| Bibliophilie | Page d'accueil. Home page | Adhésion

Paul Dupont, Chronologie de l'histoire de l'imprimerie, 1853

Tableau chronologique des principaux faits qui se rattachent à l'histoire de l'imprimerie depuis son origine jusqu'à nos jours.

NOTE : Nous avons ajouté quelques remarques ou commentaires entres crochets [...].

XVe | XVIe siècle | XVIIe | XVIIIe | XIXe

1501. PARIS. Josse Bade (Badius) surnommé Ascensius, parce qu'il était né au village d'Assche près de Bruxelles [d'autres sources mentionnent Gand comme lieu de naissance], fut un des plus savants typographes de son temps. Il avait été professeur de belles-lettres, et correcteur chez Treschel, imprimeur à Lyon, dont il épousa la fille. Étant venu s'établir à Paris, il y monta une fameuse imprimerie connue sous le nom de Praelum ascensiaanum.
C'est à tort qu'on lui a quelquefois attribué l'introduction en France des caractères ronds, au lieu des caractères gothiques ; car les premiers livres imprimés en Sorbonne, dès 1470, par Gering et ses associés, le furent en caractères ronds.

1502. Henri Estienne, chef de l'illustre famille des Estienne, commence à imprimer à Paris avec Hopil Wolfgang, puis avec Jean Petit, Denis Rosse, etc.

1505. CONSTANTINOPLE. David et Samuel fils de Nachmias, y impriment le Pentateuque en hébreu avec des commentaires. C'est le premier ou du moins un des premiers livres datés, imprimés dans cette capitale; car le dictionnaire hébreu que plusieurs bibliographes supposent avoir été imprimé à Constantinople en 1488, paraît l'avoir été à Naples, et l'Histoire judaïque de Joseph Gorion ou Jossiffon à Mantoue, vers 1480 ; l'édition de Constantinople est de 1510, et non de 1490.

1506. FRANCFORT-SUR-L'ODER. On y imprime les Éléments d'Euclide.

1507. EDIMBOURG (Écosse). Une imprimerie y est établie sous les auspices du roi Jacques IV, par Chepman et André Millar.
- SAINT-DIE, Deodata, en Lorraine (France). On y publie un ouvrage intitulé Cosmographiae introductio, in-4°, fig., qui paraît avoir été imprimé par Gauthier Lud, chanoine de cette ville, car il s'est nommé sur un autre ouvrage qu'il imprima en 1509, sous ce titre: Philesii Vosgesigenae grammatica figurata. Suivant M. Gravier, auteur d'une Histoire de Saint-Dié, le chanoine Lud aurait même introduit et pratiqué l'art typographique dans cette ville dès 1494 en imprimant un petit livre sur la fête de la Présentation au Temple; mais il paraît que cet art n'y prit point racine, car on n'y retrouve plus d'imprimerie qu'en 1726.
- Gilles de Gourmont , libraire et imprimeur, est le premier qui imprime à Paris des livres grecs (1507) et qui fait usage de caractères hébreux (1508), François Tissard d'Amboise, savant, humaniste, le dirige dans ce travail.

1510 (23 août). Ulric Gering meurt à Paris.
- UPSAL (Suède). Un Psautier latin imprimé par Paul Grüs, dans la maison du docteur Ravald, archidiacre, est regardé comme la première impression faite en cette ville.

1511. VENISE. Daniel Bomberg, natif d'Anvers, monte à Venise une imprimerie hébraïque ; c'est le premier chrétien qui ait imprimé des livres entièrement hébreux, comme les juifs le faisaient depuis longtemps.

1513. FRANCFORT-SUR-LE-MEIN. Christian Hegenolph y exerce le premier l'art typographique, ainsi que le constate une inscription qu'on voit encore aujourd'hui sur la maison qu'il occupait.

1514-17. ALCALA DE HENARES, en latin Complutum (Espagne). C'est dans cette ville que le cardinal Ximenès, archevêque de Tolède et ministre de Ferdinand et d'Isabelle, fait imprimer par Brocario la première Bible polyglotte, en 6 vol. in-fol., entreprise pour laquelle le prélat dépensa des sommes immenses.

1517. ARRAS, Atrebatum. Jean et Antoine Pice y impriment sur vélin le Bréviaire du diocèse.
- VILNA (Pologne). On y imprime les Actes des Apôtres en slavon.

1518. Berthold Rembolt, ancien associé de Géring, meurt à Paris. - Sa veuve Charlotte Guillard continue à exercer l'imprimerie, elle épouse, en 1520, Claude Chevallon, habile typographe.

1520. BORDEAUX, Burdigala. Gaspard Philippe y imprime la Summa diversarum questionum, medicinalium, compilation du docteur Taregua, 1 vol. in-fol. Gaspard avait exercé la typographie à Paris avant de venir à Bordeaux, où il eut pour successeur Jean Guyart.

1521. CAMBRIDGE, Cantabrigia (Angleterre). La première impression datée de cette ville est un ouvrage de Galien traduit en latin par Th. Linacer est imprimé par Jean Siberch, sous ce titre : Galeni pergamensis de temperamentis. La bibliothèque bodléienne en conserve un exemplaire sur vélin.
- Simon de Colines, imprimeur à Paris, succède à Henri Estienne dont il épouse la veuve. Il s'adonne à la gravure des poinçons et à la confection des matrices, et se rend célèbre par la correction et le choix de ses éditions, au nombre de près de cinq cents. Il employait fréquemment le caractère italique inventé par Alde Manuce.
- Parmi les imprimeurs-libraires renommés à cette époque, on cite encore Pierre Vidoue, Galliot Dupré, Guillaume Nyverd, Jean Cornilleau, Yolande Bonhomme, veuve de Thielman Kerver.

1522. MEAUX, Meldae (France). On y imprime des ouvrages de théologie de Jacques Lefebvre d'Etaples.
- Chrétien Wechell imprime à Paris sa première édition : les Oeconomiques d'Aristote, traduites par Sybert Louvenborch (in-folio). En 1548, Gesner lui dédie le 13e livre de ses Pandectes, comme à un des plus habiles imprimeurs de l'époque.
- HALLE en Prusse. Une édition de la Pharsale de Lucain, imprimée en cette ville, porte la date de 1472; mais, comme elle a des signatures et que ce signe typographique n'était pas encore usité, il est évident que la date est erronée. Panzer (Annal. typogr.) croit que, au lieu de M CCCC LXXII (1472), il faut lire M CCCCC XXII (1522).

1525. Hautin (Pierre), imprimeur graveur et fondeur à Paris, fait les premiers poinçons pour la musique. On voit à la bibliothèque impériale plusieurs de ses premières éditions.
- Robert Estienne, fils de Henri, célèbre par ses connaissances dans les langues hébraïque, grecque et latine, commence à imprimer à Paris. Il donne d'excellentes éditions des principaux auteurs grecs, et ses caractères hébreux surpassent en perfection tout ce qui avait été fait avant lui. Gesner lui dédie le 5e livre de ses Pandectes. En 1539, François Ier le nomme imprimeur royal pour les lettres hébraïques et latines ; en 1545, il le nomme imprimeur royal pour le grec, en remplacement de Néobar, dont le nom va se présenter bientôt. Obligé de quitter la France, à cause de ses principes religieux, il se retire à Genève où il meurt le 7 septembre 1559.

1527. Pierre Atteignant, imprimeur-libraire à Paris, publie un recueil de Chansons nouvelles en musique à quatre parties. C'est, dit M. Brunet, le plus ancien chansonnier imprimé en France où l'on ait employé des caractères mobiles pour l'impression de la musique. Mais ce procédé était déjà usité en Italie et en Allemagne. Gutenberg et ses associés imprimèrent ainsi le plain-chant dans les premiers livres liturgiques qu'ils publièrent, comme on le remarque dans une édition du Psautier de Mayence donnée par Pierre Schoeffer. Gering fit la même chose à Paris dans ses impressions de livres d'église.

1528. Sébastien Gryphe, originaire d'Allemagne, s'établit à Lyon; c'est un des plus célèbres typographes de celle ville. - Son frère François était imprimeur à Paris.
- A la même époque les Junte de Florence avaient un établissement de librairie et d'imprimerie à Lyon.

1529. Geoffroy Toury ou Tory, libraire à Paris, compose et publie un traité de la proportion des différents caractères d'imprimerie, intitulé le Champfleuri. François Ier lui accorde un privilége pour l'impression des Heures.

1530. Michel Vascosan est reçu imprimeur à Paris. Il imprime, en 1542, un Quintilien, remarquable par sa correction ; devient gendre de Josse Bade et beau-frère de Robert Estienne. Nommé imprimeur du roi, il obtient de Henri II, en 1553, un privilége général pour les livres qu'il imprimerait dans la suite.

1530. Gérard Morrhi, ami d'Erasme, se distingue par ses impressions grecques.
- HOLUM en Islande (Danemark [à la date de 1853]). Jean Aresoen, dernier évêque catholique, y introduit l'imprimerie.

1531. ALENÇON. On y imprime le Mirouer de l'ame pécheresse, par Marguerite de Valois, soeur de François Ier, reine de Navarre.
- François Ier ordonne à Guillaume Le Bé de fondre des caractères hébreux, grecs et latins. Ces caractères sont remarquables par leur beauté. Le roi en confie la garde à Robert Estienne, son imprimeur ordinaire. En 1540, Guillaume Le Bé est chargé de fondre des caractères de langues orientales. C'est lui qui fondit les caractères employés pour la Bible polyglotte, imprimée à Anvers en 1569-72, chez Plantin, par ordre de Philippe II, roi d'Espagne.
- Augereau, en latin Augerellus (Antoine), est reçu imprimeur-libraire à Paris. Il était aussi graveur en caractères.

1534. Irrité contre les publications audacieuses des sectaires, François Ier, par lettres patentes du 13 janvier, supprime l'exercice de l'imprimerie dans tout le royaume, sous peine de la hart ; mais, sur les remontrances du parlement, l'exécution de ces lettres est suspendue, et bientôt on se borne à des mesures restrictives.

1538. Conrad Néobar, savant distingué, est nommé par François Ier imprimeur royal pour le grec. Il meurt en 1510 par excès de travail. - Sa veuve lui succède.

1539. Dupuis (Mathurin) est reçu libraire à Paris. Sa famille exerce la librairie jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, c'est-à-dire pendant plus de 250 ans.

1539. Claude Garamond, célèbre graveur et fondeur, à Paris, commence, d'après les ordres de François Ier, la gravure de caractères dits grecs du roi, sur le modèle que lui fournit Ange Vergèce, calligraphe royal. Le premier ouvrage où ces types sont employés est imprimé par Néobar sous ce titre : Aristotelis et Philonis libri de mundo; il porte, par erreur, la date de MDLX au lieu de MDXL. - Garamond avait déjà gravé des caractères romains et italiques, en prenant pour modèles les types de Jenson et d'Alde Manuce. Sa réputation s'était étendue dans toute l'Europe.
- Par son édit de Villers-Cotterets, François Ier prescrit l'usage de la langue française dans les arrêts judiciaires et les actes publics, qui jusqu'alors avaient été rédigés en latin.
- Barbou (Jean), imprimeur à Lyon, fait paraître les oeuvres de Marot en petit format in-8°. Il va plus tard s'établir à Limoges. Jean Barbou, qui s'est rendu recommandable par ses éditions, est la tige de tous les célèbres imprimeurs de ce nom.

1540. BERLIN. On commence à imprimer dans cette capitale de la Prusse qui est aujourd'hui le centre intellectuel du Nord.
- Le premier jubilé, c'est-à-dire le premier anniversaire de l'invention de l'imprimerie, est célébré à Wittemberg en Allemagne. Jean Lufft, imprimeur de cette ville, est le promoteur de la fête.
Quoique les premières impressions en caractères mobiles ne remontent qu'à l'année 1450 , il est croyable, d'après le témoignage de Zell et de Palmieri, corroboré par les pièces du procès de Strasbourg, que, dès 1440, Gutenberg avait, en effet, imaginé et peut-être même pratiqué ce procédé. Aussi la date de 1440 est-elle adoptée maintenant pour la célébration des jubilés typographiques.
- BOURGES, Bituriges. Barthélemi Bartault y imprime la Coutume de Berry.

1542. Charlotte Guillard, femme de Berthold Rembolt, associé de Gering, veuve en 1518, épouse en 1520 Claude Chevallon ; veuve une seconde fois en 1542, elle exerce seule l'imprimerie jusqu'en 1556, année de sa mort. Elle a édité d'importants ouvrages en latin, en grec et même en hébreu, corrigés avec le plus grand soin. Ses contemporains l'ont comblée d'éloges.

1543. François Ier confère le titre d'imprimeur royal pour la langue française à Denis Janot.

1545. AGEN (France). Ant. Reboglio y imprime des poésies italiennes de Bandello.

1546. Conrad Bade, fils de Josse, exerce d'abord l'imprimerie à Paris. Ayant embrassé le protestantisme, il se retire à Genève, où il est rejoint par Robert Estienne, son beau-frère, expatrié pour la même cause.
- Etienne Dolet, savant humaniste et imprimeur, qui, après avoir exercé sa profession à Lyon, était venu à Paris, y est brûlé sur la place Maubert, en 1546, pour cause de religion.
- Le signe typographique appelé guillemets, du nom de son inventeur, et qui sert à indiquer les citations, commence à être employé par les imprimeurs.
- LE MANS, Cenomanum (France). Denis Gaigeot y imprime le Missel du diocèse.

1547. Jean de Tournes, élève de Sébastien Gryphe, Guillaume Roville, Jean et François Frellon exercent avec succès l'imprimerie à Lyon.

1548. Guillaume Morel est reçu imprimeur à Paris. Typographe habile, il enseigne en outre avec distinction la langue grecque, et compose plusieurs ouvrages estimés. Il meurt en 1564.

1551. DUBLIN (Irlande). Humphrey Powel y imprime le Livre des communes prières en anglais. - En 1571, Walsh et Kearney impriment un Catéchisme en langue et en caractères irlandais.

1552. BELGRADE (Turquie [l'Empire ottoman en 1853]). On y imprime le Nouveau Testament en esclavon.
- Ballard (Robert) est nommé par Henri II libraire et imprimeur du roi pour la musique, titre qui se conserva dans sa famille jusqu'en 1789. - Il y a peu d'années que l'imprimerie de Paris comptait encore un descendant de Robert Ballard parmi ses membres. Cette famille a donc fourni dans l'imprimerie une carrière de près de 300 ans.

1554. Henri Estienne II, fils de Robert, imprime les Odes d'Anacréon, ouvrage dont on croyait le manuscrit perdu et qu'il avait rapporté de l'Italie. Aidé par Frédéric Sylburge, il rédige et imprime, en 1572, le Thesaurus graecae linguae, magnifique travail dont les épreuves sont corrigées par Jean Scapula, qui, abusant de cette circonstance, en fit un extrait et le publia peu de temps après le grand ouvrage de son maître. On doit aussi à Henri Estienne les éditions de Pausanias, de Justin, de Clément d'Alexandrie et de Denys d'Halicarnasse. Il passe pour l'imprimeur le plus érudit de tous les temps. Il mourut à l'hôpital de Lyon, en 1598, après avoir été longtemps errant et malheureux par suite des persécutions que lui attirèrent ses écrits sur des matières religieuses.

1554. ANDRINOPLE [Edirne] (Turquie). Les juifs y impriment des livres hébreux.

1555. Corrozet (Gilles), libraire dès 1536, est reçu imprimeur à Paris. Il a composé, traduit et imprimé un grand nombre d'ouvrages. Sa marque, faisant allusion à son nom, était un coeur avec une rose au milieu.

1558. Frédéric Morel, neveu de Robert Estienne, gendre de Vascosan, imprime son premier ouvrage. Il est nommé imprimeur ordinaire du roi en 1571.

1559. Robert Estienne Ier meurt à Genève, où il s'était retiré pour cause de religion.

1560. Martin Lhomme est pendu à la place Maubert, à Paris, le 15 juillet, pour avoir imprimé un pamphlet, intitulé le Tigre, contre le cardinal de Lorraine.- Un marchand rouennais, nommé Robert Dehors, qui se trouvait là le jour de l'exécution, ayant prononcé quelques paroles de compassion pour le condamné, subit, peu de jours après, le même supplice.

1561. Paul Manuce, imprimeur à Venise, est appelé à Rome, par le pape Pie IV, pour diriger l'imprimerie pontificale.

1563. DOUAI, Duacum. Jacques Boscard, imprimeur de Louvain, s'établit à Douai, sur l'invitation de l'Université. Il imprime les Aphorismes d'Hippocrate, l'Organum, d'Aristote et l'Isagoge de Porphyre, traduits en latin.
- SENS, Senones. Gilles Richeboys y imprime les Coutumes de Sens.
- MOSCOU. Le czar Ivan IV Vasiliévitch y fonde une imprimerie.
- SCUTARI en Turquie. Camille Zanetti y imprime en langue slave.

1563. GOA (Hindoustan). Les jésuites portugais y établissent une imprimerie dans leur collége; On y imprime, en 1577, la Doctrine chrétienne en langue et en lettres malabares.

1566. Jean Bienné succède à Guillaume Morel, imprimeur à Paris, dont il épouse la veuve. Il achève l'édition grecque de Démosthène, commencée par Morel, et publie un Nouveau Testament en syriaque et en grec, avec une traduction interlinéaire. Il mourut en 1588, et, d'après Scévole de Sainte-Marthe, il aurait été assassiné. - Sa femme prit la gestion de l'établissement, et sa fille, très-versée dans le grec et dans l'hébreu, surveillait les travaux typographiques.

1568. Jean Ricouart, libraire à Paris, s'étant fait charbonnier, est cité devant le recteur et les députés de l'Université qui lui enjoignent de cesser dans trois mois son commerce de charbon, sous peine d'être privé de son titre de libraire.

1572. Simon Millanges établit une imprimerie à Bordeaux sous les auspices des jurats de cette ville, où il exerce sa profession pendant cinquante ans. Il imprime en 1580 la première édition des Essais de Michel de Montaigne.

1573. André Wechel, libraire et imprimeur à Paris, fils de Chrétien Wechel, se retire à Francfort pour cause de religion. En 1569 sa boutique avait été pillée, une partie de ses livres brûlés, et lui-même n'échappa qu'avec peine au massacre de la Saint-Barthélemi en 1572.

1576. Sébastien Nivelle, Henri Thierry et Olivier Harsy, imprimeurs-libraires, à Paris, publient le Corpus juris civilis, avec des commentaires, 5 vol. in-fol., imprimé en rouge et en noir. C'est un chef-d'oeuvre typographique.

1578. VARSOVIE (Pologne). Quelques typographes y impriment en 1578 et 1580; mais ce n'est que dans le XVIle siècle qu'on y trouve des établissements permanents.
- Robert Granjon, imprimeur, graveur et fondeur à Paris et à Lyon, passe en Italie où il grave des caractères orientaux pour le pape Grégoire XIII et les Médicis. Il revient à Paris où il continue d'exercer son art.

1579. Frédéric Morel fils, professeur et interprète du roi, est nommé imprimeur ordinaire du roi. C'était un excellent traducteur et annotateur. Il mourut le 27 juin 1630.

1580. LEYDE (Hollande). Louis Elsevier Ier s'y établit libraire. Son petit-fils Isaac fut le premier de cette famille qui exerça l'imprimerie.

1580. Tycho Brahé, célèbre astronome danois, établit pour son service personnel une imprimerie à sa résidence d'Uranienborg dans File de Hveen dont Frédéric II, roi de Danemark, lai avait donné la propriété.
- Mamert Patisson, habile imprimeur à Paris, épouse la veuve de Robert Estienne II, et se montre digne par ses travaux d'être allié à cette illustre famille de typographes.
- Guillaume Nyon est reçu libraire à Paris ; ses descendants ont exercé la librairie jusqu'à nos jours.

1583. Nicolas Nivelle, fils de Sébastien, était, à Paris, avec son frère Robert, Guillaume Chaudière et quelques autres, l'un des imprimeurs et libraires de la Sainte-Union, c'est-à-dire de la Ligue.
- ORTHEZ (France). Louis Rabier y imprime les Psaumes mis en rimes béarnaises par Arnaud de Salette.

1586. Formation de la compagnie de libraires, dite de la Grand' Navire, pour de grandes entreprises de librairie, sous les auspices du chancelier Chiverny. Elle était composée de Jacques Dupuis, Baptiste Dupuis, Sébastien Nivelle, Michel Sonnius.

1588. Robert Estienne III, poëte, interprète du roi pour les langues grecque et latine, commence à imprimer. Il traduit et publie les deux premiers livres de la Rhétorique d'Aristote.
- Jamet Mettayer, imprimeur ordinaire du roi, imprime, sur l'ordre de Henri III, un grand bréviaire en caractères rouges et noirs, in-fol., regardé comme une merveille de l'art.
- Orry (Marc), libraire-juré, est reçu imprimeur à Paris. Il avait pour marque un lion rampant, avec ces paroles : Ad astra per aspera virtus. Cette devise était un heureux présage de la fortune de sa famille, car c'est de cet imprimeur que sont descendus Philibert Orry, contrôleur général des finances (1730 à 1745), et Jean-Louis Orry de Fulvy, son frère, intendant des finances (1737 à 1741). Ces deux financiers conservèrent dans leur blason la marque bibliographique de leur auteur.

1590. Paul Estienne, fils de Henri, est reçu imprimeur. Il imprime, en 1603, les Tragédies de Sophocle, édition fort estimée et d'une très-belle impression.

1592. LEIPSICK (Allemagne). Une foire aux livres y est établie et, depuis cette époque, elle se tient régulièrement deux fois par an : à Pâques et à la Saint-Michel.

1593. MACAO (Chine). Les Jésuites y établissent une imprimerie européenne pour leur service personnel.

1595. MARSEILLE. Les poésies provençales de Louis de la Bellaudière, imprimées par Pierre Mascaron, aïeul du célèbre prédicateur de ce nom, sont la première production typographique exécutée dans cette ville.

1596. SAINT-PAUL-TROIS-CHATEAUX, Augustobona Tricassium (France). C'est là que furent imprimées pour la première fois les Fables de Phèdre, d'après le manuscrit découvert par Pierre Pilhou.

1600. Une seconde compagnie de libraires associés, dite aussi de la Grand'Navire, est formée à Paris et se compose de Barthélemi Macé, d'Ambroise Drouart et des trois frères Michel. Laurent et Jean Sonnius. Comme la première, elle publie des éditions des Pères de l'Église et d'ouvrages de droit canonique.
- BAGNOLET, village près Paris. Le cardinal Duperron y possédait une imprimerie où il faisait d'abord tirer ses ouvrages à un petit nombre d'exemplaires qu'il communiquait à ses amis pour avoir leurs observations, et qu'il corrigeait ensuite; puis il les publiait définitivement.
- SAINT-OMER, Audemaropolis. Les jésuites y avaient fondé un collége pour les jeunes Anglais catholiques, avec une imprimerie d'où sont sortis beaucoup d'ouvrages en latin et en anglais.

Pendant le cours du XVIe siècle l'imprimerie se propagea dans beaucoup d'autres villes. Ainsi elle fut introduite en 1504 à Zurich, Tigurum, en Suisse ; - 1508, Valence en Dauphiné - 1510, Nancy en Lorraine ; - 1518, Cambrai, Cameracum, Schelestadt en Alsace ; - 1521, Koenigsberg, Regiomontum, en Prusse, Lucerne en Suisse ; - 1625, Berne ; - 1549, Canterbury en Angleterre ; - 1566, Liége, Leodium, en Belgique ; - 1576, Cagliari, capitale de l'île de Sardaigne; - 1582, Dantzick, Gedanum, en Prusse ; - 1589, Rotterdam, La Haye, Haga comitis, en Hollande, Mâcon en France, etc.


© Textes Rares