Les docteurs ès-lettres en 1834

Le premier doctorat de l’Université impériale, tel qu’il est défini par le décret organique du 17 mars 1808, est celui obtenu en août 1810 auprès de la Faculté des Lettres de Besançon, par Pierre Fontanier [1765-1844], alors professeur d’humanités au lycée de Besançon.

Avec une thèse philosophique en latin : De Anima humano, rédigée et soutenue en latin ; et une dissertation littéraire, en français [Besançon, 14 août 1810], soutenue en français, ayant pour titre : La Comédie.
Depuis lors, chaque année [sauf en 1815], les Facultés des Lettres font soutenir oralement et publiquement les aspirants docteurs, dans leur Salle des Actes, devant un jury composé généralement du doyen de la Faculté comme président, ou d'un de ses représentants, et des différents professeurs, sur une durée d'environ trois heures, à raison, si besoin est, de deux candidats par jour.
On trouvera ci-contre les informations concernant les docteurs ès-lettres, de l'année 1834. Seulement deux thèses. On remarquera aussi, ce qui est assez exceptionnel, qu'il n'y a pas de thèses soutenue auprès de la Faculté des Lettres de Paris.  
THÈSE DE DOCTORAT SOUTENUE À CAEN.
LODIN-LALAIRE.
Théophile [André] Lodin-Lalaire [1797-1896].
[écrit aussi Lodin de Lalaire]. 
Études au lycée impérial de Rennes, comme pensionnaire. Études de droit. Ancien élève de l'École normale [1816], comme pensionnaire, pendant trois ans. Licence ès-lettres. 
Régent de rhétorique au collège de Bayeux [1819] ; régent de seconde au collège d'Évreux [1820]. 
Agrégation pour les classes supérieures des lettres [Paris, 1821]. 
Après l'agrégation est nommé professeur de troisième au collège royal de Bourges [1823], en remplacement de Vidal ; professeur de seconde [1823-1826], puis de rhétorique au collège royal de Reims [académie de Paris] [1826-1828], en remplacement de Guyot ; professeur de rhétorique au collège royal de Nantes [1828-1831], en remplacement de Gouby, futur inspecteur d'académie de Rennes [1830-1840]. En 1832, est remplacé comme professeur de rhétorique au collège de Nantes par Alphonse Agnant, ancien élève de l’École normale [1818], agrégé des classes supérieures des lettres [1822].
Docteur ès-lettres [Caen, 1834], avec une thèse latine : De falsorum numinum antiquissimo cultu [In-4, 19 p.]. 
La thèse latine est soutenue en latin [ce n'est qu'à partir du règlement du 17 juillet 1840, que la thèse latine est soutenue en français].
La thèse, en français [Caen, 3 janvier 1834], a pour titre : Quelques idées sur l'esthétique [In-4, 26 p.].
On peut noter qu'autour de 1830, plusieurs thèses sont consacrées à l'esthétique : 
en 1831, la thèse de Joseph Tissot : Du Beau, particulièrement en littérature [Dijon, 22 août 1831] ; en 1833, la thèse de l'abbé Julien Lechat : Du Beau [Paris, 30 août 1833] ; en 1834, la thèse de Théophile Lodin Lalaire : Quelques idées sur l'esthétique [Caen, 3 janvier 1834] ; en 1835, la thèse de J. A. Schwalbé :  Sur le Beau [Paris, 27 juillet 1835] ; en 1838, Eugène Rosseeuw Saint-Hilaire : Quid sit in artibus pulchritudo [Du Beau dans les arts] [Paris, novembre 1838] ; en 1839, Edgar Quinet : Considérations sur l'art [Strasbourg, 1er février 1839].
En 1831, Théophile Lodin-Lalaire est nommé professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Dijon. Cette Faculté, créée en 1809, a été maintenue sans interruption à la Restauration. La chaire de Littérature française avait été occupée initialement, de 1809 à 1815, par Pierre Baillot. Elle avait été suspendue de 1815 à 1828.
Lodin-Lalaire, avant son doctorat, y est d'abord chargé de cours [1831-1835], puis après le doctorat, professeur titulaire [1835-1860]. Il succède ainsi à Amédée Daveluy [1799-1867], professeur suppléant [1828-1830], puis professeur titulaire [1830-1831], qui vient d'être nommé à Paris, comme professeur de rhétorique au collège Charlemagne [1830-1838]. 
Théophile Lodin-Lalaire est remplacé, après 1860, comme professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Dijon, par Charles Aubertin [1825-1908], ancien professeur de rhétorique au lycée impérial de Douai, chargé de cours [1860-1862], puis professeur titulaire [1862-1873].
Reçoit alors le titre de professeur honoraire de Littérature française à la Faculté des Lettres de Dijon [10 novembre 1860].
Théophile Lodin-Lalaire est admis à la retraite en 1870. 
PUBLICATIONS DE LODIN-LALAIRE.
Ode : La Restauration des Lettres et des Arts sous François 1er. Publiée dans le Bulletin 
de la Société libre d'agriculture, sciences, art du département de l'Eure. 1823, pages 87-93. Tome II, n° 5.
En mai 1825,  l'occasion du sacre de Charles X, Théophile Lodin-Lalaire écrit un : Chant royal, paroles de M. Lodin-Lalaire, musique de M. Vincent, professeur au collège de Reims. In-4, de trois pages gravées [A Paris : chez V. Dufaut et Dubois, édit. Mds. de musique. Rue du Gros-Chenet, n° 2.
 Le Sacre, ode, par M. Thle Lodin-Lalaire [Rheims : impr. de Delaunois. In-4, 5 p., 1825].
Alors qu'il est professeur de seconde au collège royal de Reims, publie, en 1825 : Élégies et Mélanges, par Théophile Lodin-Lalaire, de plusieurs Sociétés savantes [A Paris : Chez Delaunay, Libraire, Palais-Royal. In-8, 166 p., (1825)].
Alors qu'il est professeur de rhétorique au collège royal de Nantes [1828-1831], publie : Nouvel essai de rhétorique et de poétique, suivi d'un chapitre sur la poétique des arts [Nantes : impr. de Mellinet-Malassis. In-12, 156 p., 1829].
En 1838, publie un recueil de poésies :  Les Victimes. Poésies, par Théophile Lodin de Lalaire,  De la Faculté des Lettres de Dijon et de plusieurs Sociétés savantes ; Auteur des Élégies et Mélanges [Reims-Paris, 1825, in-8] ; du Nouvel Essai de Rhétorique et de Poétique [Nantes, 1829, in-12]  [Paris : chez A. Pougin, quai des Augustins, 49 ; Dijon : chez A. Décailly, place d'Armes. In-8, 316 p., 1838]. 
MEMBRE DE SOCIÉTÉS SAVANTES.
Membre de la Société libre d'agriculture, sciences, art du département de l'Eure. [1823]. Lorsqu'il est nommé à Bourges, devient correspondant.
Membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.
DÉCORATION.
Le 18 avril 1895 : Chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur.
LODIN-LALAIRE : UN CAS PARTICULIER CONCERNANT SES THÈSES.
Les thèses qui font admettre Théophile Lodin-Lalaire comme docteur ès-lettres ont été soutenues à Caen en 1834 [De falsorum numinum antiquissimo cultu. Quelques idées sur l'esthétique].
Cependant Lodin-Lalaire avait déjà déposé en 1833, deux thèses, qui avaient reçu le permis d'imprimer, qui ont sans doute été soutenues, mais qui ne lui ont pas permis d'être déclaré docteur [De Variis philosophiae aetatibus ; De la Mission de Pascal, de Bossuet et de Fénelon, au XVIIe siècle]. D'où le dépôt de deux autre thèses en 1834.
La Bibliothèque de l'École normale supérieure, Ulm salle 4 [Cote : Thèse 126] contient, sous forme d'un ouvrage relié, le texte de la thèse latine de 1833 :
°De Variis philosophiae aetatibus [(Parisiis) : Imprimerie de J. Gratiot, rue du Foin Saint-Jacques, maison de la Reine Blanche. In-4, 15 p., 1833]. 
À la page 15, après la fin du texte de la thèse, sont portées les mentions : Vidi ac perlegi, Lutetiae Parisiorum, a. d. VI non. Jul. Ann. M DCCC XXXIII ; Decanus Facultatis Litterarum Parisiensis, J.-Vict. Leclerc. Typis mandetur Rousselle. Studiorum inspector, procurendis Academiae Parisiensis rebus praepositus.
La thèse n'est pas dédiée.
Bibliothèque : 
Bibliothèque de l'École normale supérieure, Ulm salle 4 [Cote : Thèse 126] 
La thèse, en français, a pour titre : De la Mission de Pascal, de Bossuet et de Fénelon, au XVIIe siècle [(Paris) : Imprimerie de J. Gratiot. In-4, 16 p., 1833].
Bibliothèque : 
Lille 3. Bibliothèque Universitaire. 
Rennes 2. Bibliothèque Universitaire centrale.
THÈSE DE DOCTORAT SOUTENUE À STRASBOURG.
BATAILLÉ.
Abbé Charles François Jean [Marie] Bataillé [1792-1868].
Né le 26 août 1792, à Bains [aujourd'hui département des Vosges] ; mort le 5 décembre 1868, à Bains [Vosges].
Aumônier au collège royal de Nancy [15 janvier-15 novembre 1822].
Suppléant de philosophie [16 novembre 1822-17 octobre 1823], au même collège, dans la chaire de l'abbé Jacques Alexis Jacquemin [1750-1832], puis titulaire [18 octobre 1823-27 octobre 1825].
Docteur ès-lettres [Strasbourg, 1834], avec une thèse latine : °De diversa virtute qua tum veteres recentioribus, tum veretibus recentiores in historicis operibus antecellant aut cedunt. Litteraria commentation quam ad doctoris gradum rite obtinendum, Facultati humanorium litterarum in academia Argentoratensi obtulit et publice defendet C. F. J. M. Bataille, in Facultate humaniorum litterarum jam licentiatus, et in collegio regio Argetoratensi, philosophiae professor [Argentorati : typis G. Silbermann, place Saint-Thomas, n° 3. In-4, 23 p., 1833].
La thèse n'est pas dédiée.
Face à la première page du texte de la thèse, un texte indique : 
Président de la thèse. / M. C. Cuvier, /Professeur d'histoire à la Faculté des Lettres. / 
Statut universitaire du 9 avril 1825. / article 41 /
Pour chaque thèse, le doyen désigne un Président parmi les Professeurs devant qui elle devra être soutenue. Ce Président examine la thèse en manuscrit ; il la signe et il est garant des principes et des opinions que la Thèse contient, sous le rapport de la religion, de l'ordre public et des mœurs.
Bibliothèque :
• Bibliothèque de l'École normale supérieure, Ulm salle 4 [Cote : Thèse 127]
La thèse, en français [14 août 1834], a pour titre : Des principes fondamentaux de la moralité [Strasbourg : impr. de G. Silbermann. In-4, 44 p., 1834].
Professeur de philosophie au collège royal de Strasbourg [28 octobre 1825-31 août 1850], en remplacement de l'abbé Bogert.
En 1841, pour quelques mois est, à la Faculté des Lettres de Strasbourg, professeur suppléant de Louis Bautain [1796-1867], professeur de Philosophie et doyen de la Faculté des Lettres de Strasbourg [1838-1849], contraint par l'Inspection générale de suspendre son cours à la Faculté. 
Plusieurs enseignants seront suppléants dans cette chaire de Philosophie : Laurent Delcasso [1797-1887], de 1830 à 1835 ; l'abbé Charles François Jean Bataillé [1792-1868], en 1841 ; Giuseppe Ferrari [1811-1876], en 1841-1842. 
Futur recteur de l'académie départementale des Vosges [1er juillet 1850-22 août 1854]. 
Admis à la retraite en 1854.
PUBLICATIONS DE BATAILLÉ.
Lettre à Monsieur de La Mennais, contre sa méthode de philosophie [28 juin 1821] ; par M. l'abbé Bataillé [Paris, N. Pichard. In-8, 30 p., 1821]. 
Résumé des deux écrits contre la "Défense de l'Essai sur l'Indifférence", par l'abbé Bataillé [Paris : N. Pichard.  In-8, 31 p., 1821]
 La Philosophie de Descartes justifiée de l'accusation de scepticisme, par l'abbé Bataillé
 [Paris : N. Pichard. In-8, 44 p., 1821].
SOURCE.
1.
Athénaïs Mourier, Directeur honoraire au Ministère de l’Instruction publique et Félix Deltour, docteur ès-lettres, Inspecteur général de l'instruction publique. Notice sur le Doctorat ès lettres, suivie du Catalogue et de l'analyse des thèses françaises et latines admises pour le Doctorat par les Facultés des Lettres depuis 1810 avec Index et Table alphabétique des docteurs. [Paris : Delalain frères. Quatrième édition, corrigée et considérablement augmentée. In-8, XII-442 p., 1880] Pages 36-37.
Fournit à chaque fois ce qu'on pourrait appeler la table des matières de la thèse latine et de la thèse française.  
Le texte est en ligne : http://booksnow1.scholarsportal.info/ebooks/oca4/22/noticesurledocto1810mouruoft/noticesurledocto1810mouruoft.pdf
2.
Jean-François Condette. Les Recteurs d’académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut National de Recherche Pédagogique. Édition de CNRS. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].
Fournit les dates précises des nominations ; les sources des archives ; des extraits de rapports d'inspection.