Corneille, Pierre Alexis (1792-1868), l’éclat d’un grand nom au service d’une carrière

Les aléas de l'histoire abrégeant la simple destinée universitaire de cet inspecteur d'académie, une voie politique s'ouvre pour lui à l'ombre de l'Empire autoritaire. Candidat officiel, Pierre Alexis Corneille exerce son mandat de député de la Seine-Maritime pendant plus de quinze ans. Son fils Pierre Rémy, lui succède tout naturellement.

Pierre Alexis Corneille [1792-1868]. Né le 24 janvier 1792, à Carpentras [Vaucluse] : mort le 16 mars 1868, à Paris [Seine].
Élève du lycée de Marseille. Il y est boursier sur recommandation de Bonaparte, Premier Consul, au titre de descendant du « grand Pierre Corneille ». Toute sa vie Pierre Alexis Corneille revendiquera l'appartenance à cette illustre descendance.
1810. ENSEIGNANT DE MATHÉMATIQUES AU COLLÈGE DE LORGUES.
Après ses études au lycée de Marseille [académie d’Aix], Pierre Alexis Corneille, nommé le 27 mai 1810 par André Alexandre d’Eymar [1754-1840] premier recteur de l'académie d'Aix, enseigne les mathématiques, dans la même académie d’Aix, au collège de Lorgues [Var]. Et, le 9 novembre 1811, reçoit le titre de régent de mathématiques.
1813. ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE.
Pierre Alexis Corneille est nommé, à Paris, à l'École normale le 6 novembre 1813.
Sont nommés à l'École normale, pour l'année 1813 [troisième promotion], comme élèves boursiers pensionnaires, pour une durée de scolarité de deux ans [c'est le cas pour les élèves des promotions 1810, 1811, 1812, 1813, 1814], dans l'ordre alphabétique, les cinquante élèves suivants :
Auguste Agon [vers 1795-1866] professeur à Louis-le-Grand ; Fortuné Albrand [1795-1826], orientaliste ; Joseph Anceau [vers 1794-1831], professeur au collège de Bourbon ; Charles Ansart [1796-1849], inspecteur de l’académie de Caen [1844-1848] ; Joseph Armandies [1796- ], chef de bureau du Commerce extérieur au Ministère de l’Agriculture et du Commerce ; Jean Barbier, professeur d’humanités au lycée d’Alençon ; Louis Bautain [1796-1867], professeur de Philosophie et doyen de la Faculté des Lettres de Strasbourg [1838-1849] ; Démophile Blocquel, propriétaire à Amiens ; Hervé Bouchitté [1795-1861], recteur départemental d'Eure-et-Loir puis de Seine-et-Oise ; Chantelot ; Pierre Alexis Corneille [1792-1868], député au Corps législatif ; Jean Cournand, chef d’institution ; Cremières ; Philibert Damiron [1794-1862], professeur de philosophie à la Faculté des Lettres de Paris ; Félix Dehèque [1794-1870], professeur de lettres ; Deroissy ; Laurent Dubois [1796-1862], professeur de philosophie au collège de Rochefort, futur recteur départemental ; Charles Duflos ; Émile Dumas, professeur à Hambourg ; Duroy, propriétaire à Bordeaux ; Louis Forget [1794-1857], professeur de rhétorique au collège de Falaise ; Fulgence Fresnel [1795-1855], consul général à Mossoul ; Jean François Gail [1795-1845], professeur d'histoire au lycée Saint-Louis ; Jean Gavinet [1794-1845], recteur d’académie à Bordeaux ; Alexis Gensollencq, professeur à Paris ; Godon ; Maurice Grangeneuve [ -1868], notaire à Bordeaux ; Guillard ; Pierre Guyot [1794-1832], futur professeur titulaire de troisième au collège Louis-le-Grand [1824] ; Jean Hugot [1794- ], professeur de grammaire à la Réunion ; Adrien Jarry de Mancy [1796-1862], professeur d’histoire et bibliothécaire à l’École des Beaux-Arts ; Alexandre Johanet [ -1873], supérieur du grand séminaire d’Orléans ; Théodore Jouffroy [1796-1842], professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Paris [1837-1842] ; Marie Julien ; Pierre Lebreton, professeur de première au collège de Lorient ; Louis Mignon, directeur des pages du Roi ; Jacques Moreau-Champlieux [1795-1851], administrateur des douanes à Paris ; Hippolyte Morin-Champrousse, professeur de grammaire au collège de Sens ; Aimé Pariset [1795-1872], membre du Conseil d’Amirauté ; Achille Perreau [1794-1852], professeur de rhétorique au collège royal Saint-Louis ; Jacques Pruissenacre ; Léonide Rabany [1794-1838] professeur de lettres à La Réunion ; François Ragon [1795-1872], Inspecteur général de l’Instruction publique ; Jean Remoussin ; Emmanuel Roux [1819-1879], professeur de Littérature orientale ancienne à la Faculté des Lettres de Grenoble ; François Thivrier [1795- ], professeur au lycée de Grenoble, avoué ; Jacques Tongard-Boismilon [1795-1871], secrétaire des commandements du comte de Paris ; Auguste Trognon [1795-1873], secrétaire du prince de Joinville ; Louis Verhaeghe, professeur de quatrième au collège royal de Douai ; Armand Balthazard Vernadé [1795-1888], professeur de seconde au lycée Saint-Louis ; Louis Viollette [vers 1795-1818], professeur au lycée Henri-IV.
1815. RÉPÉTITEUR DE MATHÉMATIQUES À HENRI-IV.
Au sortir de l'École normale, Pierre Alexis Corneille est nommé à Paris, au collège royal de Henri-IV, comme maître d’études, répétiteur de mathématiques pour les élèves internes.
Il est attentif à la publication par l'imprimeur libraire Antoine Augustin Renouard [1765-1853], en 1817, d'une Nouvelle édition des Oeuvres de Pierre Corneille avec des commentaires de Voltaire, en douze volumes.
Il lui adresse un courrier à cette occasion.
1818. PROFESSEUR D'HISTOIRE AU COLLÈGE DE ROUEN.
Professeur d’histoire au collège royal de Rouen, au moment de la création du poste au lycée. Il y est désigné comme « agrégé » pour l'enseignement d'histoire et de géographie, statut d’agrégé sans rapport avec l'agrégation d'histoire proprement dite, concours national qui ne sera créé qu'en 1831.
Reste en poste jusqu'au 1er juillet 1830, date à laquelle il est nommé inspecteur de l'académie de Pau.
Pierre Alexis Corneille est remplacé comme professeur d'histoire par Adolphe Chéruel [1809-1891], ancien élève de l'École normale, et agrégé des lettres, nommé le 7 octobre 1830.
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ LIBRE D'ÉMULATION DE ROUEN.
Pierre Alexis Corneille est élu membre de la Société libre d'émulation de Rouen.
Cette société a été créée en 1792, sous l'intitulé :  Société libre d'émulation du commerce et de l'industrie de Seine-Maritime.
Il y intervient à plusieurs reprises : 
En 1824, il lit dans la séance publique du 9 juin 1824, un texte de huit pages : Rapport sur les Mémoires envoyés au concours, répondant à la question « Quelle est l'influence réciproque des mœurs sur le théâtre, et du théâtre sur les mœurs ? ».
Numérisé : 
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30272079x
1826. UNE DISSERTATION SUR CORNEILLE.
Pierre Alexis Corneille publie en 1826, une Dissertation sur la date de naissance du grand Corneille, par P. Corneille [Rouen : F. Baudry. In-8, 4 p., 1826].
Numérisé : 
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6353945x
Cette Dissertation fait suite aux travaux d'une Commission créée par la Société libre d'émulation de Rouen, nommée pour résoudre la question de la date de naissance de Pierre Corneille, commission dont Pierre Alexis Corneille a été nommé rapporteur. Il se prononce pour la date du 6 juin 1606 [et non le 9 juin, comme il a été parfois indiqué ; le 9 juin étant la date de son baptême].
Une autre commission, créée en 1827, par l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, et dont le jurisconsulte Charles Juste* Hoüel [1787-1853] est le rapporteur, se prononce également pour la date du 6 juin.
1830. INSPECTEUR DE L'ACADÉMIE DE PAU.
Quittant la position d’enseignant, et promu à des fonctions d’autorité, Pierre Alexis Corneille est nommé, le 1er juillet 1830, l'un des deux inspecteurs d’académie de Pau, auprès de Louis François Marie de La Liborlière [1774-1847], recteur de l'académie du 7 septembre 1815 au 9 octobre 1830.
Le ressort de l'académie de Pau s'étend sur les Landes [chef-lieu : Mont-de-Marsan] ; les Basses-Pyrénées [chef-lieu : Pau] ; les Hautes-Pyrénées [chef-lieu : Tarbes].
Mais, Pierre Alexis Corneille ne reste que quelques mois à Pau, étant nommé en octobre inspecteur d'académie à Poitiers.
1830. INSPECTEUR DE L'ACADÉMIE DE POITIERS.
Pierre Alexis Corneille est nommé, le 22 octobre 1830, l'un des deux inspecteurs d’académie de Poitiers, en remplacement de l'abbé Jean Baptiste Mazel [1767-1838], mis à la retraite d'office.
L'autre inspecteur de l'académie de Poitiers en première ligne est Adolphe Mazure [1799-1870].
Comme inspecteur d'académie Pierre Alexis Corneille travaille auprès de l'abbé Maurice Ranc [1764-1842], ancien proviseur du collège royal de Poitiers, recteur de l'académie du 23 août 1830 à octobre 1835.
En 1830, l'arrondissement de l'académie de Poitiers comprend quatre départements : la Charente-Inférieure [chef-lieu : La Rochelle] ; les Deux-Sèvres [chef-lieu : Niort] ; la Vendée [chef-lieu : La Roche-sur-Yon, Bourbon-Vendée] ; la Vienne [chef-lieu : Poitiers].
Pierre Alexis Corneille reste en poste à Poitiers jusqu'en mars 1834, date de sa nomination à Rouen.
1830. GÉOGRAPHIE DE LA FRANCE.
Pierre Alexis Corneille publie en 1830 : Géographie de la France, divisée par bassins, servant à fixer la position respective des départements, par P.-A. Corneille [Rouen : E. Le Grand. In-18, 30 p. et carte, 1830].
1834. PARTICIPE À L'INAUGURATION DE LA STATUE DE PIERRE CORNEILLE.
Le monument, piédestal en pierre, statue en bronze ; sculptée en plâtre, en 1832, par David d'Angers, membre de l'Institut, et fondu par Honoré Gonon, a été élevé grâce à une souscription nationale, lancée en 1828, d'un montant de plus de soixante-dix-sept mille francs et la prise en charge par la Société d'Émulation de quatre mille francs.
L'inauguration a lieu le 19 octobre 1834, en présence du roi Louis-Philippe, d'une députation de l'Académie française, de très nombreuses personnalités françaises et étrangères.
Pierre Alexis Corneille, son épouse et ses enfants y assistent avec d'autres descendants du grand Corneille.
1834. INSPECTEUR DE L'ACADÉMIE DE ROUEN.
Pierre Alexis Corneille est nommé, le 10 mars 1834, l'un des deux inspecteurs d’académie de Rouen, auprès de Jean Claude Badelle [1777-1848], recteur de l'académie du 30 septembre 1830 au 31 septembre 1839.
L'autre inspecteur, au second rang, est Jean Baptiste Lerond [1771-1848], nommé depuis décembre 1822.
Le ressort de l'académie de Rouen s'étend sur les deux départements : l'Eure [chef-lieu : Évreux] ; la Seine-Inférieure [chef-lieu : Rouen].
Pierre Alexis Corneille reste en poste à Rouen jusqu'en 1848, au moment de la fusion des académies de Rouen et de Caen.
Pierre Alexis Corneille est mis à la retraite. Il n'a alors que quarante-quatre ans.
Reçoit le titre d’Inspecteur honaraire.
1848. MAIRE DE MAUCOMBLE.
Sa carrière académique étant achevée, Pierre Alexis Corneille débute une carrière politique, comme maire de Maucomble, petite commune de Seine-Inférieure [aujourd'hui Seine-Maritime], d'environ cinq cents habitants, où Pierre Alexis Corneille réside à partir de 1848, jusqu'en 1852.
1852. CORNEILLE DÉPUTÉ BONAPARTISTE
Sous le Second Empire, Pierre Alexis Corneille est élu député de la Seine-Inférieure, comme candidat officiel de la troisième circonscription ; pour un premier mandat, du 19 décembre 1852 au 29 mai 1857, siégeant au sein de la majorité dynastique.
Les élections pour cette première législative ont eu lieu le 29 février. 
Le député, ayant le soutien du gouvernement, élu pour la troisième circonscription est Amédée Desjobert [1796-1853]. Mais ce dernier démissionne le 27 juin 1852, et Pierre Alexis Corneille, désigné comme candidat officiel, est élu à son siège.
S'adresse à ses électeurs, par une circulaire, du 14 décembre 1852.
A MM. les électeurs de la 3e circonscription électorale de la Seine-Inférieure [Rouen : imprimerie de D. Brière. In-4. 1852].
Pierre Alexis Corneille est élu à nouveau le 21 juin 1857, siégeant jusqu'au 7 mai 1763, toujours au sein de la majorité dynastique.
S'adresse à ses électeurs, par une circulaire, datée de 1857.
A MM. les électeurs de la 3e circonscription de la Seine-Inférieure [Neufchâtel. In-4, 1857].
Enfin, il exerce un troisième mandat, à partir du 31 mai 1863.
S'adresse à ses électeurs, par une circulaire, datée de 1863.
A MM. les électeurs de la 3e circonscription de la Seine-Inférieure [Neufchâtel. In-4, 1863].
Il exerce ce mandat jusqu'à son décès en fonction, survenu le 16 mars 1868, à Paris.
Il est alors remplacé par son fils Pierre Rémy Corneille [1823-1896], conseiller de préfecture à Rouen, élu le 2 mai 1868 et siégeant, au sein de la majorité dynastique, jusqu'au 4 septembre 1870.
 
DÉCORATION.
Officier d’Université.
Nommé chevalier [mai 1846], puis promu officier [14 août 1866] de la Légion d'honneur.
SOURCE.
Adolphe Robert, Edgard Bourloton et Gaston Cougny. Dictionnaire des parlementaires français depuis 1789 [Paris : Bourloton éditeur. 1891].
Numérisé.
http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/%28num_dept%29/9319