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Peteriana, XIXe siècle :

armé d'un fleuret, et de lui montrer toujours le dos, en tournant autour d'elle.
Troisièmement, il fit monter sur le fort contentieux, au bas duquel devait se faire le combat, plusieurs de ses sujets, avec ordre d'ôter les canons des créneaux, et de présenter à la députée de la reine, dès qu'elle paaraîtrait, chacun leur derrière; ce qui fut exécuté de point en point.
Lors donc que l'héroïne parut, elle fut très surprise de trouver les portes fermées, et de ne voir pour champions que deux hommes tels que je viens de le dire; mais son indignation augmenta, lorsqu'elle aperçut l'attitude et le jeu du maître en fait d'armes, et qu'elle vit la nouvelle espèce de canons qu'on lui présentait, et qui tiraient comme ils devaient, et tant qu'ils pouvaient. Elle en grinça les dents de rage et de désespoir.
Mais comme la prudence des femmes et leur présence d'esprit les tire plus ordinairement d'affaire que les hommes, il lui vint en pensée un expédient qu'elle exécuta sur le champ.
Elle feignit tout à coup de ne plus être choquée de l'insulte de Pet-en-l'Air ; adressant la parole au maître en fait d'armes. à son élève, et à l'Expert, elle leur parla ainsi :
« Je vois bien , mes amis que Pet-en-l'Air, votre maître, veut se divertir, et qu'il profite du carnaval pour me donner un plat de son métier : mais divertissons nous-aussi : cessons dès ce moment de nous regarder en ennemis, et perdons l'envie de nous battre, puisqu'il parait qu'il n'en est plus question. Voici un autre combat que je vous offre, ajouta-t-elle : escrimons en pétant, et que celui qui pétera le plus galamment et le plus joliment , soit reconnu le vainqueur de l'autre ; M. l'expert jugera, et le traité tiendra comme si en effet nous nous étions battus. »
Le maître en fait d'armes fit d'abord quelque difficulté ; mais comme l'Amazone était jolie, il se laissa persuader. On topa de part et d'autre et la convention fut signée réciproquement.
L' expert se plaça entre les parties. Chacun ayant pris son sérieux, on fit silence. Alors le maître en fait d'armes mit bas poliment ses culottes et lâcha le premier pet. Mais quel pet ! ah , quel pet ! c'était peut-être le pet le plus effrayant et le plus pestiféré qui oncques eût jamais été lâché et entendu. Son élève n'y put tenir; et comme il durait encore , il obligé, pour le faire cesser, d'appliquer son fleuret à l'entrée du canal par où il continuait de sortir; et M. l'expert, palissant de colère , recula dix pas, et alla se placer derrière l'Amazone pour se mettre à couvert de l'infection.
L'héroïne indignée ne ménagea plus rien. Attends, dit-elle, cadavre retiré de la fange du Cocyte, je vais t'apprendre. ... Elle ne put achever ; et prenant une flèche, elle allait la lancer à son adversaire, quand elle-même fit un pet flûté, qui s'épancha gracieusement sans odeur, et avec des sons d'une mélodie enchanteresse.
L'enthousiasme où entra alors l'expert, et le cri aigu de joie qu'il poussa à la naissance de ce pet, tint le bras et la flèche de l'Amazone suspendus et donna le tems au maître en fait d'armes de prendre le fuite.
Aussitôt on entendit dans les airs une voix qui dit distinctement : La reine des Amazones est victorieuse ; ce pet est un petite pucelle : expert, écris-le, afin qu'on s'en souvienne. Il traça dans l'instant sur la terre le chiffre 1 et dit, avec un grand hélas ; voilà donc le premier ! L'assemblée se sépara, l'Amazone reprit le chemin de son pays.
Pet-en-l'Air ne tarda point à être informé de cette merveilleuse aventure. Il se repentit de son impertinence; mais il n'était plus tems. L'héroîne avait rendu compte à la reine de cette insulte ; vingt rois ses voisins, qui avaient été présens au récit qu'elle en avait fait, furent si indignés, qu'ils se joignirent dès le lendemain aux Amazones, chassèrent Pet-en-l'Air de ses états. Ils en revêtirent la reine ; et après avoir fait remplir de poix les calibres insolens qui avaient paru sur les créneaux, ils les condamnèrent à vuider toutes les fosses de commodités de cette partie du monde qu'habitent les Amazones et c'est de leurs enfans que nous avons des vuidangeurs en France.


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