Denans, abbé Arnaud (1760-1841), aumônier, professeur de philosophie, proviseur

À la suite du Concordat, signé en juillet 1801, le régime napoléonien fait largement appel au clergé aussi bien pour l’enseignement que pour assumer dans les lycées une fonction d’autorité, comme celle de proviseur ou de censeur des études. Le cas de l’abbé Arnaud Denans, à Marseille, illustre parfaitement cette volonté politique mise en œuvre par le ministère de l’Instruction publique.
Abbé Arnaud Denans. Né le 1er juin 1760 ; mort le 18 octobre 1841.

1810. AUMÔNIER DU LYCÉE DE MARSEILLE.
L’arrêté du 10 décembre 1802 indique : « Il y aura un aumônier dans chaque lycée ».
Et l’arrêté du 10 juin 1803 portant règlement général des lycées décrit les activités religieuses prescrites aux élèves.
Au lycée impérial de Marseille, ouvert le 1er nivôse an XI [22 décembre 1802], et inauguré le 3 août 1803, se sont succédés comme aumôniers l’abbé Garagnon et l’abbé Laidier.

L’abbé Verbert [1752-1819], nommé en 1810, antérieurement Grand vicaire d’Arles [1795], directeur et professeur de théologie du séminaire de St. Lazare de Marseille, est alors le troisième proviseur du lycée de Marseille. L’abbé Louis Auguste de Saint-Chamas [1760-1836], nommé le 24 septembre 1810, est le troisième censeur. Boisson est procureur-gérant.
L’abbé Arnaud Denans, le 3 novembre 1810, est désigné par le proviseur et nommé par l’évêque pour être l’aumônier du lycée impérial de Marseille, en remplacement de l’abbé Laidier.

1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE.
L'enseignement de la Logique est inscrit dans l'article 5 [Titre I ; article 5] du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université : « Les lycées, pour [l'enseignement des] langues anciennes, l'histoire, la rhétorique, la logique, et les éléments des sciences mathématiques et physiques ».
Mais cet enseignement de la Logique est à comprendre dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues.

Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement et parle expressément de philosophie.
L'article 5 indique en effet : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.

L'article 17 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; l'Histoire des opinions des philosophes.
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».

Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide « qu'il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».

LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], titulaire de la chaire de « Philosophie » à la Faculté des Lettres de Paris. Démarche effectuée auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808. Requête complétée par une lettre à Louis de Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808.

1811. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE DE MARSEILLE.
En 1809-1810, un enseignement de philosophie était prévu au lycée de Marseille. Le nom de l'abbé José Custódio de Faria [écrit parfois Defaria] [1746-1819] avait été un moment avancé, mais finalement, peut-être à la suite de quelques cours, n'avait pas été retenu.

C’est l’abbé Arnaud Denans, en même temps qu’il est aumônier, qui est nommé dans la chaire de philosophie le 3 novembre 1810. Il reste en poste jusqu'au 18 octobre 1816, date de sa nomination comme censeur du collège.
Il est alors remplacé par l’abbé Jean Vachier [Vachier de Flayosc] [1764-1841], enseignant de philosophie de 1816/1817 à 1819.

1816. CENSEUR DU COLLÈGE ROYAL DE MARSEILLE.
L’abbé Arnaud Denans est nommé censeur au collège royal de Marseille, le 18 octobre 1816, en remplacement de Charles Marcel Tranchant [1767-1831], quatrième censeur, en fonction comme censeur du 17 février 1815 au 10 octobre 1816 et qui deviendra, juste avant l’abbé Denans, proviseur du collège.
Ainsi, l’abbé Denans travaille-t-il jusqu’au 29 septembre 1821 auprès de Charles Marcel Tranchant, auquel il succèdera.
Il est remplacé comme censeur par l’abbé Calmetz [1789-après 1830], censeur du 1er octobre 1821 au 22 juillet 1822.

1818. DES ORAISONS FUNÈBRES.
L’abbé Arnaud Denans prononce, le 10 juin 1818, l’Oraison funèbre du très-haut et très-puissant prince Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé, prononcé dans l’église Saint-Théodore [Marseille : impr. d’Achard. In-8, 32 p., 1818].
Et le 20 juin 1822 l’Oraison funèbre de Mgr. Henri François Xavier de Belzunce de Castelmoron, évêque de Marseille [Marseille : impr. de Dubié. In-8, 72 p., 1822].
Cette oraison est prononcée dans la paroisse Saint-Lazare, dite la Major, « à l'occasion de la translation des dépouilles mortelles de cet illustre prélat, dans le tombeau qui lui a été érigé dans cette ancienne cathédrale ».

On lui doit également un Discours prononcé dans la Chapelle de la Vierge de la Garde aux élèves du collège royal [S. l. n. d.].

1821. NOMINATION COMME PROVISEUR DU COLLÈGE ROYAL DE NÎMES.
Le 29 septembre 1821, l’abbé Denans est nommé proviseur du collège royal de Nîmes. Mais cette nomination reste formelle et ne court que sur quelques semaines, jusqu’au 7 novembre 1821, en étant remplacée par une affectation à Marseille.
C’est l’abbé André François Robin [NNN-1849] qui est maintenu proviseur à Nîmes, en fonction jusqu’au 21 octobre 1823.

1821. PROVISEUR DU COLLÈGE ROYAL DE MARSEILLE.
Après que l’abbé Jean Baptiste Mazel [1767-1838], antérieurement proviseur du collège royal d’Avignon, ait été nommé pour quelques semaines proviseur du collège de Marseille, c’est finalement l’abbé Arnaud Denans qui est désigné comme proviseur du collège royal de Marseille, le 7 novembre 1821.
C’est le sixième proviseur du collège. Il est nommé en remplacement de Charles Marcel Tranchant [1767-1831], ancien proviseur du 10 octobre 1816 au 3 novembre 1821, promu dans le corps des inspecteurs de l’académie de Paris.
Les proviseurs qui se sont succédés à Marseille sont : l’abbé Jacques Roman [1740-1823], proviseur du 22 décembre 1802 au 19 septembre 1804 ; Antoine Joseph Reboul [1738-1816], proviseur du 19 septembre 1804 à 1810 ; l’abbé Marie Charles Emmanuel Verbert [1752-1819], proviseur de 1810 à 1814 ; Pierre Jean Joseph Dubruel [1760-1828], proviseur de 1814 au 10 octobre 1816 ; Charles Marcel Tranchant [1767-1831], proviseur du 10 octobre 1816 au 3 novembre 1821.

L’abbé Arnaud Denans est assisté par l’abbé Calmetz [1789-après 1830], qui lui a succédé comme censeur des études à Marseille du 1er octobre 1821 au 22 juillet 1822 ; puis par Paul Louis Leconte [1796-1857], antérieurement professeur de quatrième au collège, censeur des études du 22 juillet 1822 au 27 novembre 1823.
L’abbé Arnaud Denans reste en poste jusqu’au 23 septembre 1823, date à laquelle il est admis à faire valoir ses droits à la retraite. Il est alors âgé de soixante-trois ans.

Est remplacé comme proviseur à Marseille par l’abbé Louis François Bonnafous [1790-NNN], proviseur du collège royal de Marseille du 23 septembre 1823 au 30 septembre 1830.

SOURCE.
Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois
[Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles. Page 284.