Anot, Auguste (1794-1879), professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Poitiers

Auguste Anot fait partie de cette génération de normaliens qui forment la cohorte des premiers enseignants des Facultés des Lettres, reconstituées par ordonnance royale : Bordeaux, Lyon, Montpellier, Rennes, en 1838 ; Poitiers, en 1845 ; Aix, en 1846.  Il enseigne la Littérature française à la Faculté des Lettres de Poitiers pendant dix-huit ans.

 

[Jean Baptiste] Auguste Anot. Né le 7 septembre 1794, à Saint-Germainmont, dans les Ardennes ; mort, le 18 juillet 1879, à Bordeaux.

1818. ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE.
Ancien élève de la neuvième promotion de l’École normale [1818], dont le médecin François Guéneau de Mussy [1754-1857] est le directeur depuis septembre 1815.

Sont reçus en 1818, dans l’ordre alphabétique : Pierre Ader [-1819] ; François Agnant, Professeur de rhétorique au lycée de Besançon ; Auguste Anot ; Jean Barreau, professeur de lettres au gymnase de Luxembourg ; Pierre Boulle, Professeur de philosophie au collège de Bergerac ; Eusèbe Corbin [ -1855], médecin de l’Hôtel-Dieu d’Orléans ; Amédée Daveluy [1799-1867], premier directeur de l’École d’Athènes [1846-1867] ; Louis Dubois [ -1884], professeur au collège Rollin ; François Dunoyer [1799-1881], recteur de l’Académie de Nancy ; Jean Baptiste Forneron [1797-1886], proviseur du lycée Bonaparte [1856-1865] ; Jean Baptiste La Bastide [1797-1863], recteur départemental de l’Académie de l’Oise [1853-1854] ; Jean Ladevi-Roche [1794-1871], professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Bordeaux ; Étienne Lemoyne, Inspecteur de l’Académie de Toulouse ; François Maugé [ -1832], chef d’institution à Paris ; Victor Peytel, médecin à Paris ; François Raison [1799-1868], Professeur à la Faculté des Lettres de Dijon ; François Rara, Professeur de troisième au lycée de Douai ; Jean Ribout [1799-1854], professeur de cinquième au lycée Louis-le-Grand ; Hippolyte Royer-Collard [1802-1850], médecin ; Jean-François Stiévenart [1794-1860], Professeur de littérature grecque et Doyen de la Faculté des Lettres de Dijon.

Auguste Anot y fait une scolarité de trois ans. Il y obtient sa licence, diplôme qui lui permet d’enseigner. Après quoi, il est nommé au collège de Nevers.

1821. RÉGENT AU COLLÈGE DE NEVERS.
Fin septembre 1821, Auguste Anot est nommé régent de troisième au collège de Nevers. Il y est affecté, en remplacement de Jean Baptiste Désiré Labastide, lui aussi ancien élève de l’Ecole de la promotion 1818, nommé à Nevers, mais appelé au bout de quelques jours au collège royal de Rennes.

Sont alors enseignants au collège de Nevers, Aimé Bodin, régent de rhétorique ; Jean Baptiste Laporte, professeur de seconde ; Lancelot, régent de quatrième ; Adolphe Félix Gatien-Arnoult, régent de cinquième ; Joachim Garnier, régent de sixième.

Auguste Anot reste au collège de Nevers jusqu’en 1823.

1824. AGRÉGATION DES LETTRES À CAHORS.
Depuis 1821, les concours d’agrégation, en lettres et en grammaire, parfois même en sciences, sont « académiques », autrement dit se déroulent selon les besoins de chaque académie.

À partir de 1830, l’agrégation devient un concours national.  
Anot est le seul agrégé des lettres à Cahors cette année 1824. Les autres agrégés des lettres sont Aimé Thuillier, Joseph Chanut à Paris ; Thomas Delhomme, ancien élève de l’École normale en 1819, à Rouen.
Après l’agrégation, Auguste Anot enseigne en rhétorique au collège communal de  Condom, puis au collège royal de Cahors.

1832. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
Docteur ès-lettres [Toulouse, 10 janvier 1832], la même année qu’Adolphe Franck avec une thèse : Avantages de l’enseignement de l’histoire nationale [Toulouse. In-8].
La thèse latine porte sur De Animi facultatibus [Toulouse. In-8].
Les thèses ne sont éditées qu’à l’usage de la Faculté.

ENSEIGNEMENT À LYON.
Après le doctorat enseigne à Lyon.
Auguste Anot est alors élu à l'Académie royale de Lyon, après avoir été couronné pour un Mémoire répondant à la question : Quelle est le meilleur système d’instruction et d’éducation dans une monarchie constitutionnelle ?

1834. PROFESSEUR AU COLLÈGE DE BORDEAUX.
Auguste Anot enseigne par la suite la rhétorique au collège royal de Bordeaux, où Ladevi-Roche enseigne la philosophie.
Alors qu’il y est professeur Auguste Anot participe à un concours proposé par l’Académie nationale des Sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux pour lequel il adresse un Mémoire intitulé Influence sur la civilisation des trois grands ouvrages de Montesquieu, Lettre Persanes, l’Esprit des lois, Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains.
Il obtient la médaille d’or de trois cents francs [1837].

Il avait également fait hommage, à l’Académie des Sciences, belles-lettres et arts, d’un ouvrage intitulé De l’Instruction et de l’Éducation dans une monarchie constitutionnelle, qui avait été composé initialement à l’intention de l'Académie royale de Lyon. Le sujet avait en effet été proposé par l’Académie de Lyon sur cette question : Quelle est le meilleur système d’instruction et d’éducation dans une monarchie constitutionnelle ?
Le Mémoire d’Anot avait été couronné par l’Académie de Lyon. Puis publié sous le titre : De l'Instruction et de l'éducation dans une monarchie constitutionnelle. Fait l’objet d’une publication à part, paraissant à la fois à Paris et à Bordeaux [Paris : Hachette ; Bordeaux, Vve Laplace. In-8. 88 p.,1836].

1838-1846. RECONSTITUTION DE FACULTÉS DES LETTRES.
La Faculté des Lettres de Poitiers a été créée en 1810, dans le cadre de l’Université impériale, avec quatre chaires : Philosophie, Éloquence latine, Éloquence française, Histoire.

Mais elle est supprimée en fin 1815, par la Restauration. En effet un arrêté de la commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816, décide de la suppression de Facultés au sein de dix-sept Académies. Ainsi, la Faculté des Lettres de Poitiers est supprimée, tandis que la Faculté de Droit est maintenue.

Une ordonnance royale du 8 octobre 1845, prise sous le troisième ministère Soult [alors que Narcisse Achille de Salvandy [1795-1856] est ministre de l’Instruction publique, de 1840 à 1845] décide de la recréation de la Faculté des Lettres de Poitiers. L’installation de la Faculté a lieu le 18 novembre 1845, par le délégué ministériel Saint-Marc Girardin [1801-1873], membre du Conseil royal de l’instruction publique.

Cette reconstitution de la Faculté de Poitiers s’inscrit dans un mouvement plus large qui voit la re-création des Facultés des Lettres de Bordeaux, Lyon, Montpellier, Rennes, par ordonnance royale du 24 août 1838 ; et la re-création de la Faculté des Lettres d’Aix, par ordonnance royale du 11 juin 1846.
 
1845-1863. PROFESSEUR DE LITTÉRATURE À LA FACULTÉ DE POITIERS.
Auguste Anot est nommé professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Poitiers [8 octobre 1845], dont l’historien Théodore Derôme [1796-1873] est le premier doyen.
Les différents enseignants, tous nommés le 8 octobre sont : Adolphe Bertereau [1811-1879] en philosophie ; Théodore Derôme [1796-1873] en Histoire ; Louis Eléonore Marie Magnier [1792-1875], en Littérature ancienne ; Auguste Anot [1794-1879], en Littérature française ; Edmond Arnould [1811-1861], en Littérature étrangère.

Auguste Anot reste en poste jusqu’en 1863, date à laquelle il est mis à la retraite. Il a alors soixante-neuf ans. Reçoit en compensation le titre de professeur honoraire, et se retire à Bordeaux.
Il est alors remplacé dans la chaire de Littérature française par Paul Albert [1827-1880], lui aussi ancien élève de l’École normale supérieure [1848], qui a occupé antérieurement à Poitiers, la chaire de Littérature ancienne.

1864. ÉTUDES SUR VOLTAIRE.
Alors qu’il est à la retraite, Auguste Anot fait paraître des Études sur Voltaire [Poitiers : impr. de H. Oudin. In-8. 1864], « dont le fond est peu bienveillant pour l’auteur  [Beaussire].

SOURCE.
Bulletin de l’Association des Anciens élèves de l’École normale. Année 1885. Pages 7 sq. Notice de Émile Beaussire [promotion 1844], professeur de Littérature étrangère à la faculté des Lettres de Poitiers [1858-1867].