CHANT I
AU DOCTEUR SOLIMANI.
DOCTEUR,
Par la plus affreuse tempête
Jeté sur des bords étrangers,
Au péril même de ma tête,
J'ai bravé les plus grands dangers.
Fils du dieu de la Médecine,
SOLIMANI, tends-moi la main
Du temple auguste de Lucine
Daigne m'indiquer le chemin ;
J'y déposerai cet ouvrage
Que me dicta la vérité :
Puisse-t-il, avec ton suffrage,
Passer à la postérité !
SACOMBE.
Ce 1er Septembre.
Argument
Le poète invoque tour-à-tour Apollon, dieu de la médecine,
de la poésie et de la musique ; Lucine, qui préside
aux heureux enfantemens, la Pudeur, le plus bel ornement du beau sexe
l'Envie dont les serpens aiment à s'accoupler avec celui de
la médecine ; enfin, la Postérité qui seule a
le droit de juger les auteurs et leurs oeuvres. Entrevue de Lucine
et du Poète aux bords de la Tamise. Éloge des mèdecins-accoucheurs
anglais ennemis de l'opération césarienne, pratiquée
pour la première fois sur Jeanne de Seymour, épouse
d'Henri VIII. Tableau de la France sous la dictature de Robespierre.
Lucine présage le retour de la paix et le bonheur de la France.
Description d'un repas donné par Lucine à son élève.
La déesse exige de son fils qu'il soit à la fois médecin,
accoucheur et poète ; elle lui fait présent d'un écrin
qui renferme une plume d'airain et deux flacons d'une liqueur composée
d'un peu de bile et de nectar. Éloge de la poésie. Lucine
prédit la fondation des trois écoles Fourcroytiennes
de Montpellier, de Paris et de Strasbourg. Description des parties
de la génération de la femme. Système de la génération.
Principes de l'école Sacombienne. Dogme de l'immortalité
de l'unie consacré dans cette école. Situation de l'enfant
dans la matrice à trois différentes époques de
la grossesse. Absurdité du système de la culbute du
fétus au Septième mois de la gestation. Description
du bassin de la femme et des diamètres des deux détroits.
Usages des diamètres moyens ou obliques. Danger des instrumens.
Possibilité de l'accouchement naturel et laborieux, par la
voie naturelle, quelque vicieusement configuré qu'on suppose
le bassin de la femme. Mécanisme de l'accouchement naturel
expliqué par le mouvement de rotation spirale du corps de l'enfant
à terme sur son axe. L'ignorance absolue de ce mécanisme
seule cause de l'invention infernale des mille et un instrumens,
la honte de l'art et l'effroi de l'humanité. Le forceps rarement
nécessaire. Manière de faire l'application, de ce terrible
instrument. Manière de reconnaître les vices du bassin,
sans le secours du toucher. Le nez de l'enfant, propre par sa structure
à diriger, la tête dans l'excavation du petit bassin.
Travail insensible et travail sensible. Cause première
des grossesses heureuses et des grossesses plus ou moins orageuses.
Le poète bercé par les songes s'endort dans les bras
de Morphée.
CHANT PREMIER.
Art sublime et fidèle au voeu de la nature
Avant que l'intérêt, l'envie et l'imposture
Eussent à leur caprice assujetti les lois,
Un enfant d'Apollon venge aujourd'hui tes droits.
Apollon, Dieu des vers, Dieu de la Médecine
M'ordonne de chanter l'art heureux de Lucine
Dont Londres me donna les savantes leçons.
Puisse-t-il de ma lyre éterniser les sons ?
Pour prix de tes faveurs, je vengerai ta mère,
Délius ; de Junon je peindrai la colère,
Quand Neptune, à l'instant où tu reçus le
jour,
De Délos, sous ses pas, affermit le séjour.
Garde-toi de penser que ma reconnaissance
Se borne à célébrer l'auteur de ta naissance,
Je chanterai ta gloire aux yeux de l'univers.
Ton pouvoir sur les coeurs, consacré dans mes vers,
Du plus charmant des dieux, du dieu de l'harmonie,
Fera d'un pôle à l'autre adorer le génie.
Sur les monts de la Thrace, Orphée à ses accords
Des monstres des forêts enchaînant les efforts ;
Arion, échappant aux horreurs du naufrage ;
Des matelots charmés, domptant l'aveugle rage ;
Amphion, sur des bords par son luth enchantés,
Animant les rochers, élevant des cités ;
Timothée, aux accords de sa touchante lyre,
Subjuguant Alexandre et calmant son délire ;
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