Debs, Auguste (1813-1849), une carrière trop brève

Debs, décédé à trente-cinq ans, sa carrière n’a pu se déployer pleinement. Normalien [1834] ; agrégé de philosophie [1838] ; docteur ès-lettres [1844] : on imaginerait volontiers Debs devenir proviseur et peut-être même recteur.

[Charles] Auguste Debs [1813-1849]. Né le 14 décembre 1813, à Strasbourg [Bas-Rhin] ; mort en mars 1849, à Rouen [Seine-Inférieure ; aujourd’hui Seine-Maritime].

Élève à Paris du collège royal de Saint-Louis.

1834
ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE.
Ancien élève de l’École normale [27 novembre 1834]. 1/14.
Sont reçus au concours d’entrée, en 1834, dans l’ordre de classement, comme élèves pensionnaires, section Lettres, pour une durée de scolarité de trois ans, les quatorze élèves suivants : Auguste Debs [1813-1849] ; Léon Puiseux [1815-1889] ; Henri Joseph Chevriaux [1816-1883] ; Francisque Bouillier [1813-1899] ; Pierre Hamel [1815-NNN] ; Rudolph [1810-NNN] ; Jean Jacques Guillemin [1814-1870] ; Désiré Henne [1812-1869] ; Alexis Pierron [1814-1878] ; Pierre Gabriel François Révol [1813-1847] ; Charles Picquet [1814-1874] ; Jean Louis Taulier [1816-1896] ; Antoine Macé de Lépinay [1812-1891] ; Eugène Baret [1814-1887].
Sont à demi-pension : Charles Picquet [1814-1874] ; Jean Louis Taulier [1816-1896] ; Antoine Macé de Lépinay [1812-1891] ; Eugène Baret [1814-1887].

1835
RÉPÉTITEUR D’ALLEMAND À L’ÉCOLE NORMALE.
Alors qu’il est élève de deuxième année, de la section Lettres, en 1835/1836, Auguste Debs, qui a vécu dans son enfance à Strasbourg, est chargé d’assurer un cours élémentaire d’allemand à ses condisciples [section Lettres et Sciences mélangées], à raison d’une heure et demie par semaine. Ceci en conformité avec le règlement de 1834, qui avait créé pour les langues vivantes des conférences libres, où les élèves qui en étaient reconnus capables servaient de maîtres à leurs camarades.

1837
COMPOSITION DU JURY D’AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
Sont, auprès de Victor Cousin [1792-1867], conseiller au Conseil royal de l’instruction publique, président du jury, membres du jury d’agrégation de philosophie en 1837 :
Frédéric Cuvier [1773-1838], Inspecteur général des études, depuis le 31 mars 1831 ; Jean Jacques Séverin de Cardaillac [1766-1845], inspecteur de l’académie de Paris [1829-1845] depuis le 7 octobre 1829 ; Philibert Damiron [1794-1862], professeur de philosophie au collège royal de Louis-le-Grand ; Marie Nicolas Bouillet [1798-1864], professeur de philosophie au collège royal de Charlemagne.
Le concours a été ouvert à la Sorbonne, le 21 juillet 1837.

Sur les six candidats inscrits, quatre seulement ont répondu à l’appel : M. Jeannel, chargé du cours de philosophie au collège royal de Pontivy, et MM. Bouillier, Debs et Henne, élèves actuels de l’École normale, tous les quatre remplissant les conditions prescrites par les règlements.

Ont été refusés : Auguste Debs [1813-1849], ancien élève de l’École normale [1834] ; qui sera reçu à l’agrégation de philosophie, l’année suivante, le 12 septembre 1838, alors qu’il est chargé de l’enseignement de la philosophie au collège royal de Limoges.
Charles Jeannel [1809-1886] ; qui sera lui aussi reçu à l’agrégation de philosophie l’année suivante, le 12 septembre 1838, alors qu’il est chargé de la philosophie au collège royal de Poitiers.

1837
CHARGÉ DE L’ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE À LIMOGES.
Après s’être présenté à l’agrégation de philosophie en 1837, Auguste Debs est nommé chargé de l’enseignement de la philosophie au collège royal de Limoges [département de Haute-Vienne ; académie de Limoges] en remplacement d’Adolphe Bertereau [1812-1879], ancien élève de l’École normale [1831], nommé professeur de philosophie au collège royal d’Amiens.

1838
REÇU À L’AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
Auguste Debs se présente à nouveau à l’agrégation de philosophie en 1838.
C’est Théodore Jouffroy [1796-1842], professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres à la Faculté des Lettres de Paris, et non V. Cousin [sans doute pour des raisons de santé], qui préside en 1838 le jury d’agrégation de philosophie.
Sont membres du jury : Philibert Damiron [1794-1862], professeur de d’Histoire de la philosophie à la Faculté des Lettres de Paris ; Jean-Jacques Séverin de Cardaillac [1766-1845], inspecteur de l’académie de Paris ; Jules Barthélemy Saint-Hilaire [1805-1895], professeur de Langue et de Philosophie grecques du Collège de France ; Marie Nicolas Bouillet [1798-1864], professeur de philosophie au collège Henr-IV.
Les résultats sont proclamés le 12 septembre 1838.

Sont reçus à l’agrégation de philosophie en 1838, dans l’ordre de classement  : Auguste Debs [1813-1849], ancien élève de l’École normale [1834], chargé de philosophie au collège royal de Limoges ; Charles Jeannel [1809-1886], chargé de la philosophie au collège royal de Poitiers ; Auguste Morelle [1807-1887], ancien élève de l’École normale [1827, École préparatoire], régent de philosophie au collège de Lille.

1838
ORAL DE L’AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.
Un compte rendu de l’oral du concours d’agrégation de philosophie, paru dans le Journal général de l’instruction publique : enseignement supérieur, permet de connaître le déroulement des épreuves affrontées par Auguste Debs.

< Debs, appelé le premier, avait à exposer l’objet et le plan de la Métaphysique d’Aristote, et donner l’explication des termes principaux introduits par le philosophe de Stagyre dans le langage de la science. Il a fait cette exposition avec clarté et briéveté >.
Le lendemain [25 août 1838], Debs est opposé à Pierre Auguste Boutron [1813 -1874]. < Debs a voulu ramener à un principe unique toutes les objections d’Aristote, l’idée de l’utile qu’il oppose à l’idée de juste qui est le principe fondamental de Platon. Il a émis l’opinion qu’une fois on aurait bien compris et apprécié le principe d’Aristote on pourrait plus facilement juger ses objections >.
Enfin, le troisième jour [26 août] < Debs a fait la théorie de la déduction et de l’induction. […]. Entrant réellement dans son sujet, il a fait une excellente théorie de ces deux opérations si importantes de l’entendement ; et insistant principalement sur l’induction qui est en effet celle dont la théorie est la moins avancée, il a montré en quoi elle différait de la déduction et comment, toutefois, elle pouvait s’y ramener. […]. Cette leçon, fort étendue, était pleine de choses, et n’a paru longue à personne ».

  • https://books.google.fr/books?hl=fr&id=NqwoHDSLE54C&q=Jouffroy#v=snippet&q=Jouffroy&f=false

1838
MAÎTRE SURVEILLANT À L’ÉCOLE NORMALE.
Après l’agrégation, Victor Cousin retient Auguste Debs comme maître surveillant à l’École normale : Auguste Debs y est maître surveillant en 1838-1839, en même temps que Delaprovostaye [1835-1839] qui prépare l’agrégation de sciences physiques près les Facultés. Debs continue son enseignement d’allemand.
Après cette année passée comme maître surveillant, Auguste Debs est nommé enseignant à Blois [1842].

C’est à partir du 28 septembre 1841 [1841-1843] que sera nommé à l’École normale, avec Adolphe Régnier [1804-1884], le premier maître de conférences d’allemand ; et à partir du 18 novembre 1845 [1845-1849] que sera nommé, avec Francis Churchill, le premier maître de conférences d’anglais.

1839
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À ORLÉANS.
Auguste Debs est nommé, le 31 août 1839, au collège royal d’Orléans [département du Loiret ; académie d’Orléans], en remplacement de Francisque Bouillier [1813-1899], resté deux ans à Orléans [1837-1838], qui vient d’être promu à la Faculté des Lettres de Lyon, rétablie le 24 août 1838, comme chargé des fonctions de professeur [fin 1838] puis professeur titulaire de la chaire de Philosophie de 1839 à 1864.
Auguste Debs reste en poste jusqu’en septembre 1843.

Est remplacé à Orléans par Désiré Henne [1812-1869], ancien élève de l’École normale [1834], agrégé de philosophie [1837], qui vient de soutenir sa thèse de doctorat ès-lettres sur l’École de Mégare.

1843
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À AMIENS.
Nommé le 26 septembre 1843, professeur de philosophie au collège royal d’Amiens [département de la Somme ; académie d’Amiens], en remplacement d’Alfred Lorquet [1815-1883], qui vient, à la suite d’un concours, d’être institué le 15 septembre 1843 en qualité d’agrégé près les Facultés des Lettres des départements ; et nommé à Paris au collège Charlemagne.

1844
DOCTORAT ÈS-LETTRES.
Docteur ès-lettres [Paris, août 1844] avec une thèse latine qui porte sur la vie et les œuvres de Jordano Bruno : Ph. Jordani Bruni Nolani vita et placita, conscripsit A. Debs, philos. prof. Scholae norm. olim alumni.
[Amiens : Imprimerie de E. Yvert, Rue des sergents, 32. In-8, 131 p., 1844].
Avec, en exergue, sur la page de titre : La morte in un secolo fa vivo in tutti gli altri…(J. Bruno.)

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5328200f.texteImage

La thèse française a pour titre : Tableau de l’activité volontaire pour servir à la science de l’éducation, par A. Debs, Professeur de philosophie, Ancien Élève de l’École normale.
[Amiens : Imprimerie de Duval et Herment, Place Périgord. In-8, 196 p. , 1844].
La thèse est éditée.

  • https://books.google.com.ag/books?id=5FM04MTqXNIC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false

MAINTENU PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À AMIENS.
Après le doctorat, Auguste Debs est maintenu à Amiens. Il y reste jusqu’en début 1848.
Est remplacé en janvier 1848 par Pierre Boutron [1813-1874], ancien élève de l’École normale [1833], agrégé de philosophie [1845].

1848.
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À ROUEN.
Auguste Debs est nommé, le 22 janvier 1848, professeur de philosophie au collège royal, puis lycée de Rouen [Seine-Inférieure], en remplacement de Charles Bénard [1807-1898], en poste à Rouen depuis le 5 octobre 1840, nommé professeur divisionnaire de philosophie à Paris au collège royal Bourbon [Condorcet].

Dans le chapitre III de ses Mémoires d’un critique, publié en 1895, Jules Levallois [1829-1903] consacre dans le chapitre III un passage à Auguste Debs [1813-1849], qui a été en 1849 son professeur de philosophie au collège royal de Rouen.

Évoquant la dénonciation auprès des autorités religieuses dont Debs est l’objet, à la suite d’une leçon sur la prière, Jules levallois poursuit : < Ses leçons étaient pourtant d’une extrême innocence. Il nous enseignait la placide philosophie écossaise de Dugald Stewart et de Thomas Reid, à laquelle il ajoutait deux parties nouvelles : L’esthétique et la pédagogie. La psychologie, qui commençait à poindre alors, avait en lui un sectateur zélé. « Vous, Debs, vous serez orientaliste », lui avait dit Victor Cousin à l’École normale ; et comme Debs s’obstinait à rester psychologue, il fut promené de collège en collège, ballotté de disgrâce en disgrâce >.

Auguste Debs décède à Rouen, en mars 1849, dans sa trente-sixième année.

Est remplacé par Augusto Vera [1813-1885], agrégé de philosophie [1844], antérieurement professeur de philosophie à Limoges, nommé à Rouen le 4 avril 1849.

CORRESPONDANT DE L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES.
A été correspondant de l’Association des anciens élèves de l’École normale. Décidée en 1845, l’Association fraternelle et charitable entre tous les anciens élèves de l’École normale, créée au 1er janvier 1846, présidée par Victor Cousin, de 1846 à 1849, puis par Paul François Dubois, de 1850 à 1866, reçoit les cotisations et le soutien de nombreux anciens élèves, enseignants et administratifs, répartis sur tout le territoire.

SOURCES.

  • https://data.bnf.fr/10183142/auguste_debs/
  • https://www.textesrares.com/pages/philo-du-xixe-en-france-articles/Debs-Auguste-et-l-enseignement-de-la-philosophie-dans-les-annees-1840.html
  • Michel Espagne, Françoise Lagier, Michael Werner. [Revue] Philologiques, II. « Les premiers enseignants d’allemand en France [1830-1850]. [Paris : Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme. 240 p., 1991].
  • Jules Levallois. Mémoires d’un critique. 1895.
    https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Page:Levallois_-_M%C3%A9moires_d%E2%80%99un_critique,_Librairie_illustr%C3%A9e.djvu/80&action=edit&redlink=1