Burnier-Fontanel, abbé Jean Marie, président du premier jury d’agrégation de philosophie

Dans le prolongement de l’Empire, l’alliance de la théologie et de la philosophie connaît un regain à l’ombre de la Restauration monarchique. Parmi les multiples preuves, il y a la place prééminente donnée aux ecclésiastiques au sein de l’Université, dans l’enseignement et dans les jurys d’examen.

Abbé Jean Marie Burnier-Fontanel [1763-1827]. Né le 10 août 1763, au château de Rigny, à Reignier [Savoie, aujourd’hui département de Haute-Savoie] ; mort le 15 décembre 1827, à Paris.

Le château sera acheté plus tard, en 1787, par la famille Burnier-Fontanel.

ANNECY ET PARIS. PREMIÈRES ÉTUDES.
Jean Marie Burnier-Fontanel fait ses premières études au collège d’Annecy [Savoie]. Et à quatorze ans [1777] soutient des thèses publiques de philosophie.
Puis, se rend à Paris pour poursuivre ses études. Il suit les cours littéraires du collège Mazarin.

  1. MEMBRE DE LA COMMUNAUTÉ DES ROBERTIENS.
    Jean Marie Burnier-Fontanel entre vers 1779, par concours, dans la communauté religieuse des Robertiens, qui reçoit l’élite de la jeunesse fréquentant les cours de la Sorbonne.
    À dix-neuf ans [1782], il y est maître de conférences pour la philosophie et les mathématiques, puis, peu de temps après, pour la théologie.
  2. PRÊTRISE ET CARRIÈRE RELIGIEUSE.
    En 1787, Jean Marie Burnier-Fontanel est ordonné prêtre.
    L’année suivante [1788] est licencié en Théologie.
    En 1790, devient chanoine et grand vicaire de Lescar [près de Pau].
    Ses études de théologie le conduisent à devenir docteur en Sorbonne.

ÉMIGRATION.
Jean Marie Burnier-Fontanel quitte la France, autour de 1791, et émigre d’abord à Annecy, terre du duché de Savoie, province du Genevois, où il enseigne au collège.
Se retire ultérieurement en Suisse puis en Italie, où il s’établit à Pérouse [Perugia], alors terre papale.

UNE MAISON D’ÉDUCATION.
De retour en France, vers 1804, Jean Marie Burnier-Fontanel crée à Paris une maison d’éducation, où il enseigne entre 1804 et 1806, puis qu’il cède au Collège des Irlandais..

  1. RENCONTRE AVEC LE PAPE.
    Jean Marie Burnier-Fontanel est présenté au Pape Pie VII [1742-1823], alors que ce dernier est en France, dans le cadre des cérémonies du sacrement de Napoléon comme empereur.
    Le Pape lui donne le titre de Protonotaire apostolique, et souhaiterait l’emmener avec lui à Rome
  2. PRÉFET DU COLLÈGE DES IRLANDAIS.
    Jean Marie Burnier-Fontanel, comme préfet, prend la direction du collège des Irlandais, Anglais, et Écossais réunis [1806].
    Entre 1793 et 1802, le collège des Irlandais était devenu une école pour jeunes français. Anciennement rue du Cheval vert, rebaptisée par décret napoléonien en < Rue des Irlandais >.

Prononce un discours en latin [14 novembre 1807], dans lequel il affirme l’utilité de l’enseignement de la philosophie et la nécessité de rétablir des écoles publiques.

  1. DOYEN DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE.
    Jean Marie Burnier-Fontanel est professeur de < Dogme > à la Faculté de Théologie de Paris [rétablie par l’arrêté du 16 juin 1809], où il préside le jury de soutenance des thèses de théologie.

Bénéficiant du soutien de Louis de Fontanes [1759-1821], Grand-Maître de l’Université [1808-1815], Jean Marie Burnier-Fontanel devient le doyen de la Faculté de Théologie [16 octobre 1811].
Il rétablit les cours publics à la Sorbonne. Et, par l’ordonnance du 20 juillet 1825, fait partie de la commission s’occupant de rédiger les statuts de la Sorbonne reconstituée, d’en régler la discipline et les études.

  1. RÉTABLISSEMENT DU CONCOURS D’AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
    Quatre ans après les premières agrégations de lettres, de grammaire et de sciences [1821], se déroule pour la première fois une agrégation de philosophie, dont les résultats sont publiés le 28 octobre 1825. Ainsi, dans le domaine des lettres, se reconstitue le système ternaire de l’Ancien Régime.
    En effet, de 1766 à 1790 inclus, il y a dans l’Université de Paris, une agrégation de grammaire, dite de troisième ordre ; une agrégation de belles-lettres, dite de second ordre ; et une agrégation de philosophie, dite de premier ordre.

Dans l’esprit de cette < restauration > des anciens concours, l’agrégation de philosophie se déroule en 1825. Pas de session 1826 ; une session a lieu en 1827 ; pas de session en 1828 ni en 1829.
À partir de 1830, à l’initiative du philosophe Victor Cousin [1792-1867], mais dans un esprit différent de prééminence de l’État, le concours d’agrégation de philosophie se déroule régulièrement chaque année.

  1. PRÉSIDENT DU PREMIER JURY D’AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
    L’abbé Jean Marie Burnier-Fontanel préside le premier concours d’agrégation de philosophie en septembre 1825, avec comme membres du jury, l’inspecteur d’académie de Paris Augustin Létendard [ou l’Étendard], ancien professeur de latin et de grec en classe de rhétorique au collège Charlemagne ; l’abbé Jean Jacques Caron [1760-1849] professeur de philosophie au collège royal de Versailles ; Pierre Laromiguière [1756-1837] professeur titulaire de la chaire de < Philosophie > à la Faculté des Lettres de Paris, et son suppléant Jean Jacques Séverin de Cardaillac [1766-1845].

Les résultats sont proclamés le 28 octobre 1825.
Sont reçus : Alexandre Gibon [1798-1871] ; Jean Saphary [1796-1865], Adolphe Félix Gatien-Arnoult [1800-1886] ; André François Magdeleine Cassin [1795-1853].

L’abbé Jean Marie Burnier-Fontanel est remplacé, en 1827, comme président du deuxième jury d’agrégation de philosophie par l’abbé André René Pierre Daburon [1758-1838], Inspecteur général de l’Université [1809], rappelé en 1824, comme Inspecteur général des études.

DISTINCTIONS.
Correspondant [depuis le 8 janvier 1826] de l’Académie des Sciences, belles-lettres et arts de Savoie [créé en 1820].

Grand-vicaire de Bayeux. Fait partie de l’officialité diocésaine de Paris [Boislève, official ; Burnier-Fontanel, promoteur ; Boulanger, greffier], alors que le comte Hyacinthe Louis de Quelen, pair de France, est archevêque de Paris.

DÉCORATION.
Chevalier de la Légion d’honneur. 1821. En même temps que l’abbé Charles Dominique Nicolle [1758-1835], membre du conseil royal d’Instruction publique, et recteur de l’académie de Paris.

SOURCES.
https://cths.fr/an/savant.php?id=103448
• M. Prevost et Roman d’Amat. Dictionnaire de biographie française.
[Paris : Letouzey et Ané, 1956. Tome 7, page 702].