Concours général et Prix d’honneur. Lycées et Pensions au XIXe siècle

Tout au long du XIXème siècle, Paris attire de toute la France les meilleurs élèves désireux de poursuivre leurs études à la Faculté ou dans les Écoles supérieures. Encore faut-il les loger. C’est la fonction des pensions. Encore convient-il de célébrer les meilleures. C’est le rôle du Concours général et de son Prix d’honneur.

  1. PENSIONS ET MAÎTRES DE PENSIONS.
    À Paris, deux des quatre lycées impériaux, prenant le nom de collège royaux après 1814, Charlemagne et Condorcet [lycée Bonaparte, puis collège Bourbon], n’accueillent que des externes ou des demi-pensionnaires. Soit à peu près six cents élèves par établissement.
    Aussi les élèves non-parisiens, scolarisés dans ces établissements doivent se loger par leurs propres moyens, dans des pensions fournissant le clos et le couvert et assurant de surcroît, grâce à des < répétiteurs >, des cours complémentaires à ceux des collèges.
    Certaines de ces pensions sont spécialisées et réputées pour la qualité de leur enseignement des mathématiques préparant au concours de l’École Polytechnique et des autres écoles scientifiques : à savoir les Institutions Duhamel ; Garnier ; Liévyns ; Michelot ; etc.

Dans les années 1820, il existe à Paris une trentaine de ces pensions, signalées dans l’Almanach royal, désignées par le nom du < maître de pension> qui la dirige. On peut en faire la liste [dans l’ordre alphabétique] en fonction de leur proximité géographique avec les collèges.

Un premier groupe [le plus nombreux] est constitué par les pensions sises au Quartier Latin, donc proches de Louis-le-Grand, et de Henri-IV :
Adam, 7 rue de Rheims.
Brissaud, cul-de-sac des Feuillantines, faubourg Saint-Jacques.
Abbé Cottret, 34 rue des Postes.
Hallays-Dabot, 16 place de l’Estrapade.
Lecomte, rue de la Vieille-Estrapade.
Lefevre, 47 rue d’Enfer S. Michel.
Letellier, 48 rue de Vaugirard.
Mailhat, rue des Fossés-Saint-Victor.
Muraine, 282 rue Saint-Jacques.
Savouré, 7 rue de la Clef.
Wattier, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [à l’ancien collège de La Marche].

Un second groupe est constitué par les pensions sises dans ou autour du quartier du Marais, donc proche de Charlemagne :
Barbette, 9 rue d’Orléans.
Duprat, 35 rue Culture Sainte-Catherine
Ganser, rue de Thorigny.
Guillet, 9 rue Saint-Louis.
Massin, 10 rue des Minimes.
Petit, 30 rue Geoffroy l’Asnier.

Un troisième groupe est constitué par les pensions sises dans le quartier de la chaussée d’Antin, donc proche de Condorcet [lycée Bonaparte, puis collège Bourbon] :
Bintot, 43 rue de Clichy.
Butet, 49 rue de Clichy.
Delacour, 38 rue de Clichy.
Labbé, rue de la Pépinière.

L’adresse d’autres pensions sont sans rapport particulier avec le collège où leurs pensionnaires sont astreints à suivre leurs études.
Trois pensions sont rue de Picpus : Coutier, au 23 ; Giroust, au 18 ; Lottin, au 10.
Trois pensions sont peu éloignées des Champs-Élysées : Hix, 6 rue de Matignon ; Lemoine, 3 rue Neuve de Berry ; Lemercier, 3 rue Neuve de Berry.
Pour être complet, signalons Cimttierre, 93 rue de Reuilly ; Leroux, 33 rue de Montreuil ; Troncin, 142 rue du Faubourg S.-Martin.

Sans oublier Liautard, 18 rue Notre-Dame-des-Champs, qui deviendra en 1821 Collège Stanislas, collège de plein exercice.

Mais les numérotations des rues ne sont données ici qu’à titre indicatif. Les numéros se modifient en fonction de la construction de nouveaux immeubles faisant disparaître les espaces des jardins ; les institutions, relativement rentables, sont parfois vendues et prennent souvent le nom du nouveau propriétaire ; les institutions déménagent pour s’agrandir et s’établissent dans un autre quartier.

LA NOTORIÉTÉ DES PENSIONS.
Au-delà < du clos et du couvert > la dimension < répétition > est un enjeu essentiel.
Aussi la notoriété d’une pension se manifeste par le nombre de répétiteurs qu’elle peut employer ; par les succès qu’elle remporte, année après années, au Concours général ; le nombre de candidats qu’elle fait intégrer dans les grandes écoles [et notamment à Polytechnique] ; la durée de vie de l’institution [certaines ont été créées avant la Révolution française] ; et enfin la personnalité de son dirigeant.

La plupart des pensions disposent d’un ou deux répétiteurs. Certaines davantage, mais très rares celles qui en ont cinq ou six. Exceptionnelles sont les pensions comme celle de Pierre Roland François Butet de la Sarthe, dite < Institution polymathique >, 47-49 rue de Clichy, avec vingt-neuf répétiteurs ; celle de Edme Marie Joseph Lemoine [1751-1816] ou < Institution Polytechnique >, rue Neuve-de-Berry, avec vingt-six répétiteurs, dont Jacques Philippe Marie Binet [1786-1856], professeur à l’École Polytechnique et Louis Jacques Thénard [1777-1857], professeur du Collège de France ; ou encore la pension de J. Hix, rue de Matignon, avec treize répétiteurs.

LES RÉSULTATS AU PRIX D’HONNEUR.
L’importance des pensions se mesure par la qualité des résultats que leurs pensionnaires obtiennent dans les examens officiels.
Chaque année, on regarde le nombre de mentions que telle ou telle pension obtient dans la proclamation des résultats des lycées [ou collèges] : Louis-le-Grand ; Henri-IV ; Charlemagne ; Saint-Louis [après 1820].

Et plus particulièrement les résultats au Concours général.
Créé en 1747, supprimé en 1793, rétabli en 1803, le Concours général met en compétition les élèves des lycées parisiens, et à partir de 1818, également les élèves du collège de Versailles.
Son épreuve la plus prestigieuse est celle du discours latin [ou amplification latine], épreuve ouverte aux élèves, nouveaux ou vétérans, de la classe des Belles-Lettres [dite, à partir de 1810, classe de Rhétorique] appelant un < prix d’honneur >.

La proclamation des résultats du Concours général fait à chaque fois l’objet d’une cérémonie se déroulant en grande pompe, présidée le plus souvent par le Grand-Maître [Fontanes ; Cuvier ; Frayssinous ; etc.].
Devant l’ensemble des instances administratives de l’Instruction publique, c’est à dire les membres du Conseil impérial [ou royal], les Inspecteurs généraux, les inspecteurs de l’académie de Paris, le personnel enseignant rassemblé, lui aussi en robe, applaudit au discours d’apparat prononcé en latin, par un professeur de rhétorique de l’un des quatre établissements parisiens [Luce de Lancival, d’Henri-IV ; Laya, de Charlemagne ; Deguerle de Condorcet ; etc.].

LAURÉATS DU PRIX D’HONNEUR.
Ce < prix d’honneur > est obtenu par Joseph Naudet, en 1803 [nouveau] et en 1804 [vétéran] ; Etienne Marie Antoine Mouzard, du lycée Impérial (Louis-le-Grand), en 1805 [nouveau] ; Joseph Victor Leclerc, du lycée Napoléon (Henri-IV) et Institution Dabot, en 1806 [nouveau] et en 1807 [vétéran] ; Antoine Sigismond Glandaz, de Charlemagne, en 1808 ; A. P. S. Petitjean, du lycée Napoléon, en 1809 ; Victor Cousin, de Charlemagne et Institution Lepître, en 1810 [nouveau] ; Alexandre Martin Antoine Hourdou de Charlemagne et Institution Leroux, en 1811 [vétéran] ; etc.

Certains de ces lauréats connaîtront une très brillante carrière :
Joseph Naudet [1786-1878], sera professeur du Collège de France dans la chaire de Poésie latine, Inspecteur général de l’Instruction publique, et administrateur général de la Bibliothèque royale.
Joseph Victor Leclerc [1789-1865], sera professeur d’Éloquence latine à la Faculté des Lettres de Paris, et doyen de cette Faculté.
Victor Cousin [1792-1867], sera un temps ministre de l’Instruction publique [1840], professeur de philosophie dans une des chaires de la Faculté des Lettres de Paris.

NOTORIÉTÉ DES DIRECTEURS D’INSTITUTION.
Au lendemain de l’établissement de l’examen du doctorat ès-lettres [1810], dans la nouvelle Université impériale, trois chefs d’institutions soutiennent avec succès leurs thèses. Deux en 1811, un en 1812.
Le 14 février 1811, André Marie Ruinet, avec une thèse en latin, et une thèse de Belles-Lettres sur l’Ode ; le 4 avril 1811 ; Alexis Bintot, avec une thèse latine : De dupilci hominis substantia, et une thèse en français : De l’Apologie et de la Pastorale.

Le 12 mars 1812, Pierre François Cimttierre Saint-Amand, avec une thèse latine : Maximum orbis hujus aspectabilis miraculum homo, et une thèse en français : De l’Épopée.

SOURCE.
• France-Archive. Portail national des Archives.
Fournit la liste des pensions de 1809 à 1868.
https://francearchives.fr/facomponent/e73ff376cfc8d665ddf3a41f26cd09128bf5b3f5

• Open Edition. Françoise Huguet. Les pensions et institutions privées secondaires.
https://journals.openedition.org/histoire-education/839.

• Almanach royal 1820. Institutions du département de la Seine.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203757r/f837.item