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Paul Dupont, Chronologie de l'histoire de l'imprimerie, 1853

Tableau chronologique des principaux faits qui se rattachent à l'histoire de l'imprimerie depuis son origine jusqu'à nos jours.

NOTE : Nous avons ajouté quelques remarques ou commentaires entres crochets [...].

XVe | XVIe | XVIIe siècle | XVIIIe | XIXe

1602. Cramoisy (Sébastien II) est reçu imprimeur libraire à Paris, et achète le fonds de son aïeul maternel Sébastien Nivelle. Il est admis en 1610, après la mort d'Abel Langelier, au nombre des vingt quatre libraires jurés de l'Université, devient syndic de la communauté, échevin de la ville de Paris, juge conseil, administrateur des hôpitaux ; est nommé imprimeur ordinaire du roi en 1633, et directeur de l'imprimerie royale qui vient d'être fondée au Louvre (1640). Il imprime un grand nombre d'ouvrages grecs, latins et français.  Ses frères et ses neveux se distinguent dans la même profession.

1606. Gervais Barrois est reçu libraire à Paris. Pendant deux siècles et demi, sa famille a exercé avec honneur cette profession.

1608. Claude Morel, fils de Frédéric, est nommé imprimeur du roi.  Ses deux fils, Charles et Gilles, obtiennent successivement le même titre.

1611. Jean Richer, libraire fort instruit, publie à Paris, avec son frère Etienne, un recueil périodique sur les affaires du temps, intitulé le Mercure Français (qu'il ne faut pas confondre avec le Mercure de France). Jean Richer était très attaché à Henri lV et l'avait suivi à Tours pendant les guerres civiles. Il prenait pour devise ces deux mots grecs Olbios autarkês, "qui sait se contenter est riche", faisant allusion à son nom.

1612. Samuel Thiboust, descendant de Guillaume, qui imprimait dès 1544, se distingue par ses belles impressions, est imprimeur de, l'Université ; laisse un fils, Claude, qui lui succède et dont la veuve reste imprimeur de l'Université, titre qui passe ensuite à leur fils Claude-Louis (1718).

1618. Nicolas Dufossé, imprimeur libraire, à Paris, est le premier qui, en vertu du règlement de 1618, auquel il avait eu beaucoup de part, prend le titre de syndic de sa communauté, qui n'était pas en usage auparavant.   Pierre Rocolet est reçu imprimeur, nommé imprimeur ordinaire du roi, le 14 avril 1635, et, peu de temps après, imprimeur de la ville de Paris. Il mourut en 1662. Pendant les guerres de la Fronde, Rocolet donna des témoignages éclatants de sa fidélité au roi, qui lui fit remettre une médaille et une chaîne d'or. Il eut pour successeur Damien Foucault, qui avait épousé sa petite fille.

1618 (26 octobre). Antoine Estienne, fils de Paul, né à Genève, obtient des lettres de naturalisation et se fait recevoir imprimeur; est nommé, imprimeur ordinaire du roi, en décembre 1623; meurt en 1671. Il était très savant, grand orateur et bon poëte. Jacques Quesnel exerce la librairie à Paris. Son père, gentilhomme écossais, avait été premier peintre de Henri III, et lui même fut père du fameux oratorien Quesnel, dont le livre des Réflexions morales fut condamné par la bulle Unigenitus. Henault (Mathurin) est reçu libraire à Paris. Le président Renault, auteur de l'Abrégé chronologique de l'histoire de France, était son arrière petit fils.

1619. Louis XIII fait racheter pour une somme de 3,000 francs, prise sur ses deniers, les matrices des caractères grecs de Robert Estienne, engagées au gouvernement de Genève, et charge Paul Estienne, petit fils de Robert, de cette commission.
- YVERDUN dans le canton de Vaud (Suisse). Une société d'imprimeurs, appelée Société helvétiale cadoresque, y publiait des éditions d'auteurs classiques. En 1778 on y réimprima l'Encyclopédie en 58 vol. in 4°.

1621. Jean Camusat est reçu imprimeur. En 1634, l'Académie française, nouvellement fondée, le choisit pour son imprimeur et pendant quelque temps tient ses séances chez lui. Elle assiste en corps à ses obsèques en 1639 et conserve à sa veuve le titre d'imprimeur de l'Académie.   François de Hansy est reçu libraire. Sa famille exerce encore cette profession à Paris.

1622. Il se forme à Paris plusieurs compagnies de librairie ; une entre autres, composée de Morel, Sonnius, Cramoisy et Brion, pour l'impression des auteurs grecs, publie des éditions de Plutarque, de Xénophon, d'Aristote, etc.

1624. FREDERICSTADT, dans le duché de Schleswig (Danemark). Cette ville fut fondée en 1621, par les Arminiens exilés de Hollande ; et déjà, en 1624, Hans Goetal y exerçait l'art typographique.

1625. Michel Sonnius (2e du nom), est nommé grand juge consul. C'est le premier libraire de Paris qui ait rempli ces fonctions.
- Jacques de Sanlecque, imprimeur libraire, se distingue aussi comme graveur et fondeur de caractères; il était élève de Guillaume Lebé, et grava des caractères orientaux pour la polyglotte de Lejay, imprimée par Antoine Vitré (1628).   Ses fils et ses petits fils suivirent la même profession. C'étaient les Sanlecque qui gravaient et fondaient les différents types employés par les Elsevier, célèbres imprimeurs de Hollande.

1628. Antoine Vitré commence à Paris l'impression de la Bible polyglotte du président Lejay, 10 vol. in fol., dont le dernier parut en 1645. Elle est en sept langues (hébreu, samaritain, chaldéen, grec, syriaque, latin, arabe) ; les caractères avaient été fondus par Jacques de Sanlecque. Quelques auteurs ont accusé Vitré d'avoir fait fondre les caractères orientaux après l'achèvement de l'ouvrage et d'en avoir détruit les poinçons et les matrices pour ôter ainsi le moyen d'imprimer à Paris des livres en ces langues, après sa mort ; mais ce récit a l'air d'une fable. Au frontispice de cette polyglotte, il signe Vitrée et à la fin Vitray. Il fut nommé imprimeur du roi ès langues orientales en 1630 et imprimeur du clergé de France en 1635. Le cardinal de Richelieu le charge, de la part de Louis XIII, en 1632, d'acheter les caractères orientaux provenant de la succession de Savary de Brèves, ancien ambassadeur de France à Constantinople.

1630. Jean Cusson, libraire à Paris, passait pour le plus habile relieur de son temps,   Ses descendants ont exercé l'imprimerie et la librairie à Paris et à Nancy.

1631. Formation, à Paris, d'une nouvelle compagnie de libraires, dite du Grand navire, composée de Sébastien Cramoisy, Denis Moreau, Claude Sonnius, Jean Branchu, Gabriel Cramoisy, Denis Thierry et Denis Bechet.   (11 octobre). Louis XIII crée, par une charte, l'imprimerie de la Gazette de France et en donne la direction à Théophraste Renaudot, médecin.

1636. Antoine Bertier, neveu des Prost, libraires de Lyon, dirigeait dès l'âge de quatorze ans l'établissement que ses oncles avaient formé, à Madrid. Ayant eu occasion de se faire connaître avantageusement dit cardinal de Richelieu et du chancelier Seguier, il s'établit à Paris sous leurs auspices. La reine mère, Anne d'Autriche, le choisit pour son libraire. Bertier lui disant qu'il n'osait imprimer les Mémoires du cardinal de Richelieu, parce que la conduite de plusieurs grands personnages de la cour y était blâmée : "Travaillez sans crainte, lui répondit la reine, et faites tant de honte au vice qu'il ne reste en France que la vertu."

1636. Éloi Levasseur est reçu libraire. Habile relieur, il fut le premier garde de la communauté des relieurs et doreurs, après que l'édit de 1686 les eut séparés de celle des imprimeurs et libraires.

1639. CAMBRIDGE en Massachusetts (Amérique). Stephen Dage, typographe anglais, y fonde une imprimerie. C'est la première ville des États Unis, alors colonies anglaises, où l'art typographique fut pratiqué.
1640. Louis XIII fonde au Louvre une imprimerie royale.  Sébastien Cramoisy en est le premier directeur. Le premier livre qu'on y imprime est l'Imitation de J.- C. en latin, in-folio.
- RICHELIEU en Touraine. Le cardinal dite de Richelieu établit dans son château une imprimerie particulière, d'où sont sortis quelques ouvrages.   Pierre Morena, écrivain juré, à Paris, invente et fait graver deux sortes de caractères imitant l'écriture bâtarde et l'écriture ronde, et imprime ainsi, avec privilége du roi, une Imitation de J. C., un Virgile et autres ouvrages qu'il vendait lui-même; mais il parait qu'il n'était pas reçu libraire, car la communauté lui fit interdire la vente de ses livres.

1643. Pierre Le Petit est reçu imprimeur; il est nommé, imprimeur ordinaire du roi, le 27 janvier 1647, et devient imprimeur de l'Académie française, place qu'avait exercée son beau père Camusat. Il avait pour marque une croix d'or, avec cette devise : In hoc signo vinces.

1644. Charles Grignard est reçu imprimeur libraire. Deux de ses fils, Jean-Baptiste et Charles, suivent la même profession (1658). Charles est en outre fondeur de caractères.  
- CHRISTIANA, capitale de la Norvége, alors au Danemark. Tyge Nielsson y porte l'imprimerie.
- On commence à publier une gazette en Danemark.

1649. Nicolas Vivenay, imprimeur libraire à Paris, est condamné à cinq ans de galères pour avoir imprimé et distribué des pamphlets pendant les troubles de la Fronde.
- De Sercy (Charles) est reçu imprimeur libraire. Boileau en parle dans son Art poétique.

1651. Sébastien Mabre, petit fils de Cramoisy, du côté maternel, lui succède comme imprimeur ordinaire du roi et directeur de l'imprimerie royale.  
- Guillaume Desprez est reçu imprimeur libraire. Des lettres patentes lui confèrent le titre d'imprimeur du roi, le 10 décembre 1686. Successeur de Savreux, imprimeur libraire de MM. de Port Royal, il en adopte la marque, conservée aussi par ses descendants : les trois vertus théologales avec cette devise : Ardet amans spe nixa fides. Il imprime la traduction française de la Bible par Lemaistre de Saci.

1652. Bilaine (Louis) est reçu imprimeur. Boileau cite cet imprimeur dans sa IXe satire.

1653. Léonard (Frédéric) est reçu imprimeur à Paris. Il succède, en 1678, à Sébastien Huré comme imprimeur du roi, et devient ensuite imprimeur du clergé. Il imprime plus de trente volumes de la collection des auteurs latins ad usum delphini, entreprise par ordre de Louis XIV.

1654. Claude Herissant est reçu libraire. Sa famille a exercé jusqu'en 1788 la profession d'imprimeur-libraire à Paris.  
- Claude Barbin est reçu libraire. Il avait sa boutique sur le perron de la Sainte-Chapelle du Palais de Justice. Boileau le mentionne souvent dans ses ouvrages.

1657. Th. Roycroft imprime à Londres la Bible polyglotte du docteur Walton. C'est le premier ouvrage publié par souscription.

1660. Nicolas Debure est reçu libraire à Paris. Sa famille est restée jusqu'à nos jours dans la librairie, où quelques uns de ses membres se sont distingués comme bibliographes.  
- SAINT MANDE près Paris. Fouquet, surintendant des finances sous Louis XIV, y possédait une maison de, campagne où il avait établi une imprimerie.

1663. MONTREUIL près de Paris. On y découvre une imprimerie clandestine où s'imprimaient des écrits en faveur de Fouquet, surintendant des finances, alors détenu à la Bastille.

1663. John Twyn, imprimeur à Londres victime d'une législation barbare, est condamné à un horrible supplice pour avoir imprimé un écrit politique. L'arrêt porte qu'il sera suspendu par que le cou à une corde, que ses membres seront coupés, ses entrailles arrachées et brûlées lui vivant et sous ses yeux ; que sa tête sera ensuite tranchée et son corps divisé en quatre quartiers. Thomas Brewster, libraire, Simon Dover, imprimeur, et Nathan Brooks, relieur pour avoir coopéré àcette publication, sont condamnés au pilori, à l'emprisonnement et à de fortes amendes.

1661. Jean de la Caille dont le père et l'aïeul avaient exercé l'imprimerie, est reçu imprimeur libraire à Paris. Il publie une Histoire de l'imprimerie et de la librairie, 1689, in-4°.

1665. Denis Salle, conseiller au parlement de Paris, fonde, sous le pseudonyme de sieur d'Hédouville, le Journal des savants, l'un des premiers ouvrages périodiques de ce genre, qui aient été publiés en Europe.

1679. Laurent d'Henry, libraire à Paris , fonde un almanach qu'il présente à Louis XIV et qui prend le titre d'Almanach royal en 1699. Cette publication s'est continuée et porte maintenant le titre d'Almanach impérial.

1683. VERSAILLES (France). François Muguet, imprimeur du roi y fonde le premier établissement typographique. Il y eut aussi au château, à différentes époques, des presses dont plusieurs membres de la famille royale se servaient pour imprimer eux mêmes quelques opuscules.

1687. Jean Baptiste Coignard, fils de Charles Coignard Ier, est nommé imprimeur de l'Académie française dont il achève l'impression du Dictionnaire. Parmi les belles éditions sorties de ses presses on distingue le Traité d'architecture de Vitruve, traduit et annoté par Cl. Perrault, grand in fol. avec figures.
- Son fils Coignard (Elie Jean Baptiste II) est aussi imprimeur-libraire, et syndic en 1728.

1691. Jean Annisson, libraire de Lyon, est reçu imprimeur à Paris. Il est nommé directeur de l'imprimerie royale en 1701, fonctions exercées par ses descendants jusqu'en 1794.

1692. Louis XIV ordonne l'exécution de nouveaux types spécialement destinés à l'imprimerie royale; une commission de savants et d'artistes détermine la forme des caractères dont la gravure est confiée à Philippe Grandjean. Ces caractères portent des signes distinctifs qu'il est interdit aux autres imprimeries d'imiter, mesure qui est encore en vigueur.

1694. Jean Brunet est reçu libraire à Paris. Le savant bibliographe, M. Jacques-Charles Brunet, auteur du Manuel du libraire, est un de ses descendants. Il y a eu à Paris d'autres libraires du même nom, mais appartenant à des familles différentes.
- L'Académie française publie la première édition de son Dictionnaire en 2 volumes in-4°, dont l'impression est achevée par Jean Baptiste Coignard, successeur de Pierre Le Petit.
- A l'occasion de libelles sur le mariage secret de Louis XIV avec madame de Maintenon, plusieurs personnes sont arrêtées; un ouvrier imprimeur et un garçon relieur sont pendus en place de Grève, par sentence de La Reynie, lieutenant général de police.

1696. TREVOUX, capitale de l'ancienne principauté de Dombes (France). Le duc du Maine, prince de Dombes, y fonda une imprimerie longtemps exploitée par des compagnies de libraires de Paris, et d'où sortirent les Mémoires appelés aussi le Journal de Trévoux, 1701 à 1767, 265 vol. in-12, ainsi que le Dictionnaire qui porte également le nom de Trévoux.

Pendant le XVIIe siècle l'imprimerie fut introduite dans beaucoup d'autres villes : en 1602 à Beauvais, à Évreux ;   1604, Chalon-sur-Saône ; 1605, Saumur ;   1606, Moulins ;   1607, Clermond-Ferrand ;   1608, Coutances ;   1610, Presbourg, Posonium, en Hongrie;   1613, Arles ;   1616, Namur ; 1617, Cadix en Espagne, Soissons en France ; 1619, Gotha en Allemagne;   1620, Montauban ;   1624, Montpellier ;   1625, Tulle ;  1626, Bourg en Bresse ;  1628, Saint Jean d'Angely ;   1629, Saint-Quentin, Périgueux ; 1630, Bayonne ;   1631, Vendôme ;   1633, Neufchatel en Suisse, Dorpat en Livonie ; 1638, Glascow en Écosse ; 1639, Villaviciosa en Portugal 1643, Bristol en Angleterre ;  1646, Abo en Finlande ; 1647, Malle ;   1618, Dieppe ; 1610, Auxerre, Quimper ;   1651 ; Antan ;   1661, Saint Lô ;  ­1666, Le Puy en Velay ;   1672, Vannes ; 1675, Bayeux ;  1676, Le Havre ;   1682, Rodez ;   1685, Laon ; 1686 Noyon;   1697 ; Aurillac, etc.


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