Cerises
Les cerises communes, dont
la chair est peu colorée, contiennent beaucoup d'acide et peu.
de sucre : elles sont très-rafraîchissantes ; mais quand
on en mange avec excès, elles délabrent l'estomac.
L'espèce commune a cependant donné naissance à
des variétés dont la chair est douce, légèrement
sucrée. Celles de ces variétés qui ont la chair
colorée et peu consistante sont les meilleures. La matière
colorante y paraît associée à un principe légèrement
astringent qui en facilite la digestion.
Les meilleures cerises viennent à Paris de la vallée de
Montmorency ; mais on remarque que depuis quelques années la
bonne espèce est sensiblement moins abondante. On a planté
beaucoup de cerisiers dits anglais, qui donnent des cerises plutôt
brunes que rouges, plutôt amères qu'acides, et qui n'ont
ni la douceur ni la délicatesse de celles sous le nom de gobets
à courte queue, que les amateurs leur préfèrent
toujours.
Les bigarreaux et les pignes, quoique bien moins salutaires que les
cerises, sont cependant toujours plus chers à Paris, à
grosseur égale.
On fait avec les cerises, surtout dans leur primeur, d'excellentes compotes
; on en fait aussi d'assez bonnes confitures ; on les dessèche
au four, on les botte avec du sucre fin, on les met à mi-sucre,
on les met en conserve ; on les prépare à l'eau-de-vie,
en dragées ; on en garnit des tourtes d'entremets ; enfin c'est
un des fruits qui offre plus de ressource aux officiers, et surtout
aux confiseurs.
On prépare avec des guignes, du beurre, du sucre et des dés
de mie de pain grillée, un plat d'entremets qui, lorsqu'il est
bien fait, est un manger délicieux, et cet entremets porte le
nom de Soupe aux cerises, quoiqu'il ne se fasse jamais qu'avec des guignes.
A l'exception de cette préparation, originaire de Plombières,
les guignes ne se mangent jamais qu'étant crues. Il en est de
même des bigarreaux ; mais lorsque ceux-ci sont, confits au vinaigre
ils forment un hors-d'oeuvre apéritif très recherché.
Cerises aux croûtons. - Mettez dans fine
casserole d'argent un pot de confitures de cerises, que vous aurez fait
chauffer ; passez au beurre quelques petits croûtons de pain;
passez-les ensuite dans du sucre pulvérisé ; décorez-en
le dessus de vos confitures; et servez pont, entremets.
Cerises en chemise blanche. - Battez un blanc d'oeuf
jusqu'à ce qu'il se mette en neige; trempez-y les cerises les,
plus grosses que vous pourrez avoir, en faisant attention qu'elles soient
bien mûres, et après leur avoir coupé la moitié
de la
queue ; après les avoir trempées dans votre blanc d'oeuf,
roulez-les dans du sucre passé au tamis de soie ; ayez soin qu'elles
prennent le sucre bien également ; soufflez sur celles qui en
auraient trop pris ; mettez-les ensuite sur une feuille de papier, et
mettez-les sur un tamis à l'étuve jusqu'à ce que
vous vous en serviez. Vos cerises doivent être espacées
sur la feuille de papier de manière à ne passe toucher.
Marmelade de cerises au beurre. - Supprimez-en
les queues et les noyaux (vous aurez eu soin de les choisir les plus
belles et les plus mûres possible). Vous les ferez réduire
à la moitié de leur volume dans un bassin et sur un feu
doux, en les remuant souvent avec une spatule ; vous clarifierez et
ferez cuire au petit cassé du sucre; il en faut le double en
poids, de vos cerises; vous verserez les fruits dans le sucre, en remuant
jusqu'à ce que la marmelade soit cuite ; alors vous la retirerez
du feu, et vous y mettrez un peu de beurre, pour en garnir des flancs,
des cannellons, des tartelettes et autres pâtisseries d'entremets.
Cerises frites à la dAumont. - Posez
douze cuillerées de confiture de cerises, chacune sur un
large pain à chanter, humectez avec de l'eau un second pain à
chanter et appliquez-le sur le premier en sens contraire ; vos cerises
ainsi enveloppées, vous les tremperez dans une pâte à
frire faite avec du beurre au lieu d'huile, et à laquelle vous
aurez ajouté un peu de vin de Madère et de ratafia de
noyaux; faites-leur prendre une belle couleur dans une friture moyennement
chaude ; vous les égoutterez, les poudrerez de sucre fin, et
les servirez.
Cerises à l'eau-de-vie. - On choisit
des cerises belles, et pas trop mûres ; on leur coupe la queue
à moitié, et on les met dans un bocal avec quelques clous
de gérofle et fin peu de cannelle ; on fait clarifier un quarteron
de sucre pour une livre de cerises et une pinte d'eau-de-vie . Quand
le sucre est au cassé, on y verse (le l'eau-de-vie à 22
degrés , on mêle le sirop avec l'eau-de-vie ; enfin, quand
il est froid, on le verse sur les cerises, et on met un bouchon de liège
sur le bocal, qu'il faudra couvrir, qu'on liera fortement d'un parchemin
mouillé.
Cerises du nord séchées au four. - Choisissez
les cerises dont la chair est rouge et qui, quoique très-juteuse,
est plus consistante que celle des cerises communes ; cette espèce
mûrit tard ; il y en a même une variété tirée
depuis peu du nord de l'Europe, qui ne mûrit qu'en septembre.
Elles doivent être mûres sans être tournées
; ôtez-en les noyaux et les queues ; arrangez-les sur des claies
et commencez par les exposer an soleil; mettez-les ensuite dans un four
médiocrement chaud, d'où vous les retirerez quand elles
en auront acquis la température ; lorsqu'elles sont refroidies,
remettez-les au four, et continuez ainsi jusqu'à ce qu'elles
soient assez sèches pour être gardées.
En opérant ainsi les cerises restent molles ; leur acidité
disparaît en partie, et elles en acquièrent un goût
parfait. On s'en sert agréablement pour garnir des tourtes et
des gâteaux fourrés, pour assaisonner les puddings et les
babas, enfin pour mélanger dans toutes compositions où
il doit entrer de l'écorce de citron confite et des raisins de
Corynthe.
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