Siguy, Louis (1801-1884), un maître d’études qui connaît le grec

C’est un parcours qui n’est pas banal : maître d’études appelé à Toulouse, puis deux décennies plus tard, doyen de la Faculté des Lettres de Montpellier, en poste pendant presque vingt ans. La connaissance du grec ancien et l’obtention d’une thèse de doctorat ponctuent ce parcours hors pair.Louis [Antoine Alexandre] Siguy. Né le 11 mars 1801, à Toulouse [Haute-Garonne] ; mort le 25 février 1884.

MAÎTRE D’ÉTUDES À RENNES.
Maître d’études au collège royal de Rennes [Ille-et-Vilaine].
La position de maître d'études correspond au rang le plus bas de l'échelle définie à l'article 31 du décret, du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université impériale. Cependant elle n'est accessible qu'à des bacheliers. En ce qui concerne l'enseignement, le niveau juste au-dessus est celui de « régent de collège ».
Mais, Louis Siguy fait partie du petit nombre de jeunes enseignants ayant appris le grec. Ce qui va orienter très favorablement sa carrière ultérieure.
C’est au titre de cette connaissance du grec ancien que la Commission de l’instruction publique le nomme en octobre 1820 à Toulouse.

1820. AGRÉGÉ AU COLLÈGE DE TOULOUSE.
Louis Siguy est nommé maître d’études au collège royal de Toulouse [Haute-Garonne].
L’arrêté de nomination, en date du 10 octobre 1820, indique : « M. Siguy, maître d’étude [sic] au collège royal de Rennes, est nommé maître d’étude et agrégé au collège royal de Toulouse. M. Siguy sera à la disposition de M. le proviseur pour donner des leçons de grec aux élèves du collège royal ».

Deux agrégés sont ainsi, à cette date, à la disposition du proviseur du collège royal, l’abbé Gatien Ferrouil de Montgaillard, pour assurer des enseignements complémentaires : Louis Siguy et Prat.

1827. PROFESSEUR DE RHÉTORIQUE AU COLLÈGE DE MONTPELLIER.
En 1826-1827, Louis Siguy est nommé professeur de rhétorique, au collège royal de Montpellier, en remplacement de Nicod.

En 1836, un premier congé d’un an est accordé à Louis Siguy.
Mais, par un arrêté, en date du 19 décembre 1837, le second congé d’un an accordé le 14 octobre 1837 à Louis Siguy est rapporté. Et ce dernier, qui devait être suppléé par Philippe Roux [1808-1887], agrégé des lettres [1831], reprend sa chaire.

Louis Siguy reste en poste à Montpellier, jusqu’en 1838, date de l’obtention de son doctorat ès-lettres, autorisant sa nomination, comme professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier reconstituée.

1838. DOCTEUR ÈS-LETTRES.
Louis Siguy est docteur ès-lettres [Toulouse, 28 août 1838], avec une thèse latine De civica virtute. In-8.

La thèse, en français, a pour titre : Examen comparé de l’Iphigénie à Aulis d’Euripide et de l’Iphigénie en Aulide de Racine.
Les principes énoncés dans cette thèse littéraire seront développés le 2 août 1838.
[Toulouse : Imprimerie J. Martel aîné. In-8, 66 p., 1838].

1838. RÉTABLISSEMENT DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER.
La Faculté des Lettres de Montpellier avait été constituée, par arrêté ministériel, le 29 juillet 1809, et installée le 30 avril 1810 par le recteur Charles Louis Dumas [1765-1813].
 Elle est supprimée, comme seize autres Facultés des Lettres, par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816
 

La Faculté des Lettres, dans un mouvement qui concerne trois autres facultés, est rétablie par une ordonnance royale de Louis-Philippe, le 24 août 1838, alors qu'Achille de Salvandy [1795-1856], est ministre de l’Instruction publique pour la première fois [15 avril 1837-31 mars 1839], dans le deuxième ministère Molé [15 avril 1837-31 mars 1839].

LE MOUVEMENT DE RÉTABLISSEMENT DES FACULTÉS EN PROVINCE.
Ce mouvement de rétablissement des Facultés de province, concerne à la même date du 24 août 1838, quatre Facultés. Dans l’ordre alphabétique : Bordeaux ; Lyon ; Montpellier ; Rennes.
A chaque fois sont instituées dans ces Facultés cinq chaires : Philosophie ; Histoire ; Littérature ancienne ; Littérature française ; Littérature étrangère.

Ce mouvement se poursuivra en 1845, avec Poitiers ; en 1846, avec Aix ; en 1847, avec Grenoble.
Enfin, sous le second Empire, le 22 août 1854 : Clermont ; Douai ; Nancy.

LES CHAIRES DE LA FACULTÉ DE MONTPELLIER RECONSTITUÉE.
Les chaires sont pourvues par arrêté ministériel du 18 septembre 1838.

Sont nommés en Philosophie : l’abbé Jean Baptiste Marcel* Flottes [1789-1864], antérieurement professeur de philosophie au collège royal de Montpellier, depuis 1815.
Au 18 septembre 1838, l’abbé Flottes est nommé « chargé des fonctions de professeur de philosophie », pour quelques semaines, puis par arrêté du 12 octobre, professeur.
En 1846, absent pour raisons de santé, est suppléé par Émile Maurial [1816-1874], du 20 novembre 1846 à octobre 1847. Charles Jeannel est délégué en octobre 1847.
En poste jusqu’en 1856, l’abbé Flottes sera remplacé en 1857 par Charles Jeannel [1809-1886], antérieurement professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Rennes, en poste à Montpellier comme professeur du 30 décembre 1857 au 25 septembre 1874.

En Littérature ancienne : Louis Siguy [1801-1884], antérieurement professeur de rhétorique au collège royal de Montpellier, en poste comme professeur à Montpellier du 18 septembre 1838 au 16 novembre 1861, date à laquelle il fait valoir ses droits à la retraite, et reçoit le titre de professeur honoraire.
Il sera remplacé par François Cambouliu [1820-1869], antérieurement professeur de Littérature ancienne à la Faculté des Lettres de Strasbourg, en poste à Montpellier comme professeur du 7 octobre 1862 au 20 octobre 1869.

En Littérature française : Auguste Bascou [1800-1843], ancien élève de l’École normale [1819], antérieurement avocat à Montpellier depuis 1831, en poste comme professeur, depuis le 18 septembre 1838, jusqu’au 11 avril 1843, date de son décès en fonction.
Il sera remplacé par Saint-René Taillandier [1817-1879], d’abord chargé du cours [1843-1846], puis professeur titulaire [1846-1853].

En Littérature étrangère : Léonce de Lavergne [Delavergne] [1809-1880], Comme chargé des fonctions de professeur [18 septembre 1838-1839], en poste seulement jusqu’en 1839.
Il sera remplacé par Achille Jubinal [1810-1875], ancien élève de l'École des Chartes, chargé des fonctions de professeur du 4 février 1839 à 1847 ; puis remplacé par Armand Mondot [1804-1887].

En Histoire : Alexandre Germain [1809-1887], antérieurement chargé du cours d’histoire au collège royal de Nîmes. Tout d’abord, chargé des fonctions de professeur [18 septembre 1838-1839], puis professeur, en poste jusqu’en 1885, date de sa retraite.
Il sera remplacé par Paul Gachon [1854-1929]. Tout d’abord, chargé du cours [26 juillet 1886], puis professeur [10 novembre 1888].

1838. PROFESSEUR DE LITTÉRATURE ANCIENNE.
Selon l’usage Louis Siguy est installé, le 3 janvier 1839, dans sa chaire de Littérature ancienne, par le recteur de l’académie de Montpellier. Autrement dit par Joseph Diez Gergonne [1771-1849], ancien doyen de la Faculté des Sciences de Montpellier, recteur de l’académie [1830-1844].
À cette occasion, Louis Siguy fait éditer : Discours prononcé le 3 janvier 1839, à l'installation de la Faculté des lettres de Montpellier, par L. Siguy.
[Montpellier : Imprimerie de J. Martel aîné. In-8, 24 p., 1839].

LE CONTENU D’ENSEIGNEMENT DU COURS DE LITTÉRATURE ANCIENNE.
En 1838-1839, le cours de Littérature ancienne de Louis Siguy porte sur Les Orateurs grecs avant l’ère chrétienne. Explication de l’Épître aux Pisons et de l’Œdipe-Roi.
En 1839-1841, La Littérature dramatique chez les Grecs et les Romains. Explication d’Hécube, et en 1840-1841, explication de Prométhée.
En 1841-1842, La Comédie grecque.
1842-1843, Le Théâtre latin.
1843-1844. L’Éloquence latine.
1844-1846. Les Oeuvres de Cicéron.
1846-1847. La Littérature latine au siècle d’Auguste.
1847-1848. Horace.
1848-1852. Virgile, ses modèles et ses imitateurs.
1852-1853. Aristote, Rhétorique livre II. Quintilien, Institutions oratoires, livre X.
1853-1854. Histoire de la littérature grecque jusqu’au siècle de Périclès et de la littérature latine jusqu’au siècle d’Auguste.
1854-1855. Histoire littéraire des siècles de Périclès, d’Alexandre et d’Auguste.
1855-1856. Études sur les Pères de l’Église.
1856-1857. Homère. Plaute et Térence.
1857-1858. Les principaux historiens grecs et latins.
1858-1859. L’Éloquence chrétienne au IV ème siècle.
1859-1860. La Littérature grecque avant Périclès. La littérature latine avant Auguste.
1860-1861. Les Tragiques grecs. Explication des Perses. Les œuvres de Cicéron. Explication du second discours contre Rullus.

1838-1861. LE PREMIER DÉCANAT DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
En même temps qu’il est nommé en 1838 professeur de Littérature ancienne, Louis Siguy est chargé des fonctions de doyen de la Faculté des Lettres.
Premier doyen de la Faculté, Louis Siguy reste dans cette fonction jusqu’au 9 novembre 1861, date de son départ volontaire à la retraite. Et reçoit le titre de doyen honoraire le 17 février 1863.

C’est dans le cadre de son décanat que Louis Siguy prononce, à la rentrée universitaire 1843-1844, l’éloge funèbre d’Auguste Bascou [c. 1800-1843], professeur titulaire de la chaire de Littérature française, décédé en fonction le 11 avril 1843.

C’est également dans le cadre de son décanat que Louis Siguy prononce, le 15 novembre 1855, le Rapport à la séance solennelle de rentrée des Facultés.
[Montpellier : Imprimerie de J. Martel aîné. In-8, 16 p., 1855].

LES DOYENS SUCCESSIFS DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER.
Louis Siguy [1801-1884], professeur de Littérature ancienne, nommé le 18 septembre 1838, en poste jusqu’au 9 novembre 1861. Doyen honoraire le 17 février 1863.

Alexandre Charles Germain [1809-1887], professeur d’Histoire, nommé le 9 novembre 1861. Relevé de ses fonctions sur sa demande le 1er octobre 1881. Doyen honoraire le 1er octobre 1881.

°Désiré Nolen [1838-1904], professeur de Philosophie, nommé le 1er octobre 1881. Nommé recteur de l’académie de Douai le 6 décembre 1881, cesse ses fonctions de doyen le 9 décembre 1881.

Ferdinand* Castets [1838-1911], professeur de Littérature étrangère, nommé le 8 décembre 1881. Maintenu le 12 décembre 1884, le 11 décembre 1887, le 28 novembre 1890. Doyen en poste jusqu’en 1902.

Paul Gachon [1854-1929], professeur d’Histoire. Doyen de 1902 à 1908

Léon Gabriel Pélissier [1863-1912], professeur d’histoire. Doyen de 1908 à 1912.

1860. SIGUY DÉDICATAIRE DE LA THÈSE D’ÉMILE COMBES.
En 1860, Louis Siguy est dédicataire de la thèse, en français, soutenue à Rennes, par Émile Combes :
La Psychologie de saint Thomas d'Aquin, par Just. Émile Combes, Ancien Élève de l’École des Carmes, Professeur à l’Institution de Pons.
[Montpellier : Typographie de Pierre Grollier, rue des Tondeurs, 9. In-8, 536 p., 1860].
La thèse est dédiée : « A Monsieur/ L. Siguy, / Doyen de la Faculté des lettres de Montpellier, / Témoignage de vive reconnaissance et de respectueuse affection ».

Émile Combes [1835-1921], docteur ès-lettres [Rennes, 1860], docteur en médecine [Paris, 1868], après une formation religieuse et une activité de professeur de philosophie à Nîmes puis à Pons, mène une carrière politique : maire de Pons [Charente-Maritime, 1875-1919] ; sénateur [1885-1921] ; ministre de l'Instruction publique et des cultes [1895-1896] ; président du Conseil, ministre de l'Intérieur et des cultes [1902-1905]. La politique qu’il conduit mène, en 1905, à la loi de séparation des Églises et de l’État.

DÉCORATION.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur le 6 mai 1846.
La seule fiche conservée dans le dossier indique également la date du décès.

SITOLOGIE.
1891. Revue internationale de l’enseignement. Année 1891.
Livret de la Faculté des Lettres de Montpellier, pp. 107-126.
https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1891_num_22_2_2729

2011. Les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle (1808-1880) :
La notice concernant Louis Siguy est accessible :
http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/fiche.php?indice=1395