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Cazotte, Oeuvres badines et morales, historiques et philosophiques..., 1817.

Le Diable amoureux, commentaires de Cazotte sur les gravures extraits de l'Avis de l'auteur

Le Diable amoureux est orné de figures faites par ces hommes de génie que la nature se plaît à former, et dont l'art, par ses règles asservissantes, n'a jamais refroidi le génie. [...]
gravure 1 : "De Strasbourg à Paris, il n'y a presque pas de cheminée qui ne porte l'empreinte du feu des compositions du premier, de la fumée ondoyante de ses pipes et du flegme philosophiques de ses fumeurs. Il a bien voulu jeter sur le papier son idée brûlante et rapide ; [...]
Le sérieux imposant d'un philosophe instruit des secrets les plus impénétrables de la Cabale, l'avide curiosité d'un adepte qui brûle de s'instruire et dont l'attention se communique jusqu'à ses jambes, leur sauteront aux yeux : ce qui ne leur échappera sûrement pas, c'est le bras du serviteur infernal de Soberano, qui sort d'un nuage pour obéir à son maître, et lui apporter, au premier signal, la pipe qu'il demande ; c'est enfin la facilité du génie de l'artiste à placer si naturellement, sur le mur de la chambre, l'estampe, heureusement négligée, qui représente cet étonnant effet de la puissance magique."
"Que ne pouvons-nous décrire avec la même étendue les chefs-d'oeuvre des deux autres génies qui ont prêté leur crayon séduisant."
gravure 2 avec le célèbre "Che vuoi ?" : "L'esprit d'un dessin, l'expression d'une gravure, ne disent-ils pas presque toujours plus et mieux que les paroles les plus sonores et les mieux arrangées ? Quelles expressions rendroient, comme la gravure, le courage tranquille d'Alvare, que le caverneux che vuoi n'ébranle point ?"
gravure 3 : "Comment peindre aussi chaudement, en écrivant, son étonnement froid, lorsque, de sa couche rompue, il jette les yeux sur son page charmant qui se peigne avec ses doigts ?"
gravure 4 | détail : "Quelles phrases donneront jamais une idée plus nette du clair-obscur que la quatrième de nos estampes, dont l'auteur, ayant à représenter deux chambres, a si ingénieusement mis tout l'obscur dans l'une et tout le clair dans l'autre ? Et quel service n'a-t-il rendu, par cet heureux contraste, à tant de gens qui ont la fureur de parler de cet art, sans en avoir les premières notions ? Si nous ne craignions pas de blesser sa modestie, nous ajouterions que sa manière nous a paru tenir beaucoup de celle du fameux Rembran [sic]." Cette gravure est suivi d'une partition | texte de la partition . C'est l'air que Biondetta chante en s'accompagnant au clavecin. "Je reconnus l'air dune barcarolle fort en vogue alors à Venise."
gravure 5 : "Le chien d'Alvare qui, dans le bosquet, le sauve, en déchirant son habit, du précipice où il allait s'engloutir, prouve bien que les gens d'esprit en ont souvent moins que les bêtes."
gravure 6 : "La dernière, enfin qui tire assez sur le haché si spirituel de la première, quoique d'une autre main, nous a paru aussi sublime qu'ele est morale ; quelle foule d'idées présente à l'imagination son éloquente sécheresse ! Une campagne éloignée de tout secours humain ; des coursiers fougueux, emblème des passions, qui, en brisant leurs liens, laissent bien loin derrière eux la voiture fragile qui représente si bien l'humanité ; un être enivré qui se précipite pour n'embrasser qu'une vapeur; un nuage affreux, d'où sort un monstre dont la figure retrace, aux yeux du mortel abusé, l'image au vrai de ce que son imagination libertine lui avoit si follement embelli."

 


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