Chang’e sur la Lune

Le 3 janvier 2019, à 10 heures 26, heure de Pékin, un rover s'est posé sur la face cachée de la lune. Déjà, relayées par un satellite, des premières images ont été reçues. Le lettré, amateur de la civilisation chinoise, appréciera le nom attribué à ce véhicule, le quatrième du genre : Chang'e I, Chang'e II, Chang'e III, Chang'e IV.

Chang'e est le nom d'une femme célèbre dans la mythologie chinoise. 
Elle est l'épouse de cet archer, du nom de Yi, qui de ses flèches abattit neuf des dix soleils qui s'étaient une fois, par jeu, élançés tous ensemble dans le ciel et qui menaçaient de leurs masses de feu de faire rôtir l'humanité toute entière.
Mais l'archer avait outrepassé sa mission. Il devait seulement arrêter ces enfants turbulents et non les abattre comme de vils corbeaux.
Aussi Yi est-il condamné, avec son épouse Chang'e, à rester sur terre et à y mourir un jour …
Heureusement, pour échapper à cette malédiction, Yi l'archer a obtenu de la toute puissante Reine mère de l'Occident, des pilules d'immortalité, qu'il devra partager avec son épouse.
On devine la suite…
Chang'e ne saurait attendre. Elle dérobe les pilules et les absorbe toutes. Non seulement elle devient immortelle, mais encore elle échappe à la pesanteur et au prix d'un long voyage dans l'obscurité s'élève jusqu'à la lune.
Qu'importe si selon les variantes du mythe, elle y devient crapaud ; lapin de jade astreinte à broyer sans fin les pilules d'immortalité ; ou bien si elle garde, dans son palais de glace, ses traits charmants de désirable jeune femme.
Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui Chang'e, comme « rover » est pour de bon un objet qui, une fois de plus fait basculer les rêveries mythologiques d'antan dans la réalité de la révolution scientifique et technique de notre époque.