Daireaux, Nicolas François Charles, proviseur du lycée Charlemagne (1759-1836)

A cheval entre le XVIIIe et le XIXe siècle, Charles Daireaux quitte assez vite la fonction enseignante pour assumer des fonctions d'autorité. Par la suite, il passe sans encombre la période heurtée de la Révolution française, quittant la position de principal du collège d'Harcourt [1790-1793] pour devenir, en 1811, le troisième proviseur du lycée Charlemagne.

Entre temps il a goûté à la vie politique locale. Mais, plus tard, en mars-juin 1815, son soutien manifeste à Napoléon pendant la période des Cent-Jours, porte un coup fatal à sa carrière universitaire.
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Nicolas François Charles Daireaux [1759-1836]. Né le 31 juillet 1759, à Gatteville (dit Gatteville-Phare) [Normandie, aujourd'hui département de la Manche] ; mort le 15 septembre 1836, à Cherbourg [Manche].
PARENTÉ.
Neveu d'un ancien principal du collège des Grassins, collège établi à Paris sur la Montagne Sainte-Geneviève : François Pierre Daireaux, principal de 1763 à 1772.
À distinguer aussi de Jacques Daireaux, clerc du diocèse de Coutances, reçu en 1770 à l'agrégation des Belles-Lettres, dite agrégation de second ordre.
PREMIÈRES ÉTUDES.
Études à Paris, au collège du Cardinal Lemoine, puis au collège d'Harcourt [sur l'emplacement duquel s'élèvera ultérieurement le collège Saint-Louis]. 
Licencié en Théologie.
Lauréat du Concours général de rhétorique.
CARRIÈRE AU COLLÈGE D'HARCOURT.
Mène une carrière d'enseignant au collège d'Harcourt. 
Le Collège d'Harcourt est fondé à la fin du XIII ème siècle [1280], et destiné initialement à des étudiants originaires de Normandie [comprenant les diocèses de Coutances, de Bayeux, d'Évreux et de Rouen]. 
Nicolas François Charles Daireaux est tout d'abord maître d'études, puis professeur de rhétorique [1773].
Ensuite il assume des fonctions d'autorité : principal des boursiers, du 24 mai 1784 à 1791. Puis principal en titre, de 1791 à fin 1793/janvier 1794, en remplacement de Pierre Duval [1730-1797], ancien proviseur et principal du collège.
PRIX COIGNARD D'ÉLOQUENCE LATINE.
Reçoit à plusieurs reprises le prix d'Éloquence latine que « M. Coignard, citoyen zélé pour le progrès des Belles-Lettres, et surtout de la Langue latine, a fondé depuis quelques années dans l'Université, en faveur des maîtres ès-arts » : en 1785, 1786, 1787, 1788.
Jean Baptiste Coignard [1693-1768], imprimeur et libraire du Roi et de l'Académie à Paris, d'une grande famille de libraires-imprimeurs, a fondé ce prix en 1750, d'une valeur de quatre cents livres, ouvert exclusivement aux maîtres ès-arts et professeurs de l'Université de Paris, de Caen et de Reims.
DERNIER PROVISEUR D'HARCOURT.
Compris dans le décret de la Convention du 15 septembre 1793, qui supprime les établissements de l'Université, le collège d'Harcourt, rue de La Harpe à Paris, ferme ses portes pendant la Révolution française. Nicolas François Charles Daireaux [1759-1836] en est, de 1790/1791 à fin 1793/janvier 1794, le dernier proviseur.
LE PERSONNEL DU COLLÈGE D'HARCOURT EN 1793.
Il figure sur la liste des professeurs, établie au moment de la fermeture du collège. [Nicolas François] Charles Daireaux [1759-1836], ancien professeur de rhétorique, en est le principal [1791-1793] ; Charles Daireaux et Jacques Th. Lécrivain, sous-principal. Pierre Coutures y est professeur de philosophie ; Pierre Claude Bernard* Guéroult [1744-1821], professeur de rhétorique, futur premier proviseur du lycée Charlemagne ; Jean Truffer [1746-1828], professeur de seconde, futur professeur de l'École centrale de la rue [Saint-] Antoine, à Paris ; Jean Marin Leseigneur [ou encore Le Seigneur], ancien professeur professeur de seconde à Lisieux [1760], professeur de troisième et en même temps procureur ; Gisles Vasse, professeur de quatrième ; Bernardin Gardin, professeur de cinquième ; Jean Baptiste Lhermitte, professeur de sixième. Ambroise Lefebure est bibliothécaire.
APRÈS 1793, RETIRÉ DANS LE DÉPARTEMENT DE L'EURE.
Après 1793, quitte Paris et se retire à Louviers dans l'Eure. S'est marié avec la veuve du drapier François III Le Camus. 
Administrateur de l'hospice civil. Juge au tribunal. Nicolas François Charles Daireaux, en brumaire an IV [octobre/novembre 1795], est élu à la municipalité de la ville de Louviers. Membre du Directoire du département [l'Eure].
1795. MEMBRE DU JURY D'INSTRUCTION.
Est nommé, au 4 floréal an III [23 avril 1795], membre du jury d'instruction de l'École centrale du département de l'Eure [Évreux], en même temps que Jean François Marmontel [1723-1799], refusant et bientôt remplacé [19 frimaire an IV/19 décembre 1795] par Daupeley, receveur des Domaines ; ainsi que François Rever [1753-1828], ancien député à l'Assemblée législative, futur professeur de Physique et Chimie à l'École centrale du département de l'Eure.
Les trois membres du Jury d'Instruction ont en charge la sélection et la nomination des professeurs de l'École centrale.  
LES PREMIERS PROFESSEURS DE L'ÉCOLE CENTRALE DE L'EURE. 
Les professeurs de l'École centrale de l'Eure, dans un premier temps, se répartissent de la manière suivante. Pour la première section, ouverte aux élèves ayant au minimum douze ans, Simon Bernard Lenoir [1729-1798] pour le Dessin, Jean François Delzeuzes, officier de santé pour l'Histoire naturelle, Barcq, pour les Langues anciennes ; pour la deuxième section, ouverte aux élèves ayant au minimum quatorze ans, Nicolas Lartois [1745-c. 1825], pour les Belles-Lettres, Michel Ozanne, pour les Mathématiques, François Rever[1753-1828], pour la Physique et Chimie ; pour la troisième section, ouverte aux élèves ayant au minimum seize ans, Deshayes, pour la Grammaire générale, Le Roux, pour l'Histoire, Alexandre Lerebourg, pour la Législation. François Rever [1753-1828], déjà professeur de Physique et de Chimie est également Bibliothécaire.
1811-1815. PROVISEUR DU LYCÉE CHARLEMAGNE.
Situé à Paris, au 101 de la rue Saint-Antoine, le lycée de la rue Saint-Antoine, autrement dit lycée Charlemagne, a été ordonné par un arrêté consulaire en date du 23 fructidor an XI [10 septembre 1803], en même temps que le lycée Napoléon [futur collège Henri-IV] ; et le lycée Bonaparte [futur lycée Condorcet] ; tandis que le lycée Louis-le-Grand a été ordonné le 3 thermidor an XI [21 juillet 1803].
Le lycée Charlemagne succède à l'École centrale de la rue Antoine, fonctionnant du 1er brumaire an VI [22 octobre 1797] jusqu'à la fin de l'an XII [septembre 1804], dans l'ancienne maison des Grands-Jésuites. 
Charles Daireaux est nommé proviseur du lycée Charlemagne, le 4 janvier 1811. 
Charles Daireaux succède à Pierre Claude Bernard* Guéroult [1744-1821], dit Guéroult l'aîné, ancien professeur à Harcourt, premier proviseur de Charlemagne, en fonction du 19 août 1804 à septembre 1809 ; puis à Pierre Crouzet [1753-1811], ancien proviseur du Prytanée de Saint-Cyr [1801], en poste, comme second proviseur du lycée Charlemagne, de septembre 1809 jusqu'au 1er janvier 1811, date de son décès en fonction. 
Charles Daireaux est le troisième proviseur du lycée de Charlemagne, il est nommé le 4 janvier 1811. 
Il est assisté par Jean Baptiste Targe [1740-1817], ancien censeur du lycée Bonaparte [1804-25 août 1807], censeur des études du 25 août 1807 au 26 septembre 1815. 
Charles Daireaux reste en fonction jusqu'au 24 août 1815. Il est alors remplacé par Joseph Dumas [1755-1837], quatrième proviseur, en poste du 24 août 1815 à février 1837, date de son décès en fonction. 
MAI-JUILLET 1815. REPRÉSENTANT DU DÉPARTEMENT DE L'EURE.
Déjà conseiller général, Nicolas François Charles Daireaux, pendant les Cent Jours [du 9 mai 1815 au 13 juillet 1815], est choisi, par le département de l'Eure, le 21 mai 1815, par 47 voix sur 78 votants, pour être son représentant à la « Chambre des représentants » pendant les Cent Jours [du 9 mai 1815 au 13 juillet 1815].
APRÈS 1815.
Suspendu de ses fonctions de proviseur à la seconde Restauration, compte tenu des positions prises pendant les Cent-Jours, est placé d'office en inactivité à la date du 27 septembre 1815. Sa pension est liquidée le 20 mai 1820.
ACTIVITÉ DE JOURNALISTE.
« Continua à habiter à Paris, d'abord rue Neuve-d'Orléans, 22 ; puis rue des Francs-Bourgeois, 15 » [cité in Fierville]
Écrit dans des journaux [fidèles à la Révolution] : coopère à la rédaction de la revue politique La Boussole ; fournit de nombreux articles à La Révolution ; La Tribune.
Reste à Paris, jusqu'en avril 1836, puis se retire à Cherbourg, dans sa famille. 
Meurt à Cherbourg, le 15 septembre 1836, des suites d'une chute de cheval. Il est alors âgé de soixante-dix sept ans.
DÉCORATION.
Officier de l'Université.
SOURCE.
1894. Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois [Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles, pages 273-274.
1961. Dictionnaire de Biographie française, sous la direction de Roman d'Amat.
[Paris : Librairie Letouzey et Ané. Tome neuvième. 1961]
Notice page 1511.
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