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Louis Ménard, Poèmes et Rèveries d'un Paien mistique, 1895

Nirvana

L'universel le désir guète comme une proie :
Le troupeau des vivants ; tous viènent tour à tour
À sa flamme brùler leurs ailes, come autour
D'une lampe, l'essaim des falènes tournoie.

L'heureux qi sans regret, sans espoir, sans amour,
Tranqile et conaissant le fond de toute joie,
Marche en pais dans la droite et véritable voie,
Dédaigneus de la vie et des plaisirs d'un jour !

Néant divin, je suis plein du dégoût des choses ;
Las de l'illusion et des métempsicoses,
J'implore ton sommeil sans rève ; absorbe-moi,

Lieux des trois mondes, source et fin des existences,
Seul vrai, seul immobile au sein des aparences ;
Tout est dans toi, tout sort de toi, tout rentre en toi !

 

 © Textes rares