Clermont-Ferrand : Aufauvre, premier professeur de philosophie

Alexandre Aufauvre [1750-1830] est le premier professeur de philosophie nommé au lycée impérial de Clermont-Ferrand [Puy-de-Dôme]. Il y enseigne sur toute la période qui va de fin 1809 à 1816.

De fin 1809 à octobre 1815, est en même temps titulaire de la chaire de Philosophie à la Faculté des Lettres de Clermont. 
Né le 16 avril 1750, à Moulins [Bourbonnais, aujourd'hui département de l'Allier] ; mort le 10 février 1830, à Clermont-Ferrand  [Puy-de-Dôme].
1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE DANS LES LYCÉES.
L'article 5, du titre 1er, du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université, définit l'ordre des écoles et leurs fonctions spécifiques, au nombre de six : Facultés ; Lycées ; Collèges, écoles secondaires communales ; Institutions, écoles tenues par des instituteurs particuliers ; Pensions, appartenant à des maîtres particuliers ; Petites écoles, écoles primaires.
Aux Lycées revient l'enseignement de la Logique, indiqué dans la liste des matières enseignées : Langues anciennes, Histoire, Rhétorique [anciennement Belles-Lettres], Logique, et les éléments des Sciences mathématiques et physiques. 
Cet enseignement de la Logique est à comprendre encore dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues, comme analyse du jugement. 
Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement. 
L'article 5 indique : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.
L'article 17 du règlement du 19 septembre 1809 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; ainsi que l'Histoire des opinions des philosophes. 
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Il est indiqué également : Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».
Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide une extension : « Il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».
LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], alors « Bibliothécaire du Prytanée français [Louis-le-Grand] », depuis le 9 frimaire an XII [1er décembre 1803]. Démarche auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808. 
Intervention complétée par une lettre à Louis de Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808. Texte dont rend compte François Mignet, dans sa Notice historique sur Laromiguière [1862]. 
C'est ce qu'indique clairement, Prosper Alfaric, dans son ouvrage : « Laromiguière et son École. Étude biographique » [Paris : Les Belles-Lettres. 1929. pages 63 sq.].
1809-1815. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE DE CLERMONT.
C'est dans ce cadre qu'Alexandre Aufauvre, est chronologiquement, à partir de la fin de l'année 1809, le premier professeur de philosophie au lycée de Clermont [département du Puy-de-Dôme, académie de Clermont-Ferrand], classé lycée de troisième classe.
Il y reste en poste, comme professeur de philosophie, jusqu'en 1817.
En 1809 les lycées de troisième classe sont ceux de : Avignon ; Bonn ; Bourges ; Cahors ; Casal ; Clermont-Ferrand ; Dijon ; Gand ; Grenoble ; Limoges ; Moulins ; Nancy ; Napoléonville [Pontivy] ; Pau ; Poitiers ; Rodez.
Alexandre Aufauvre est remplacé en 1817 dans la chaire de philosophie [le lycée devient collège en 1814], par l'abbé Pierre François Toussaint de La Rivière [1762-1829], ancien professeur de Grammaire générale à l'École centrale du département du Calvados [Caen], futur proviseur du lycée d'Orléans [1820-1826], puis inspecteur d'académie à Strasbourg [1827-1829].
L'abbé Pierre François Toussaint de La Rivière [1762-1829], alors qu'il est professeur de philosophie au collège royal de Clermont, est en même temps l'aumônier du lycée.
LES PROFESSEURS DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE, PUIS COLLÈGE ROYAL, DE CLERMONT.
Les différents professeurs de philosophie au lycée, puis collège royal, de Clermont, sont successivement :
Alexandre Aufauvre [1750-1830], de fin 1809 à 1816 ; l'abbé Pierre François Toussaint  de La Rivière [1762-1829], de 1817 à 1820 ; l'abbé Dardé, en 1821 et 1822 ; l'abbé Auguste Jalabert [1796-1873], suppléant de l'abbé Dardé en 1822, suppléant encore de 1822 à 1824, puis titulaire à partir de 1825, en poste pendant près de trente ans, jusqu'en 1850 ; Adrien Delondre [1824-1863], à partir de septembre 1850 jusqu'en 1854.
Cette succession des professeurs de philosophie au collège de Clermont ne correspond pas au schéma qui est généralement celui de l'histoire institutionnelle. En effet  généralement c'est après 1830, et au plus près de cette date, qu'on assiste à une laïcisation systématique du corps enseignant. Ici, au contraire, à Clermont, cette laïcisation intervient très tardivement, seulement en septembre 1850, avec la nomination d'Adrien Delondre [1824-1863], ancien élève de l’École normale supérieure [1845]. 
1809-1815. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE, FACULTÉ DES LETTRES DE CLERMONT.
Selon la norme de l'époque, sa position de professeur de philosophie [professeur de première classe] au lycée de Clermont permet à Alexandre Aufauvre d'être, en même temps, professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres.
Il est titulaire de la chaire de fin 1809, au 31 octobre 1815.
En effet, la Faculté de Clermont est supprimée le 31 octobre 1815. Suppression prise par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique, commission présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816.
Clermont est l'une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ;  Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
Les autres professeurs à la Faculté de Clermont sont : pour la Littérature latine : de Pons, en 1810 et 1811 ; pour la Littérature grecque : Jean Baptiste Morin [1770-1857] ; pour la Littérature française : Dominique Toulouzet [1765- ] ; pour l'Histoire, Charles Vacher de la Tournemine [1755-1840], en 1810 [en même temps recteur de l'académie], puis Jean Desribes [1759-1833], de 1810 à 1815 [second recteur de l'académie].
La Faculté des Lettres de Clermont est rétablie par le décret du 22 août 1854. Le professeur de Philosophie est Jean Félix Nourrisson [1825-1899], d'abord chargé de cours [1854-1855], puis titulaire [1855-1858], nommé à partir de 1858 professeur de logique à Paris, au lycée Napoléon [aujourd'hui Henri-IV]. 
CURRICULUM.
1773. COLLÈGE DE MOULINS.
Professeur de philosophie au collège de Moulins, de 1773 à 1880.
1780. PRÉCEPTEUR À PARIS ET ÉMIGRÉ.
Les indications concernant cette période sont fournies par le site concernant les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle [facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/prof_facultes_1808_1880.php] : « Le collège de Moulins ayant été confié, en 1780, aux Doctrinaires, il [Alexandre Aufauvre] se rend à Paris où il enseigne dans plusieurs pensionnats jusqu'en 1790. Il est ensuite chargé de l'éducation du fils du comte de Kersalaun et le suit en Espagne puis en Italie jusqu'aux approches du 18 fructidor. Arrivé à Marseille, il est arrêté et transféré à Aix. Il doit son salut à Jean François Rostan, négociant à Marseille, chez qui il se cache jusqu'à la fin du Directoire. Il revient ensuite à Moulins ».