Fèvre, Victor (1816-1860), de l’École normale à la chaire de Littérature étrangère à Dijon

C'est, pour Victor Fèvre, ancien élève de l'École normale [1837], reçu dans un bon rang, un parcours classique : agrégation [1839], enseignement en province [1839-1853], puis nomination comme inspecteur [1853]. Son doctorat ès-lettres [1858], lui ouvre la possibilité de poursuivre sa carrière. Mais, nommé professeur de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Dijon, la maladie, puis son décès, l'empêchent d'enseigner.

Victor [Henri] Fèvre [1816-1860]. Professeur de littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Dijon. Né le 19 novembre 1816, à Auxerre ; mort en 1860.

Élève du collège Louis-le-Grand et du collège Saint-Louis.

1837. ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE.
Ancien élève à bourse entière de l'École normale [1837], classé cinquième sur seize élèves reçus.  
Sont reçus cette année 1837, dans l'ordre alphabétique :
Jules [Romain] Barni [1818-1878] ; Frédéric Baudry [1818-1885], philologue ; Alexandre [Stanislas] Cartault, [1813-1918], professeur de quatrième au lycée Louis-le-Grand ; Joseph Clavel [ -1851], professeur d'histoire au lycée de Bordeaux ; [Auguste] Pierre Charles Damien, [1817-1891], futur professeur de Littérature à la Faculté des Lettres de Clermont ; Pierre Danguy, [-1854], futur secrétaire de l'académie départementale de Tarn et Garonne ; [Jean François] Auguste Dellac, agrégation des lettres en 1847, professeur de seconde au lycée de Laval ; Victor [Henri] Fèvre, [1816-1860], agrégation de grammaire en 1839, nommé professeur de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Dijon ;   Gaëtan [Gaston Myrtil] Giboureau [1817- ], professeur de première au lycée de Moulins ; Charles Hanriot, [1818-1895], membre de la première promotion de l'École française d'Athènes, futur professeur de Littérature grecque à la Faculté des Lettres de Poitiers ; Charles Lebreton, [1817- ], professeur de première au collège de Lorient ; Joseph Lobrot, [ -1861], professeur de première au collège de Remiremont ; Benjamin Nicolas, [ -1871] professeur d'Histoire à la Faculté des Lettres de Poitiers ; Auguste Noël, [1818-1892], professeur de rhétorique au lycée Hoche de Versailles ; Pajot, professeur d'histoire au lycée de Mâcon ; [Auguste] Maurice Poinsignon [1814-1899], Inspecteur d'académie à Châlons-sur-Marne ; Édouard Saviot [ou Savio], [1818- ], agrégation d'histoire et géographie en 1841, professeur d'histoire au lycée de Bourges ; Alexandre Auguste Stanislas Tartault [1815- ].

1839. AGRÉGATION DE GRAMMAIRE.
A la sortie de l'École, où il effectue une scolarité de deux ans, est reçu à l'agrégation de grammaire en 1839.
Sont reçus cette année, dans l'ordre de classement : Victor Fèvre, Toussaint Eugène Genouille [1811-1881], futur professeur au collège royal de Saint-Louis ;  Louis Leproult ; Alexandre Cartault [1813-1918], [ancien élève de l'École normale, 1939] ; Jean Baptiste Geoffroy ; Charles Picquet [1814-1874], [ancien élève de l'École normale, 1934] ; Auguste Cossin ; Pierre Prieur.

1839-1853. POSTES D'ENSEIGNEMENT.
Après l'agrégation [1839], est nommé, dans l'académie de Paris, à Reims, comme professeur de quatrième. L'année suivante [1840] est nommé à Versailles, en classe de sixième.
Occupe différents postes : en 1843, collège royal de Dijon, dans la classe de sixième ; à Bordeaux ; à Caen.
Est nommé à nouveau au collège royal, puis lycée, de Bordeaux, vers 1846, mais cette fois en classe de quatrième. Il y reste sept ans.

1853. INSPECTEUR D'ACADÉMIE DE SEINE-INFÉRIEURE.
En 1853, Victor Fèvre , est nommé inspecteur de l'académie de Seine-Inférieure.

Depuis août 1850, à la suite de la loi organique du 15 mars 1850, inspirée par Alfred de Falloux [1811-1886], et mise en œuvre par le ministre de l'Instruction publique et des Cultes [octobre 1849-janvier 1851] Félix Esquirou de Parieu [1815-1893], a modifié profondément le fonctionnement universitaire : les académies, jusqu'alors regroupement de départements, voient leur ressort restreint. Conçues pour un encadrement plus étroit du personnel enseignant, elles deviennent strictement départementales et de " petits recteurs ", aux attributions réduites, sont nommés.
Pour beaucoup d'entre elles, les recteurs disposent seulement d'un secrétaire pour les assister. Pour quelques unes, les plus importantes, les recteurs disposent d'un inspecteur d'académie. C'est la cas de la Seine-Inférieure.

Victor Fèvre, qui succède à Louis Quesnault-Desrivières, ancien professeur au collège royal de Caen, futur proviseur du lycée de Nîmes, assiste Narcisse Landois [1800-1874], recteur départemental de la Seine-Inférieure, établi à Rouen chef-lieu académique [5 février 1853-24 août 1854].
Victor Fèvre reste en fonction jusqu'au 24 août 1854, date à laquelle les quatre-vingt-six académies départementales sont toutes remplacées par seize nouvelles académies inter régionales.

1855. INSPECTEUR D'ACADÉMIE DE DOUAI.
En 1854, les académies inter régionales sont rétablies, au nombre de seize. Chacune comporte autant d'inspecteurs que de départements du ressort de l'académie.

Victor Fèvre est l'un des six inspecteurs qui assistent Jean Jacques Guillemin [1814-1870], recteur de l'Académie de Douai depuis le 22 août 1854.
Les différents inspecteurs de l'académie de Douai se répartissent de la manière suivante :

Pour le département du Nord, Charles Louis Constant Camus [1797-1865], ancien recteur départemental de l'Académie de la Moselle [septembre 1853-août 1854], nommé quelques jours Inspecteur d'académie à Nancy, en résidence à Lille.

Pour le département de l'Aisne, Jean François Adolphe Dumouchel [1804-1870], ancien recteur départemental de la Haute-Savoie [mars 1851-août 1854] en résidence à Laon [août 1854-avril 1864].

Pour le département des Ardennes, Bonnin-Dubessay en résidence à Mézières.

Pour le département du Pas-de-Calais, Lavocat en résidence à Arras.

Pour le département de la Somme, Jean Baptiste Ferdinand Allou [1805-1876], en résidence à Amiens [août 1854-janvier 1865], ancien recteur de l'académie de la Somme, futur recteur de l'académie de Clermont [janvier 1865-août 1868] ;

Pour le département du Nord, Victor Fèvre [1816-1860], en résidence à Douai, chef lieu académique.
Il reste en fonction jusqu'en 1856-1857. Puis obtient un congé pour raisons de santé.

1858. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
Victor Fèvre met à profit son congé dans le Midi de la France, pour préparer son doctorat. L'obtention du doctorat ès-lettres est pour lui le moyen de pouvoir poursuivre sa carrière, soit pour devenir professeur en Faculté, soit pour être éventuellement nommé comme recteur, car la nouvelle législation impose maintenant l'obtention de ce diplôme pour être nommé à un tel poste.

Victor Fèvre devient *docteur ès-lettres [Paris, 1858], avec une thèse latine portant sur De Frequentato a sanctis patribus soliloquiorum genere commentatio.
[Lutetiae Parisiorum : ex typis J.-B. Gros et Donnaud. In-8. 80 p., 1858].

La thèse française a pour titre : Étude des "Morales " de saint Grégoire-le-Grand sur Job.
[Paris : imprimerie de J.-B. Gros et Donnaud. In-8, 140 p.,1858].

1860. LA CHAIRE DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE À DIJON.
La Faculté des Lettres de Dijon a été créée en 1809. Elle est, avec Besançon, Paris, Strasbourg, Toulouse, une des rares Facultés des Lettres à être maintenue en 1815, à la Seconde Restauration, qui supprime dix-sept facultés de Lettres.

Mais en 1848, des remaniements sont apportés à l'organisation des Facultés : d'une part fusion des chaires de Littérature latine et de Littérature grecque, en une seule chaire de Littérature ancienne ; d'autre part, création d'une chaire de Littérature étrangère.
À Dijon, la chaire de Littérature étrangère a été créée par l'arrêté du 9 novembre 1848.
Après le doctorat, Victor Fèvre est nommé dans la chaire de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Dijon, pour succéder à Louis Benloew [1818-1900], philologue allemand naturalisé français, premier titulaire de la chaire [1848-1858], nommé en 1860 dans la chaire de Littérature ancienne nouvellement créée [1860-1882], regroupant les enseignements de Littérature latine et de Littérature grecque.

Mais Victor Fèvre décède avant d'avoir pu prendre ses fonctions. Il est alors remplacé par Léon Boré [1807-1883], ancien inspecteur d'académie en résidence à Besançon, qui vient de soutenir une thèse sur Vauvenargues [1858], titulaire de la chaire de 1860 à 1870.

SOURCE.
Annuaire de l'Association des anciens élèves de l'École normale. [1860. page 95].  Dans l'Annuaire, Victor Henri Fèvre est indiqué, de manière erronée, comme appartenant à la promotion 1836.