En 1825, a lieu la première « agrégation de philosophie » nouvelle manière. Il y a quatre reçus : Alexandre Gibon [1789-1871], Jean Saphary [1796-1865], Adolphe Félix Gatien-Arnoult [1800-1886], André François Cassin [1795-1853]. On trouve ici la carrière d’André François Cassin agrégé de la première heure.
L’AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
Depuis 1766, date de création, jusqu’en 1790, inclus, dans l’Université d’Ancien Régime, les agrégations anciennes, dans l’ordre des lettres, comportent une agrégation de grammaire, dite de troisième ordre ; une agrégation de belles-lettres, dite de second ordre ; une agrégation de philosophie dite de premier ordre.
Après la création des lycées en 1802, nécessitant un nombreux personnel de professeurs, et la création de l’Université impériale, fondée par la loi du 10 mai 1806 [et organisée en mars et septembre 1808], les agrégations se mettent lentement en place. La catégorie des agrégés est décidée en 1809, et le concours de l’agrégation est établi en 1821, avec une agrégation de lettres, de grammaire et de sciences.
Un arrêté du Conseil royal de l’instruction publique, pris en date du 12 juillet 1825, présidé par Mgr. Denis Frayssinous [1765-1841], Ministre des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique [et composé du directeur de l’Instruction publique Charpit de Courville, ainsi que Georges Cuvier, Philibert Guéneau de Mussy, l’abbé Dominique Charles Nicolle, Siméon Denis Poisson, Ambroise Rendu, Charles Étienne Delvincourt, l’abbé Michel Armand Clausel de Coussergues, Louis Urbain de Maussion], décide de la création d’une agrégation de philosophie.
Elle implique à l’écrit la rédaction de deux dissertations, l’une en latin, l’autre en français.
Ainsi, en septembre 1825 a lieu, dans l'Académie de Paris, le premier concours d’agrégation de philosophie [quatre reçus]. Pas de concours en 1826. En 1827, toujours dans l’Académie de Paris, un second concours d’agrégation de philosophie [cinq reçus]. Pas de concours, ni en 1828, ni en 1829.
Le concours d’agrégation de philosophie deviendra annuel à partir de 1830 et se déroulera sans interruption, comme concours national, jusqu’en 1851 inclus. Le concours est supprimé en 1852. Le concours d’agrégation de philosophie reprendra en 1863, est suspendu en 1870, et reprend régulièrement par la suite.
De nouvelles agrégations apparaissent : Histoire et géographie en 1831 ; Mathématiques en 1841, et Physique en 1841, qui dédoublent l’agrégation de Sciences ; Allemand en 1849 ; Anglais en 1849 ; Enseignement spécial en 1866 : Sciences naturelles en 1881.
ANDRÉ FRANÇOIS CASSIN.
André François Magdeleine Cassin [1795-1853], né le 29 mars 1795, à Saint Georges de Livoye, commune du canton de Brecey [département de la Manche] ; mort le 12 avril 1853, à la Roche-sur-Yon [département de la Vendée].
Professeur agrégé de philosophie, et professeur, son doctorat ès-lettres [1832] lui permet d'assumer par la suite différentes fonctions administratives : successivement censeur, inspecteur d'académie, et enfin recteur départemental [1850-1853].
PREMIERS ENSEIGNEMENTS.
Après des études au collège d’Avranches [département de la Manche, académie de Caen], André François Cassin est régent de mathématiques élémentaires au collège de Mortain [département de la Manche] de décembre 1815 à novembre 1818.
Se rend à Paris, où il est répétiteur et maître d'études dans différentes institutions.
Maître d'études de philosophie et de mathématiques au collège Louis-le-Grand d’octobre 1820 à octobre 1822.
PREMIERS DIPLÔMES.
Obtient sa licence en droit à Paris [1822], puis sa licence ès-lettres à Caen, qui dispose d’une Faculté des Lettres, maintenue après la Restauration, dont Gervais Delarue, professeur d’Histoire, est le doyen et où Charles Viel, docteur en théologie, et professeur suppléant [1815-1821] est professeur titulaire de la chaire de philosophie [1821-1830].
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE EN PROVINCE.
André François Cassin est professeur de philosophie au collège royal de Tournon [département de l’Ardèche], d’octobre 1822 à octobre 1824. L’abbé Roche en est le proviseur, en même temps qu’il est Inspecteur d’académie. Cassin enseigne également au collège royal d’Avignon [octobre 1824-novembre 1825].
André François Cassin publie dans cette période un Essai sur l’origine de la société civile et sur la souveraineté, par A. F. M. Cassin [Paris : A. Le Clère. In-8, VI-294 p., 1824]. Il y soutient, en accord avec l’idéologie royaliste, le point de vue de soutenu par de Bonald dans sa Législation primitive, mettant en cause la notion de souveraineté populaire.
1825. AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
Agrégation de philosophie en 1825. C’est l’année de la première agrégation de philosophie, dont les épreuves se déroulent à Paris.
La présidence est assurée par l’abbé Jean-Marie Burnier-Fontanel [1763-1827], doyen de la Faculté de Théologie de Paris [depuis 1811].
Participent au jury : l’Inspecteur d’Académie de Paris, Létendard [ou l’Étendard], ancien professeur de latin et de grec en classe de rhétorique au collège Charlemagne ; l’abbé Caron ; Pierre Laromiguière [1756-1837] professeur titulaire de la chaire de Philosophie à la Faculté des Lettres de Paris, et son suppléant Jean Jacques Severin de Cardaillac [1766-1845].
Sont reçus à cette première agrégation de philosophie en 1825, dans l'ordre de classement : Alexandre Gibon [1789-1871], Jean Saphary [1796-1865], Adolphe Félix Gatien-Arnoult [1800-1886], André François Cassin [1795-1853].
Après son agrégation, Cassin est chargé du cours de mathématiques élémentaires au collège royal de Caen [novembre 1825-octobre 1828].
1828. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À TOURNON.
En octobre 1828, Cassin est à nouveau professeur de philosophie, à titre provisoire au collège royal de Tournon, dans l'Académie de Nîmes. Il y succède à Prompsaut, professeur de philosophie. En début 1830, y est nommé définitivement [arrêté du mardi 5 janvier 1830]. Mais André François Cassin n'y reste que quelques mois, étant nommé à nouveau à Caen, mais cette fois comme professeur de philosophie.
1830. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À CAEN.
Professeur de philosophie au collège royal de Caen [1830-1835], où il succède à Paul Jean Ladevi-Roche [1794-1871] qui y est enseignant depuis 1828, mais qui a été rétrogradé au collège de Tournon, d'où vient André François Cassin.
André François Cassin fait paraître le Discours qu’il prononce le 12 août 1833, dans la séance solennelle de distribution des prix du collège royal de Caen : Sur les rapports de la vraie gloire avec la moralité [Caen : Poisson. In-8, 34 p., 1834].
André François Cassin publie, en 1834, une leçon extraite de son cours de philosophie morale : Sur la propriété et la souveraineté. Leçon extraite du cours de philosophie morale fait au Collège royal de Caen, par A.-F. Cassin, agrégé de l'Université, licencié en droit, docteur ès-lettres, membre de plusieurs sociétés savantes [Caen : impr. de F. Poisson, rue Froide. In-8, 40 p., 1834]. Avec en exergue, sur la page de titre, une citation en grec, de la République de Platon.
1832. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
Entre temps passe son Doctorat ès-lettres [février 1832, Caen] avec une thèse latine portant sur la Libre volonté : De libera voluntate [Cadomi : Poisson. In-4, 60 p., 1832].
La dissertation en français a pour titre : Sur la Poésie, considérée spécialement dans sa nature, son objet et ses conditions essentielles [Caen : Imprimerie de F. Poisson, rue Froide, In-8, 188 p., 1832]. Comporte deux pages d’errata et d’aditta [pages 187 et 188].
Les thèses ne semblent être éditées que pour la Faculté des Lettres.
Le jury est composé de l’abbé Gervais de La Rue [ou Delarue] [1751-1835], professeur titulaire de la chaire d’ Histoire [1809-1829] et doyen, et des professeurs [Frédéric] Claude Vaultier [1772-1843], professeur suppléant de Littérature latine [1816-1817], puis professeur titulaire de la chaire de Littérature française ; Pierre Maillet-Lacoste [1776-1860], professeur titulaire de Littérature latine [1824-1842] ; François Bertrand [1797-1875], professeur suppléant [1829-1830], puis professeur titulaire de la chaire de Littérature grecque [1830-1856] ; Antoine Charma [1801-1869], chargé de cours [1830-1832] puis professeur titulaire de la chaire de Philosophie [1832-1869], futur doyen de la Faculté [1849].
1835. CENSEUR DES ÉTUDES AU COLLÈGE DE CAEN.
Une fois docteur, André François Cassin est nommé censeur des études au collège royal de Caen [septembre 1835], où l'abbé Jacques Louis Daniel [1794-1862], futur recteur de l’Académie de Caen [janvier 1839-mai 1848] puis à partir de 1839, Auguste Sandras [1795-1876], futur recteur départemental de l'Indre-et-Loire, sont proviseurs.
1843. INSPECTEUR D'ACADÉMIE.
Puis vers 1843, André François Cassin est nommé Inspecteur d'Académie à Angers, auprès de Pierre Henry [1802-1885], recteur de l’Académie d’ Angers depuis janvier 1839.
Il assure cette fonction d'Inspecteur avec Antoine de Condren de Suzanne [1791-1875], ancien professeur de seconde au collège royal d’Angers, plus ancien que lui dans la fonction ; puis, ultérieurement avec Jean Sorin [1799-1881], ancien élève de l’École normale [1817], agrégé de grammaire en 1821.
André François Cassin reste en poste comme Inspecteur d'Académie à Angers jusqu'en 1850. Puis est nommé recteur départemental de l’Académie de Vendée.
1850. RECTEUR DÉPARTEMENTAL DE L'ACADÉMIE DE VENDÉE.
La loi organique du 15 mars 1850, inspirée par Alfred de Falloux [1811-1886], et mise en œuvre par le ministre de l’Instruction publique et des Cultes [octobre 1849-janvier 1851] Félix Esquirou de Parieu [1815-1893], modifie profondément la fonctionnement universitaire : les académies, jusqu’alors regroupement de départements, voient leur ressort restreint. Conçues pour un encadrement plus strict du personnel enseignant, elles deviennent strictement départementales et de « petits recteurs », aux attributions réduites, sont nommés.
L'article 7 de la loi stipulant qu'il est établi une académie par département, quatre-vingt sept académies sont créées [dont celle d’Alger]. Quatre-vingt-sept postes sont à pourvoir, dont beaucoup sont seront occupés par d'anciens Inspecteurs d'Académie.
Napoléon-Vendée [La Roche-sur-Yon] devient chef-lieu de l'Académie de Vendée.
André François Cassin, recteur pour quelques jours de l’Académie de l’Orne en 1850, entre le 10 et le 31 août, est nommé recteur de l’Académie de la Vendée le 1er septembre 1850.
Le secrétaire est Le Baron.
Cassin reste en fonction jusqu’au 12 avril 1853, date de son décès, à la suite d’une fièvre typhoïde.
Il est remplacé par Charles Toussaint Huret [1800-1875], ancien proviseur du lycée de Nantes [1849-1853].
MEMBRE D’ASSOCIATIONS.
Membre de la Société normande.
Membre de la Société Linnéenne de Normandie.
Correspondant de l’Académie des Sciences, arts et belles-lettres de Caen.
Correspondant de l’Académie du Vaucluse.
SOURCE.
Jean-François Condette. Les Recteurs d'Académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut national de recherche pédagogique. Collection : Histoire biographique de l'enseignement. In-8, 411 p.+3. 2006].
Fournit les dates précises des nominations et les références des sources d’archives.
© JJB 11-2011