La mort de Charles Mallet, professeur de philosophie, ancien recteur

Le dimanche 28 mars 1875, Charles Mallet [1807-1875], meurt en son domicile à Paris, à l’âge de soixante-huit ans. André François  Anquetil, son camarade de promotion à l’École normale [1826-1828], rédige sa notice nécrologique dans l’Annuaire des anciens élèves de l’École normale supérieure [1876]. Il décrit ses derniers instants.

« […] à la gare de l’Est, attendant son plus jeune fils, alors professeur au collège de Provins, qui devait passer les congés de Pâques dans sa famille. Tout à coup il chancela et tomba en s’écriant qu’il se sentait mourir. Un médecin du voisinage lui fit respirer de l’éther, le ramena chez lui et assura à sa femme qu’il ne voyait là qu’une syncope sans gravité. Le médecin ordinaire de la famille, qui le rencontrait presque tous les jours, tint le même langage et prescrivit une potion calmante qu’on se hâta d’apprêter, mais que le malade refusa obstinément, disant toujours qu’il allait mourir et se plaignant de fortes douleurs à la tête. On lui montra l’ordonnance pour lui prouver que la potion ne contenait rien que de fort anodin ; on lui montra la dépêche par laquelle son jeune fils annonçait son arrivée pour le soir même ; il les prit, les regarda, mais probablement sans pouvoir les lire. Enfin il parût se calmer, et pria sa femme de ne pas retarder plus longtemps son dîner. Pour lui complaire, celle-ci s’éloigna un instant puis rentra presqu’aussitôt : Mallet ne donnait plus signe de vie. Averti sur le champ, le médecin stupéfait accourut, mais il ne put que constater le décès causé par la rupture d’un des vaisseaux du cœur, un de ces accidents que la science est impuissante à conjurer.
Ainsi vécut, ainsi mourut Ch. Mallet, […] ».

A. Anquetil. Annuaire des Anciens élèves de l’École normale. 1876, pages 10-12.