« On eût
demander il y a cent ans ce que signifioit le papillotage, & il
eût fallu l'expliquer comme une énigme ; mais grace
à nos moeurs, nous connoissons tous aujourd'hui ce qu'on entend
par ce terme. Ce n'est pas le seul mot que nos gentillesses aient mis
en usage, nous en avons plus de cinq cens que nos Peres ignoroient,
& qui déposent en faveur de notre élégance
; si cela continue notre langue deviendra riche, & l'histoire de
nos modes sera aussi volumineuse que variée.
Cette brochure est tout à la fois sérieuse et badine ;
c'est-à-dire, comme le public à qui je l'offre, dont la
moitié rit, & l'autre moralise ; mais un Livre déplaît,
parce qu'ils ressemble trop à ceux qui le lisent.
Si l'on se formalise de la critique qui se trouve dans ce petit Ouvrage,
il ne sera plus permis de badiner, Boileau ne prétendit point
dans son Lutrin s'écarter du respect dû aux chanoines ;
Gresset n'eut point intention dans son Ververs d'insulter à la
profession des Religieuses. On ne doit jamais attaquer les Ordres ni
les Corps ; Mais on peut ridiculiser quelques particuliers, lorsqu'on
ne les nomme pas, & lorsqu'ils manquent aux décences inséparables
de leur état ; ainsi toutes les fois qu'on raille un prédicateur
bel esprit, on ne blesse point ceux qui honorent la Religion par la
gravité de leur discours ; ainsi toutes les fois qu'on rit d'un
militaire frivole, & voluptueux, on n'attaque point le Corps respectable
des Officiers, & ainsi du reste.
L'Ironie fut toujours un moyen de corriger les ridicules, je souhaite
que celle-ci ait le même effet ; alors il y aura parmi nous une
grande métamorphose, & l'on aura lieu de crier au miracle.»
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