deux agrégations de langues vivantes sont instituées par décret du 11 octobre 1848.

LE CERTIFICAT D’APTITUDE : ANNONCE DE L’AGRÉGATION DE LANGUE VIVANTE.
L’enseignement des langues vivantes, jusqu’alors facultatif, devient obligatoire dans les lycées, à partir de 1830. Le besoin de nouveaux personnels qualifiés se fait sentir.
Aussi un décret du 2 novembre 1841 instaure-t-il un < Certificat d’aptitude à l’enseignement des langues vivantes >, avec les options allemand, anglais, italien, espagnol.
Cet examen qui ne demande aucune licence est ouvert directement aux bacheliers. Le certificat est délivré sur concours.
Seuls les titulaires de ce certificat peuvent désormais être nommés dans les collèges royaux et communaux [arrêté du 2 novembre 1841].
Le premier examen d’aptitude pour l’enseignement de l’allemand se déroule en 1842. Le jury présidé par Jacques Matter, est composé de Philippe Le Bas, maître de conférences de grec à l’École normale, et d’Adolphe Régnier professeur de rhétorique au collège Charlemagne. Sont reçus 21 certifiés : Adler-Mesnard ; Benloew ; Haeffner ; Martin ; Steinmetz ; Glück ; Charles ; Lansteiner ; Braun ; Bournot ; Koch ; Hartenberg ; Früstück ; Halberger ; Scharpff ; Sommer ; Hengers ; Zoéga ; Brinckmann ; Butillon ; Jacquemart [dit Boutteville].

LA PRISE DE DÉCISION CONCERNANT L’AGRÉGATION.
Le 10 février 1849, un arrêté du ministre de l’Instruction publique et des cultes, faisant suite à une délibération du Conseil de l’Université du 2 février courant, établit un concours spécial d’agrégation pour l’enseignement des langues vivantes, pour l’allemand, l’anglais, l’italien, l’espagnol.
Mais l’agrégation d’italien et d’espagnol ne verra en réalité le jour qu’en 1900.
Les agrégés des langues vivantes seront assimilés en tout point aux agrégés des classes de grammaire des lycées, et jouiront des mêmes avantages.

LES FORMES DU CONCOURS D’AGRÉGATION.
Trois séries d’épreuves.
Première série d’épreuves : des compositions écrites. 1. une traduction du français en allemand ; 2. une traduction de l’allemand en français ; 3. une composition en prose étrangère d’après un sujet donné ; 4. une composition sur un sujet de critique philologique ou littéraire, écrite en langue française.
Deuxième série d’épreuves : des explications orales suivies d’observations présentées par les candidats.
Troisième : une leçon, également suivie d’observations.

L’arrêté du 30 mars 1849, après avis du Conseil de l’Université, fixe à trois le nombre de places pour l’agrégation d’allemand de 1849 [également trois pour la langue anglaise]. Mais c’est finalement six candidats qui seront reçus et à l’agrégation d’allemand et à l’agrégation d’anglais.

LES AUTEURS DU PROGRAMME.
La liste des auteurs et des questions concernant la seconde et la troisième épreuve du concours d’agrégation d’allemand est définie par arrêté du Ministre de l’Instruction publique et des Cultes [Alfred de Falloux] en date du 30 mars 1849 :
Klopstock. La Messiade, chants I à IV.
Wieland. Les Epîtres d’Horace traduites en allemand. Oberon.
J. -H. Voss. Les quatre premiers chants de la traduction de l’illiade. Louise.
Lessing. Laocoon.
Schiller. Guillaume Tell. La Pucelle d’Orléans. La Guerre de Trente ans.
Goethe. Iphigénie en Tauride. Hermann et Dorothée. Poésies diverses. Wilhelm Meister.

  1. LE JURY DE LA PREMIERE AGRÉGATION D’ALLEMAND.
    Les juges du concours sont nommés par le ministre de l’instruction publique, après avis du Conseil de l’Université. Au nombre de trois au moins, de cinq au plus, y compris le président.
    Le jury d’allemand est présidé par Joseph Daniel Guigniaut [1794-1876]. Membre de l’Institut. Secrétaire général, du Conseil royal de l’Instruction publique depuis 1846.
    Assisté par Charles Benoît* Hase [1780-1864]. Membre de l’Institut. Conservateur des manuscrits à la Bibliothèque nationale ; Philippe Lebas [1794-1860]. Membre de l’Institut. Maître de conférences à l’École normale supérieure, conservateur de la Bibliothèque de la Sorbonne.

GUIGNIAUT.
Joseph Daniel Guigniaut [1794-1876].
Né le 26 floréal an II [15 mai 1794], à Paray-le-Monial [Saône-et-Loire] ; mort le 12 mars 1876, à Paris.
Ancien élève de la deuxième promotion de l’École normale [1811].
Enseignant < agrégé > au collège Charlemagne [1815].
Maître de conférences d’Histoire à l’École normale [1818-1822].
Directeur des études [3 février 1829], puis Directeur de l’École normale [octobre 1830-14 septembre 1835]. Il succède à Pierre Laurent Laborie [1767-1847], ancien émigré, ancien recteur de l’académie de Strasbourg [juin 1821-août 1824], proviseur du collège royal de Louis–le-Grand depuis juillet 1824, et responsable de l’École normale, réduite à n’être qu’une École préparatoire.
Docteur ès-lettres [Paris, 1835], avec une thèse latine : De ÈPMOỸ seu Mercurii mythologia commentatio ad litterarum et artium archaeologiam pertinens [Lutetiae parisiorum. In-8, 28 p., 1835] et une thèse française : °De la Théogonie d’Hésiode [Paris : In-8, 40 p., 1835].
Professeur suppléant de Littérature grecque à la Faculté des Lettres de Paris.
Professeur de Géographie à la Faculté des Lettres de Paris [11 août 1835-1er février 1862], où il succède à Alexandre Barbié du Bocage [1798-1835], deuxième titulaire de la chaire, décédé le 25 février 1835.
Chargé de cours, de 1854 à 1857, dans la chaire d’Histoire et morale du Collège de France, en remplacement de Jules Michelet [1798-1874], révoqué par le décret du 12 avril 1852. Puis titulaire de 1857 à janvier 1862, date à laquelle, à la retraite, reçoit le titre de professeur honoraire.
Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres [14 avril 1837], élu au fauteuil 5 rendu vacant par le décès de Joseph Van Praet [1754-1837], survenu le 5 février 1837, à Paris. Puis élu Secrétaire perpétuel [10 août 1860], en succession de Joseph Naudet [1786-1878], secrétaire perpétuel de 1852 à 1860. Démissionne le10 janvier 1873. Reçoit le titre de Secrétaire perpétuel honoraire.

HASE.
Charles Benoît Hase [1780-1864].
Né le 11 mai 1780, à Sulza [Thuringe en Allemagne] ; mort le 21 mars 1864, à Paris.
Études à Weimar. Puis à la Faculté de théologie et de philosophie de l’Université d’Iéna, et d’Elmsted, où il se spécialise en grec et en arabe.
Est à Paris, en 1801, où il est l’élève de Sylvestre de Sacy. Est patronné par Jean Baptiste Gaspard d’Ansse de Villoison, grâce auquel, en septembre 1805, il entre au département des manuscrits de la Bibliothèque impériale, où il s’occupe des manuscrits grecs.
En 1812, à la demande de la princesse Hortense devient le précepteur de ses fils : Louis-Napoléon, duc de Berg ; et de Louis-Napoléon, futur empereur Napoléon-III.
Professeur de grec moderne et de paléographie grecque à l’École des Langues orientales, où il succède à Ansse de Villoison. Président de l’École de 1847 à 1864, où il succède à Silvestre de Sacy.
Professeur de Langue et de littérature allemande à l’École polytechnique [1830].
En 1832, devient conservateur des manuscrits grecs et latins à la Bibliothèque royale, en succession de Jean-Baptiste Gail, conservateur de 1815 à 1829. Reste en poste jusqu’à son décès en 1864.
En 1852, nommé à la chaire de Grammaire comparée à la Faculté des Lettres de Paris, créée à son intention, à la suite de la suppression, par décret du 24 novembre 1852, de la chaire d’Histoire de la philosophie ancienne [dont Victor Cousin, mis à la retraite, était le titulaire depuis 1830]. Après la mort de Charles Benoît Hase, en 1864, la chaire est transportée au Collège de France au bénéfice de Michel Bréal [1832-1915].
Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Élu le 25 octobre 1824 au fauteuil 29, rendu vacant par le décès de Joseph Éléazar Dominique Bernardi [1751-1824], survenu le le 25 octobre 1824.

LE BAS.
Philippe Le Bas [1794-1860]
Né le 18 juin 1794, à Paris ; mort le 16 mai 1860, à Paris.
Fils du révolutionnaire Philippe Le Bas [1764-1794]
À la demande d’Hortense de Beauharnais, précepteur [juin 1820-octobre 1827] en Allemagne, puis en Italie, de Louis-Napoléon Bonaparte [1808-1873], le dernier de ses trois enfants, nés du mariage avec Louis-Bonaparte.
Maître d’études à Paris, au collège royal de Saint-Louis [1829].
Docteur ès-lettres [1er août 1829, Paris] avec une thèse latine Scepticae philosophiae secundum Sexti Empirici pyrrhonianas hypotyposes vel institutiones expositio
[Paris : impr. de Marchand-Dubreuil. In-8, 16 p., 1829].
La thèse en français a pour titre : Dissertation sur l’utilité qu’on peut retirer de l’épigraphie pour l’intelligence des auteurs anciens
[Paris : impr. de Marchand-Dubreuil. In-8, 24 p., 1829].
Agrégation de lettres [3 octobre 1829] 1/10
Maître de conférences d’Histoire [1830-1834], puis maître de conférences de Grammaire et langue grecque [1834-1860] à l’École normale.
Membre du premier jury pour le Certificat d’aptitude à l’enseignement de l’allemand [1842].
Chargé par Abel François Villemain, ministre de l’Instruction publique, d’une mission scientifique,archéologique et épigraphique [17 novembre 1842-novembre 1844] en Grèce et Asie-Mineure.
Conservateur-adjoint de la Bibliothèque de l’Université de Paris établie à la Sorbonne [9 décembre 1844], en succession de Gustave Planche, promu conservateur. Puis [20 novembre 1846-1860] bibliothécaire-administrateur.

Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Élu le 9 février 1838, au fauteuil 9, rendu vacant par le décès de Carl Friedrich Reinhard [1761-1837], survenu le 25 décembre 1837.
Membre du Comité des travaux historiques et scientifiques [1848-1849]
Membre [3 avril 1845], puis président de la Société nationale des Antiquaires de France [1845]

LES AGRÉGÉS D’ALLEMAND DU 30 SEPTEMBRE 1849.
Parmi les nombreux concurrents inscrits, cinquante-cinq ont été admis à concourir ; trente-cinq ont répondu à l’appel ; trente-et-un ont composé à toutes les épreuves.
Douze candidats ont été admis à l’oral ; onze se sont présentés. Dans l’ordre alphabétique : Frédéric Baar ; Marc Lucien Boutteville ; Joseph Numa Charles ; Joseph Derembourg ; Frédéric Geoffroy Diehl ; Charles Nicolas Denis Dietz ; Geoffroy Heumann ; Bernard Kirsch ; Benjamin Lévy ; Louis Schlesinger ; Henri Schmidt.

Six candidats recevront le titre d’agrégé, dans l’ordre de classement :
Benjamin Lévy [1817-1884]. Maître d’allemand au lycée de Nîmes.
Joseph Numa Charles [1821-1909]. Maître d’allemand au lycée de Montpellier.
Bernard Kirsch [1825-NNN]. Maître d’allemand au lycée de Bordeaux.
Henri Schmidt [1822-1884]. Maître d’allemand au lycée de Strasbourg.
Joseph Derembourg [1811-1895]. Répétiteur à Paris.
Charles Nicolas Denis*Dietz [1826-1872]. Maître d’allemand au lycée d’Orléans

LÉVY.
Benjamin Lévy [1817-1884].
Né le 7 octobre 1817, à Epffig [Bas-Rhin] ; mort le 27 décembre 1884, à Paris.
Baccalauréat ès-lettres.
Précepteur auprès de la famille Beer à Lunéville.
Maître d’allemand à Grenoble.
Certificat d’aptitude à l’enseignement de l’allemand [9 octobre 1848], 2/9.
Maître d’allemand au lycée de Nîmes en 1848.
Agrégation d’allemand [30 septembre 1849], 1/6
Après l’agrégation, chargé de cours d’allemand à Paris, au lycée Descartes [appellation passagère du lycée Louis-le-Grand], puis professeur titulaire [1853-1873].
Tout d’abord délégué pour l’Inspection générale des langues vivantes dans les lycées et collèges [2 mai 1873], en remplacement d’Henry Klipffeld [1832-1873], décédé. Puis, Inspecteur général pour les langues vivantes [4 novembre 1873]. Occupe cette fonction jusqu’en 1884, date de son décès.
Membre du jury d’agrégation d’allemand [1850].

CHARLES.
Joseph Numa Charles [1821-1909].
Né le 28 juillet 1821, à Nîmes [Gard] ; mort le 22 mai 1909.
Maître d’études au collège royal de Nîmes.
Certificat d’aptitude à l’enseignement de la langue allemande [25 octobre 1842] 7/21
Maître d’allemand au lycée de Montpellier.
Agrégation d’allemand [30 septembre 1849], 2/6
Après l’agrégation, professeur d’allemand au lycée de Montpellier [1849].
Professeur d’allemand à Paris, au lycée Bonaparte [Condorcet, puis Fontanes].
Membre du jury d’agrégation d’allemand en 1865, année de la reprise de l’agrégation de langue vivante, après sa suspension en 1852.

Traduction en 1862, pour la première fois, des Gespräche mit Goethe : Entretiens de Goethe et d’Eckermann. Pensées sur la littérature, les mœurs et les arts. [Paris : Hetzel. In-12, 338 p., s.d.].

KIRSCH
Bernard Kirsch [1825-NNN].
Né le 12 juin 1825 à Oberbronn [Bas-Rhin].
Certificat d’aptitude à l’enseignement de la langue allemande [10 octobre 1846]. 1/12.
Agrégation d’allemand [30 septembre 1849], 3/6
Professeur d’allemand au lycée de Bordeaux.
Admis à la retraite en 1878.

SCHMIDT.
Henri Schmidt [1822-1884].
Régent de seconde et troisième au collège de Thann [Haut-Rhin].
Certificat d’aptitude à l’enseignement de l’allemand [9 octobre 1848], 1/9.
Agrégation d’allemand [30 septembre 1849]. 4/6
Professeur d’allemand à Paris, au lycée Charlemagne.
Membre du jury d’agrégation d’allemand en 1865.

DERENBOURG.
Joseph [Naftali] Derembourg [1811-1895].
Né le 21 août 1811, à Mayence [alors département français de Mont-Tonnerre, aujourd’hui Rhineland-Palatinate, en Allemagne] ; mort le 29 juillet 1895, à Ems.

Propriétaire associé de la pension Coutant
Agrégation d’allemand [30 septembre 1849], 5/6
Professeur d’allemand à Paris, au lycée Henri-IV [1851-1852].
Correcteur des textes orientaux de l’Imprimerie impériale [1852-1877].
Secrétaire de Salomon Munk [1803-1867], Conservateur à la division orientale du département des manuscrits de la Bibliothèque royale [1838], puis impériale.
Directeur pour l’enseignement des langues sémitiques à l’École pratique des hautes études, jusqu’à son décès.
Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres [22 décembre 1871]. Élu au fauteuil 28, rendu vacant par le décès d’Armand Pierre Caussin de Perceval [1795-1871] survenu le 15 décembre 1871.

DIETZ.
Charles Nicolas DenisDietz [1826-1872]. Né le 24 mai 1826 à Pixéricourt [Meurthe-et-Moselle] ; mort le 14 avril 1872, à Dijon. Certificat d’aptitude à l’enseignement de la langue allemande [10 octobre 1846]. 4/12. Maître d’études au collège de Lunéville [16 décembre 1847]. Maître d’études et chargé d’une classe de français et du cours d’allemand au collège de Rambervillers [1849] Agrégation d’allemand [30 septembre 1849], 6/6. Maître d’études surnuméraire au lycée de Reims [1850]. Maître répétiteur de première classe au lycée de Reims [9 novembre 1853]. Chargé de cours d’allemand au lycée de Sens [26 octobre 1854-1864]. Docteur ès-lettres [1859], avec une thèse latine De Hincmari vita et ingenio [Agendici : typ. C. Duchemin. VI-80 p., 1859] et une thèse en français : Essai sur Klopstock [Sens : impr. de C. Duchemin. VI-128 p., 1859]. Chargé de la suppléance du cours de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Besançon [1864-1865] alors qu’Auguste Widal [1822-1875] y est professeur titulaire de 1864 à 1875.
Censeur des études suppléant, puis en titre au lycée d’Angers [1866-1872].
Chargé de cours de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Dijon [9 janvier 1872], en remplacement de Charles Jeannel [1840-1876], chargé du cours du 9 janvier 1872 au 14 avril 1872, date de son décès en fonction.

LES CANDIDATS RECOMMANDÉS.
Comme il est d’usage, le président du jury d’agrégation, dans son rapport rédigé le dernier jour de la session [27 septembre 1849] soumet à la bienveillance du ministre une liste de candidats qui ne sont pas retenus dans la liste des agrégés.

Ainsi, Joseph Daniel Guigniaut indique : < Le jury m’a chargé de vous exprimer, en outre, le regret de ne pouvoir présenter pour deux autres titres deux candidats qui, dès aujourd’hui, lui en auraient paru dignes >.
Il s’agit de Diehl, ancien régent, directeur de l’Ecole primaire de Mulhouse ; et de Schlesinger, chargé de suppléer les maîtres de langues vivantes dans les lycées de Paris.

DIEHL.
Frédéric Geoffroy Diehl [1804-1868].
Né le 4 novembre 1804, à Strasbourg [Bas-Rhin] ; mort en août 1868.
Après avoir enseigné l’allemand au collège de La Flèche [1826-1831] est directeur
de l’école primaire de Mulhouse.
Se présente à l’agrégation d’allemand en septembre 1849. Recommandé auprès du
ministre.
Sera reçu à l’agrégation d’allemand [2 octobre 1850] 2/5.
Après l’agrégation d’allemand, enseigne l’allemand dans les lycées de Montpellier, d’Orléans.
Chargé d’allemand au lycée de Rouen.
Retourne à Strasbourg, retourne dans l’enseignement primaire, puis devient répétiteur au lycée.
En 1857 est professeur au lycée impérial de Strasbourg. Il y reste en poste jusqu’en 1868. Date de sa mise à la retraite, sur sa demande, pour raisons de santé.

SCHLESINGER.
Louis Schlesinger [1811-NNN].
Né en 1811, à Mayence [alors département français de Mont-Tonnerre].
Brevet d’aptitude pour l’enseignement de la langue allemande [10 octobre 1846] 11/12.
Professeur d’allemand au collège royal de Caen. Y est en poste jusqu’au 11 mai 1846, date de sa nomination à Paris.
Par arrêté du 8 janvier 1847, Louis Schlesinger « est chargé de suppléer les professeurs d’allemand des collèges royaux de Paris, en cas de maladie ou d’empêchement ».
Se présente à l’agrégation d’allemand en septembre 1849. Recommandé auprès du ministre.
Sera reçu à l’agrégation d’allemand [2 octobre 1850], 4/5
Chargé d’un cours de langue et civilisation allemandes, à l’École normale supérieure.

AUTRES RECOMMANDATIONS.
A ces deux noms s’ajoutent trois candidats : < Recommande encore à tout votre intérêt Baar, maître d’allemand au lycée Louis-le-Grand ; Boutteville, chargé d’une division d’allemand au même lycée ; Heumann, instituteur à Hagueneau >.

BAAR.
Frédéric Baar [1820-NNN].
Nommé en 1841, maître d’études au collège royal de Nancy.
Régent des classes élémentaires au collège de Toul
Certificat d’aptitude à l’enseignement de la langue allemande [1844].
Nommé le 20 octobre 1844, maître d’allemand au collège royal de Marseille, en remplacement de Heinemann, enseignant de 1833 à 1842, décédé.
Puis chargé du même enseignement à Mulhouse, en remplacement de Scharpit.
Maître d’allemand au collège royal de Laval [2 décembre 1846]
Maître d’allemand à Paris, au lycée Louis-le-Grand.
Se présente à l’agrégation d’allemand en septembre 1849. Recommandé auprès du
ministre.
Sera reçu à l’agrégation d’allemand [16 septembre 1851], 3/4
Successivement professeur d’allemand à Besançon ; à Orléans ; à Metz.
En 1858, est suspendu de son poste de Metz, pour des raisons de mœurs.

BOUTTEVILLE.
Marc Lucien Boutteville [1808-1870].
[Jacquemart, dit Boutteville]
Né le 8 novembre 1808, à Paris ; mort le 14 décembre 1870, à Paris.
Étudie à Bonn et à Berlin, pendant quatre ans.
Certificat d’aptitude à l’enseignement de la langue allemande [25 octobre 1842] 21/21
Maître d’allemand au collège royal de Nantes, depuis mars 1843.
Attaqué pour son enseignement en 1848 par l’évêque de Nantes et sommé de se rétracter [mai 1848].
Rappelé à Paris par le ministre Carnot est chargé pendant un mois de la division d’allemand au lycée Descartes [Louis-le-Grand], puis d’une suppléance au lycée Bonaparte.
Se présente à l’agrégation d’allemand en septembre 1849. Recommandé auprès du
ministre.
Démissionne le 27 juillet 1852, refus de prêter serment à l’Empire.
En 1859, professeur au collège Sainte Barbe. En est exclu en 1866 après la parution de son livre : La Morale de l’Église et la morale naturelle. Études critiques [Paris : Michel Lévy. 1866].
Collaborateur et exécuteur testamentaire de Pierre Joseph Proudhon [1809-1865].
Auteur de Premier Sermon d’un laïque : du royaume de dieu sur la terre [Paris : Joubert. In-8, 48 p., 1848], inspiré de Das Leben Jesu, kritisch bearbeitet [La Vie de Jésus, édité de manière critique] de David Friedrich Strauss [1808-1874], paru en 1835, à Tübingen.
.
HEUMANN.
Geoffroy Heumann [1817-1887].
Né le 30 juin 1817, à Haguenau [Bas-Rhin] ; mort le 27 décembre 1887, à Paris.

1834-1836 : Boursier de l’école normale primaire de Strasbourg.
1836-1840 : Instituteur communal à Soultz-sous-Forêts.
1840-1844 : Directeur de l’école primaire de Belfort.
1844-1849 : Directeur de l’école primaire d’Haguenau.
1849-1850 : Professeur d’allemand au lycée de Mâcon
Se présente à l’agrégation d’allemand en septembre 1849. Recommandé auprès du
ministre.
Sera reçu à l’agrégation d’allemand [2 octobre 1850], 5/5.
Après l’agrégation [1850], nommé au lycée d’Orléans
En 1851 nommé au lycée de Mâcon.
Chargé du cours d’allemand au lycée impérial de Rouen, en 1851.
En 1868, chargé d’un cours de langue et civilisation allemande à l’École normale supérieure. Remplace Édouard Henri Emmanuel° Adler-Mesnard [1807-1868], maître de conférences d’allemand de 1843 à 1868. Heumann reste en poste jusqu’en 1886, puis est remplacé par Arthur Chuquet [1853-1925].
En 1864 est nommé à Paris, au collège Rollin.
En 1866, nommé au lycée impérial Napoléon [Henri-IV], comme suppléant d’Adler-Mesnard.
Admis à la retraite en 1886.
Répétiteur d’allemand à l’École Pratique des Hautes-Études.

SOURCE.
Journal général de l’Instruction publique et des cultes.
Livraison du mercredi 3 octobre 1849. Volume XVIII, n° 79, page 449.
Contient le texte du rapport de Joseph Daniel Guigniaut, sur l’agrégation d’allemand, adressé le 27 septembre 1849 au ministre Victor Lanjuinais.