Abbal, André (1763-1837). De la Congrégation des Bénédictins à la Faculté des Lettres de Bordeaux

La totalité de la carrière d’André Abbal est placée sous le signe de l’Université, soit pour des activités enseignantes, soit pour des fonctions d’autorité. Première République, ou premier Empire, rien n’y change. Seule la Restauration le condamnera dans sa cinquante-deuxième année, à une retraite relativement précoce.

André Abbal [1763-1837]. Né le 18 décembre 1763, à Estaussan, commune de Vieussan, arrondissement de Saint-Pons [Languedoc, aujourd’hui département de l’Hérault] ; mort le 8 novembre 1837, à Paris.
En 1780, dans sa dix-septième année, devient membre de la Congrégation des Bénédictins de Saint-Maur. La totalité de sa carrière est placée sous le signe de l’Université, soit pour des activités enseignantes, soit pour des fonctions d’autorité. 
1788-1798. PROFESSEUR À L’ÉCOLE ROYALE ET MILITAIRE DE SORRÈZE.
À partir de 1788, est professeur de latin à l’École royale et militaire de Sorèze [Tarn], l’une des douze écoles royales militaires du royaume, fondée en 1776, dans le domaine de l’abbaye bénédictine. 
Puis, après 1793, dans ce même établissement, devenu Collège, dirigé conjointement par Raymond Dominique* Ferlus [1797-1824], ancien Doctrinaire et François Ferlus[1748-1812], ancien Benédictin, André Abbal enseigne jusqu’en 1798.
Il y est en relation avec dom Raymond Despaulx [1726-1818] directeur du Collège [1766-1769] et professeur de mathématiques, et qui deviendra Inspecteur général de l’Instruction publique [1802-1808] puis Inspecteur général de l’Université [1808-1816].
1798-1802. LE PENSIONNAT PRÈS L’ÉCOLE CENTRALE DE LA GIRONDE À BORDEAUX.
L’École centrale de la Gironde est instituée par le décret du 8 germinal an III [7 avril 1795], et inaugurée le 15 floréal an IV [4 mai 1796], dans les bâtiments de l’ancien Collège de Guyenne, devenu en 1791 Collège National. Les enseignants prennent leurs fonctions au cours de l’année.
Selon la répartition classique. Pour la première section : Dessin, avec Pierre Lacour [1754-1814] ; Histoire naturelle, d’abord avec François de Paule* Latapie [1739-1823] puis avec Chassin-Villers [1751-1810] ; Langues anciennes, d’abord avec Chassin-Villers [1751-1810], puis avec avec François de Paule* Latapie [1739-1823]. 
Pour la seconde section : Mathématiques, d’abord avec l’abbé Joseph Chalret [ -1820],
puis avec Jacques François Lescan [1749-1829] ; Physique et Chimie, avec Jean André Cazalet  [1753-1825]. 
Pour la troisième section : Grammaire générale, avec Henri Charles Guilhe [1756-1842] ; Belles-Lettres, avec N… ; Histoire, avec Victor de Sèze [1754-1830] ; Législation, avec Paul Armand Dufau. Le Bibliothécaire étant Jean Baptiste Monbalon [1755-1837].
Mais, comme toutes les Écoles centrales, l’École de Bordeaux par principe ne peut loger ses élèves, nécessairement externes. Cette situation, qu’on retrouve dans chaque département, fait obstacle à son développement.
Deux enseignants, Chassin-Villers et Paul Armand Dufau obtiennent du Préfet l’autorisation d’ouvrir, près l’École centrale, un pensionnat. Ce dernier, non seulement donne le coucher et le couvert à ses élèves, mais leur assure un complément d’enseignement. Le pensionnat, installé dans l’ancien couvent des Feuillants, fonctionne avec succès de 1798 à 1802.
André Abbal [1763-1837] y enseigne « la haute latinité » ; Armand Simon Larrouy [1773-1831] les mathématiques.
Supprimée, comme toutes les Écoles centrales, par la loi du 1er mai 1802 [11 floréal an X]*, qui crée les lycées entretenus par l’État, l’École centrale de la Gironde [Bordeaux], ferme définitivement ses portes le 7 novembre 1802 [16 brumaire an XI].
Le pensionnat se maintient comme école secondaire.
1802. PROFESSEUR DE CINQUIÈME ET SIXIÈME AU LYCÉE IMPÉRIAL DE ROUEN.
Au moment de l’organisation des lycées, en 1802, André Abba est nommé au lycée impérial de Rouen, comme professeur de sixième et de cinquième.
Mais, sans doute grâce à l’appui de dom Raymond Despaulx, devenu Inspecteur général de l’Instruction publique [cf. Courteault] André Abbal obtient de rester à Bordeaux en y étant officiellement nommé. Quidy, ancien professeur de sixième à Paris, au Collège des Grassins, d’abord désigné comme censeur à Bordeaux, viendra le remplacer à Rouen comme professeur..
1803-1805. CENSEUR DES ÉTUDES AU LYCÉE DE BORDEAUX.
Le 17 octobre 1803, André Abbal est nommé censeur des études au lycée impérial de Bordeaux, auprès de l’abbé Edmé Georges Champeaux [1761-1830], ancien émigré, premier proviseur, nommé le 28 janvier 1803 et en poste jusqu’à sa nomination comme recteur de l’académie d’Orléans [24 août 1809-octobre 1815]. 
André Abbal succède à Quidy, nommé lui aussi le 28 janvier 1803, mais qui remplit sa fonction seulement quelques jours dans les deux premières semaines d’octobre 1815. En effet Quidy vient d’être nommé au lycée impérial de Rouen, en remplacement d’Abbal qui avait été nommé initialement à Rouen, avant de prendre la place de Quidy à Bordeaux. 
André Abbal est en poste, comme censeur des études, le 24 vendémiaire an XI [17 octobre 1803] jusqu’au 15 novembre 1805, étant alors nommé professeur de latin au lycée de Bordeaux. 
Il est remplacé comme censeur des études par Louis Joseph de Sermand [1759-1829], anciennement professeur de belles-lettres au lycée, en poste comme censeur du lycée de Bordeaux, du 15 novembre 1805 au 19 décembre 1807. 
1805-1809. PROFESSEUR DE LATIN AU LYCÉE DE BORDEAUX.
Au 15 novembre 1805, André Abbal devient simplement professeur de latin au lycée de Bordeaux, où il a été censeur.
Les enseignements au lycée, qui ont commencé en 1805, se répartissent en mathématiques de la manière suivante, pour les classes de sixième et de cinquième : Jean Jacques Marie Joseph* Chalret [vers 1760-1820] ; pour les classes de quatrième et de troisième : Chassin-Villers [1751-1810] ; pour les classes de seconde et de première : Armand Simon Larrouy [1773-1831], ancien enseignant de mathématiques dans le pensionnat près l’École centrale de la Gironde. 
Jean Claude Leupold [1774-1840] enseigne les mathématiques transcendantes. 
Pour les lettres il y a eu des modifications entre 1805 et fin 1806. Louis Joseph  Sermand qui enseignait tout d’abord les belles-lettres est devenu censeur à la place d’André Abbal. Il est remplacé comme professeur de belles-lettres par Jean Baptiste Fitte [1753-1828] qui, en 1805, était professeur de latin pour les classes de seconde et de première.
Les autre enseignants n’ont pas changé. Jean Pierre Camoin [1755-1836] est professeur pour les classes de sixième et de cinquième ; Jean Roch Messier [ -1810] est professeur pour les classes de quatrième et de troisième. André Abbal est professeur de latin pour les classes de seconde et de première, à la place de Jean Baptiste Fitte, devenu professeur de belles-lettres. 
1809-1815. PROFESSEUR DE LANGUE ET LITTÉRATURE LATINES À LA FACULTÉ.
Le 20 juillet 1809, André Abbal est nommé professeur de Langue et Littérature latines à la Faculté des Lettres de Bordeaux. Il cumule cette fonction avec celle de professeur de lycée. Il reste en poste jusqu’en 1815.
Les enseignements de la Faculté des Lettres de Bordeaux se répartissent, selon l’ordre canonique, de la manière suivante : Philosophie : Paul de Sèze [1754-1830], en même temps doyen ainsi que recteur de l’académie, suppléé par l’abbé Antoine Marie Toucas de Poyen [1755-1835], professeur de philosophie au lycée ; Langue et Littérature latines : André Abbal [1763-1837], ancien enseignant au pensionnat près l’École centrale de la Gironde ; Langue et Littérature grecques : François de Paule  Latapie [1739-1823], ancien professeur de Langues anciennes à l’École centrale de la Gironde ; Littérature française : abbé Jean Baptiste Fitte [1753-1828], professeur de latin, en troisième année, au lycée ; Histoire : Gervais Darnaud [1754- ].
Mais, au moment de la seconde Restauration, un arrêté de la Commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816, décide de la suppression de la Faculté des Lettres de Bordeaux, l’une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ;  Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
La Faculté de Théologie est maintenue.
À la suite de cette mesure un certain nombre d’enseignants sont mis à la retraite, c’est le cas d’André Abbal, à la retraite en février 1816.
La Faculté des Lettres de Bordeaux sera rétablie par l’ordonnance royale du 24 août 1838. 
SOURCE.
1894. Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs [1er mai 1802-1er juillet 1893] [Paris : Firmin Didot. In-4, 526 p., 1894].
SITOGRAPHIE.
Association des anciens élèves du lycée de Bordeaux. Le Centenaire du lycée de Bordeaux [1802-1902] [Bordeaux : Peret et fils éditeurs. Cours de l’Intendance, 15.
In-8, XVI-462 p., 1915]. Contributeur Paul Courteault [1867-1950].
Numérisé : http://1886.u-bordeaux3.fr/items/show/3926
Les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle :
facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/prof_facultes_1808_1880.php