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Millet-Robinet, Maison rustique des dames, 1884

Entremets sucrés (1 2) : cerises . crèmes . mousses . oeufs . gâteaux

Cerises

Gâteau de cerises (entremets). - Faites une pâte avec deux œufs, le blanc et le jaune, 5 grammes de sel, un demi-verre d'eau tiède, 125 grammes de beurre et de la farine en quantité suffisante ; la pâte ne doit pas être trop ferme ; battez-la avec le rouleau, puis réduisez-la en l'étendant à une épaisseur de 5 millimètres. Beurrez une tourtière et garnissez-la d'une abaisse de cette pâte, coupez ce qui dépasse le bord du plat. Otez les queues et les noyaux de 1,200 grammes de cerises de bonne qualité. Placez sur votre abaisse un petit pot à confiture renversé ; rangez des cerises autour du pot et au-dessus, en forme de pyramide, avec 250 grammes de sucre en poudre. Repétrissez l'excédant de pâte que vous ayez enlevée autour du plat, pour en faire une nouvelle abaisse, et couvrez-en la préparation, pressez les bords que vous collez avec un peu d'eau et une pince à pâtisserie. Dorez avec un peu de jaune d'oeuf réservé dans cette intention. Mettez dans le four du fourneau économique ou au four une demi-heure après avoir enfourné le pain. Trois quarts d'heure suffisent à la cuisson de ce gâteau, qu'on peut faire aussi cuire sur une chevrette, dans le coin de la cheminée. On entretient dessous un feu doux, et on le couvre avec un four de campagne garni de feu. On peut servir chaud ou laisser refroidir ; dans ce dernier cas, on enlève le gâteau du plat sur lequel il a cuit et on le sert sur un plat de porcelaine. Au moment de manger le gâteau, on fend la croûte supérieure et on enlève le petit pot à confiture, dans lequel s'est concentré tout le jus excédant des cerises ; ce jus se répand dans le gâteau et l'améliore sensiblement.
Si l'on ne prenait pas cette précaution, l'abondance du jus des cerises pourrait faire briser la pâte pendant la cuisson , et le jus s'écoulerait dans le plat ou même par-dessus ses bords.
On peut faire un gâteau d'une espèce analogue avec des prunes, des abricots, même avec des pommes ou des poires ; mais alors le petit pot devient inutile : ces fruits n'ont pas assez de jus pour que sa surabondance puisse faire crever la pâte. On peut aussi le faire avec des groseilles à maquerau vertes ou à moitié mûres ; l'acidité naturelle de ces dernières exige une plus forte proportion de sucre.

Soupe aux cerises (entremets). - Prenez 1 kilogramme de guignes noires dont vous ôtez les queues. Mettez 60 grammes de beurre dans une casserole ; laissez-le fondre ; ajoutez-y les guignes ; tournez. Saupoudrez le tout de farine ; faites sauter ; ajoutez un verre d'eau et 125 grammes de sucre ; laissez cuire.
Faites frire dans du beurre de petits morceaux de mie de pain ayant la forme d'un dé ; lorsqu'ils sont bien frits, faites-les égoutter ; mettez-les ensuite dans un plat creux ; versez dessus les cerises, servez très chaud et rapidement, afin que les croûtons n'aient pas le temps de se détremper.

Cerises au beurre (entremets). - prenez de belles cerises anglaises ou de Montmorency ; les bigarreaux sont excellents ; coupez-leur la queue par la moitié ; faites griller des tranches minces de pain, placez-les au fond d'un plat que vous aurez beurré et qui puisse aller au feu ; rangez par-dessus les cerises les unes à côté des autres, la queue en J'air, parsemez dessus de petits morceaux de beurre, sucrez avec du sucre en poudre ; mettez dans le four du fourneau économique ou sur un feu doux et couvrez avec le four de campagne garni de feu. Après une demi-heure de cuisson, servez, sans changer de plat.

Crèmes

On peut faire prendre les crèmes dans un plat creux. Les petits pots conviennent mieux pour un repas d'apparat.

Crème au chocolat (entremets). - Coupez dans une casserole en très petits morceaux 200 grammes de chocolat, et faites fondre sur le feu dans un peu d'eau, en remuant ; ajoutez un litre de lait, laissez cuire pendant dix minutes ; sucrez. Retirez du feu, laissez refroidir à moitié. Délayez huit jaunes d'oeufs avec ce chocolat au lait, passez le mélange et remplissez-en de petits pots ou un plat creux ; faites prendre au bain-marie ou dans le four du fourneau économique ; retirez lorsque la crème est ferme ; laissez refroidir. On peut servir cette crème liquide ; alors, au lieu de la faire cuire au bain-marie, faites lier seulement sur le feu, en tournant rapidement sans laisser bouillir ; puis on la verse dans les pots. Cette crème est la plus coûteuse de toutes ; mais elle est une des meilleures. Les proportions indiquées peuvent suffire pour dix personnes.

Crème à la vanille (entremets). - Faites bouillir un litre de lait que vous parfumerez avec du sucre vanillé en poudre ou en y mettant la moitié d'une gousse. de vanille fendue en quatre. Retirez la vanille, puis sucrez le lait ; battez huit jaunes d'oeufs et un blanc, délayez-les avec le lait, passez le tout. Ensuite faites prendre au bain-marie ou dans le four du fourneau économique comme s'il s'agissait d'une crème au chocolat. Si vous voulez la crème liquide, faites lier sur le feu en tournant, niais sans laisser bouillir. Servez froid.

Crème au laurier-amandier (entremets). - Au lieu de vanille, on peut faire bouillir dans le lait deux feuilles de laurier-amandier. Il faut n'employer ce laurier qu'avec prudence : à forte dose, c'est un poison.

Crème au caramel. - Faites du caramel ; lorsqu'il est d'une belle couleur, mouillez avec de l'eau bouillante et laissez bouillir jusqu'à ce qu'il se détache de la casserole et forme une liqueur épaisse.' Arrivé à ce point, retirez du feu et laissez refroidir. Faites bouillir un litre de lait, sucrez-le largement, parce que le, caramel est un peu amer. Battez huit jaunes d'oeufs et un blanc, délayez-les dans le lait, ajoutez-y le caramel ; passez ; faites prendre au bain-marie ou dans le fourneau économique. Servez froid. Si on mettait le caramel tandis qu'il est encore chaud, le lait tournerait. Pour améliorer encore cette crème, on peut, pendant qu'elle est à prendre, battre les blancs d'oeufs en neige bien ferme, y ajouter deux cuillerées de sucre en poudre fine, les bien mélanger en les battant doucement avec les blancs d'oeufs, puis étendre cette préparation sur la crème et la remettre au four. Les blancs d'oeufs montent, se colorent, donnent à la crème la mine la plus appétissante et ajoutent beaucoup à sa bonté.

Crème au thé (entremets). - Préparez du thé très fort, et procédez comme pour préparer une crème au caramel.

Crème au café noir (entremets). - Même procédé que pour la précédente.

Crème au café cru. - Faites bouillir dans un verre d'eau 30 grammes de café cru de bonne qualité ; procédez comme pour les autres crèmes.

Mousses

Mousse au chocolat. - Prenez 125 grammes de chocolat, coupez par petits morceaux, faites fondre et cuire dans très peu d'eau, laissez refroidir. Prenez cinq blancs d'oeufs, battez-les en neige très ferme, sucrez-les avec sucre râpé ; mêlez bien avec le chocolat et servez en montagne en alternant biscuits à la cuiller -avec la mousse. Les jaunes d'oeufs peuvent être employés à faire une crème prise.
On peut, au lieu de placer la mousse sur les biscuits, ce qui a l'inconvénient de les recouvrir, l'arranger en montagne dans le plat ou le compotier, couper les biscuits en deux par le travers ,de leur longueur, et les ranger en couronne autour de la mousse.
Pour battre les oeufs en neige, et ensuite pour les mélanger avec le chocolat, on se sert avec avantage d'un petit instrument appelé batteuse américaine, qui se trouve maintenant chez presque tous les quincailliers.

Mousse au caramel - On prépare cette mousse comme celle au chocolat en mettant, à la place du chocolat, un caramel qu'on mouille d'eau afin qu'étant refroidi, il ait à peu près la même consistance que le chocolat.

Omelette au rhum (entremets et déjeuner). - Battez les oeufs, comme l'omelette au naturel ; salez peu, ne mettez pas de poivre, faites votre omelette ; avant de la plier sur le plat, saupoudrez-la de sucre râpé, mettez un peu de rhum, dressez-la, saupoudrez encore abondamment de sucre râpé, versez-y du rhum pardessus, allumez de suite et servez.

Omelette soufflée (entremets). - Pour six personnes, cassez six oeufs, séparez les blancs et battez-les en neige très ferme. Battez bien les jaunes avec 125 grammes de sucre en poudre ; ajoutez du zeste de citron râpé, une pincée de sel. Faites fondre dans un plat, sur un feu doux, 60 grammes de beurre bien frais, et faites chauffer en même temps un four de campagne ; il n'est pas nécessaire que le feu de dessous soit vif. Mêlez exactement et rapidement les blancs et les jaunes versez dans le beurre fondu et bien chaud sans être roux ; couvrez avec le four de campagne, garni d'Uri bon feu ou dans le four du fourneau. Cinq minutes suffisent pour la cuisson. On reconnaît que l'ornelette soufflée est cuite à point lorsqu'en levant le four de campagne on la trouve bien montée. Otez le four de campagne, saupoudrez vivement de sucre ; servez en courant, car l'omelette tombe vite.
Si la cuisine est éloignée de la salle à manger, il faut faire l'omelette dans une chambre voisine. Il n'y a rien d'aussi facile que de bien faire une omelette soufflée : il faut se hâter, voilà tout. C'est un mets fort peu coûteux et cependant recherché. On peut mêler une demi-cuillerée de fécule de pommes de terre aux jaunes d'oeufs : elle soutient l'omelette.

Oeufs au lait (entremets et déjeuner). - Cassez quatre oeufs, délayez avec 125 grammes de sucre en poudre et 1 litre de lait passez - mettez dans un plat creux. Faites cuire au bain-marie . recouvert du four de cam pagne garni de feu. Lorsque le mélange est pris, saupoudrez la surface de sucre et passez-y la pelle rouge. On fait parfaitement prendre dans le four du fourneau économique.
On peut parfumer ce mets comme les crèmes ; alors le lait est mêlé aux oeufs pendant qu'il est encore tiède.
On peut faire d'une manière analogue des oeufs à l'eau ; il faut alors y ajouter un peu de zeste de citron ou deux cuillerées d'eau de fleurs d'oranger. On sert ce mets chaud ou froid.
En augmentant le nombre d'oeufs, tout en ne laissant que deux blancs, il devient beaucoup plus délicat.

Oeufs au lait en forme (entremets et déjeuner). - Battez en neige les blancs de six oeufs ; battez les jaunes avec 60 ou 80 grammes de sucre en poudre ; mêlez le tout. Ajoutez un verre de bon lait que vous aurez d'abord fait bouillir ; mêlez de nouveau. Préparez à l'avance du caramel, en mettant dans une petite casserole 60 grammes de sucre et une cuillerée d'eau ; lorsqu'il a pris une belle couleur, versez-le dans un moule de cuivre ou de fer-blanc sans manche, et faites-le circuler tout autour du moule pour qu'il en soit bien garni partout ; versez les oeufs dans ce moule ; faites cuire au bain-marie. Lorsque la préparation est prise, mettez le moule dans de l'eau froide, et quand la masse est refroidie, renversez doucement sur un plat posé sur le moule même.

Oeufs à la neige (entremets et déjeuner). - Mettez dans une casserole peu profonde un litre de lait vous ajouterez un morceau de vanille ou d'écorce de citron ; sucrez-le fortement ; faites bouillir. Cassez six cents ; séparez les blancs, battez-les en neige très ferme, et ajoutez-y deux bonnes cuillerées de sucre en poudre ; mêlez. Prenez avec une cuiller un morceau de cette neige, que vous placez sur le lait bouillant : en y introduisant la cuiller, la neige s'en détache aussitôt. Procédez de même jusqu'à ce que la surface du lait soit garnie de gros flocons. Alors tournez le premier sens dessus dessous, pour qu'il cuise également des deux côtés ; faites de même successivement pour les autres. Ne laissez cuire qu'un instant : retirez de la casserole, avec une écumoire, les oeufs en neige cuits, et rangez-les dans un plat. Procédez ainsi pour toute la neige, puis faites retomber dans la casserole le lait qui se trouve sous les blancs d'oeufs cuits. Délayez alors les jaunes peu à peu avec quelques cuillerées du môme lait, et versez le tout dans la casserole ; tournez pour faire prendre sans laisser bouillir. Lorsque le liquide est pris, enlevez le citron ou la vanille ; versez avec adresse la crème sous les blancs d'oeufs ; ils se soulèvent et surnagent. C'est un plat d'un aspect très agréable, peu coûteux et excellent.

Gâteau de lait cuit à la Marie-Aubrun (entremets). - Prenez deux litres de lait, ajoutez de la vanille, mettez sur le feu, faites réduire à moitié, sucrez convenablement. Laissez un peu refroidir, retirez la vanille, séparez soigneusement les jaunes de huit oeufs, battez-les en ajoutant le lait peu à peu. Enduisez bien partout un moule de caramel d'un joli blond ; mettez-y la préparation, faites prendre au bain-marie avec feu dessus. Lorsque le gâteau se détachera comme de lui-même du moule, retirez du leu, laissez refroidir et renversez sur un plat que vous posez sur le moule.

Gâteau à la neige (entremets). - Battez huit blancs d'oeufs en neige très ferme, ajoutez-y 100 grammes de sucre râpé. Préparez à l'avance, avec 100 grammes de sucre, un caramel d'une belle couleur. Enduisez un moule avec ce caramel ; versez dedans les oeufs battus, et faites cuire au bain-marie jusqu'à ce qu'en y enfonçant une paille on la retire sèche. Faites avec les huit jaunes d'oeufs une crème au caramel ; mais au lieu de la faire prendre en bain-marie, tournez-la sur le feu jusqu'à ce qu'elle soit liée. Renversez le gâteau sur un plat lorsqu'il est un peu refroidi ; frappez sur le moule pour le faire détacher ; versez la sauce autour. Servez. C'est un très joli plat.

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