Vicq-d’Azyr, Félix, une estampe du Traité d’anatomie et de physiologie, 1786

C’est en 1786 que le médecin et anatomiste Félix Vicq-d’Azyr publie son Traité d’anatomie et de physiologie, avec des planches coloriées représentant au naturel les divers organes des hommes et des animaux, dédié au Roi par M. Vicq d’Azyr.

[A Paris : de l’imprimerie de Franç. Amb. Didot l’aîné. In-folio, [8]-123-3]-111 p., 1786].

COMPOSITION DE L’OUVRAGE.
L’ouvrage, dont seul le tome 1er est paru, se compose de deux parties.

La première partie comprend :
1.Discours sur l’anatomie en général et sur la manière dont elle sera traitée dans cet ouvrage.

2.Discours sur l’anatomie considérée dans ses rapports avec l’histoire naturelle, sur sa nomenclature, sur ses descriptions et sur la manière de perfectionner son langage.

3.Vocabulaire anatomique augmenté d’un grand nombre de termes nouveaux.

La deuxième partie comporte les explications des planches, les planches en noir avec cotes de renvoi, les planches coloriées, des réflexions sur les planches.

Le livre, d’un grand format, comporte des planches en noir et coloriées, dessinées et gravées par Alexandre Briceau, d’une famille d’orfèvres et de graveurs travaillant pour la Cour.

DESCRIPTION DE L’ESTAMPE.
L’ouvrage s’ouvre par une estampe coloriée [Figure 0] qui <représente la Médecine conduite par l’Étude à de nouvelles observations anatomiques >.
La description de l’estampe, gravée en tête de l’ouvrage, peut se détailler ainsi :

Figure 1. La Médecine est <conduite par l’Étude à de nouvelles observations anatomiques>.
La Médecine au centre, habillée à la mode romaine, portant une couronne de lauriers, se reconnaît au long serpent enroulé sur son corps, et maintenu de la main gauche. Femme dans la maturité de l’âge, elle est tournée vers la gauche, prête à observer ce que lui révèle l’Étude.
L’Étude est personnifiée par une jeune femme. Soulevant un linceul, découvre un cadavre allongé sur la dalle du tombeau d’un cimetière où poussent quelques herbes folle, tandis que, sa main droite tenant une lampe à huile allumée, elle éclaire le corps .
La Peinture, assise sur la droite, le carton à dessin posé sur les genoux, manie un fusain, une palette de couleurs à ses pieds, attentive et <prête à dessiner les divers organes du corps humain>.
Au fond, des groupes d’Élèves « viennent s’instruire à leur école ».

Figure 2. Au dessus de ce tryptique, on voit Apollon assis mollement sur un nuage,  tenant sa lyre, qui <montre le portrait du Roi protecteur des Lettres et des arts>. On reconnaît le profil de Louis XVI.

Figure 3. Le Temps ailé, avec une longue barbe témoignant de son grand âge, tient d’une main un sablier, et de l’autre soutient une tenture qui encadre l’estampe.

Figure 4. Le Génie des Sciences, portant un flambeau, soutient aussi <la draperie qui sert de cadre à ce Tableau>.

REPRISE DE CETTE ILLUSTRATION.
Cette illustration inspire la gravure en frontispice des Oeuvres de Vicq-d’Azyr, recueillies et publiées avec des notes et un discours sur sa vie et ses ouvrages, par Jacq. L. Moreau (de la Sarthe), docteur en médecine, sous-bibliothécaire de l’École de médecine, Membre adjoint de la Société de philomathique, des sociétés de médecine de Paris, de Montpellier, etc., ornées d’un volume de planches, grand in-4°, et d’un frontispice allégorique [A Paris : de l’imprimerie de Baudouin, chez L . Duprat-Duverger, rue des Grands-Augustins, N°24. An XIII-1805].
L’hommage à Louis XVI avec son portait a disparu, la Médecine s’envole [Figure 06], le cadavre reste [Figure 07].

FÉLIX VICQ-D’AZYR À L’ACADÉMIE FRANÇAISE.
Déjà membre de l’Académie royale des Sciences depuis 1774, fondateur de la Société royale de Médecine [1776/1778-1793], Félix Vicq-d’Azyr s’est fait un nom par les études menées, sur mission officielle, pour traiter les maladies épidémiques frappant les animaux domestiques dans le sud-ouest de la France ; et pour ses travaux anatomiques, notamment sur le cerveau et le cervelet [grand sillon circonférentiel de Vicq-d’Azyr, ou fissure horizontale].

Félix Vicq-d’Azyr est élu membre de l’Académie française le 12 juin 1788, au fauteuil 1, à la place laissée vacante par la mort de Georges Louis Leclerc, comte de Buffon [1707-1788], décédé le 16 avril 1788.
Il est reçu en séance publique, le jeudi 11 décembre 1788, au Palais du Louvre, siège de l’Académie, par le marquis de Saint-Lambert [1716-1803] membre de l’Académie depuis 1770. À cette séance, Vicq-d’Azyr, selon l’usage, prononce un Éloge de M. de Buffon.

Peu après son élection, Vicq-d’Azyr est nommé, en 1789, premier médecin de la Reine, à la suite du décès de Jean François de Lassonne [1717-1788], médecin de Marie-Antoinette. Ce même Lassonne, soutenu par Turgot contrôleur général des finances, avec qui il avait créé, en 1778 la Société royale de Médecine, dont  Vicq-d’Azyr est le Secrétaire perpétuel.

Félix Vicq-d’Azyr siège à l’Académie française, dont il devient le Chancelier, jusqu’à la suppression de l’institution, décidée sous la Convention, par la loi du 8 août 1793 dont l’article 1 déclare : « Toutes les académies et sociétés littéraires, patentées ou dotées par la nation, sont supprimées ».

FRANÇOIS URBAIN DOMERGUE DANS LE FAUTEUIL DE VICQ D’AZYR.
L’Académie française, l’Académie royale des Inscriptions et belles-lettres, l’Académie royale des Sciences, l’Académie royale de Peinture et de sculpture, l’Académie d’architecture  sont supprimées en 1793.
La Convention  crée en décembre 1795, en remplacement, un Institut national comprenant trois classes : Sciences physiques et mathématiques ; Sciences Morales et politiques ; Littérature et Beaux-arts.
Un remaniement important intervient en 1803, à la suite d’un arrêté des Consuls du 23 janvier qui porte de trois à quatre le nombre des classes, mais supprime au passage la classe des Sciences Morales et politiques. Enfin, l’ordonnance royale du 21 mars 1816, prise au lendemain de la seconde Restauration, rend aux quatre classes le nom d’Académie.

Le grammairien Urbain Domergue [1745-1810] est élu, le 14 décembre 1795, à l’Institut national, membre de la Classe de Littérature et Beaux-arts [troisième classe], section de Grammaire. Puis, après 1803, est affecté dans la Classe de la Langue et de la Littérature françaises, au fauteuil 1*, occupé en 1788 et jusqu’en août 1793, par Félix Vicq-d’Azyr. Cette  classe de la Langue et de la Littérature françaises reprendra le nom d’Académie française en 1816.
 
LE PREMIER FAUTEUIL DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.  
On peut donc soutenir l’idée d’une continuité dans l’occupation des fauteuils de l’Académie française.
Le premier fauteuil a été occupé successivement par Pierre Séguier [1588-1672], de 1635 à 1643, jusqu’au moment où il devient, à la suite de Richelieu, protecteur de l’Académie ; Claude Bazin de Bezons de 1643 à 1684 [1617-1684] ; Nicolas Boileau-Despréaux [1636-1711], de 1684 à 1711 ; Jean d’Estrées [1666-1718]], archevêque de Cambrai de 1711 à 1718 ; Marc René marquis d’Argenson, de 1718 à 1721 [1652-1721] ; Jean Joseph Languet de Gergy [1677-1753] archevêque de Sens, de 1721 à 1753 ; Georges Louis Leclerc, comte de Buffon [1707-1788], de 1753 à 1788 ; Félix Vicq-d’Azyr*[1748-1794], de 1788 à août 1793 ; François Urbain Domergue [1745-1810], de 1795 à 1803, dans la Classe de Littérature et Beaux-arts ; et de 1803 à 1810, dans la Classe de la Langue et de la Littérature françaises ; Ange François Fariau, dit de Saint-Ange [1747-1810], de 1810 à 1811, dans la Classe de la Langue et de la Littérature françaises ; François Auguste Parseval Granmaison [1759-1834], de 1811 à 1816, dans la Classe de la Langue et de la Littérature françaises ; et de 1816 à 1834, à l’Académie française reconstituée ; Narcisse Achille comte de Salvandy [1795-1856] de 1835 à 1856 ; Émile Augier [1820-1889], de 1857 à 1889 ; Charles de Freycinet [1828-1923], de 1890 à 1923 ; Émile Picard [1856-1941], de 1924 à 1941 ; Louis duc de Broglie [1892-1987], de 1944 à 1987 ; Michel Debré [1912-1996], de 1988 à 1996 ; François Furet [1927-1997], en 1997 ; René Rémond [1918-2007], de 1998 à 2007 ; Claude Dagens [1940- ], en 2008.

SOURCE.
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/vicq.htm
Importante synthèse sur les thèmes de l’oeuvre, les investissements institutionnels et les moments de la vie de Félix Vicq-d’Azyr [dont le nom est écrit parfois Vicq-d’Azir], né le 23 avril 1748, à Valognes [aujourd’hui département de la Manche] ; décédé le 20 juin 1794 [2 messidor An II], à Paris.