Aubry, abbé Jacques Philippe (1751-1808), enseignant d’Ancien Régime devenu proviseur

Sa situation d'émigré pendant la Révolution française favorise son choix par le régime napoléonien pour être désigné comme fonctionnaire d'autorité au sein de la nouvelle l'Université impériale.

Né en 1751, à Saint-Join, pays de Caux [aujourd'hui département du Calvados] ; mort en 1808, à Rouen [Seine-Inférieure, aujourd'hui Seine-Maritime].
ÉTUDES À ROUEN PUIS À PARIS.
Études à Rouen, dans le séminaire des « Pauvres clercs », dit séminaire de Saint Nicaise [aujourd'hui lycée-collège Fontenelle], bâtiment situé depuis 1707 au chevet de l'église de Saint-Nicaise et accueillant une centaine d'élèves.
Puis poursuit ses études à Paris, au collège de Lisieux, un des collèges de l'ancienne Université de Paris, établi à cette époque dans les bâtiments du collège de Torchi, au 5 de la rue Saint-Étienne des Grès, sur la Montagne Sainte-Geneviève.
Jacques Philippe Aubry y est élève grand boursier.
1767. D’ABORD AGRÉGATION DE GRAMMAIRE.
Institués par " lettres patentes " des 3 mai et 10 août 1766, les concours d'agrégation de Philosophie [dite de premier ordre], de Belles-Lettres [second ordre], de Grammaire [troisième ordre] permettent aux dix collèges de l'Université de Paris de recruter chaque année, selon les besoins, de nouveaux professeurs dans telle ou telle discipline.
Jacques Philippe Aubry, est en 1767, l'un des deux ou trois agrégés de Grammaire reçus, pour cette deuxième année de fonctionnement.
1768. ENSUITE AGRÉGATION DES BELLES-LETTRES.
Jacques Philippe Aubry, qui n'a encore reçu que les ordres mineurs, est un des cinq candidats reçus à l'agrégation de Belles-lettres [dite agrégation de second ordre] en 1768. Trois d'entre eux [Pierre Étienne Hamel, futur professeur d'éloquence au collège royal de Rouen ; Pierre Claude Bernard Guéroult, dit Guéroult l'aîné, futur premier proviseur du lycée Charlemagne [19 août 1804 à septembre 1809] ; Charles Jacques Philippe Aubry] relèvent du diocèse de Rouen.
Jacques Philippe Aubry est le seul à être déjà agrégé de grammaire.
PREMIERS ENSEIGNEMENTS.
A partir de 1772, professeur puis professeur de Belles-Lettres et de Rhétorique, là où il a fait ses études, au collège de Lisieux à Paris, qui depuis 1762 s'est installé rue Jean-de-Beauvais, dans les locaux de l'ancien collège de Dormans [dit aussi collège de Beauvais], actuellement au 15 de la rue Jean de Bauvais.
L'abbé Jacques Vincent Aubry y reste en fonction jusqu'au début de la Révolution.
PRÉVÔT DE LA COLLÉGIALE DE TOURS.
Maître ès-arts et professeur septenaire [autrement dit, ayant déjà sept ans d'enseignement dans l'Université de Paris], l'abbé Jacques Vincent Aubry obtient la place et les revenus de « prévôt », première dignité, de l'église Collégiale de Tours, célèbre pour abriter le tombeau de saint Martin.
RÉTRACTATION DU SERMENT.
Au moment de la Révolution, alors qu'il est toujours professeur de rhétorique à Paris au collège de Lisieux, prête en janvier 1791, le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé votée par l'Assemblée nationale constituante le 12 juillet 1790, texte accepté par Louis XVI, le 22 juillet, puis « sanctionné », autrement dit promulgué, par un décret en date du 24 août 1790.  
Mais il se rétracte, et émigre alors en Angleterre. Où, après avoir composé un poème en l'honneur de l'Université d'Oxford, il y obtient, selon la tradition, une chaire rémunérée de cinq mille livres
1802. PROFESSEUR DE BELLES-LETTRES À L'ÉCOLE CENTRALE DE ROUEN.
De retour en France, après Thermidor [26-28 juillet 1794], sans doute au cours de l'année 1802, Jacques Philippe Aubry est nommé cette même année professeur de Belles-Lettres à l'École centrale du département de la Seine-Inférieure [Rouen], où il succède à Guillaume Jacques Vincent Aubert [1745-1803], premier titulaire de la chaire.
Cet enseignement de Belles-Lettres est l'un des enseignements de la troisième section de l'École centrale, comprenant la Grammaire générale, avec Nicolas Bignon [1759-1848] ; les Belles-Lettres, avec l'abbé Jacques Philippe Aubry [1751-1808] ; l'Histoire, avec Julien L'Hoste [1765-1835] ; la Législation, avec Jean Baptiste Louis Ducastel [1740-1799]. Enseignements s'étendant sur deux ans et assurés auprès d'élèves de seize ans et plus.
1803. PREMIER PROVISEUR DU LYCÉE DE ROUEN.
Après la suppression de l'École centrale, fixée définitivement au 1er fructidor an XI [19 août 1803], l'abbé Jacques Philippe Aubry est nommé, le 12 [ou 19] août 1803, le premier proviseur du lycée impérial de Rouen [aujourd'hui lycée Corneille], l'un des trois lycées ordonnés par l'arrêté du 19 frimaire an XI (10 décembre 1802) [Besançon, Rouen et Strasbourg].
Il y est secondé par Jean Étienne Judith Forestier Boinvilliers [1764-1830], censeur des études, correspondant de l'Institut national [Classe d'Histoire et de Littérature] ; et par Hardy, procureur-gérant.
Le lycée est installé dans les locaux de l'ancien Collège des Jésuites, puis du Collège royal. Il succède à l'École centrale du département de la Seine-Inférieure, instituée par décret du 18 germinal an III [7 avril 1795], inaugurée le 29 mars 1796 et fermée définitivement le 1er fructidor an XI [19 août 1803].
Le lycée de Rouen est établi le 1er fructidor an XI [19 août 1803].  
Jacques Philippe Aubry reste en poste jusqu'au 4 juin 1804, date de sa nomination comme proviseur à Amiens. Sera remplacé comme proviseur du lycée de Rouen par Dugardin [ -1818], ancien professeur de l'Université de Paris, en fonction comme proviseur d'octobre 1804 au 11 octobre 1810.
1804. PREMIER PROVISEUR DU LYCÉE D'AMIENS.
Selon certaines sources, l'abbé Jacques Philippe Aubry aurait été victime d'une cabale l'ayant obligé à demander sa mutation.
Le 4 juin 1804, Jacques Philippe Aubry est nommé premier proviseur du lycée impérial d'Amiens [département de la Somme ; académie d'Amiens], l'un des dix-sept lycées ordonnés par l'arrêté du 16 floréal an XI (6 mai 1803) [Amiens ; Angers ; Bourges ; Caen ; Cahors ; Dijon ; Grenoble ; Liège ; Limoges ; Metz ; Montpellier ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Reims ; Toulouse].
Il est secondé par Claude Landois [1750-1821], censeur des études et par Tassin, procureur-gérant.
Le lycée est installé dans les locaux de l'ancienne abbaye Saint-Jean des Bénédictins et succède à l'École centrale du département de la Somme, instituée par décret du 18 germinal an III [7 avril 1795] et supprimée en 1803.  
Établi le 1er messidor an XII [20 juin 1804], le lycée ne sera finalement installé que le 17 novembre 1806.
L'abbé Aubry reste en poste à Amiens, jusqu'au 23 avril 1807, date de sa mise à la retraite.
Il est alors remplacé comme proviseur par Bonaventure Calixte Lemoine [1732-1818], en poste du 23 avril 1807 à février 1810.
1807. RETRAITE.
Est à la retraite après le 23 avril 1807. Il est alors dans sa cinquante-sixième année. Meurt en 1808.
SOCIÉTÉ SAVANTE.
Membre titulaire de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, reçu le 22 juin 1803, puis membre non résident.
SOURCE.
1894. Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois [Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles. Pages 204-205.