Adolphe
Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques, 1885
Biographie de l'auteur
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rédacteurs
Adolphe
Franck (1809-1893)
Né le
9 octobre 1809, à Liocourt (Moselle), village de Lorraine, entre
Metz et Nancy ; mort à Paris, le 13 avril 1893
Études
et diplômes
Études à l'école rabbinique d'Alaincourt, puis au
Collège de Nancy et à Toulouse. Se destine initialement
à la médecine. Agrégation de philosophie (1832) [reçu
1er, en même temps que Jean-Antoine Nougarède, Pierre Lafaye],
alors que V. Cousin est président du jury d'agrégation [C'est
le premier candidat d'origine juive à être reçu à
l'agrégation. «La philosophie est sécularisée»
aurait déclaré Cousin]. La même année [ce qui
est tout à fait exceptionnel], doctorat ès-lettres (1832,
Toulouse), avec une thèse principale Des Révolutions littéraires,
et une thèse complémentaire en latin, De la Liberté.
Premières
années d'enseignement, 1832-1840
Comme le veut la tradition de l'enseignement public, le jeune professeur
agrégé est d'abord nommé en province, dans une ou
plusieurs villes avant, éventuellement, d'être affecté
à Paris. Ainsi A. Franck est -il d'abord professeur de philosophie,
au Collège de Douai, puis à Nancy, où il reste de
1835 à 1837.[Il y prononce le discours de distribution des prix
au Collège royal (1835): De la Nécessité et de l'unité
des études morales] Il se fait recevoir (1837) à la Société
royale des sciences, lettres et arts de Nany [et y prononce, sur le thème
convenu de l'éclectisme, un discours de réception, sur Les
Systèmes de philosophie et du moyen de les mettre d'accord]. De
même rédige un Mémoire sur cette question : Rechercher
les fragments qui subsistent de Démocrite et tous les passages
des auteurs anciens qui se rapportent à sa doctrine (1836) Est
nommé à Versailles puis, après avoir publié
une Esquisse d'une histoire de la logique, précédée
d'une analyse étendue de l'Organum d'Aristote (1838), reçoit
un poste au Collège Charlemagne à Paris (1840).
Première
publication : Aristote et l'histoire de la Logique
Cette Esquisse d'une histoire de la logique, précédée
d'une analyse étendue de l'Organum d'Aristote (Hachette, 1838)
répond à une question posée, en 1836, pour un prix,
par l'Académie des sciences morales et politiques : Discuter l'authenticité
de l'Organum, le faire connaître par une analyse étendue,
en faire l'histoire, apprécier la valeur de cette logique... Le
texte de d'A. Franck arrive trop tard pour participer au concours, mais
reçoit les encouragements de V. Cousin, pour être publié.
Soucieux d'appuyer la philosophie sur l'histoire de la philosophie, selon
une vue chère à son maître Victor Cousin, l'étude
de Franck porte essentiellement sur les ouvrages de logique d'Aristote,
mais brosse aussi une description des systèmes logiques de Bacon,
Descartes, Kant, Hegel (considérés, avec Aristote, comme
les grands maîtres de la logique et de la philosophie).
La philosophie
mise au service de la politique Obtient l'agrégation pour l'enseignement
universitaire (1840), et grâce à Victor Cousin, ouvre un
cours libre à la Sorbonne, sur la philosophie sociale, dans lequel
Franck combat le socialisme. Après une interruption autour de 1842-1843,
[qu'il met à profit pour un voyage en Italie] reprend ce cours
en 1847. C'est dans le cadre de cet enseignement qu'il prépare
la brochure qui paraît après les journées de juin
1848 : Le Communisme jugé par l'histoire, réédité
en 1849 [augmenté d'une notice sur Mably]. Il est alors tenté
par la vie politique (1848), mais se présente, sans succès,
aux élections législatives [23 avril 1848] qui fait pourtant
élire une majorité de droite. Dans la même perspective
de lutte sans répit contre les idées du socialisme, au lendemain
de 1870 [et de la Commune], prononce à Lyon une conférence
apologétique sur Le Capital, publié en brochure, dans une
collection populaire et bon marché : Petits livres pour le temps
présent
Le Dictionnaire
des sciences philosophiques
Vers 1840, commence
à travailler, comme maître d'oeuvre [il regroupe autour de
lui une cinquantaine de personnalités], et également comme
infatigable rédacteur, à un monumental Dictionnaire des
sciences philosophiques, d'un peu plus de mille huit cents pages, édité
par Hachette, dont la première édition paraît initialement
en six livraisons, échelonnées de 1844 à 1852. Une
nouvelle édition [remaniée] paraît en 2 volumes en
1875, puis un troisième tirage [en 1 volume] en 1885. L'ouvrage,
qui n'a pas son pareil tout au long du XIXème siècle, est
totalement engagé philosophiquement dans la célébration
du spiritualisme et socialement dans l'apologie des valeurs conservatrices
: il existe quelque chose en dehors et au-dessus de ce monde ; l'âme,
qui se livre à nous au travers de la conscience, est distincte
du corps ; il faut se résigner aux maux inévitables de la
vie, pratiquer la charité, affirmer le droit de propriété,
défendre le mariage. Autour de la Kabbale, de la philosophie mystique
et orientale Sa connaissance de l'hébreu et de l'allemand, fait
de Franck un auteur privilégié pour étudier la Kabbale.
Dès 1839 compose plusieurs mémoires sur l'origine de la
Kabbale, [les deux premiers lus par lui-même à l'Académie
des sciences morales et politiques, le troisième lu par V. Cousin].
En 1843, publie La Kabbale, ou la Philosophie religieuse des Hébreux
[réédité en 1889, 1892] Devient un spécialiste
de la philosophie de l'Orient : en 1861 publie des Études orientales
[complétées en 1896 par de Nouvelles études orientales]
Publie également, en 1866, La Philosophie mystique en France à
la fin du XVIIIe siècle : Saint Martin et son maître Martinez
Pasqualis Il donnera beaucoup plus tard, une lettre-préface à
l'ouvrage du Dr. Gérard Encausse [qui publie sous le pseudonyme
de Pappus] un Traité méthodique de science occulte (Paris
: 1891)
Un jeune membre
de l'Académie des sciences morales et politiques
Est élu à trente-cinq ans, en même temps que Louis
Francisque Lélut, à l'Institut de France, Académie
des sciences morales et politiques (20 janvier 1844) au fauteuil de William
Frédéric Edwards (décédé le 23 juillet
1842). Cette élection, due au soutien de V. Cousin, en fait un
des plus jeunes membres de l'Académie [on n'est guère élu
avant quarante-deux ou quarante-cinq ans, parfois même on ne l'est
qu'autour de soixante ans. Il n'y a qu'Ernest Renan qui sera élu
un peu plus jeune, à trente trois ans]. Il restera membre de cette
assemblée pendant près de cinquante ans [jusqu'à
sa mort, en avril 1893], et participera activement à ses travaux.
Il compose, entre 1849 et 1875, différentes notices historiques
sur Cardan, Paracelse, Thomas Morus, Bodin, Machiavel, Mably, etc. qui
paraissent dans le Recueil des séances et travaux de l'Académie
des sciences morales et politiques, avant d'être publiées
dans le Dictionnaire des sciences philosophiques, ou de constituer des
éléments de ses cours à la Faculté ou, plus
tard, au Collège de France. À l'Institut, prononce des discours
d'apparat : Funérailles de M. Horace Say (27 juillet 1860) ; Funérailles
de Salomon Munk [1805-1867], de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres (1867) ; Funérailles de Joseph Garnier (28 septembre
1881) Il y communique régulièrement des Mémoires,
qui préfigurent le plus souvent des ouvrages. Il y fait des compte-rendus
de livres venant de paraître, se rapportant à la philosophie
ou qui combattent expressément le socialisme. Il participe aux
débats sous forme d'Observations.
Le Collège
de France
Supplée Jules Bathélemy Saint Hilaire au Collège
de France [1849-1852], dans la chaire de philosophie grecque et latine
[Barthélemy Saint Hilaire occupant cette chaire depuis 1838] En
1852 succède à Walkenaër, comme conservateur adjoint
de la Bibliothèque impériale Chargé, depuis 1854,
du cours de Droit de la nature et des gens au Collège de France,
devient, sur proposition de l'Institut impérial, professeur titulaire
en janvier 1856 [et occupe la chaire plus de trente ans, prennant sa retraite
en 1881, avec le titre de professeur honoraire] Participe au jury d'agrégation,
où il siège, notamment en 1865, avec Charles Lévêque
[1818-1900], autre professeur au Collège de France. En 1862 édite
une leçon prononcée au Collège de France (juin 1862),
sur De l'Instruction obligatoire. C'est dans ce cadre également
qu'il publie successivement une Philosophie du droit pénal (1864,
réédité en 1880, 1888), une Philosophie du droit
écclésiastique, des rapports de la religion et de l'État
(1864), une Philosophie du droit civil (1886) Parallèlement à
cela commence à publier son étude sur les Réformateurs
et les publicistes en Europe, un premier volume en 1864 (moyen-âge
et renaissance), un deuxième volume en 1881 (XVIIè siècle),
un troisième et dernier volume en 1893 (XVIIIè siècle)
Un philosophe
populaire et moraliste
Comme beaucoup d'universitaires de renom de son temps, idéologiquement
conservateurs mais intéressés à la question sociale,
participe à des activités de diffusion de la connaissance
auprès des couches populaires [dans une perspective de moralisation
sociale]. À ce titre collabore, à côté de Babinet,
Geoffroy Saint-Hilaire (de l'Institut), Trousseau, etc., à l'Association
polytechnique, qui a partir de 1860 et jusqu'en 1867, organise à
l'initiative d'Évariste Thévenin des Entretiens populaires
[dont les textes rassemblés sont édités par Hachette].
Il y fait, en 1865, une conférence sur Des Principes du droit naturel
et de ses rapports avec la famille (Paris, 1866) ; en 1866, une conférence
Du Droit de tester. Participe également au cycle des Conférences
populaires faites à l'Asile impérial de Vincennes, placées
sous le patronnage de S. M. l'Impératrice, cycle qui a démarré
autour de 1866 [avec des intervenants comme Daubrée, sur la chaleur
intérieure du globe ; comme Wolowski (de l'Institut) sur la monnaie]
et qui se prolonge en 1868, avec Émile Egger (de l'Institut), sur
l'histoire et le bon usage de la langue française. Adolphe Franck
y prononce, en 1867, une conférence sur La Vraie et la fausse égalité,
une autre sur La Famille. Il publie dans les domaines qui intéressent
particulièrement la philosophie dominante de l'époque, mélange
d'éclectisme et de spiritualisme. D'une part sur les rapports entre
la religion et la philosophie : Philosophie et religion (Paris, 1867).
D'autre part sur la morale. Aussi bien sous forme d'un manuel [Éléments
de morale] destiné à l'enseignement secondaire spécial
(Paris, 1868), que sous forme d'ouvrages de vulgarisation philosophique
destinés au grand public : Moralistes et philosophes (Paris, 1872
; réédité en 1874), ou encore, chez Hachette, La
Morale pour tous (Paris, 1880)
La Société
des études juives
Dès 1882, participe aux activités de la Société
des études juives [Créée en 1881]. Y prononce régulièrement
des conférences : La Religion et la science (novembre 1882) ; Le
Péché originel et la femmme (décembre 1885) ; Le
Panthéisme oriental et le monothéisme hébreu (19
janvier 1889)
La Ligue nationale
contre l'athéisme
Cette ligue est créée en 1886. Y adhèrent aussi des
libre-penseurs, des déistes et des spiritualistes, comme Jules
Simon, ou Flammarion. Fonde (juin 1888) et dirige La Paix sociale, organe
de la Ligue nationale contre l'athéisme. Dans le cadre de cette
ligue prononce la première conférence (mars 1891), sur l'Idée
de Dieu, dans ses rapports avec la science, où il désigne
l'ennemi commun, l'athéisme, et par là-même le matérialisme
et le positivisme. Il y fait aussi une conférence sur l'Âme
(1888) sur l'Idée de Dieu, dans ses rapports avec l'ordre social
[10 décembre 1892]
Mandats et
distinctions
Collabore au Journal des Débats, écrit dans le Journal des
Savants. Membre de l'Institut (Académie des sciences morales et
politiques). Vice-président du Consistoire israëlite. Membre
du Conseil supérieur de l'Instruction publique. Chevalier de la
Légion d'honneur (décembre 1844), officier (15 août
1862), commandeur (12 août 1869)
@ Textes Rares 2004
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