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Louis Ménard, Poèmes et Rèveries d'un Paien mistique

Hellas
De l'antre de la nuit sortait la blonde aurore ;
La lute de l'iver et dujoyeus printemps
Aus grands écos du ciel retentissait encore
Devant lesjeunes Dieus fuyaient les vieus Titans.

Du limon fécondé par de chaudes alènes
La race des Héros naissait sur les hauteurs,
Et lespeuples nouveaus descendaient dans les plaines,
Et sous leurs pas germaient les imnes et les fleurs.

Un brouillard d'or, dufond de l'umide valée,
Vers les splendeurs d'en haut montait come un encens,
Sur les cimes fumait la nège inviolée,
Les chênes inclinaient leurs feuillages puissants.

A l'âpre odeur des monts, sous lesforèts profondes,
L'iacinte mèlait ses aromes dans l'air ;
Les filles des somets nègeus, les fraîches ondes,
Dansaient dans les roseaus avec un rire clair.

Aus lointains bleus, du haut des sacrés promontoirse,
Les vents marins souflaient sous l'azur éclatant ;
Blanches come l'écume au flanc des vagues noires,
Les filles de la mer bondissaient en chantant.

Parmi
les tourbillons d'argent du large fleuve,
Les cignes blancs voguaient; le grand ciel radieus
Envelopait d'amour la tère vierge et neuve,
Tout l'univers chantait la naissance des Dieus.

Nos vois accompagnaient son immense murmure

Ses Dieus étaient nos Dieus et de l'umanité
Il semblait s'exaler, conte de la nature,
Des effluves de force et de virginité.

Car la nature était pour nous colite une mère ;
Bercés dans ses bras blancs, dormant sur ses genoux,
Ses
fils ne trouvaient pas encor sa coupe amère :
Les Dieus des premiers jours étaient si près de nous!

Sur l'Olympe inondé des clartés de l'aurore
On les voyait, baignés dans le matin vermeil,
Conduisant le grand Choeur sur un ritme sonore,
Et faisani circuler des frissons de réveil.

Dans l'éter lumineus et dans la mer profonde,
Dans les antres sacrés, dans les champs, dans les bois,
Ils étaient l'armonie et la beauté dit monde,
Ses principes vivants, ses inimitables lois.

Leur soufle nourissait nos robustes poitrines,
Ils nous envelopaient de gràce et de beauté;
Ils versaient sur nos fronts leurs lumières divines,
Et dans nos jeunes coeurs la sainte volupté.

Des amis indulgents, non des maîtres sévères!
Calmes, beaus conte nous, souriant à nosjeus ;
Et, conte les alti és guident leurs jeunes frères,
Ils descendaient vers nous et nous montions vers eus.

Qand l'Orient versait conte des avalanches
Sur notre sol sacré ses peuples destructeurs,

La lance au poing, du haut des acropoles blanches,
Ils combataient pour nous, les Dieus libérateurs.

Come ils méritaient bien l'amour d'un peuple libre!
Q'un long concert s'élève autour de leur autel!
Des fètes et des jeus ! qe chaqe lire vibre !
La tere ne sera jamais si près du ciel.

Dieus eureus, dont le culte était la joie umaine,
Les danses, les chansons et les vierges en choeur,
Les. atlètes puissants lutant nus sur l'arène,
Et lesfronts couronés, et la santé du coeur,

Et surtout le respect des glorieus ancètres,

Des héros immortels, gardiens de la cité,
Et l'ardente fierté d'un grand peuple sans maître,
Et les mâles vertus : Justice et Liberté.

Q'ètes-voiis devenus, temples, sacrés portiqes
Dieus de marbre vètus, si jeunes et si beaus,
Sauvage puberté desfortes républiqes,
Culte austère et pieus des illustres tombeaus ?

On ne cherchera plus dans lesformes sacrées
La révélacion de l'ordre universel ;
On n'entend plus la vois des lires inspirées,
Et la Liberté dort d'un someil éternel.

Le fare qi brillait dans la nuit de l'istoire,
S'est éteint pour jamais sous les vents déchaînés,
Et le monde vieilli, plongé dans l'ombre noire,
Ne retrouvera plus ses Dieus abandonés.

Ils ne parleront plus dans les bois profétiqes ;
Le lugubre avenir en vain rapèlera
L'art exilé du monde et les vertus antiqes,
Trésors perdus qe nul regret ne nous rendra.

Mais vous, débris muets de sublimes pensées,
Marbres épars, qel est le chemin qi conduit
Vers l'àge d'or perdu, les croyances passées,
L'Élysée, où s'en va ce qe l'ome a détruit?

Par delà deus mile ans, loin des siècles serviles,
J'irais, je volerais sur les ailes des vents,
Vers les temples de marbre et vers les blanches villes,
Chez les grands peuples morts, meilleurs qe les vivants.

Dieus eureus, q'adorait la jeunesse du monde,
Qe blasfème aujourdui la vieille umanité,
Laissez-moi me baigner dans la source féconde
Où la divine Hellas trouva la vérité.

Laissez-nous boire encor, nous, vos derniers fidèles,
Dans l'urne du simbole où s'abreuvaient les forts.
Vos temples sont détruits, mais, ô Lois éternèles!
Dans l'Olympe idéal renaissent les Dieus morts.

Renaissez, jours bénis de la sainte jeunesse,
Écos d'airs oubliés, brises d'avril en fleur!
La menteuse espérance a-t-èle une promesse
Qi vaille un souvenir au plus profond du coeur ?

 

 

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