Bourges : Blondeau, premier professeur de philosophie

Pierre Blondeau [1765-] est le premier professeur de philosophie nommé au lycée impérial de Bourges [Cher]. Il y enseigne sur toute la période qui va de fin 1809 à 1819. De 1810 à 1815, est en même temps titulaire de la chaire de Philosophie à la Faculté des Lettres.

Né le 25 novembre 1765, à Bourges [Berry, actuellement département du Cher] ; mort vers 1820 ? 
1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE DANS LES LYCÉES.
L'article 5, du titre 1er, du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université, définit l'ordre des écoles et leurs fonctions spécifiques, au nombre de six : Facultés ; Lycées ; Collèges, écoles secondaires communales ; Institutions, écoles tenues par des instituteurs particuliers ; Pensions, appartenant à des maîtres particuliers ; Petites écoles, écoles primaires.
Aux Lycées revient l'enseignement de la Logique, indiqué dans la liste des matières enseignées : Langues anciennes, Histoire, Rhétorique [anciennement Belles-Lettres], Logique, et les éléments des Sciences mathématiques et physiques. 
Cet enseignement de la Logique est à comprendre encore dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues, comme analyse du jugement. 
Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement. 
L'article 5 indique : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.
L'article 17 du règlement du 19 septembre 1809 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; ainsi que l'Histoire des opinions des philosophes. 
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Il est indiqué également : Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».
Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide une extension : « Il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».
LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808. 
Démarche complétée par une lettre à Louis de Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808. Texte dont rend compte François Mignet, dans sa Notice historique sur Laromiguière [1862]. 
C'est ce qu'indique clairement, Prosper Alfaric, dans son ouvrage : « Laromiguière et son École. Étude biographique » [Paris : Les Belles-Lettres. 1929. pages 63 sq.].
1809-1819. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE DE BOURGES.
C'est dans ce cadre que, Pierre Blondeau, est le premier professeur de philosophie au lycée de Bourges [classé lycée de troisième classe], à partir de la fin de l'année 1809. Il y reste en poste, comme professeur de philosophie, jusqu'en 1819.
En 1809 les lycées de troisième classe sont ceux de : Avignon ; Bonn ; Bourges ; Cahors ; Casal ; Clermont-Ferrand ; Dijon ; Gand ; Grenoble ; Limoges ; Moulins ; Nancy ; Napoléonville [Pontivy] ; Pau ; Poitiers ; Rodez.
Le lycée de Bourges deviendra ultérieurement, en 1828, collège royal de deuxième classe.
En 1820, Pierre Blondeau est remplacé dans la chaire de philosophie du collège royal de Bourges par Hallot, en poste de 1820 à 1822.
PROFESSEURS DE PHILOSOPHIE DU LYCÉE, PUIS COLLÈGE ROYAL, DE BOURGES.
Les différents professeurs de philosophie au lycée, puis collège royal, de Bourges, sont successivement :
Pierre Blondeau de fin 1809 à 1819 ; Hallot, de 1820 à 1822 ; Vidal, de 1823 à 1828 ; l'abbé Théophile Janson, en 1829 et 1830 ; Auguste Morelle [vers 1809-1887] en 1831 ; Joseph Tissot [1801-1876], de 1832 à septembre 1834 ; Francis Marie Riaux [1810-1883], à partir de septembre 1834 jusqu'au 16 septembre 1837 ; Jean François Alain Caro [1790-1872] suppléé par Émile Maurial [1816-1874], à partir de 1838 ; Marcellin Bontoux  [1810-1864] en 1840 ; Charles Dubouzet [1817-1886] en 1841 ; Émile Maurial à nouveau à partir de 1842.
Ainsi on voit que le type de recrutement des professeurs de philosophie à Bourges se modifie en 1831 avec la nomination d'Auguste Morelle [vers 1809-1887].
Dans un premier temps, de 1809 à 1830, l'enseignement de philosophie dans les lycées est assuré le plus souvent par des prêtres, qui sont parfois en même temps aumônier.
Auguste Morelle [vers 1809-1887] lui est un ancien élève de l'École normale [École préparatoire, 1827]. Il sera agrégé de philosophie en 1838.
Cette nomination d'un professeur venant de l'École normale contribue à la laïcisation du corps des professeurs de philosophie, engagée après le Révolution de Juillet et assure généralement l'homogénéisation des contenus d'enseignement, le plus généralement dans l'esprit du spiritualisme de Victor Cousin [1792-1867]. 
1810-1815. PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE BOURGES.
Selon la norme de l'époque, sa position de professeur de Philosophie [professeur de première classe] au lycée de Bourges permet à Pierre Blondeau d'être, en même temps, professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Bourges.
Il y restera en poste jusqu'à la suppression de la Faculté, le 31 octobre 1815, par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique, commission présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816.
Bourges est l'une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ;  Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
La Faculté des Lettres de Bourges n'est pas rétablie, ni sous Louis-Philippe, ni sous la seconde République ou le second Empire. 
CURRICULUM.
PREMIERS ENSEIGNEMENTS.
Ancien membre de la Congrégation des Doctrinaires, dont la vocation est la formation de prêtres se destinant à l'enseignement. À ce titre est, avant la Révolution, régent de cinquième et troisième classes de latin au collège royal de Montluçon [aujourd'hui département de l'Aliier].
En mai 1791, Pierre Blondeau fait partie, en tant que Doctrinaire, de la quinzaine de membres du Conseil épiscopal constitué autour de Pierre Anastase Torné [1727-1797] élu, par l'assemblée des électeurs du département, nouvel évêque constitutionnel de Bourges. 
PROFESSEUR DE GRAMMAIRE GÉNÉRALE.
Pierre Blondeau est nommé titulaire de la chaire de Grammaire générale à l'École centrale du département du Cher [Bourges], en l'an III [1794/1795]. Il y enseigne à partir de l'ouverture effective de l'École le 1er thermidor an IV [19 juillet 1796]. 
Mais ses convictions royalistes, manifestes après la révolte du Sancerrois, amènent sa destitution le 17 messidor an VI [5 juillet 1798]. Pierre Blondeau est remplacé, comme professeur de Grammaire générale à l'École centrale du département du Cher, par Jean Malais.
PROFESSEUR DE BELLES-LETTRES AU LYCÉE DE BOURGES.
Pierre Blondeau est tout d'abord nommé, en 1804/1805, l'un des trois professeurs de latin du lycée impérial de Bourges [Blondeau ; Godin ; Thibault], dans la première et deuxième classe de latin, ce qui correspond à peu près à la classe de première [rhétorique] et de seconde [humanités]. Le professeur de Belles-Lettres est dans cette première configuration [1804] Louis Nicolas Philippe Froussard ; puis [9 janvier 1805-28 mars 1807] Pierre Chaudru de Raynal [1768-1849].
Fin mars 1807, Pierre Chaudru de Raynal quitte sa position d'enseignant pour devenir proviseur du lycée de Bourges [28 mars 1807-9 mars 1809], en remplacement de Joseph Aignan-Sigaud de Lafond [1730-1810], premier proviseur du lycée [1er février 1804-mars 1807]. 
Le poste de professeur de Belles-Lettres se libère, et Pierre Blondeau en devient le titulaire. Un nouveau classement s'opère pour les professeurs de latin : Godin prend la place de Blondeau ; Thibault prend la place de Godin. En troisième position est nommé un nouveau professeur de latin : Montillot.
Fin 1809, pour la nouvelle année scolaire 1809-1810, Pierre Blondeau est nommé professeur de philosophie. Godin devient professeur de rhétorique ; Thibault, professeur de deuxième année d'humanités ; Montillot, professeur de première année de grammaire.   
SITOGRAPHIE.
Les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle :
facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/prof_facultes_1808_1880.php