Francisque Bouillier (1813-1899), historien de la philosophie, bibliographie

Son "Histoire de la philosophie cartésienne" (1854) est encore rééditée de nos jours. Mais à côté de cette oeuvre d'histoire de la philosophie, il existe presque deux cents interventions, discours, brochures, rapports, mémoires, ouvrages, tirés à part. Cette bibliographie s'efforce d'en rendre compte.

ORIENTATION GÉNÉRALE DE LA BIBLIOGRAPHIE.
Cette bibliographie, brièvement commentée, de François Cyrille, dit Francisque Bouillier [1813-1899] comporte plus de cent quatre-vingt entrées.
Cette quantité s'explique pour beaucoup par la diversité de la trajectoire de ce professeur de philosophie, dont la carrière universitaire s'étend sur près de quarante-cinq ans : ancien élève de l'École normale, professeur de collège royal, professeur et doyen de Faculté en province, recteur d'Académie, Inspecteur général de l'Instruction publique pour l'enseignement secondaire, directeur de l'École normale supérieure, à nouveau Inspecteur général.
Quant aux sociétés académiques, pendant une durée de cinquante-six ans : correspondant puis membre titulaire de l'Académie des Sciences morales et politiques ; associé libre, membre et enfin émérite de l'Académie des Sciences, belles-lettres et des arts de Lyon.
 
PUBLICATIONS ACADÉMIQUES.  
Après l'entrée à l'École normale [1834], les trois années d'études et l'agrégation de philosophie obtenue directement à la sortie [1837] les deux premières publications de Francisque Bouillier concernent ses thèses de doctorat ès-lettres [1839].

Nommé professeur de philosophie [1839] dans la chaire de philosophie de la Faculté des Lettres de Lyon nouvellement recréée, des tirés à part, selon la coutume de l'époque, reprennent les différentes leçons prononcées à l'ouverture annuelle des cours [1839 ; 1842 ; 1843 ; 1844 ; 1845], textes publiés dans la Revue du Lyonnais.

LAURÉAT DE L'INSTITUT.
Mais en même temps Francisque Bouillier, sur les conseils de V. Cousin, participe au concours de philosophie proposé par l'Académie des Sciences morales et politiques sur le Cartésianisme. A partir de son Mémoire, qui lui permet d'être un des deux lauréats, il publie un premier ouvrage en un volume [Histoire et critique de la révolution cartésienne, 1842], repris et approfondi en deux volumes [Histoire de la philosophie cartésienne, 1854], puis réédité en 1868.
Ce travail lui permet d'être élu associé libre [1843] de l'Académie des Beaux-Arts, sciences et lettres de Lyon, puis membre titulaire [1845]. Ce sont autant de discours nécessaires et de communications possibles. Sa résidence lyonnaise le conduit aussi à être, avec le soutien de V. Cousin, non pas membre titulaire, mais le seul correspondant de nationalité française [1842] de l'Académie des Sciences morales et politiques, pour la section de Philosophie. 

SPÉCIALISTE DE DESCARTES.
Toute sa vie durant Francisque Bouillier va apparaître comme le spécialiste incontesté de Descartes. Il va profiter de cette reconnaissance et conforter son statut en publiant, surtout  pour l'Académie des Sciences, belles-lettres et des arts de Lyon, de nombreux articles se rapportant de près ou de loin à Descartes [sur d'Aguesseau, Arnauld, le cartésianisme de Bossuet, Fénelon, Fontenelle, Malebranche et la vision en Dieu, Molière et Gassendi,  Nicole, l'hypothèse cartésienne des bêtes-machines ] ; et une édition des Oeuvres du père jésuite Claude Buffier, qui prend sa place dans la collection d'une bibliothèque philosophique à bon marché proposé par l'éditeur Charpentier, investie par V. Cousin et ses élèves.

En même temps il mène son propre travail philosophique, tourné tout d'abord vers la philosophie allemande [Kant, Fichte], puis très rapidement, notamment dans les leçons d'ouverture, vers la promotion des thèmes de la philosophie et de la morale de l'éclectisme spiritualiste.

ASSOCIER TOUTES LES ACADÉMIES.
Dès 1845, Francisque Bouillier initie une réflexion sur l'Association des différentes académies de province, propose un Plan d'association universelle [1846], thème qu'il va poursuivre  en 1857 : L'institut et les Académies de province ; en 1878 : l'Institut de France et les sociétés savantes.

MORALISTE DU BON SENS.
Il se plaît à appara    ître comme un moraliste en écrivant sur le vrai et le faux optimisme [1846], l'optimisme [1848], sur la perfectibilité [1850] sur le plaisir et la douleur [1864, 1865], la Querelle des anciens et des modernes en morale [1869],  la Conscience en psychologie et en morale [1872], La vraie conscience [1882], Morale et progrès [1875], Études familières de psychologie et de morale [1884], Nouvelles études familières de psychologie et de morale [1887], Questions de morale pratique [1889].
C'est, dans cette même perspective, qu'il consacre un de ses cours à la Faculté aux Offices de Cicéron [1854].

DES ÉDITIONS SCOLAIRES.
En 1845, Francisque Bouillier publie Manuel de l'histoire de la philosophie, à l'usage des candidats au baccalauréat ès-lettres, repris en 1867, sous le nom de Notions d'histoire de la philosophie, réédité à plusieurs reprises, en 1874, 1878, 1882, 1891, 1896, avec la collaboration de Marin Ferraz [1828-1898] qui lui a succédé, en 1864, dans la chaire de Philosophie de la Faculté des Lettres de Lyon.
En 1855, Francisque Bouillier fait paraître  des Analyses critiques des ouvrages de philosophie compris dans le programme du baccalauréat ès-lettres [1855], réédité en 1868, 1873, 1875.
Une fois à la retraite, après 1879, publie une édition scolaire De la Recherche de la vérité, par N. Malebranche [1880, 1889] ; une édition partielle des Lettres provinciales de Pascal [1886] ; une édition des Nouveaux essais sur l'entendement humain et de la Monadologie de Leibniz [1886].
 
L'IDENTITÉ DE L'ÂME ET DU PRINCIPE VITAL.
Spiritualiste déclaré, adversaire du vitalisme de l'École médicale de Montpellier,   plusieurs de ses publications sont consacrées à la défense de l'animisme, selon lequel il y a identité de l'âme pensante et du principe vital, comme le soutient son ouvrage : De l'unité de l'âme pensante et du principe vital [1859, 1862, 1873].

MEMBRE TITULAIRE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.
Élu membre titulaire de l'Académie des Sciences morales et politiques [1875], dans la section de Philosophie, Francisque Bouillier assume les différentes charges liées à cette fonction.
Ce sont les Rapports sur les concours de philosophie : l'École de Padoue [1879] ; sur l'Association des idées [1881] ;  sur le Libre-arbitre [1885] ; sur la Théodicée [1891], sur De la Personnalité [1895].
De nombreux Rapports sur des ouvrages de philosophie.
Des Discours à des funérailles, alors que Francisque Bouillier, est président de l'Académie des Sciences morales et politiques : celles d'Hippolyte Carnot [1888] ; de Rosseeuw Saint-Hilaire [1889] ; d'Émile Beaussire [1889], d'Ernest Havet [1889] ; de Charles Lucas [1889] ; ou à l'occasion d'un décès : Fustel de Coulanges [1889].
Des Notices nécrologiques, sur Luigi Ferri [1898] ; sur le recteur Émile Charles [1898].
Il lit également des Mémoires dont il est l'auteur. 

BIOGRAPHIES ET AUTO-BIOGRAPHIE.
Ancien élève de l'École normale [1834], Francisque Bouillier rédige pour l'Annuaire  de l'Association des anciens élèves, des notices nécrologiques sur des camarades de sa promotion : Eugène Baret [1888], Henri Joseph Chevriaux [1884], Antoine Macé de Lépinay [1892], Alexis Pierron [1879], Constant Rollier [1877]. Également sur Alexandre Mouillard, de la promotion 1828 [1873], et Vincent Joguet, de la promotion 1833 [1875].
Enfin en 1897, il publie une sorte d'autobiographie sous le titre de Souvenirs d'un vieil universitaire.
 
BIBLIOGRAPHIE DÉTAILLÉE.

Premières classes à l'école paroissiale de saint Cyr au Mont d'Or, puis au pensionnat du Verbe incarné à Lyon. Études à Paris, au collège Stanislas, puis au collège Bourbon dans la classe de seconde.
Revient à Lyon, où il bénéficie de l'enseignement de Louis Mézières [1793-1832] en rhétorique. En philosophie il est l'élève de l’abbé Joseph Matthias Noirot [1793-1880], célébrité de l'époque en matière d'enseignement de la philosophie.
Francisque Bouillier, se préparant au concours de l'École normale, bénéficie des leçons désintéressées d'Alphonse Beljame, ancien élève de l'École normale [1811] alors Inspecteur d'académie à Lyon. Classé cinquième, est reçu à l'École normale [novembre 1834], ainsi que treize autres élèves.
Après trois ans d'études, où il suit en philosophie les cours de Jean Philibert Damiron, Bouillier est reçu à l'agrégation de philosophie, le premier hors ligne [août 1837], alors que V. Cousin est le président du jury. Cette année, Désiré Joseph Henne [1812-1869], lui aussi ancien élève de l'École normale de l'année 1834, est le seul autre candidat reçu.
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ANNÉE 1837.

Francisque Bouillier est nommé professeur de philosophie au collège royal d’Orléans [1837-1839].Francisque Bouillier, à Orléans, succède à Benjamin Lafaist [1808-1867], ancien élève de l’École normale [1829], agrégé de philosophie [1832], docteur ès-lettres [Paris, 1833] ; et est remplacé en 1839, par Auguste Debs [1813-1849], ancien élève de l’École normale [1834], agrégation de philosophie en 1838
Dans un concours général institué par Achille de Salvandy [1795-1856], ministre de l'Instruction publique [avril 1837-mars 1839], dans le second ministère Molé, concours entre les collèges de Paris et ceux de province, un des élèves de Bouillier, Gustave Vapereau [1819-1906], futur auteur du Dictionnaire des contemporains remporte le premier prix de philosophie. Et Michel Émile Talbert [1820-1882], futur proviseur au collège Rollin obtient un accessit.

ANNÉE 1839.

Francisque Bouillier prépare, sous la direction de Victor Cousin son doctorat ès-lettres. L'édition du texte de la thèse en français est la première publication de Bouillier.

1839.
Quorumdam Platonis dialogorum et quarumdam Pascalii ad provincialem amicum epistolarum comparatio. [Aureliae : ex typographia A. Gatineau. In-8, 60 p., 1839].

Il s'agit du texte de la thèse en latin, soutenue devant La Faculté des Lettres de Paris. Le thème est celui de la comparaison des Dialogues de Platon et des Provinciales de Pascal. La thèse est imprimée à Orléans
Le texte imprimé est précédé de la mention :
« Vu et lu en Sorbonne, le 1er janvier 1839 par le Doyen de la Faculté des Lettres de Paris. J. Vict. Le Clerc.
Permis d'imprimer. L'Inspecteur général chargé de l'administration de l'Académie de Paris. Rousselle.
Cette thèse sera soutenue par Francisque Bouillier ».

Jean Victor Le Clerc [1789-1865] ancien maître de conférences à l'École normale, professeur d'Éloquence latine à la Faculté des Lettres de Paris [1824-1865] est doyen de la Faculté des Lettres de Paris de 1832 à 1865. A ce titre il lit et vise toutes les thèses à soutenir à Paris.

1839.
Sur La Légitimité de la faculté de connaître. [Orléans : impr. de A. Gatineau. In-8, 128 p., 1839].

Il s'agit du texte de la thèse en français, soutenue à Paris le 29 août 1839.
Cinq docteurs soutiennent leurs thèses la même année à Paris : Frédéric Ozanam, Jean Pierre Charpentier, Charles Weiss, Francisque Bouillier, Jules Simon.
Francisque Bouillier, qui compose sa thèse latine et sa thèse française sous la direction de Victor Cousin, est alors professeur de philosophie au collège royal d'Orléans où il a été nommé en 1837, après avoir été reçu à l'agrégation de philosophie [août 1837].
Quant à V. Cousin, qui après 1830 a gardé une conférence de philosophie auprès des élèves de troisième année de l'École normale, il est devenu, en septembre 1835, directeur de l'École [1837-1840].
Selon Camille Latreille, dans son livre : Francisque Bouillier, le dernier des cartésiens. [Paris : Hachette. In-12, 257 p., 1907] Bouillier dans sa thèse « y combattait le doute sceptique émis par Jouffroy sur cette légitimité de la faculté de connaître, sous prétexte qu'elle est indémontrable ».

1839.
Discours d'ouverture prononcé par M. Bouillier, professeur de philosophie à la Faculté des Lettres de Lyon.
La Revue du Lyonnais. Série 1. Numéro 10 [1839]. Pages 443-455.

Le texte est également édité en 1840, en tiré à part, avec un titre spécifique : Définition de la philosophie, son passé, son présent.

Le discours débute ainsi : « Si, pour la première fois, une chaire destinée à l'enseignement public de la Philosophie est établie dans la ville de Lyon, le goût des études philosophiques n'y est pas une chose nouvelle. […] ».
En 1839, c'est la première fois que La Revue du Lyonnais, créée en 1835, fait paraître un texte de Francisque Bouillier, qui vient d'être nommé professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Lyon. Jusqu'en 1864, date à laquelle F. Bouillier devient pour quelques mois recteur de l'Académie de Clermont, c'est une vingtaine de textes qui seront publiés dans la Revue du Lyonnais.

ANNÉE 1840.

1840.
Définition de la philosophie, son passé, son présent.
Publié en tiré à part [Lyon : impr. de L. Boitel. In-8, 15 p., 1840].

Il s'agit du texte du Discours d'ouverture prononcé à la séance inaugurale du cours de Philosophie à la Faculté des Lettres de Lyon.
C'est un arrêté du 18 septembre 1838, d'Achille de Salvandy [1795-1856] ministre de l'Instruction publique, qui nomme les professeurs de la Faculté des Lettres de Lyon, récemment recrée.
Cet arrêté fournit les noms des différents professeurs : en Philosophie l'abbé Joseph Matthias  Noirot [1793-1880] ; en Histoire Achille François [1809-1865] ; en Littérature ancienne Nicolas Joseph Demons ; en Littérature française Jacques Auguste Raynaud ; en littérature étrangère Edgar Quinet [1803-1875].
Mais c'est finalement Francisque Bouillier qui est  finalement nommé professeur de Philosophie, l'abbé Noirot, professeur au collège royal ayant refusé le poste proposé par V. Cousin, mais qui espérait voir la chaire de philosophie occupée par le très catholique Frédéric Ozanam [1813-1853] nommé à la chaire de Droit commercial créée par la municipalité de Lyon [juillet 1839].

Le cours inaugural de Francisque Bouillier a lieu en décembre 1839.
L'enseignement de Francisque Bouillier à la Faculté des Lettres est immédiatement attaqué par les catholiques. Leur porte-parole est le professeur de philosophie Pierre Clément Gourju [1814-1899] qui publie une brochure : Note sur le retour au christianisme par la philosophie, à l’occasion du discours d’ouverture prononcé par M. Bouillier, professeur à la Faculté des lettres de Lyon, par M. P. C. Gourju [Roanne : impr. de Périsse. In-4, 16 p., 1840] : « Les quelques mots qui ont été blâmés dans la profession de foi émise par M. Bouillier lui viennent de la bouche de M. Cousin, nous a-t-on dit. Si cela était, le fait n’aurait rien d’honorable pour le maître ni pour le disciple. Que M. Cousin, qui flotte à tout vent de doctrine philosophique et politique, soit bien aise d’inoculer ses opinions, chacun le comprend ; mais que le jeune et brillant professeur ne veuille pas conquérir l’indépendance de son langage, c’est de quoi peuvent s’affliger les cœurs honnêtes ».
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ANNÉE 1841.

1841.
Exposition de la doctrine de Fourier. Du cours de M. Ch. Victor Considérant, par Francisque Bouillier.
En tiré à part : [Lyon : impr. de L. Boitel. In-8, 16 p., 1841].

Le texte est paru initialement comme article dans La Revue du Lyonnais : série 1, numéro 13 [1841], pages 242-254.

Francisque Bouillier rend compte des leçons de Ch. Victor Considérant, exposant la doctrine de Fourier. Il achève son article en écrivant : « La part de la doctrine de Fourier est encore assez grande et belle, et l'humanité aura sans doute quelque reconnaissance pour la mémoire de ceux, qui comme Fourier et son disciple, ont consacré tous leurs travaux, toutes leurs pensées à améliorer les conditions de son existence en ce monde ».

La Revue du Lyonnais a été créée en 1835, sous l'impulsion de l'imprimeur Léon Boitel [1806-1855]. Elle prend le nom de Revue de Lyon [1849-1850], de Revue lyonnaise [1881-1885], de Revue d'histoire de Lyon [1902-1914]. Elle cesse de paraître après 1924.

ANNÉE 1842.

En 1842, Francisque Bouillier est élu correspondant de l'Académie des Sciences morales et politiques.

Dans la séance du vendredi 22 avril 1842, Francisque Bouillier est élu correspondant de l'Institut [Académie des Sciences morales et politiques], dans la section de philosophie [place 2] en remplacement de Pierre Prévost [1751-1839], décédé le lundi 8 avril 1839.
Sur vingt-deux votants, F. Bouillier obtient dès le premier tour vingt et un suffrages ; Hervé Bouchitté [1795-1861], professeur d'Histoire au collège de Versailles,  un suffrage. Joseph Marie Blanc Saint Bonnet [1785-1841], avocat, métaphysicien et maire de Lyon, qui avait également été présenté par la section n’obtient aucun suffrage.

1842.
*Théorie de Kant sur la religion dans les limites de la raison, ouvrage traduit de l'allemand par M. le Docteur Lortet ; précédé d'une Introduction par M. Francisque Bouillier, membre correspondant de l'Institut, professeur de philosophie à la Faculté des Lettres de Lyon.
[Paris : Joubert, libraire, rue des Grès, 14, près de la Sorbonne ; Lyon : Ch. Savy jeune, libraire-éditeur, quai des Célestins, 48. In-12, XLII-106 p., 1842].

L'Introduction annoncée sur la page de titre est une Préface. Francisque Bouillier y écrit : «L'ouvrage que nous publions est un abrégé de l'ouvrage de Kant, qui a pour titre : De la Religion dans les limites de la raison. Cet abrégé est généralement attribué à Kant lui-même […] ».
Le docteur Pierre Lortet [1792-1868], établi comme médecin à Lyon ; lié à Edgar Quinet, à Jules Michelet et à Victor Cousin ; membre de l'Académie des Sciences, belles-lettres et arts de Lyon ; a vécu quelques mois en Allemagne [1827] où il s'est marié.
Il traduit Johann Gottlieb Fichte :  De l'Idée d'une guerre légitime [Lyon : L. Baboeuf. in-8, XVI-50 p., 1831]  ; et Immanuel Kant : Théorie de Kant sur la religion dans les limites de la raison [Paris : Joubert, libraire, rue des Grès, 14, près de la Sorbonne ; Lyon : Ch. Savy jeune, libraire-éditeur, quai des Célestins, 48. In-12, XLII-106 p., 1842].

Pierre Lortet aura également une carrière politique, comme député du Rhône à l'Assemblée nationale en avril 1848.

Les deux premières publications importantes de Francisque Bouillier, en dehors de sa thèse sont consacrées à la philosophie allemande [Kant, 1842 ; Fichte, 1845]. Mais en réalité V. Cousin a déjà orienté le travail de Francisque Bouillier sur Descartes : la préparation puis la rédaction du Mémoire, lié au prix de la section de philosophie  de l'Académie des Sciences morales et politiques a mobilisé Bouillier de juin 1838 à juin 1840. Par la suite F. Bouillier laissera de côté la philosophie allemande.

1842.
Du sens commun rationnel et du sens commun empirique.
Discours d'ouverture prononcé [en 1842] par M. Bouillier à la Faculté des Lettres de Lyon.
Republié comme article paru dans La Revue du Lyonnais : série 1, numéro 16 [1842], pages 507-520.

Pour Francisque Bouillier la philosophie a à combattre deux ennemis. « Placé entre ces deux sortes d'ennemis, il est de mon devoir de défendre contre les uns et contre les autres, les intérêts qui m'ont été confiés par l'état, le jour où je fus nommé à cette chaire ».

Le texte de ce discours d'ouverture est republié en 1844, comme une des deux annexes à l'ouvrage Théorie de la raison impersonnelle.

1842.
Histoire et critique de la révolution cartésienne, par M. Francisque Bouillier, ancien élève de l'École normale, professeur de philosophie à la Faculté des Lettres de Lyon.
[Lyon :  Imprimerie de L. Boitel, quai Saint-Antoine, 36. In-8, VII-448 p., 1842].

Un tirage paraît aussi à Paris [Paris : Joubert. In-8, VII-448 p., 1842].
L'ouvrage paraît bien en 1842, et non en 1844, comme il est parfois indiqué.

Le livre, profondément modifié, paraîtra en 1854, en deux volumes, comme deuxième édition, sous le titre : Histoire de la philosophie cartésienne.
Enfin une troisième édition, du vivant de Francisque Bouillier, paraît en 1868.

Le point de départ de l'ouvrage est le manuscrit du Mémoire, rédigé par Francisque Bouillier entre juin 1838 et juin 1840, pour répondre au sujet du prix proposé par la section de philosophie [prix du Budget] de l'Académie des Sciences morales et politiques le 23 juin 1838, et dont le terme est fixé au 15 juin 1840 : Examen critique du cartésianisme.
Francisque Bouillier est un des deux lauréats à obtenir le prix en avril 1841, à partager avec l’essayiste Jean Bordas-Demoulin [1798-1859].

C'est le texte du Mémoire remanié selon les directives de Jean Philibert Damiron qui non seulement sera édité en 1842 sous le titre Histoire et critique de la révolution cartésienne, mais en même temps c'est cet ouvrage qui lui servira de passeport pour être élu du premier coup, et presque à l'unanimité, correspondant de la section de Philosophie de l'Académie des Sciences morales et politiques le 22 avril 1842, en remplacement de Pierre Prévost [1751- 1839], décédé le 8 avril 1839. Francisque Bouillier étant élu à la place 2, la section de Philosophie pour les correspondants est alors composée de l’anglais William Hamilton [place 1] ; de l’allemand Christian August Brandis [place 3] ; de l’allemand Heinrich Ritter [place 4] ; de l’anglais James Prichard [place 6]. La place 5 est vacante depuis le décès d’Esquirol, début janvier 1834, et ne sera remplacée qu’en février 1847.

Toute sa vie durant Francisque Bouillier va apparaître comme le spécialiste incontesté de Descartes. Il va profiter de cette reconnaissance et conforter son statut en publiant, surtout  pour l'Académie des Belles-lettres et des arts de Lyon, de nombreux articles se rapportant de près ou de loin à Descartes [Arnauld, Bossuet, Fontenelle, Malebranche, Nicole]. 
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ANNÉE 1843.

En 1843, Francisque Bouillier est élu associé libre de l'Académie des Beaux-Arts, sciences et lettres de Lyon. Sera élu membre titulaire, le 31 décembre 1845.

1843.
*Oeuvres philosophiques du Père Buffier de la Compagnie de Jésus. Avec notes et introduction par Francisque Bouillier, membre correspondant de l'Institut et Professeur à la Faculté des Lettres de Lyon.
[Paris : Charpentier, libraire-éditeur, 29 rue de Seine. In-18, XLVI-475 p., 1843]. Table des matières, pages 471-475.

Contient de Claude Buffier [1661- 1737] : Traité des premières vérités ; Éléments de métaphysique ; Examen des préjugés vulgaires.
Il existe aussi, à la même date, une édition portant la mention d'éditeur : Adolphe Delahays, libraire.
L'ouvrage s'inscrit dans le prolongement de l'étude de Descartes et du cartésianisme. Pour un certain nombre de critiques l'oeuvre de Buffier annonce aussi les thèses de la philosophie écossaise sur le sens commun.
Alors que la Bibliothèque Charpentier voit le jour en 1838, c'est en 1842 que commence à paraître chez Charpentier, en format in-18, une bibliothèque philosophique à bon marché, collection qui compte rapidement une vingtaine de titres, avec les contributions de Victor Cousin, Francisque Bouillier, Amédée Jacques, Francis Riaux, Émile Saisset, Jules Simon.

1843.
Du caractère religieux de la philosophie enseignée dans l'Université.
Discours d'ouverture prononcé [en 1843] par M. Bouillier à la Faculté des Lettres de Lyon.
Article paru dans La Revue du Lyonnais : série 1, numéro 18 [1843], pages 459-473.

Le texte de ce discours d'ouverture est republié en 1844, comme une des deux annexes à l'ouvrage Théorie de la raison impersonnelle.

1843.
A l'Académie des Sciences morales et politiques, Francisque Bouillier, élu correspondant de la section de Philosophie depuis le vendredi  22 avril 1842, lit, dans la séance du samedi 29 avril 1843 un Mémoire sur la Raison personnelle.

Le texte du Mémoire est destiné au Recueil des savants étrangers. Le Mémoire est transmis à la section de philosophie pour que celle-ci en fasse un rapport [samedi 29 avril 1843].
Il sera édité l'année suivante [1844] sous forme d'un ouvrage : *Théorie de la raison impersonnelle, par Francisque Bouillier, membre correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté des Lettres de Lyon. Avec en exergue une citation de Malebranche. [Paris : Joubert, libraire-éditeur, rue des Grès, n° 14, près de la Sorbonne. In-8, VII-400 p., 1844].

ANNÉE 1844.

1844.
Science des droits ou idéologie politique.
Revue du Lyonnais. Série 1, numéro 19 [1844], pages 102-104.

Dans la rubrique Bulletin bibliographique de la revue du Lyonnais, Francisque Bouillier rend compte de l'ouvrage de François Rittiez : Science des droits ou idéologie politique.
Si Francisque Bouillier reproche à Rittiez sa critique de l'éclectisme, il n'en déclare pas moins : « La Science des droits ou l'Idéologie politique est donc un livre de science et non un livre inspiré par l'esprit de parti et la polémique du jour, c'est un livre qui doit valoir à son auteur l'estime et la considération de tous les hommes qui pensent et qui étudient ».

L'avocat François Rittiez publie en 1844 : Science des droits, ou Idéologie politique [Paris : Pagnerre ; Lyon : Ch. Savy jeune. XXXIX-356 p., 1844]. F. Rittiez sera un moment rédacteur en chef du censeur de Lyon.

1844.
Identité du principe philosophique accusé de panthéisme avec les principes fondamentaux de la théologie chrétienne.
Revue du Lyonnais. Série 1. numéro 19 [1844]. Pages 275-285.

Une note en bas de première page précise : Cet article est un chapitre détaché à l'avance d'un nouvel ouvrage de M. Bouillier qui doit incessamment être publié à Paris, chez Joubert, sous ce titre : De la Nature de la Raison impersonnelle.<