Eymar, André Alexandre : Aix-en-Provence, son premier recteur et ses inspecteurs d’académie

André Alexandre d'Eymar est l'un des trente-deux recteurs nommés à la tête des académies, dans le cadre de l'Université impériale fondée par la loi du 10 mai 1806, mise en œuvre en mars et septembre 1808. Déjà d'un âge mûr, comme l'ensemble de ses confrères [il a 54 ans l'année de sa nomination] son attache familiale avec la noblesse, son prestige d'enseignant, son passé d'homme d'ordre témoignent en sa faveur pour une fonction d'autorité qu'il assume pleinement dans l'Académie universitaire d'Aix-en-Provence pendant près de treize ans.

 
André Alexandre d'Eymar [1754-1840]. Né à Aix [Provence, actuellement département des Bouches-du-Rhône], et baptisé en la paroisse du Saint-Esprit, le 30 octobre 1754 ; mort le 25 octobre 1840, à Aix [Bouches-du-Rhône]. 
André Alexandre d'Eymar est pendant plus de dix ans avocat au Parlement de Provence, où il a été nommé en juin 1774.
A DISTINGUER DE.
À distinguer de l'abbé Jean François Ange d'Eymar [1741-1807], député du Clergé aux États généraux de 1789, membre de la Constituante [1789-1791], dont il démissionne en novembre 1790, pour émigrer au-delà du Rhin. 
À distinguer également d'Ange Marie d'Eymar du Bignosc [1747-1803], député de la Noblesse aux États généraux de 1789, membre de la Constituante [1789-1791]. Futur préfet du département du Léman. Admirateur de Jean-Jacques Rousseau. 
 
10 MARS 1809. NOMINATION D'EYMAR COMME RECTEUR.
André Alexandre d’Eymar [1754-1840], est nommé recteur de l’académie d'Aix, dans la première vague de nominations des recteurs d'académie, par le décret impérial du 10 mars 1809, préparé par le Grand-Maître Louis de Fontanes [1757-1821]. Il a alors cinquante quatre ans. 
Sa nomination se fait en même temps que celle de dix autres recteurs : 
André Alexandre d’Eymar [1754-1840], pour l’académie d’Aix ; Clément Joseph Duquesnoy [1750-1824], pour l’académie de Metz ; l’abbé Dominique Eliçagaray [1758-1822], pour l’académie de Pau ; Pierre Jacotot [1756-1821], pour l’académie de Dijon ; Jacques Benoît Pal [1754-1830], pour l’académie de Grenoble ;  Pierre Chaudru de Raynal [1768-1849], pour l’académie de Bourges ; Jean Luc Ferry de Saint Constant, alias Giovani Ferri [1755-1830], pour l’académie d’Angers ; Vacher de Tournemine [1755-1840], pour l’académie de Clermont ; etc.
 
24 AOÛT 1809. UNE SECONDE VAGUE DE NOMINATIONS DE RECTEURS.
Une seconde vague de nominations de recteurs a lieu le 24 août 1809, et porte sur quinze autres recteurs :  Pierre Robert Alexandre [1741-1819], pour l’académie de Caen ; l'abbé Éloy Bellissens [1758-1834], pour l’académie de Poitiers ; Louis Nompère de Champagny [1757-1827], pour l’académie de Lyon ; l'abbé Edmé Georges de Champeaux [1761-1830], pour l’académie d’Orléans ; Charles Louis Dumas [1765-1813], pour l’académie de Montpellier ; Louis Urbain de Maussion [1765-1831], pour l’académie d’Amiens ; Jean Jacques Ordinaire [1770-1843], pour l’académie de Besançon ; Nicolas Rémy Paulin [1752-1840], pour l’académie de Cahors ; Paul Victor de Sèze [1754-1830], pour l’académie de Bordeaux ; André Taranget [1752-1837], pour l’académie de Douai ; l'abbé Pierre Tédenat [1755-1832], pour l’académie de Nîmes ; etc. 
 
Quelques autres nominations de recteurs ont encore lieu dans les mois qui suivent, et portent le nombre de nominations à vingt-sept [si l'on excepte les nominations de recteurs dans les territoires étrangers conquis et annexés par la France, au lendemain de la Révolution française].
LES RECTEURS DES ACADÉMIES DANS LES TERRITOIRES ANNEXÉS.
Charles Joseph Van Hultem [1764-1832] pour l'académie de Bruxelles [Dyle, Escaut, Jemmapes, Deux-Nèthes] de 1809 à 1814 ; Jérôme François Lucien de Serra [1761-1837] pour l'académie de Gênes [Gênes, Appenins, Montenotte, Parme et Plaisance, île d'Elbe] ; François Antoine Percelat [1764-1841] pour l'académie de Liège [Sambre-et-Meuse, Meuse-Inférieure, Roer, Ourthe] de 1809 à 1814 ; Louis François Alexandre Boucly [1748-1812] pour l'académie de Mayence [Mont-Tonnerre, Rhin-et-Moselle, Sarre] ; Benjamin Sproni [1764-après 1824] pour l'académie de Pise [Ombroise, Méditerranée, Arno] ; Prosper Gaetan Marie Balbe [1762-1837] pour l'académie de Turin [Doire, Pô, Sesia, Stura].
 
LA CARRIÈRE D'ANDRÉ ALEXANDRE D'EYMAR.
Lorsqu'il est nommé recteur de l'académie d'Aix, André Alexandre d'Eymar est à la fois  professeur de Droit à l'École de Droit d'Aix, où il a été nommé le 1er novembre 1805, et membre du Conseil général du département.
La carrière d'André Alexandre d'Eymar est déjà bien remplie. Alors qu'il est avocat au Parlement de Provence, depuis le 1er juin 1774, âgé de vingt-et-un ans, il est reçu docteur en droit civil et canonique en juin 1775, à l'Université d'Aix-en-Provence. 
Douze ans plus tard il est Professeur à la Faculté de Droit de l'Université d'Aix. Il y reste en fonction jusqu'en décembre 1791.
En 1787, André Alexandre d'Eymar  est nommé professeur « survivancier » à l'Université par brevet du roi du 31 mai 1787.
En octobre 1788, devient syndic de l'Ordre des avocats.
ALEXANDRE D'EYMAR PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
Pendant la Révolution, André Alexandre d'Eymar se retire, dans une propriété, non loin de Manosque, dans le département des Basses-Alpes. 
Il est nommé juge de paix du canton de Sainte Tulle (Basses-Alpes), en 1791, et remplit cette fonction pendant quatorze ans, jusqu'à la suppression de ce canton.
André Alexandre d'Eymar est membre du Conseil général du département des Basses-Alpes, recréé sous le Consulat au 14 février 1800. 
Est nommé, puis confirmé en 1800, par le premier préfet de Digne, Louis Texier-Olivier [1764-1849], Commissaire général des hospices [1791-1803] et chargé, en cette qualité, de rechercher les biens et les titres de toutes les maisons de charité et de leur rédiger des règlements. 
Envoyé comme sous-préfet à Sisteron (Basses-Alpes), « pour y rétablir l'ordre », il réussit dans sa mission en moins de trois mois. 
En octobre 1805, André Alexandre d'Eymar obtient, sur concours, le statut de professeur suppléant à la Faculté de Droit d'Aix-en-Provence. Il reste en fonction jusqu'au 25 mars 1809, date qui concorde avec sa nomination comme recteur de l’académie d'Aix [10 mars 1809].
ANDRÉ ALEXANDRE D'EYMAR RECTEUR DE L'ACADÉMIE D'AIX.
En 1809, et sans modification jusqu'en 1850 [l'académie d'Aix fait partie des dix-huit académies maintenues en 1848], le ressort de l'académie d'Aix s'étend sur les départements suivants : 
Basses-Alpes [chef-lieu : Digne] ; Bouches-du-Rhône [chef-lieu : Aix] ; Corse [chef-lieu : Ajaccio] ; Var [chef-lieu : Toulon] ; Vaucluse [chef-lieu : Avignon].
Chaque recteur dispose, pour accomplir ses taches de contrôle de la gestion financière, de veille de la moralité et de la discipline, la présidence du Conseil d’Université, de la collaboration de deux [quelquefois trois] inspecteurs d'académie.
Leur statut est défini par le décret du 17 mars 1808. Nommés par le Grand-Maître, sur présentation du recteur, les inspecteurs d'académie sont chargés de la visite et de l'inspection des écoles de l'académie, spécialement des collèges, des institutions, des pensions et des écoles primaires, pour voir ceux qui étaient soumis à la rétribution, vérifier le nombre d'élèves de chaque établissement et s'assurer que les listes envoyées au Recteur pour la rétribution étaient exactes. Avec leurs renseignements, le Recteur dressait une liste des établissements d'instruction publique de l'académie qu'il envoyait au Grand-Maître et qui servait à dresser le grand registre des membres de l'Université.  
1810. DISCOURS D'INSTALLATION.
En tant que recteur de l'académie, André Alexandre d'Eymar prononce, le 3 novembre 1810, le discours d'installation de la Faculté de Théologie.
Le texte est édité : Discours prononcé par M. d'Eymar, Recteur de l'académie d'Aix, le 3 novembre 1810, jour de l'installation de la Faculté de Théologie, et de la rentrée de la Faculté de Droit [In-8, 12 p., 1810].
L'abbé Florens est le premier doyen de la Faculté de Théologie. Jean Antoine Balzac, le premier doyen de la Faculté de Droit. 
1809-1822. LES INSPECTEURS DE L'ACADÉMIE D'AIX.
André Alexandre d'Eymar reste en poste pendant plus de douze ans, jusqu'au 14 novembre 1822, passant sans encombre particulier la période 1814-1815 de chute de l'Empire, des Cent-Jours et de la Restauration. Aussi de nombreux inspecteurs, qui croisent parfois leurs carrières, vont se succéder auprès de lui.
Les deux inspecteurs qui assistent André Alexandre d'Eymar sont successivement, en première ligne : Georges Vasse de Saint-Ouen [1775-1863], de 1809 à 1812 ; l'abbé Pierre Nicolas Canaple [1765-1857], de 1812 à 1813 ; Antoine Fiacre François de Félix [1777-1846], de 1813 à 1817 ; à nouveau l'abbé Pierre Nicolas Canaple [1765-1857], de 1817 à 1830.
En deuxième ligne : Jean Baptiste Félicité de Coëtlogon [1773-1827], de 1809 à 1817 ; Mourin, de 1817 à 1819 ; Georges Vasse de Saint-Ouen [1775-1863], de 1819 à 1823.
À partir de 1819, il existe un troisième poste d'inspecteur à Aix, chargé de l'inspection de la Corse. C'est l'abbé Antoine Félix Mourre [1768-1837], ancien inspecteur d'académie à Montpellier [septembre 1815-décembre 1817], résidant lui aussi à Aix, qui remplit cette fonction jusqu'en 1821. En 1821, l'abbé Antoine Félix Mourre  est remplacé par Louis Magloire Cottard [1790-1871], qui est d'abord établi à Aix [octobre 1821-janvier 1822], puis qui réside en Corse à partir de janvier 1822.
1822. BLANQUET DU CHAYLA SUCCÈDE COMME RECTEUR À ALEXANDRE D'EYMAR.
Mis à la retraite, le 1er février 1823, André Alexandre d'Eymar [alors âgé de soixante-huit ans], qui reçoit le titre de recteur honoraire, est remplacé comme recteur par Charles Dominique Marie Adrien Blanquet de Rouville, dit Blanquet du Chayla [1773-1844].
Ancien recteur de l’académie de Montpellier [30 août 1815-décembre 1822], Blanquet du Chayla est nommé recteur de l’académie d’Aix en décembre 1822, en même temps qu'il est professeur de Mathématiques à la Faculté des Sciences.
Il reste en fonction comme recteur de l’académie d’Aix jusqu’en septembre 1824. 
Après quoi, par l’ordonnance du 22 septembre 1824, Blanquet du Chayla est nommé Inspecteur général des études, confirmé par l’arrêté du 25 août 1830 [1824-1838].
1840. DÉCÈS D'ANDRÉ ALEXANDRE D'EYMAR.
Pendant près de dix-sept ans à la retraite, de 1823 à 1840, Alexandre d'Eymar reste à Aix. Il y décède le 25 octobre 1840, quelques jours à peine le séparant de ses quatre-vingt six ans.
Roch Roustan [1801-1870], inspecteur d'académie d'Aix de 1836 à 1848, auprès du recteur Fougères de Villandry [1794-1849], lui-même futur recteur de l'académie d'Aix [1848-1850], prononce un discours sur la tombe d'André Alexandre d'Eymar. Le texte en est édité : Discours prononcé par M. Roustan (Roch) Inspecteur de l'Académie d'Aix, sur la Tombe de M. D'Eymar, Recteur honoraire de la même Académie décédé à Aix, le 25 octobre 1840 [Aix : imprimerie de Nicot Aubin. In-8, 1840].
SITOLOGIE.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5547095z/texteBrut
Base de données Siprojuris, Système d'information des professeurs de droit [1804-1950] :  http://siprojuris.symogih.org/siprojuris/enseignant/56291
SOURCE.
1974. Maurice Gontard : « Un administrateur de l'Université impériale : André Alexandre d'Eymar, recteur de l'académie d'Aix ». Extrait des Actes du 95 ème Congrès national des Sociétés savantes. Section d'histoire moderne et contemporaine. Pages 762-789. Reims 1970 [Paris. 1974].
2006. Jean-François Condette. Les Recteurs d’académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut National de Recherche Pédagogique. Édition de CNRS. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].
Fournit les dates précises des nominations ; les sources des archives ; des extraits de rapports d'inspection.