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Paris ridicule et burlesque au XVIIe siècle, 1859

Claude Le Petit, La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule (1) (2)



(1) Dans la réimpression de 1713, cette strophe est un peu différente :
Louvre, couvert moitié d'ardoise
Et moitié couvert de vieux plomb,

D'où vient qu'on voit ce pavillon
Plus court que l'autre d'une toise ?


(2) La Chronique scandaleuse dit qu'une partie de ce Palais fut couverte de plomb qui avait déjà servi. Les bâtimens qui composent le Louvre ont été élevés par plusieurs Rois sur de différens modèles ; de là vient cette inégalité. Au reste, la façade de ce Palais passe pour la plus magnifique de l'Europe. (De Bl.) - A l'époque où cette satire fut composée, vers 1661 ou 1662, la construction de la grande façade n'était pas encore commencée, d'après les plans de Claude Perrault.

(3) Ce pavillon, plus court que l'autre d'une toise, est sans doute celui qui regardait le quai et qui avoisinait la galerie dite d'Apollon, moins haut que celui à dôme quadrangulaire qui s'élève au-dessus de l'aile de l'ouest. (A. B.)

(4) Parce que la Cour n'y demeure plus, comme elle faisoit sous les autres Rois de France. (De Bl.)

(5) Variante de la réimpression de 1713 :
Muse, voi comme ils se demenent !

(6) variante de la réimpression de 1715 :
Qui debitent là la nouvelle.

(7) Il est défendu, sous de très-rigoureuses peines, de se quereller dans les Maisons royales : y tirer l'épée est un crime capital et le Roi fait exécuter ses Édits avec trop de rigueur, pour que quelqu'un ose y contrevenir. Il n'a jamais pardonné à aucun qui se soit battu en duel, de quelque qualité ou condition qu'il pût être et c'est à cela que le poète fait allusion. (De Bl.)

(8) Cette strophe, qui fait allusion à la grande création de soixante deux chevaliers du Saint-Esprit en 1661, nous donne à peu près la date exacte de la composition de ce poëme. Elle manque dans la réimpression de 1713.

(9) Variante de la réimpression de 1713 :
Avec lui point de different.

(10) Le cardinal Mazarin qu'on a voulu faire mal à propos père du Roi, ne s'établit en France que sur la fin du règne de Louis XIII, et après que la Reine eut eu des enfans. On cherche toujours de mystère dans des évènemens auxquels on ne s'était point attendu (De Bl.)

(11) Variante de la réimpression de 1713 :
Le cardinal est son parent .

(12) Le sieur de Blainville, en publiant ce poëme d'après un manuscrit du temps, en 1713, ignorait absolument à quelle époque il avait été composé, car il croit expliquer ce vers par une note que nous conservons comme un témoignage de sa négligence d'éditeur : « Ce Poëme fut composé vraisemblablement l'an 1672, lorsque le Roi fit la guerre aux Hollandois : il prit alors en un mois plus de trente villes. On voit une médaille, et aux Gobelins une tapisserie, où douze des plus fortes places de la Hollande sont représentées en forme de Zodiaque autour du char du Soleil sous la figure du Roi, avec ces mots : Solisque Labores. »


(13) Claude Le Petit, dans cette strophe et dans la précédente, semble vouloir dire que le jeune roi avait des habitudes honteuses, conformes aux goûts italiens du cardinal. C'est probablement une calomnie, mais on voit qu'elle avait cours dans le monde, et il faut la rapporter plus ou moins directement à la fameuse anecdote du bain, racontée dans les Mémoires de La Porte, valet de chambre de Louis XIV ; anecdote qui laisserait, entendre que le cardinal avait osé indignement attenter à la personne royale. Après la mort de Mazarin, La Porte eut l'audace d'écrire à la reine mère : « Je donnai avis à Votre Majesté, à Melun, en 1652, que le jour de la saint Jean, le roi, dînant chez M. le cardinal, me commanda de lui faire apprêter son bain sur les six heures dans la rivière, ce que je fis, et le roi, en arrivant, me parut triste et plus qu'à son ordinaire ; et, comme nous le déshabillions, l'attentat manuel qu'on venait de commettre sur sa personne parut si visiblement, que Bontemps père et Moreau le virent comme moi. »

(14) L'auteur désigne sans doute le pavillon du milieu, couvert d'un dôme quadrangulaire , aplati au sommet (coupeau) et formant une plate-forme carrée. (A. B.) C'est, en effet, le gros pavillon, dit aujourd'hui pavillon de l'Horloge, lequel fut bâti par Jacques Le Mercier, architecte de Louis XIII, et décoré de sculptures par Sarasin ; il renfermait la chapelle.

(15) Le Panthéon, bâti par Agrippa, gendre d'Auguste, est appelé, à Rome, la Rotonde, à cause de sa figure ronde ; c'est le monument antique le plus entier qu'on y voie. (De Bl.)

 

VIII
Vois sur cette aisle-cy l'ardoise (1)
Et sur cette autre-là le plomb (2) ;
Regarde un peu ce pavillon
Plus court que l'autre d'une toise (3)
Admire ces compartimens,
Ces reliefs, ces soubassemens,
Cette façade et ces corniches :
Rien n'y manque, hormis d'y graver
Au-dessous de toutes les niches
Maisons à loüer pour l'hyver (4).

IX
Les courtisans
Ces beaux Messieurs qui se promeinent
Dans cette cour autour de nous,
Sont-ils exempts de ton courroux ?
Regarde comme ils se demenent (5) !

J'admire vos compartimens,
Vos reliefs, vos soubassemens,
Votre façade et vos corniches
Rien n'y manque, horsmis de graver
Au-dessus de toutes vos niches
Maison à louer pour l'hyver.

Ces honorables espions,
Ces attrapeurs de pensions,
Qui vont debitant la nouvelle (6),
Meritent bien je ne sçay quoy ;
Mais comment leur faire querelle ?
Ils sont sur le pavé du Roy (7).


X
Les chevaliers du Saint-Esprit
Disons donc un mot de ces autres
Qui font, ensemble en peloton,
Bande à part dedans ce canton
Disent-ils là leurs patenôtres ?
Ces venerables Cordons bleus
Font bien, avec leurs habits neufs,
Les fiers, parmy ces hallebardes ;
Ont-ils peur, ces sires nouveaux,
Que le diable emporte leurs bardes,
Qu'ils font des croix à leurs manteaux (8) ?


XI
Le Roy
Sur cette espineuse matiere,
N'en disons guere, et qu'il soit lion
J'apperçois Loüis de Bourbon.
Gaignons la porte de derriere ;
C'est un très-digne Souverain ;
De plus, il est sur son terrain.
Malheur à qui le scandalise !
J'ay des pensers bien differens (9) ;
S'il est Fils aisné de l'Eglise,
Mazarin (10) est de ses parens (11).


XII
Les monarques ont les mains longues
Ils nous attrapent sans courir,
Et n'aiment point à discourir
Avec un peseur de diphthongues ;
Dieu nous garde de celuy-cy,
Particulierement icy ;
Nos lauriers seroient inutiles...
Tirons donc nos chausses d'un saut !
S'il prend les gens comme les villes (12),
Nous serions bientost pris d'assaut (13).


XIII
La Chapelle du Louvre
Tous les Limousins de Limoge
Ont-ils icy leurs rendez-vous ?
Bonté divine, où sommes-nous ?
Me prend-on pour un Alobroge ?
J'enrage tout vif en ma peau :
Cette rotonde (14), au plat coupeau (15),

     

 





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